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Souscrivez-vous à cette opinion d’un historien sur l’histoire : « C’est une illusion surannée de croire que l’histoire fournit les enseignements pratiques pour la conduite de la vie » ?

Publié le 19/03/2020

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histoire

ÉLÉMENTS DE RÉFLEXION

Les premiers historiens (par exemple Plutarque, « Vie des hommes illustres ») firent en quelque sorte de l’histoire un recueil de récits édifiants, de vie de « héros » (voire un peu plus tard de « saints ») destinés à servir d’exemples.

Jusqu'au XVIIIe siècle y compris, l’histoire est conçue — pour l’essentiel — comme devant fournir des enseignements pratiques (et moraux).

Deux textes à méditer.

« L’Histoire justifie ce que l’on veut. Elle n’enseigne rigoureusement rien, car elle contient tout, et donne des exemples de tout.

Que de livres furent écrits qui se nommaient : « La leçon de ceci, les Enseignements de cela !... » Rien de plus ridicule à lire après les événements qui ont suivi les événements que ces livres interprétaient dans le sens de l’avenir. »

Extrait de : Valéry, De l’Histoire, Tome II (La Pléiade).

« On recommande aux rois, aux hommes d’Etat, aux peuples de s’instruire principalement par l’expérience de l’histoire. Mais l’expérience et l’histoire nous enseignent que peuples et gouvernements n’ont jamais rien appris de l’histoire, qu’ils n’ont jamais agi suivant les maximes qu’on aurait pu en tirer. Chaque époque, chaque peuple se trouve dans des situations si particulières... que c’est seulement en fonction de cette situation unique qu’il doit se décider : les grands caractères sont précisément ceux qui, chaque fois, ont trouvé la solution appropriée. »

Hegel.

Il apparaîtrait donc que, dans la mesure où toute situation est unique, un enchevêtrement particulier de « causes », de « lois » il serait « suranné » de croire que l’histoire puisse fournir des enseignements pratiques.

Mais ne pourrait-on dire que cette opinion repose sur une conception « surannée » de l'histoire, de l'enseignement et de la pratique ?

Un « véritable » enseignement peut-il être accumulation de « recettes » pratiques ? La pratique ne serait-elle pas « formée » par ce que nous sommes, nos expériences (pratiques et théoriques) ?

En ce sens la « pratique » de l’histoire, dans la mesure où (comme le dit Marrou) elle nous libère des entraves, des limitations de notre présent, de notre « inconscient sociologique », ne serait-elle pas source d’enseignement au plein sens du terme, y compris en dernière analyse et en cette mesure, « d’enseignements pratiques pour la conduite de la vie »? 

« L’histoire apparaît comme une pédagogie, le terrain d’exercice et l’instrument de notre liberté. »

Extrait de :

Marrou, De la Connaissance historique (Seuil).

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