l'imaginaire
Publié le 18/01/2017
Extrait du document
«
pas comme existant.
L’objet imagé est une sorte de « néant d’être13 », il se présente comme absent
et nous pouvons le faire apparaître à notre esprit sans l’avoir sous les yeux.
Les objets représentés via
la conscience imageante ne sont donc pas réels, ni reproduits avec exactitude par notre conscience.
De plus, il ne s’agit pas des objets du monde réel eux mêmes mais d’une reproduction imagée de
ceux-ci.
Cette reproduction est biaisée et irréelle, proprement personnelle, marquée par la
subjectivité bien que basée sur la réalité.
Dans la conscience imageante, les objets sont représentés «
globalement », voire grossièrement.
C’est-à-dire qu’ils sont vus sous tous les angles possibles en
même temps : l’objet que je tente de me représenter apparaît à la fois sous toutes les facettes que j’ai
pu saisir de lui.
Nous ne pouvons imaginer parfaitement un objet, même si nous le connaissons,
même si nous avons pris le temps d’en faire l’expérience au préalable par la perception.
Par exemple,
lorsque j’imagine le visage d’un ami, j’arrive à me souvenir à quoi ce visage ressemble mais sans que
cela soit extrêmement précis : je l’imagine comme un « tout ».
Ce « tout » correspond aux multiples
angles sous lesquels j’ai vu le visage de cet ami et dont je me souviens.
Les données que j’ai récoltées
concernant le visage se mélangent entre elles.
C’est comme si je le voyais à la fois de profil, de face,
etc., car tous les souvenirs que j’ai de son visage se réunissent en un seul bloc lorsque ma conscience
intervient pour me le faire apparaître.
Il y a ce que Sartre appelle une « multiplication des points de
vue».
Ainsi, la difficulté réside dans le fait que, d’après Sartre, l’objet irréel est à la fois présent mais
absent, inatteignable, intouchable et motivé par notre propre volonté de nous l’imaginer.
Sartre traite
de « la libre spontanéité de la conscience15 » ; dès lors, l’objet imagé devient « objet passif16 ».
Il est
totalement dépendant de notre conscience : c’est elle qui lui donne « vie » et qui le fait disparaître si
elle le souhaite.
Par exemple, si j’écoute d’une histoire, des images m’apparaissent et disparaissent au
fur et à mesure du récit.
Cependant, l’objet irréel répond à un désir, à savoir celui de nous le faire
apparaître à la conscience alors qu’il est absent et que nous ne sommes pas en mesure d’en faire
réellement l’expérience à ce moment spécifique.
Il assouvit sans assouvir ce désir, puisqu’il est
présent dans notre conscience mais il reste irréel.
Finalement, l’objet irréel répond à un manque, à un
besoin.
Une personne qui nous manque suscite en nous l’envie de revoir son visage.
La conscience
imageante se charge de faire apparaître ce visage que nous ne pouvons voir réellement.
C’est une
substitution : si nous ne pouvons pas accéder à la réalité, alors nous nous l’offrons mentalement,
irréellement.
Le problème de l’irréalité est causé non seulement par l’inexactitude de l’objet
représenté mentalement, mais également par sa nature même qui est trompeuse et quelque peu
frustrante.
Nous nous l’offrons mentalement, mais non réellement ; or, le désir se traduit par l’envie
de « posséder » ou faire réellement l’expérience de l’objet en question.
Mais en ce qui concerne
l’objet irréel, cela est fondamentalement impossible.
Tout ce qui contribue à l’apparition de l’objet
dans la conscience imageante est tout aussi irréel : l’espace, la matière, la couleur, les différentes
caractéristiques, etc.
B) L’imaginaire comme structure a priori de toute activité de l’humain.
Il est ce qu’est la langue est à la parole :
Gilbert Durand définit l’imagination comme un « dynamisme organisateur [qui] est
facteur d’homogénéité dans la représentation » [4].
Il insiste sur ce processus
mouvementé qui caractérise le travail de l’imagination sans toutefois y voir une anarchie.
Comme Bachelard « suppose que c’est notre sensibilité qui sert de médium entre le
monde des objets et celui des songes » [5], on intègre la sensibilité comme déclenchant
la rêverie à partir du monde concret.
L’imaginaire est l’espace de la création libre, de l’anti-conformisme.
C’est la faculté qui
nous permet d’outrepasser le réel et ses contraintes.
À l’image du rêve, l’imagination
déforme le réel pour plus d’expressivité : « éliminant ce qui lui paraît sans résonance,.
»
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