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Un langage permet-il d’exprimer tout ce qui peut être pensé ?

Publié le 19/03/2020

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DIRECTIONS DE RECHERCHE

N’aurions-nous pas une expérience de l’inadéquation du langage à la pensée ?

N’avons-nous pas le sentiment d’une distance entre notre pensée et son expression verbale ?

Ne nous semble-t-il pas souvent que nous possédons la pensée mais que le langage se dérobe à nous (ne disons-nous pas parfois que nous avons le « mot sur le bout de la langue ? » ).

Toutefois ne pourrait-on objecter que cette distance n’est pas une distance entre la pensée et le langage mais entre une pensée informe (informelle parce que non formulée) et une pensée formée (qui aurait enfin pris « forme » dans et par le langage) ?

Même si nous nous en tenons à cette dernière position, ne pourrait-on soutenir, précisément, que le langage « informant » notre pensée, « formant » notre pensée, la mutile, la sclérose ? C’est la thèse bien connue de Bergson.

Selon lui le langage par ses termes figés, séries d’éléments discontinus, enferme notre « vécu » dans des cadres immobiles et préconçus : le langage dépersonnaliserait et banaliserait ; au lieu d’exprimer (par exemple) « le moi profond », le pur jaillissement interne de la pensée ; il ne pourrait par son essence (commune et conventionnelle) qu’exprimer les aspects conventionnels et superficiels de la personnalité.

Ne faut-il pas remarquer — ce qui peut avoir ici quelque importance — que le langage humain est tel que chacun de nous (comme le dit Chomsky) peut « générer une infinité de phrases ») et qu’on peut écrire aussi bien (et « conventionnellement ») « sincères condoléances » qu’une longue lettre « personnalisée » ? (cf Roland Barthes dans « Le Degré zéro de l’écriture », Collection Médiations).
L’idée d’une pensée pure, purement vécue et antérieure à toute formulation (même « schématique », au sens propre du terme) ne serait-elle pas un mythe ?
(De même d’ailleurs que l’opposition « moi profond » « moi social » qui n’a aucun sens pour la psychologie et la sociologie contemporaines).
Ne faut-il pas remarquer que le « langage » renvoie à des réalités et à des usages multiples ?
(Scientifiques, « utilitaires », artistiques et plus singulièrement poétiques).
INDICATIONS DE LECTURE
Matière et mémoire de Bergson.
Citation : « Le mot, aux contours bien arrêtés, le mot brutal, qui emmagasine ce qu’il y a de stable, de commun, et par conséquent d’impersonnel dans les impressions de l’humanité, écrase ou tout au moins recouvre les impressions délicates et fugitives de notre conscience individuelle ».
Le Langage et la pensée de Delacroix (Alcan).
La Langue, le sens, la pensée de Serrus (Alcan, P.U.F.).
Le Langage et la pensée de Chomsky (Payot).
Citation p. 26 : « Mais l’utilisation du langage n’est pas seulement novatrice et d’une étendue potentiellement infinie... C’est grâce à cette liberté face au contrôle du stimulus que le langage peut servir d’instrument de pensée et d’expression individuelle... ».

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