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Pourquoi la perception commune est-elle un obstacle a la perception artistique ?

Publié le 27/02/2008

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perception
Il ne faudrait pas en déduire que l'une est supérieure à l'autre, car la « pauvreté » de la perception commune n'est que le gage d'une action réussie. Autrement dit, il faut savoir regarder en artiste à bon escient, car si je me contente de « contempler » les escaliers, je risque fort d'y dégringoler. Cependant, on peut prolonger notre réflexion en remarquant ceci : si la perception commune voit (mais aussi entend, touche, etc.), on peut dire que la perception artistique « fait voir », autrement dit elle donne à voir ce que la perception habituelle laisse hors de notre champ de perception. On a pu ainsi dire que l'art est ce qui déchire le visible. Prenons, par exemple, la notion de paysage. Celle-ci est née dans le domaine esthétique, car avant d'être ce que l'on contemple, le paysage n'est rien d'autre que le lieu où le voyageur passe, l'endroit où le paysan travaille, bref un espace que l'on ne regarde pas, mais que l'on occupe ou qui nous occupe. Or, les premiers paysages peints nous ont proprement permis d'arrêter notre regard sur les paysages. Ainsi, accrocher un tableau dans son salon ne revenait pas à transposer chez soi  ce que l'on avait vu dehors; il fallait d'abord que la peinture elle-même ait attiré notre attention sur le paysage pour que celui-ci devienne visible pour nous. La perception commune se contente de voir et elle sélectionne ce qu'elle voit : en un sens, elle reste partiellement aveugle.
perception

« II – Schopenhauer : l'art exprime les Idées Schopenhauer, dans Le monde comme volonté et représentation , se rapproche de l'argumentation bergsonienne.

Disons d'abord que pourSchopenhauer le monde se donne sous deux angles : d'une part, il estvolonté, la volonté étant un principe métaphysique d'une parfaite unité, envertu duquel toutes choses sont identiques en leur fond ; d'autre part, il estreprésentation, qui n'est autre que la manière dont nous nous représentons lavolonté sous la forme d'individus distincts et séparés.

Ainsi, la représentationque nous avons du monde nous masque son unité, qui est celle de la volonté.Or, la représentation nous contraint à n'envisager les choses que sous lerapport de l'utilité qu'elles ont pour nous.

Ainsi, lors d'une promenade à lacampagne, l'arbre que je vois dans un champ ne sera vu qu'en vertu del'ombre qu'il peut me procurer.

La représentation est au service de la volonté,puisque celle-ci nous pousse à considérer dans les objets que nous percevonsque ce qui peut nous servir. Cependant, il est possible de passer outre ce rapport d'utilité, en détachant la connaissance des rapports entre les choses.

Ainsi, on neconsidère plus l'avantage que procure tel ou tel objet, mais l'on sonde – pourainsi dire – sa nature profonde.

On pourra ainsi s'apercevoir que, par-delà cequi nous distingue du point de vue de la représentation, nous ne faisons qu'unavec l'objet du point de vue de la volonté.

Mais, avant de saisir cette unité,la contemplation esthétique nous permet de contempler l'objet en lui-même,de n'observer que son Idée.

Dès lors, je ne vois plus l'arbre comme un abricontre le soleil, mais je m'absorbe, je me perds en lui.

Je le contemple pour lui-même, sans que mon intérêt y prennepart. Cet affranchissement de la volonté permet à la perception commune de franchir une étape : elle ne considère plus les liens qui unissent les choses, mais elle contemple les choses en elles-mêmes, pour elles-mêmes.

Laperception artistique se définit alors comme une contemplation des Idées, qui n'est rien d'autre qu'une plongée dansle réel : par-delà le rapport intéressé que j'entretiens avec les objets, je peux considérer leur Idée.

III – L'entrée dans la visibilité : l'art fait voir Ainsi, nous avons montré comment la perception commune se contente d'un rapport intéressé aux choses, quand l'art nous permet de considérer les choses en elles-mêmes sous l'espèce d'une « plongée dans le réel ».

Il nefaudrait pas en déduire que l'une est supérieure à l'autre, car la « pauvreté » de la perception commune n'est que legage d'une action réussie.

Autrement dit, il faut savoir regarder en artiste à bon escient, car si je me contente de« contempler » les escaliers, je risque fort d'y dégringoler.

Cependant, on peut prolonger notre réflexion enremarquant ceci : si la perception commune voit (mais aussi entend, touche, etc.), on peut dire que la perceptionartistique « fait voir », autrement dit elle donne à voir ce que la perception habituelle laisse hors de notre champ deperception.

On a pu ainsi dire que l'art est ce qui déchire le visible. Prenons, par exemple, la notion de paysage.

Celle-ci est née dans le domaine esthétique, car avant d'être ce que l'on contemple, le paysage n'est rien d'autre que le lieu où le voyageur passe, l'endroit où le paysan travaille,bref un espace que l'on ne regarde pas, mais que l'on occupe ou qui nous occupe.

Or, les premiers paysages peintsnous ont proprement permis d'arrêter notre regard sur les paysages.

Ainsi, accrocher un tableau dans son salon nerevenait pas à transposer chez soi ce que l'on avait vu dehors; il fallait d'abord que la peinture elle-même ait attirénotre attention sur le paysage pour que celui-ci devienne visible pour nous. La perception commune se contente de voir et elle sélectionne ce qu'elle voit : en un sens, elle reste partiellement aveugle.

À l'inverse, la perception artistique fait voir, c'est-à-dire dévoile ce qui était sous nos yeux,mais que l'on ne voyait pas.

L'art se donne comme un coup d'arrêt à l'action : arrêtez-vous un instant, nous dit-il,et contemplez ! Conclusion : Ainsi, la perception commune est une perception entièrement engagée dans les rets de l'action.

Elle appauvrit en quelque sorte le réel pour nous livrer les seuls éléments nécessaires à sa préhension.

De ce point devue-là, elle est un gage d'efficacité.

Mais, ce faisant elle masque le réel dans sa profusion, dans sa vibration propreet fait obstacle à la perception artistique.

C'est pour cela que celle-ci exige une conversion du regard, souventdifficile : l'art n'est donc pas une manière de voir le monde, mais une manière de « faire voir » le monde.

Laperception artistique est une contemplation des choses pour elles-mêmes, qui nous désinvestit de nos rapportsintéressés et nous pousse à ausculter le monde.. »

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