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Georg Wilhelm Friedrich Hegel, Philosophie de l’esprit

Publié le 31/01/2020

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Georg Wilhelm Friedrich Hegel, Philosophie de l’esprit

Nous n’avons conscience de nos pensées, nous n’avons des pensées déterminées et réelles que lorsque nous leur donnons la forme objective, que nous les différencions de notre intériorité, et que,; par suite, nous les marquons de la forme externe, mais d’une forme qui contient aussi le caractère de l’activité interne la plus haute. C’est le son articulé, le mot, qui seul nous offre une existence où l’interne et l'externe sont si intimement unis. :

Par conséquent, vouloir penser sans les mots, c’est une tentative insensée. Mesmer en fit l’essai, et de son propre aveu, il faillit en perdre la raison. Et il est également absurde de considérer comme un désavantage et comme un défaut de la pensée:

cette nécessité qui lie celle-ci au mot. On croit'ordinairement, il est vrai, que ce qu’il y a de plus haut, c’est l’ineffable... Mais c’est là une opinion superficielle et sans fondement; car en réalité, l'ineffable, c’est la pensée obscure, la pensée à l’état de fermentation, et qui ne devient claire que lorsqu’elle trouve le mot. Ainsi, le mot donne à la pensée son existence la plus haute et la plus vraie.

Sans doute on peut se perdre dans un flux de mots sans saisir la chose. Mais la faute en est à la pensée imparfaite, indéterminée et vide, elle n’en est pas au mot. Si la vraie pensée est la chose même, le mot l’est aussi lorsqu’il est employé par la vraie pensée. Par conséquent, l’intelligence, en se remplissant de mots, se remplit aussi de la nature des choses.

■ Traduction A. Vera, GermerBaillère, 1960, § 463, Remarque, p. 914.

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« COMMENTAIRE DE TEXTE ~ puisse manipuler et utiliser aisément.

C'est dans ce sens qu'elles ont à acquérir une 1 «forme objective» (ligne 2).

Nous les plaçons en quelque sorte à distance de nous­ même pour qu'elles gagnent une netteté dont elles seraient dépourvues si elles res­ taient confondues avec nous, et si elles suivaient le cours perpétuellement changeant de notre vie psychique.

Les pensées sont caractérisées par une origine interne : notre réflexion, « l'activité interne la plus haute» (ligne 4); mais elles ont également besoin d'être objectivées, d'acquérir une existence propre.

Elles nécessitent une « forme externe » pour ne plus être en proie aux mille variations de notre esprit.

Or, et c'est ici que Hegel dévoile le but de.

son texte, seul le mot peut concilier ces deux exigences (ligne 5).

li est un ensemble de sons articulés, il possède une existence matérielle et objective, puisqu'il peut être employé par plusieurs hommes.

Mais le sens du mot est toujours lié à l'idée qu'il exprime.

Le mot est aussi du côté de l'intériorité.

L'idée que porte le mot prend une signification précise dans l'usage que font les locuteurs de ce terme.

Par ce biais, la pensée devient un objet pour L' notre conscience : nous la distinguons de nous-même en la fixant dans un mot.

Hegel renouvelle ici une thèse platonicienne : penser, c'est se parler à soi-même.

On arrive à ce point du texte où Hegel a trouvé dans le mot le point de réalisa­ tion et de cristallisation de nos pensées.

li est comme le troisième terme qui unit l'inté­ riorité spirituelle et l'extériorité matérielle.

Que répondre pourtant à ceux qui jugent que les mots sont sinon un obstacle, du moins un instrument inutile pour notre pensée? Dans le deuxième paragraphe du texte, Hegel écarte cette objection tacite en énonçant les prolongements (« par conséquent », ligne 7) de sa première position : il est impossible de penser sans mots.

Si les pensées peuvent parvenir à la conscience exclusivement sous forme de mots, une pensée non verbale n'a pas d'existence pour notre esprit.

Hegel prend un exemple, frappant à l'époque, celui d'un méde­ cin et magnétiseur célèbre, Mesmer, qui avait tenté certaines expériences de télépathie, c'est-à-dire de transmission de pensées sans recours au langage arti­ culé.

La conséquence négative de la position hégélienne est qu'il faut écarter les objections des partisans de l'ineffable.

Selon eux, le langage est un handicap (ligne 9) pour la pensée, car il fait obstacle aux idées en les contraignant à rentrer dans les cadres prédéfinis des mots.

La supériorité d'un «je ne sais quoi » inexprimable est très couramment acceptée.

Que l'on songe au proverbe populaire selon lequel« la parole est d'argent et le silence est d'or».

L'essentiel resterait donc au plus loin des mots.

Et l'idéal serait une pensée libérée de la contrainte des mots, car elle par­ viendrait à un degré bien supérieur de vérité.

Hegel prend le contre-pied de cette thèse et renverse la hiérarchie entre l'inef­ fable et la parole.

La pensée sans support verbal ne peut, en effet, atteindre la qualité d'une idée consciente et définie, elle reste à« l'état de fermentation» (ligne 13), c'est-à-dire de représentation confuse.

Elle n'est pas plus riche ou plus originale.

Elle est bien plus pauvre que la pensée sans mots.

Le plus haut degré de réalisation de la pensée réside dans le langage.

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