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Pouvons-nous connaître autrui autrement qu’à partir de nous-mêmes?

Publié le 31/01/2020

Extrait du document

L'esprit n'est autre qu'une certaine manière d'être de certains corps doués de comportements particuliers, ceux justement que nous expliquons en faisant référence à des désirs et à des croyances. Attribuer à un être un esprit signifie seulement qu'il se comporte d'une manière particulière. Et si l'esprit n'est pas une chose, il n'est pas caché, mais visible : cela explique que nous connaissions autrui immédiatement, sans l'imaginer par analogie avec nous-mêmes.

Autrui n'est pas connu à partir de moi-même, parce qu'autrui est un être pensant et que l'esprit n'est pas une chose cachée et invisible, mais une manière de se comporter. Je connais autrui immédiatement et je suis pleinement certain de son existence.

« 1 1 ' pensées et à mes sentiments.

Mais les pensées et les sentiments d'autrui me sont inconnus.

Ainsi Descartes soutenait-il que s'il regardait la rue du haut de sa fenêtre, il ne voyait que des chapeaux et des manteaux : il ne pouvait être certain qu'ils fus­ sent portés par des hommes et non par des spectres.

Pareillement puis-je être sûr que mon voisin n'est pas un robot? ., Pourtant, je peux savoir indirectement qu'autrui est un alter ego.

Puisque je suis doué de sens externes, je perçois les effets sur mon corps de mes sentiments et de mes pensées.

Par exemple, quand je suis en colère, je me vois rougir, quand je suis en vélo et que je veux tourner à droite, ce que je sais par introspection, je me vois tendre le bras ...

Ainsi, quand je constate par mes sens de tels phénomènes sur le corps et dans le comportement d'autrui, je peux en conclure à partir de ce que je connais de moi-même qu'autrui a tel sentiment ou telle pensée, en conséquence qu'autrui est un être pensant De la connaissance intuitive de mes états mentaux, fin­ fère donc la connaissance des états mentaux d'autrui.

Je ne connais pas autrui immé­ diatement, mais par un raisonnement, que l'on appelle une analogie.

li semble que je peux connaître autrui par la ressemblance entre ce que je perçois de mon corps et ce que je perçois de son corps : c'est à partir de moi-même que je pense autrui.

Avons-nous pourtant vraiment besoin d'un raisonnement pour connaître autrui? D'abord, tout raisonnement suppose une certaine durée: il faut passer des énon­ cés du début les prémisses, à l'énoncé final, la conclusion.

Dans le cas présent le rai­ sonnement a la forme suivante : quand j'ai telle pensée, je fais telle chose; or, autrui fait telle chose (ce sont les deux prémisses); donc autrui a telle pensée (éest la conclu­ sion).

Une telle médiation semble s'opposer à l'immédiateté avec laquelle je reconnais en autrui un être semblable à moi, éest-à-dire un être pensant Pourtant une telle objection, quoique non négligeable, est de peu de poids : en effet il est possible qu'une telle manière de raisonner soit si habituelle qu'elle en soit devenue instantanée.

Ensuite, une telle manière de connaître autrui ne pourrait jamais m'assurer avec certitude de l'existence d'autrui.

En effet l'existence d'un lien entre mes pen­ sées et certains comportements observables ne me garantit en aucun cas l'exis­ tence d'un tel lien pour les comportements des autres corps : qu'est-ce qui peut me garantir qu'un comportement dépend nécessairement d'états mentaux sem­ blables aux miens? Un sceptique peut donc légitimement nier qu'il y ait une rela- -lion nécessaire entre les comportements et les états mentaux.

Et s'il peut le nier, alors l'existence d'autrui ne peut jamais être connue avec certitude.

!.'.argument par analogie commet en définitive une pétition de principe : il pré­ suppose qu'il y a un lien nécessaire entre pensées et comportements pour les corps que je perçois en train d'accomplir différents mouvements.

Il présuppose donc que ces corps sont des êtres pensants comme moi, et non des robots, pour lesquels un tel lien en revanche n'existe pas.

Grâce à cette supposition, il déduit leur pensée par analogie, alors que la question est justement de savoir si je puis être certain que ces corps sont bien ceux d'êtres pensants.

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