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Le Moi, chose pensante ?

Publié le 07/03/2019

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Le Moi, chose pensante ? « Le moi a pour mission d’être le représentant de ce monde aux yeux du ça et pour le plus grand bien de ce dernier. En effet, le moi, sans le ça, aspirant aveuglément aux satisfactions instinctuelles, viendrait imprudemment se briser contre cette force extérieure plus puissante que lui. Le moi détrône le principe de plaisir, qui, dans le ça, domine de la façon la plus absolue. Il l’a remplacé par le principe de réalité plus propre à assurer sécurité et réussite ». C’est ainsi que Freud désigne le Moi, c'est-à-dire la partie de la personnalité de l’Homme assurant les fonctions conscientes. La théorie psychanalytique opérée par Freud consiste à détruire le sujet humain tel que Descartes et Kant l’avaient défini, à désintégrer le sujet défini comme être doté d’une faculté de représentation, à savoir la conscience. La conscience est à l’origine perçue comme quelque chose de positif, car elle représente la source, le fondement de notre comportement, de nos actes ; elle se manifeste comme la capacité de réflexion, de réfléchir, elle serait une faculté, ce qui explique son caractère positif. Locke écrit même dans Essai sur l’entendement humain que la conscience est le seul fondement de l’identité. Or, s’il est vrai que le Moi se définit par la conscience de soi, alors nous ne sommes que ce que nous avons la conscience d’être ou d’avoir été ; mais alors l’identité personnelle, réduite à la seule conscience de soi, ne se réfère plus à une réalité objective. C’est alors la notion même de sujet ou de substance qui se trouve ici contestée. Nous pourrions ainsi penser que la conscience entretiendrait une illusion. Nous pouvons donc nous demander en quoi la conscience pourrait-elle entretenir une illusion, la renforcer ; autrement dit, en quoi la conscience serait-elle illusoire ; et, si c’est le cas, quelle est l’illusion qu’elle entretiendrait ? Tout d’abord, nous nous efforcerons de définir la conscience de soi ainsi que l’illusion. Ensuite, nous nous intéresserons à la dissolution de la notion de sujet qu’a opéré Freud et à sa critique de la conscience en tant qu’un seul et unique bloc. Enfin, nous analyserons le rapport entre la conscience et l’identité à travers la découverte de soi théorisée par Hegel, et nous verrons ainsi qu’elles sont les conditions requises d’une conscience libre. I. Définitions a) La conscience est l’essence de la pensée – Descartes Le premier philosophe à avoir produit une définition claire de la conscience de soi est Descartes au XVII° siècle. Dans le Discours de la méthode, Descartes est à la recherche d'une vérité qui puisse mettre le doute sceptique en échec. Au terme du doute méthodique qui porte sur la totalité de nos connaissances et des choses existantes, surgit une certitude qui échappe au doute : le cogito ergo sum, \"je pense donc je suis\". Cette vérité primordiale, \"je pense donc je suis\", est pour Descartes le fondement de toute philosophie. Elle permet de distinguer l'âme comme une substance distincte du corps qui définit la nature ou l'essence de l'homme. L'homme est par définition un être ou une substance pensante. Cette pensée ou savoir immédiat (« Je suis un être pensant, la pensée constitue la forme particulière de mon existence ») que l'homme possède sur lui-même, est ce que Descartes appelle la conscience, laquelle est donc toujours une conscience de soi. b) La conscience de soi est le privilège de l’homme – Kant Pour Kant il n'existe pas dans le monde, un être à part, ou une substance pensante caractérisant l'homme. Le Je est pour lui simplement un principe par lequel nous organisons nos pensées. Cela n'empêche pas que cette façon de penser ou d'organiser nos pensées en les rapportant à soi, caractérise l'homme et le distingue des autres espèces. Dans Anthropologie du point de vue pragmatique, Kant répond à la question : \"Qu'est-ce qui définit l'homme et le distingue des autres espèces vivantes ?\". Ce qui caractérise l'homme c'est qu'il possède la capacité de dire Je, de se retourner sur moi-même pour se constituer comme une conscience de soi ou un sujet. Plus qu'une distinction, cette capacité est un privilège qui \"élève l'homme au-dessus des autres créatures\". Parce qu'il est un sujet, un Je, l'homme est un être à part dans le monde. Le sujet ou le « Je » est à la fois le principe qui nous permet d'organiser nos pensées d'une certaine façon, ce qui détermine un rapport particulier au monde, aux objets extérieurs et à nous-mêmes, mais c'est aussi une valeur qui nous donne une dignité. Pour Kant le sujet est d'abord un principe d'identité. Contre Descartes qui posait l'existence d'une substance pensante, la conscience n'est que le principe par lequel l'homme est capable de synthétiser et d'organiser la diversité des impressions reçues. Mais le Je est aussi un sujet moral, une personne. Il est porteur d'une valeur absolue qui place l'homme au-dessus de toutes