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Est-il raisonnable de croire en Dieu ?

Publié le 23/11/2019

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dieu

Nombre de critiques peuvent être adressées à la foi, au projet de la théologie, ou

encore aux différentes décisions religieuses qui ont eu lieu historiquement et qui ont

marqué la vie de leurs communautés. Or, il nous a semblé que le « saut » dont parle

Jacobi est indispensable pour passer du domaine du savoir à celui de la croyance en Dieu.

Sans cela, on ne peut manquer de réduire celle-ci à une projection inconsciente, à la fois

sécurisante et anthropomorphique. Le refus des thèses religieuses reste donc tout aussi

raisonnable que la croyance elle-même, ce choix étant en dernier lieu une question de

confiance et de liberté individuelle. Le « saut » dans la foi est l'expression même de cette

liberté, et place la croyance religieuse sur un plan existentiel, et non pas dogmatique ou

purement intellectuel.

dieu

« 12 4 PHlLOSOPHTE les bons plans sont -ce là des raisons raisonnabl es, crédibles et dignes que l'on ne saurait réduire à de simples superstitions ? Ce sont ces pistes de réflexion que nous nous proposo ns à prés ent de suivre, en commençant par montrer pour quelles raisons certains philoso phes, notamment au Siècle des lumières, ont rejeté l'ensemble des thèses défendues en religion et en théologie.

Nous étudierons ensuite ce qui caractérise plus précisément la croy ance religieuse, par rapport à toute autre forme de croy ance.

Nous verrons alors si celle -ci ne peut pas être qualifiée de raisonnabl e, d'un point de vue non pas théorique, mais moral.

1re partie ......................................................................................................................

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Le mot religion provient vraisemblablement du latin religare, qui signifie relier, créer un lien.

En effet, la religion crée un double lien (que pourrait d'ailleurs symboliser la croix chrétienne) :un lien entre les hommes d'une part ( cf.les communaut és religie uses), entre les hommes et le divin d'autre part.

La religion est donc un système plus ou moins cohérent de croyan ces, des dogmes, et de pratiques, des rites, qui permet­ tent à un groupe d'hommes d'entretenir un rapport avec le divin.

Celui-ci peut être conçu comme un ensemble de dieux (cf.

les polythéismes égyptien, indien, etc.), d'es prits (cf.

l'animism e), une force divine impersonnelle ( cf.

le bouddhis me), ou encore un Dieu unique et tran scendant (cf.

les monothéismes juif, chrétien ou musulman ).

C'est ce dernier cas, qui n'est donc qu'un type de croyance religieuse parmi tant d'autres, qui nous préoccupe dans la prés ente question -ce qui n'est peut -être pas sans révéler un certain ethnocentrisme dans l'énoncé même de cette question.

Que l'on considère le seul cas du monothéisme ou les autres types de croyances religieuses, l'homme croit en l' ex is­ tence du divin, au sens où il pose cette existence, où ill' affi rme.

Or, il ne semble pas que ces convictions reposent sur une base rationn elle.

Ce fut pourtant le pa ri de la théologie de tenter de prouver qu'il s'agit là d'énoncés rationn els, aux quels il est, contrai­ rement aux apparence s, rai sonn able d'adhérer.

Sur ce point, la Somme théologique de saint Thomas d'Aquin est exemplaire, car elle aborde l'ensemble des aspects de la reli gion, sous l'angle de la foi et de la rais on.

Comme le scientifique tente de démontrer ration­ nellement l'exactitude de certaines thèses concernant le monde visible, qui est d'ordre phys ique, le théologien tente pour sa part de tenir un discours rationnel sur le monde invisible, qui serait d'ordre purement métaph ys ique.

Nombre de philosophes ont ainsi essa yé de démontrer qu'un principe transcenda nt le monde (Dieu, l'Absolu, l'Un, etc.) existe, ou qu'il y a une vie après la mort.

Or, force est de constater que cette entreprise ne fut pas historiquement une réussite, puisque les prétendues preuves de l'exist ence de Dieu ont été notamment critiquées par Kant dans la Critique de la raison pur e, les raisonnements développés par saint Anselme et saint Thomas d'Aquin reposa nt par exemple sur des paralogismes, c'est-à-d ire des conf usions sémantiques et logique s.. »

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