Devoir de Philosophie

COMMENT ÉLABORER UN PLAN ?

Publié le 03/02/2020

Extrait du document

• Démarche analytique : partir de ce qui est le plus immédiat pour « remonter » par décomposition critique et par déduction jusqu’à ce qui est premier, fondamental, et déterminant. On procède alors en dégageant successivement des niveaux de causalité.

Le fil conducteur est ici celui d’une analyse génétique, qui consiste à passer du produit à la cause productrice, du « conditionné » au « conditionnant».

L’ordre d’étude partira donc d’une perception immédiate du problème (par exemple ici : le poids du passé personnel dans le vécu de l’individu) pour remonter progressivement, par implications successives, aux données qui sont premières et déterminantes dans l’ordre réel des choses. On comprend donc que, pour notre exemple, l’ordre suivi sera exactement l’inverse de celui qui a été adopté pour la démarche synthétique :

- le passé individuel dans ses effets observables ;

- le contexte éducatif et la formation de la personnalité;

- l’origine de ces traditions : l’histoire collective ;

- le mode d’appropriation du réel qui sous-tend et conditionne cette histoire : la «culture».

Mise au point du plan

Les données fondamentales et le fil conducteur de la démarche étant maintenant déterminés, on peut mettre au point le plan, en s’efforçant d’apparenter «les moments » qui peuvent l’être au sein des grandes parties du devoir. Ici, par exemple, on pourra distinguer, outre la première partie du développement qui est consacrée à la mise en place générale du problème, trois parties différentes :

1.1e «poids du passé» sous l’angle individuel (conditionnement psychologique et pathologie de la mémoire) ;

2. l’éducation comme médiation du collectif et de l’individuel (transition) ;

3. le poids du passé sous l’angle collectif (conditionnement idéologique et histoire réelle).

Le plan variera donc selon qu’on adoptera une démarche synthétique (3.2.1.) ou une démarche analytique ( 1.2.3.). Dans les deux cas, la transition se trouvera au même endroit de la progression.

Distinguer les types d'analyse du sujet

Méthode

Pour de nombreux sujets, notamment les sujets qui appellent un travail de définition, la variation méthodique des types d’analyse constitue un excellent principe de cheminement.

• Deuxième exigence : élaborer, sur la base de cette problématique, un cheminement ordonné dont on précise les moments en fonction d’un principe d’enchaînement découlant directement de la définition de la problématique.

Méthode

Pour mettre au point le cheminement, conçu comme progression ordonnée par étapes, il faudra donc respecter l’itinéraire suivant :

1. Faire une analyse méthodique et critique du sujet:

- repérer ses domaines de fonctionnement ;

- mettre en évidence des types d’analyse auxquels il est susceptible de se conformer ;

- définir une problématique d’ensemble homogène.

2. Rechercher un principe d’organisation de la réflexion.

3. Distinguer des «moments», conçus non comme des parties juxtaposées dans un exposé d’ensemble, mais comme des étapes de la démarche : chaque étape doit enrichir ou approfondir l’approche (dans le cas d’une étude progressive), ou bien constituer une variation de domaines (dans le cas d’une étude conçue comme examen successif selon différents domaines). De manière générale, la progression de l’analyse doit toujours apporter quelque chose; d’où la nécessaire rédaction de transitions qui, en récapitulant les acquis successifs, posent les jalons des réflexions ultérieures.

4. Mettre au point le plan final.

Il s’agit, non de classer à l’avance des contenus de pensée, mais de structurer des analyses selon un principe d’ordre.

Quelques types de structuration

Chaque dissertation requiert un plan individuel et adapté à la spécificité de son énoncé.

Le travail préparatoire, comme nous l’avons vu, est la phase nécessaire qui permet de dégager les normes selon lesquelles s’organisera la pensée. La définition de la problématique d’ensemble, c’est-à-dire la structuration en un tout ordonné et homogène des divers types d’analyse à mettre en œuvre, constitue le point de départ de la dissertation.

Ouverture : ce qui est en jeu, au-delà de l’acte, du comportement, ou de la personnalité, c’est toute l’histoire personnelle du sujet.

