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VAN LERBERGHE Charles : sa vie et son oeuvre

Publié le 11/11/2018

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VAN LERBERGHE Charles (1861-1907). Né à Gand, orphelin de bonne heure et recueilli par l’oncle de Maeterlinck, il fut le condisciple de ce dernier avant d’entreprendre des études littéraires à l'université de Bruxelles. Outre beaucoup de vers brûlés, sa production de jeunesse comporte les Flaireurs, « petit drame pour fantoches » publié en 1889 et créé à Paris en 1892. La critique a cru à un plagiat de l'intruse de Maeterlinck. Pour avoir été créée un an plus tôt, la pièce de ce dernier date cependant de 1890; même si l’hypothèse d'une inspiration commune ne doit pas être exclue, c’est, historiquement, Van Lerberghe qui a inauguré le théâtre symboliste et qui a engagé son compatriote dans cette voie.

 

Le sujet est simple, la donnée intemporelle : les émissaires de la mort frappent à la porte d’une moribonde veillée par sa fille; celle-ci tente vainement de leur défendre l’accès cependant que la vieille, hagarde, délire. L’approche angoissante des trois « flaireurs » est soulignée par des effets macabres d’un goût assez puéril, qui finissent par prendre le pas sur le texte. La pièce n’en fut pas moins jouée dans plusieurs pays à cause de son allure de manifeste. Très « maeterlinckienne », elle rompt délibérément avec les canons naturalistes pour atteindre « l’idée à travers le réel » : le drame, essentiellement statique, se joue surtout dans l’esprit des personnages; la psychologie reste élémentaire.

 

Au cours de longs pèlerinages artistiques en Angleterre, en Allemagne, en Italie surtout, Van Lerberghe apprend à aimer les primitifs italiens; leur œuvre lui

 

paraît incarner une idée en même temps qu'elle exprime le mystère. Dès lors se prépare le recueil d’Entrevisions (1898); le titre néologique évoque déjà un univers évanescent, hanté par des apparitions vaporeuses, suggéré par des images embuées et des descriptions en demi-teintes. La poésie de Van Lerberghe voile tout autant qu’elle révèle; sans pouvoir la saisir, on y soupçonne une présence. Tout est attente d’un sens lui-même suspendu.

 

Annoncée par le fragment Solyane, aux accents parfois mallarméens, l’œuvre maîtresse sera elle aussi « autant peinte que chantée ». Parue en 1904, après avoir été réécrite en partie en vers libres, la Chanson d'Eve est un long poème, ou plutôt une série de poèmes, sur un seul sujet — tentative rare dans les lettres symbolistes. L’ensemble est conçu comme un drame wagnérien, avec des proportions architecturales et des leitmotive.

« rées comme celles des préraphaélites s'y proposent à la contemplation -véritables substituts au réel, dont la beauté rare et translucide se donne à lire comme incarna­ tion d'une pensée.

Par-delà le monde sensible, ce que cette poésie cherche à « entredire » est proprement indi­ cible.

[Voir aussi BELGIQUE.

Littérature d'expression française].

BIBLIOGRAPHfE Éditions.

-Entrevisions.

Bruxelles, 1936; Solyane, prés.

par Robert Goffin, Paris, 1969; les Flaireurs (avec la Fille aux mains coupées, de P.

Quillard), texte établi et prés.

par Jerem y Whistle, Exeter, University of Exeter, 1976 (Textes littéraires, XXII); la Chanson d'Ève.

prés.

par Roland Mortier, Bruxelles, J.

Antoine.

1980; Lettres à Albert Mockel (1887·1906), Bruxelles, Labor, 1986.

Études.

-Claire Michant, Défense et illustration de « la Chan· son d'Éve »,Bruxelles, 1946; Henri Dav ig n o n , Charles Van Ler· berghe et ses amis, Bruxelles, Académie royale, 1952; Jean Guil­ laume, la Poésie de Charles Van Lerberglte, Bruxel le s .

Académie royale, 1962; Huber t Juin, Charles Van Lerberghe.

Paris, Seghers, « Poètes d'aujourd'hui >>, 1970.

H.

BRAET. »

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