les autres créatures ou choses. L'homme en tant que sujet disposant d'une raison, c'est-à-dire de la capacité de juger, est l'auteur de ses représentations. Il est une volonté, un \"je veux\" libre, autonome. En tant que volonté libre, il est le seul être dont on ne peut pas \"disposer à volonté\". En effet, si l'homme est un sujet auteur de ses pensées et de ses actions, cela signifie qu'il n'est jamais un moyen ou un instrument que l'on peut utiliser pour réaliser autre chose, comme le sont les choses de la nature ou les objets. c) Qu’est-ce qu’une illusion ? Une illusion est quelque chose qui se joue de nous mais contre laquelle nous ne pouvons rien faire, c’est une déformation inconsciente de la réalité, non volontaire, ni naturelle. À l’inverse de l’erreur, qui se corrige, se redresse, l’illusion ne se corrige pas, même si nous avons conscience qu’il y en a une. Spinoza, dans la Lettre à Schuller, écrit la chose suivante : « Un ivrogne croit dire par une décision libre ce qu’ensuite il aurait voulu taire. » C’est ici une affaire pseudo-liberté. En effet, l’alcool est la cause extérieure qui pousse l’ivrogne à se comporter de cette manière, au même titre qu’une pierre lancée est imprimée par un mouvement de la main qui la jette. L’ivrogne croit qu’il veut dire ce qu’il dit, mais l’illusion provient de la croyance en une décision libre, nous raisonnons ainsi : « je pense que je veux me comporter de cette manière car j’ai conscience de ce que je fais », mais en réalité c’est l’alcool qui engendre ce mouvement, cette illusion. Le fait que l’on sache ce que l’on fait nous donne l’illusion que c’est ce que l’on veut faire. La conscience me permettant de savoir que je suis mu/poussé dans telle direction, elle entretient l’illusion que je suis l’auteur de ce mouvement, que je veux aller dans cette direction. Transition : La conscience est donc considérée souvent comme la faculté de réfléchir par soi-même. L’Homme acquerrait ainsi une responsabilité inaliénable. Cependant, le fait de prendre conscience de ce que l’on fait peut entretenir l’illusion qu’on veut et qu’on a choisi cette action. Par conséquent, il faut interroger les fondements de la conscience, notamment son origine morale, afin de mieux comprendre comment une certaine conception de la conscience peut effectivement nous illusionner. Alors nous pourrons mieux définir les conditions de la pensée libre et le rôle de la conscience. II. Critiques de la conscience a) La dissolution de la notion de sujet par Freud Le présupposé de la notion de sujet est qu’il fait l’action, tandis que l’objet la subit. Si nous sommes considérés comme sujet au sens grammatical du terme, c’est donc que nous faisons, agissons. Nous sommes aux commandes, libres et responsables, tout ce la grâce à la conscience. Cette dernière, parce-que elle est faculté de réfléchir, nous place comme sujets de notre existence. Dans Études sur l’hystérie, Freud adopte le principe suivant : le déterminisme psychique. Le déterminisme est une causalité, rien n’arrive pas hasard, c’est un principe strictement appliqué en sciences physiques. Le psychisme est l’intérieur d’une personne, à l’origine de la formation des idées, des émotions, des sentiments, des rêves et des pensées. Le déterminisme psychique est donc l’intrusion de la science physique dans la psychologie, l’intrusion de la nécessité/causalité dans la liberté et l’imprévisibilité de l’esprit. Il y aurait donc des lois dans la constitution et le développement du psychisme de chacun, des lois auxquelles nous obéirions sans nous en apercevoir. C’est parmi c’est loi là que figure celle du Ça, du Moi et du Surmoi, trois entités qui constituent le psychisme selon Freud. Dans son étude de l’hystérie et du cas d’Anna O ainsi que dans ses Essais de psychanalyse, Freud en vient à la conclusion que les crises d’hystéries sont le résultat d’un conflit entre l’inconscient et la conscience. L’inconscient est le siège de nos pulsions, de nos désirs bruts, ce que Freud nomme les « motions ». La conscience, elle, joue le rôle de gardienne des valeurs morales, de censure de ces motions. Freud se félicite de ce travail de censure, car l’inconscient est autodestructeur et s’il était livré à lui-même, il serait pour une réalisation totale de nos motions, ce qui engendrerait la mort. La conscience empêche donc l’inconscient de réalises ses pulsions afin de ne pas accéder au principe de plaisir, la conscience suit le principe de réalité. Ce conflit entre ces deux entités est nécessaire à la construction de chacun et la censure faite par la conscience est bénéfique, car elle supprime les désirs de l’inconscient qui sont incompatibles avec les règles morales et sociales. La conscience permet à chacun de se protéger d’une part de soi mais elle a aussi un côté négatif : puisqu’elle est gardienne des valeurs morales, nous risquons de vivre dans une parfaite obéissance et donc dans une forme de soumission, de renoncement à des désirs personnels, d’où sorte de frustration, d’aliénation. Nous ne serions donc plus aux commandes, plus sujet. 

