Devoir de Philosophie

Le culte de la jeunesse et la

Publié le 08/10/2017

Extrait du document

Le culte de la jeunesse et la société contemporaine Le mythe de la fontaine de jouvence ou celui de David terrassant Goliath appartiennent au fonds culturel indo-européen dans lequel notre société contemporaine ne cesse de puiser. Pourtant la définition de la notion de jeunesse et la place accordée aux jeunes dans la société nt varié dans l'histoire. La jeunesse, c'est d'abord un stade de l'évolution humaine, préalable à l'âge adulte. C'est aussi une représentation sociale avec les valeurs et les déterminations réelles qui s'y attachent. L'impression contemporaine du terme, à la fois global et de plus en plus abstrait, ne doit pas masquer ces deux dimensions qui suivent toutes deux les évolutions du monde actuel. Ce paradoxe contemporain, c'est l'écart qui se creuse entre la représentation sociale de la jeunesse, qui prend souvent l'allure d'un culte, et la réalité de sa condition. Comme si la reconnaissance et l'exaltation de la jeunesse coexistaient avec l'oubli des jeunes eux-mêmes. Et l'actualité fournit chaque jour des exemples de cette contradiction, les slogans publicitaires qui font si souvent appel aux séductions de la jeunesse contrastant avec l'évolution toujours plus défavorable du taux de chômage des jeunes. De fait, l'exaltation contemporaine, qui a peu à peu transformé la jeunesse en une valeur qui oriente l'ensemble des comportements sociaux, ne peut totalement masquer l'incompréhension et l'exclusion qui éloignent les jeunes de la société. Alors que dans les sociétés traditionnelles la jeunesse demeure "l'étape", l'état transitoire au cours de laquelle l'enfant apprend à devenir adulte et, partant, se voit assigner un rôle et une place strictement délimités, les sociétés occidentales marquées par le Romantisme post-révolutionnaire, les idées de progrès et d’évolution biologique puis, aujourd'hui, par l'obsession démographique placent cette jeunesse au centre des préoccupations privées et publiques, lui assignant ainsi un rôle fondamental de cohésion sociale. Depuis 1974 et l’octroi du droit de vote à dix-huit ans, la jeunesse est, en premier lieu, l’objet de toutes les sollicitudes politiques: les grands responsables des partis politiques réservent leurs déclarations de rentrée aux universités d'été qu'organisent au mois d'août les jeunes de leurs partis respectifs, et l'émergence d'associations politiques formées de jeunes...

« jeunesse que des faits divers récents ont déclenché un mouvement de vive protestation, dirigé par le Révérend Jesse Jackson, accusant ces compagnies d'être responsables des meurtres commis entre adolescents dans le seul but de voler les chaussures tant vantées.Mais l'entrée de la jeunesse dans l'économie ne se borne plus à la seule production de produits spécialisés pour les jeunes.

La jeunesse est désormais devenue un signe abstrait, immatériel, que les publicitaires utilisent pour séduire les consommateurs.

L'exemple le plus frappant de cette évolution a été, selon les sociologues, la publicité lancée en 1993 pour la souscription de "l'emprunt Balladur", où l'on préféra une jeune fille à Catherine Deneuve ou à Édouard Balladur lui-même pour vanter les vertus financières de l'emprunt: la jeunesse n'est plus uniquement une classe d'âge valorisée par la société, elle devient une valeur, une fin en soi que chacun met en scène...

un culte. Il n'est dès lors plus nécessaire d'être jeune pour faire jeune.

Et la jeunesse peut ainsi se répandre dans l'ensemble de la société.

Aujourd'hui, la plupart des modes vestimentaires, ou artistiques et musicales, sont d'abord partagées par les jeunes avant de se répandre dans la société toute entière.

On passe alors de la reconnaissance des jeunes au "culte de la jeunesse".

Cette dernière expression a d'abord une signification métaphysique: l'essor du sport avec sa "cathédrale" relève du culte de la jeunesse, et les grands prêtres que sont devenus les présentateurs télévisés participent aussi de ce culte en adoptant les expressions des jeunes.

Ce culte de la jeunesse a par ailleurs des effets bien réels sur la structure et l'organisation des familles contemporaines: le recul du nombre de familles de cinq enfants ou p lus des familles en l'an 2000 contre 10% il y a vingt ans encore montre la place qu'occupe désormais chaque enfant dans les familles, enfant dont les désirs doivent être satisfaits, le confort assuré et le monde protégé et ce aussi bien par des parents désormais "complices" que par des grands-parents qui troquent la transmission des valeurs traditionnelles contre les apparats du "jeunisme" maintenu, par exemple, par la multiplication des voyages.

Enfin le comportement des chefs d'entreprise dans la gestion de leur personnel ainsi que, plus largement, dans les valeurs de l'entreprise, font une grande place à la jeunesse, signe de productivité et d'adaptabilité: comme le décrit en particulier si bien le psychologue Alain Ehrenberg dans Le Culte de la performance, le jeune dandy souriant et bronzé est désormais préféré, jusque dans le cadre pourtant si sérieux de la finance, au courtier dont le strict costume et le ventre bien rond constituaient, dans l'imaginaire collectif français, le gage du sérieux et de la réussite. Les limites mêmes de la jeunesse se sont donc aujourd'hui estompées et l'âge adulte ne paraît plus une fin souhaitable dans nos sociétés contemporaines.

Mais, parce qu'accessible à tous, la jeunesse perd ainsi sa transparence et son culte ne fait dès lors que refléter l'incertitude de notre époque, faite d'exclusions et d'inadaptations. À la clarté et à l'évidence des sociétés traditionnelles ont succédé l'incertitude du monde contemporain et l'incompréhension des parents devant les réactions de jeunes qui, parce que "défiés", perdent tous repères en même temps qu'ils doivent affronter des situations économiques et sociales difficiles et auxquelles les politiques publiques ne les ont pas préparés. Lorsqu'ils entrent dans la société sans que celle-ci leur ait offert la possibilité de faire de leur jeunesse "l'étape" traditionnelle, les nouveaux adultes fuient de plus en plus nombreux hors du monde.

Deux signes, aux conséquences humaines évidemment incomparables, sont à cet égard révélateurs: le suicide est aujourd'hui la première cause de mortalité chez les 15-25 ans, tandis que 65% des électeurs de moins de 29 ans ne participent plus aux consultations électorales.

Cette fuite hors du politique, comme la fuite hors de la vie, sont les signes du désarroi d'une jeunesse qui perd brutalement les fidèles de son culte.

Cette exclusion des jeunes est également révélée par les derniers rapports accablants sur le Revenu Minimum d'Insertion et la Couverture Maladie Universelle: alors que les services sociaux pensaient retrouver parmi les bénéficiaires de ces nouveaux dispositifs "les habitués" de l'aide sociale, ce sont à plus de 55% de jeunes chômeurs, le plus souvent célibataires, qui bénéficient de ces allocations de survie.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles