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Voyage en Orient de Nerval : sa vie et son oeuvre

Publié le 26/11/2018

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Voyage en Orient

 

C’est en décembre 1842 que Nerval s’embarqua de Marseille pour gagner l’Orient afin de vérifier sur place la réalité de lieux sur lesquels son esprit avait fantasmé : mais le voyage ne répondit pas à son attente, et il confia, lors de son retour, que « l’Orient n’approche pas de ce rêve éveillé que j’en avais fait il y a deux ans, ou bien c’est que cet Orient-là est encore plus loin ou plus haut, j’en ai assez de courir après la poésie » (lettre à Jules Janin, en mer, près de Malte, 16 novembre 1848). Trois ans plus tard paraissaient, dans la Revue des Deux Mondes, « les Femmes cophtes », puis « les Femmes du Caire », articles repris en recueil dans les Scènes de la vie orientale (1848) avant de rejoindre l’édition définitive du Voyage en Orient (1851), que la critique considère souvent comme « le premier livre de Nerval ». Selon une technique qu'il réutilisera à maintes reprises, Gérard construit son ouvrage à partir d’éléments fort divers, qu’il organise de manière à créer une véritable cohérence structurelle.

 

C’est donc moins le récit d’un voyage à travers l’espace qui nous est alors rapporté que la relation d'un voyage imaginaire, idéal, au pays du moi (témoin l'introduction « Vers l’Orient », qui ne correspond pas à l’itinéraire effectué en 1843 mais répond au besoin fondamental de réunir dans l’espace d'un même livre tous les lieux d’une mythologie qui tend déjà à devenir personnelle) : de ce point de vue, le Voyage en Orient est avant tout un voyage livresque, qui traduit un besoin de dépaysement fondamental lié non à la couleur locale mais à une négation de la réalité. Il suffit d’ailleurs, pour s’en convaincre, de remarquer que Nerval se place non dans la lignée des voyageurs romantiques illustres — Chateaubriand, Lamartine, Gautier, Hugo... —, mais dans celle du Songe de Polyphile, de Francesco Colonna, qui rapportait une expérience initiatique, donc intérieure.

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