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Bergson: Qu'est ce qu'un jugement vrai ?

Publié le 14/03/2019

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bergson

La connaissance est donc bien réelle mais ce n'est pas la connaissance du changeant en tant que changeant : cela n'est pas possible et contredit le caractère discursif (c'est-à-dire articulé dans un discours argumenté) de la connaissance. Pour rejoindre le mouvement de la vie il faut le vivre soi-même, entrer en sympathie avec lui; c'est ce que Bergson nomme << l'intuition» ; mais celle-ci ne donne lieu à un savoir que si elle s'explicite dans un discours qui est à nouveau général.

 

Une difficulté réelle intervient lorsqu'il s'agit de connaître le vivant : chaque organisme est unique et se développe d'une manière qui lui est propre ; il devient par conséquent plus difficile de faire abstraction de cette singularité et du mouvement de changement de l'organisme pour ne retenir que des données stables comme on peut le faire en mécanique avec des corps inertes. Il faut alors trouver des moyens statistiques approchant au plus près la généralité, sans jamais pouvoir exclure tout à fait un comportement hors norme chez un individu donné.

Qu'est ce qu'un jugement vrai? Nous appelons vraie l'affirmation qui concorde avec h réalité. Mais en quoi peut consister cette concordance? Nous aimons à y voir quelque chose comme la ressemblance du portrait au modèle : l'affirmation vraie serait celle qui copierait la réalité Réfléchissons-y cependant : nous verrons que c'est seulement dans des cas rares, exceptionnels, que cette définition du vrai trouve son application. Ce qui est réel, c'est tel ou tel fait déterminé s'accomplissant en tel ou tel point de l'espace et du temps, c'est du singulier, c'est du changeant. Au contraire, la plupart de nos affirmations sont générales et impliquent une certaine stabilité de leur objet. Prenons une vérité aussi voisine que possible de l'expérience, celle-ci par exemple : « La chaleur dilate les corps ». De quoi pounait-elle bien être la copie ? Il est possible, en un certain sens, de copier la dilatation d'un corps déterminé, en la photographiant dans ses diverses phases. [...] Mais une vérité qui s'applique à tous les corps, sans concerner spécialement aucun de ceux que j'ai vus, ne copie rien, ne reproduit rien.

 

Bergson

bergson

« 1.

a.

Veillez à proposer une formulation personnelle de la thèse critiquée par Ber gson pour montr er que vous l'avez bien saisie.

Ne vous contentez pas de recop ier une phrase du texte ! Bergson critique la thèse selon laquelle la vérité « copierait >> la réalité, c'es t-à-dire en fournirait la réplique intellectuelle.

Il critique en fait la repré­ sentation courante selon laquelle la vérité consiste en une adéquation entre l'idée et la réalité qu'elle exprime, d'où la métaphore du portrait fidèle, que Bergson critique également.

b.

À cette représentation habituelle mais fausse, Bergson oppose l'idée qu'il y a une différence de nature entre la réalité et l'organisation de nos idées : la nature c'est du mouvant, des êtres ou des objets à chaque fois indi­ vidue ls; notre pensée, orientée vers l'action efficace, généralise et fixe la représentation du réel en concepts stables.

2.

a « Ce qui est réel, [ ...

]c 'est du singuli er, c'est du cha ngea nt » Ce que Bergson veut dire, c'est que notre représentation de la nature selon des lois constantes ne correspond pas à la réalité concrète faite d'ob­ jets singuliers, uniques, et en constant changement.

Il reprend à son compte la célèbre formule d'Héraclite selon laquelle > car l'eau n'est pas la même.

De même, deux brins d'herbe ne sont jamais identiques ne serait-ce que parce qu'ils occupent des positions différentes dans l'espace.

L'espace fait qu'il n'y a que de l'unique, le temps fait qu'il n'y a que du changeant.

b.

« nos affirmations sont générales et impliquent une certa ine st abilit é de leur objet » Bergson met ici en valeur la fonction du langage, qui nous permet d'avoir une prise sur le flux du réel.

Nous généralisons en nommant les choses par des noms qui renvoient à des concepts ; le concept vaut pour une infinité d'exemplaires possibles, abstraction faite des différences qu'ils peuvent avoir entre eux.

Par exemple, le concept de « table >> est pertinent pour toutes les tables possibles quelles que soient leur taille, leur forme et leur couleur.

De même, nous faisons abstraction d'un certain nombre de changements lorsque nous affirmons que nous utilisons deux fois le même objet, que nous contemplons deux fois le même paysage : nous ne notons que les. »

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