Quelles sont les sources de l'inégalité sociale chez Rousseau ?

« Le luxe nourrit cent pauvres dans nos villes, et en fait périr cent mille dans nos campagnes: l'argent qui circule entre les mains des riches et des artistes pour fournir à leurs superfluités, est perdu pour la subsistance du laboureur; et celui-ci n'a point d'habit précisément parce qu'il faut du galon aux autres. Le gaspillage des matières qui servent à Ba nourriture des hommes suffit seul pour rendre le luxe odieux à l'humanité. Mes adversaires sont bienheureux que la coupable délicate se de notre langue ·m'empêche d'entrer là-dessus dans des détails qui les feraient rougir de ia cause qu'ils ont à défendre. Il faut des jus dans nos cuisines ; voilà pourquoi tant de malades manquent de bouillon. Il faut des liqueurs sur nos tables ; voilà pourquoi le paysan ne boit que de l'eau. Il faut de la poudre à nos perruques; voilà pourquoi tant de pauvres n'ont pas de pain.»

« De quoi s'agit-il donc précisément dans cette question de luxe ? De savoir lequel importe le plus aux Empires d'être brillants et momentanés, ou vertueux et durables. Je dis brillant, mais de quel éclat? Le goût du faste ne s'associe guère dans les mêmes âmes avec celui de l'honnête. Non, il n'est pas possible que des esprits dégradés par une multitude de soins futiles s'élèvent jamais à rien de grand.»

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« C'est ainsi que la dissolution des moe!:lrs, suite nécessaire du luxe, entraîne à son tour la corruption du goût.»

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« Tandis que les commodités de la vie se multiplient, que les arts se perfectionnent et que le luxe s'étend, le vrai courage s'énerve, les vertus militaires s'évanouissent ... »

A noter que dans ces dernières lignes, comme dans le titre du livre, le mot « art » a un sens plus général qu'aujourd'hui puisqu'il désigne les techniques et pas seulement les «Beaux-Arts». Le mot «énervé» avait, lui aussi, un autre sens que celui qu'il a aujourd'hui. Le mot« nerf» désignait les tendons, sens qui s'est conservé dans « un nerf de boeuf ».