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1996 : Censures a l'œuvre

Publié le 03/12/2018

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De l'interdiction du livre du docteur Gubler, le Grand Secret, à l'affaire de la bibliothèque municipale d'Orange, plusieurs événements ont fait surgir, ces derniers mois, le spectre d’un retour de la censure.

 

Si le principe de la liberté d'expression n'est sans doute pas menacé, la société actuelle laisse le champ libre à diverses formes de mise à l'index, dont les effets cumulés doivent cependant être considérés avec une grande vigilance.

UN VETO ROYAL

 

Quelques mois avant le Grand Secret, une affaire quelque peu similaire a éclaté en Belgique autour du livre de Pierre Mertens, Une paix royale. La princesse Lilian de Belgique, veuve du roi Léopold III, a demandé la saisie de ce roman où l'auteur prêtait à son mari des propos qu'il n'avait jamais tenus. Le tribunal a ordonné la suppression de certains passages. Mais le problème semble moins celui de l'affabulation romanesque que la mise en évidence d'une période trouble de l'histoire belge - en l'occurrence la guerre et l'Oc-cupation. D'un pays à l'autre, les gouvernants et leurs familles mettent apparemment la meme obstination - fort peu démocratique - à occulter la faillibilité du pouvoir, son caractère « humain, trop humain ».

On ne saurait évidemment mettre sur le même plan la saisie du Grand Secret et la censure exercée par la municipalité d'Orange, d’obédience Front national, sur l'acquisition des livres de la bibliothèque municipale. Ces controverses n'en traduisent pas moins l'idée qu'un livre peut être dangereux - conception obscurantiste qu'on pouvait croire définitivement conjurée par nos démocraties occidentales. Publiées par plusieurs journaux au début du mois de juillet, les conclusions du rapport du doyen de l'inspection générale des bibliothèques sont éloquentes : frappés de l’étiquette « cosmopolitisme » ou « gauchisme », des ouvrages relatifs au rap et au racisme, mais aussi des romans policiers et des recueils de contes ont été impitoyablement rayés des propositions d'achat transmises par la bibliothèque d'Orange à la mairie. Effet pervers de la décentralisation, la loi de 1986 autorise l'équipe

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