« n'empêche pas que cette façon de penser ou d'organiser nos pensées en les rapportant à soi, caractérise l'homme et le distingue des autres espèces.

Dans Anthropologie du point de vue pragmatique , Kant répond à la question : "Qu'est-ce qui définit l'homme et le distingue des autres espèces vivantes ?".

Ce qui caractérise l'homme c'est qu'il possède la capacité de dire Je, de se retourner sur moi-même pour se constituer comme une conscience de soi ou un sujet.

Plus qu'une distinction, cette capacité est un privilège qui " élève l'homme au-dessus des autres créatures ".

Parce qu'il est un sujet, un Je, l'homme est un être à part dans le monde.

Le sujet ou le « Je » est à la fois le principe qui nous permet d'organiser nos pensées d'une certaine façon, ce qui détermine un rapport particulier au monde, aux objets extérieurs et à nous-mêmes, mais c'est aussi une valeur qui nous donne une dignité.

Pour Kant le sujet est d'abord un principe d'identité .

Contre Descartes qui posait l'existence d'une substance pensante , la conscience n'est que le principe par lequel l'homme est capable de synthétiser et d'organiser la diversité des impressions reçues.

Mais le Je est aussi un sujet moral, une personne .

Il est porteur d'une valeur absolue qui place l'homme au-dessus de toutes les autres créatures ou choses.

L'homme en tant que sujet disposant d'une raison , c'est-à-dire de la capacité de juger, est l'auteur de ses représentations.

Il est une volonté, un "je veux" libre, autonome.

En tant que volonté libre, il est le seul être dont on ne peut pas " disposer à volonté ".

En effet, si l'homme est un sujet auteur de ses pensées et de ses actions, cela signifie qu'il n'est jamais un moyen ou un instrument que l'on peut utiliser pour réaliser autre chose, comme le sont les choses de la nature ou les objets. c) Qu’est-ce qu’une illusion ? Une illusion est quelque chose qui se joue de nous mais contre laquelle nous ne pouvons rien faire, c’est une déformation inconsciente de la réalité, non volontaire, ni naturelle.

À l’inverse de l’erreur, qui se corrige, se redresse, l’illusion ne se corrige pas, même si nous avons conscience qu’il y en a une.

Spinoza, dans la Lettre à Schuller , écrit la chose suivante : « Un ivrogne croit dire par une décision libre ce qu’ensuite il aurait voulu taire.

» C’est ici une affaire pseudo-liberté.

En effet, l’alcool est la cause extérieure qui pousse l’ivrogne à se comporter de cette manière, au même titre qu’une pierre lancée est imprimée par un mouvement de la main qui la jette.

L’ivrogne croit qu’il veut dire ce qu’il dit, mais l’illusion provient de la croyance en une décision libre, nous raisonnons ainsi : « je pense que je veux me comporter de cette manière car j’ai conscience de ce que je fais », mais en réalité c’est l’alcool qui engendre ce mouvement, cette illusion.

Le fait que l’on sache ce que l’on fait nous donne l’illusion que c’est ce que l’on veut faire.

La conscience me permettant de savoir que je suis mu/poussé dans telle direction, elle entretient l’illusion que je suis l’auteur de ce mouvement, que je veux aller dans cette direction.

Transition : La conscience est donc considérée souvent comme la faculté de réfléchir par soi-même.

L’Homme acquerrait ainsi une responsabilité inaliénable.

Cependant, le fait de prendre conscience de ce que l’on fait peut entretenir l’illusion qu’on veut et qu’on a choisi cette action.

Par conséquent, il faut interroger les fondements de la conscience, notamment son origine morale, afin de mieux comprendre comment une certaine conception de la conscience peut effectivement nous illusionner. Alors nous pourrons mieux définir les conditions de la pensée libre et le rôle de la conscience.. »

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