Problématiser les thèses en jeu dans l'énoncé

Méthode

Lorsqu’une question induit une ou plusieurs thèses, il convient de soumettre la formulation de la réponse à l’examen critique de ces thèses, le plus souvent présentes dans le sujet à titre de présupposés. Il n’existe donc pas de plan type en la matière : la seule méthode efficace consiste à travailler sur les implications de l’énoncé, et notamment à mettre en évidence les idées ou les représentations dont il relève. Il s’agit d’effectuer, en une démarche rigoureuse, un travail de problématisation qui peut être guidé par des questions du type : « Qu’est-ce qui rend possible une telle formulation ? », « De quelle problématique relève un tel énoncé ? », etc.

Sujet

« L’éducation est-elle une dénaturation ? »

Accepter de répondre, à cette question implique qu’on ait déjà répondu par l’affirmative à une autre question qui la conditionne : y a-t-il une nature avant même le processus éducatif? Or, cette problématique fait elle-même l’objet d’une controverse comme le montrent les différentes hypothèses des sciences humaines. La question posée ne se formule comme interrogation que sur le fond d’une thèse à peine voilée : il existe une nature, une essence prédéfinie, et la seule chose dont on se soucie désormais est de savoir comment agit et se détermine le processus éducatif par rapport à cette nature. On « travaille » donc d’emblée dans une problématique bien particulière dont on devra expliciter et apprécier les présupposés, car ceux-ci conditionnent la validité même de la question.

Si l’on admet ou non les présupposés de la question, l’éducation prend un statut différent :

Soit on admet le présupposé d’une nature prédéfinie et achevée : l’éducation ne peut plus être qu’un processus second, non constitutif. Deux solutions principales se dégagent alors : l’éducation se règle sur la nature (elle ne peut donc être dénaturation) ou elle la contredit (et même l’altère). Ce qui détermine le contenu de la solution, c’est l’idée que l’on se fait de la nature (innocente ou bonne : elle n’a pas à être corrigée; agressive ou mauvaise : elle doit être corrigée). Ainsi, sous son apparence de neutralité, la question implique des problématiques très particulières.

Soit on refuse le présupposé d’une nature humaine prédéfinie. L’éducation devient alors genèse, formation. Et cela n’a plus aucun sens de parler de « dénaturation », puisque aucune nature humaine ne préexiste.

« COMMENT ÉLABORER UN PLAN ? ,:.1 ".

Le fameux plan « thèse/antithèse/synthèse» et les artifices rhétoriques qui généralement l'accompagnent en sont l'illustration la plus fréquente.

Une véritable pensée dialectique y trouve rarement son compte et l'élève y rencontre des difficultés supplémentaires.

Comment respecter en effet le caractère progressif d'un enrichissement par étapes de la réflexion si le plan détermine dès le départ des équilibres fictifs, de fausses symétries, des parties qui se répondent et s'enchaînent selon des contenus arbitrairement prédéfinis? Ou bien on souscrit aux «exigences» du «plan» adopté à l'avance, et la démarche aura toutes les peines du monde à rester vivante, créatrice, ou bien l'on fait éclater ce cadre et la pensée se retrouve alors sans axe conceptuel, livrée au hasard des associations psychiques et de l'écriture automatique.

L'incohérence, les redites, le manque d'unité dans la démarche s'ensuivront immédiatement.

Attention 1.

li Maladresse d'un plan rigide et formel d'une part, incohérence d'une réflexion sans norme d'autre part, constituent les deux défauts de construction les plus fréquents.

Ils relèvent d'un même manque de méthode : la dissociation des idées et du plan.

!; i: Le plan comme organisation dynamique de la réflexion 1, ! .

1 i, Les deux erreurs signalées reviennent en fait à une aberration très répandue qui consiste à concevoir le plan indépendamment de la réflexion, , comme une pure et simple« mise en forme».

On met en place les idées, puis on leur impose un plan.

Or, l'organisation et la structuration de la clisser- 1 tation ne peuvent préexister à une analyse approfondie du sujet, dont elles ne sont en réalité que la synthèse.

La mise au point du cheminement ne sera pleinement efficace et parfai­ tement ajustée que si cette analyse est menée à bien, notamment par une explication méthodique de toutes les «dimensions» du sujet et la formula­ tion des types d'analyse envisageables.

Ce travail n'est pas dissociable de la mise en place de ce que nous avons appelé une problématique.

Il faut lier en effet deux exigences pour «programmer» efficacement le cheminement de la dissertation : •Première exigence: élaborer une problématique, c'est-à-dire un système de questions et d'approches qui définit le sens du sujet, en organisant de façon méthodique les domaines de réflexion, les types de démarche et les points de vue possibles dans une configuration théorique d'ensemble.

39. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles