Devoir de Philosophie

  La belle Lisa ne se permettait plus qu'un régal.

Publié le 15/12/2013

Extrait du document

  La belle Lisa ne se permettait plus qu'un régal. Elle donnait sans peur des tapes sous le menton satiné de Marjolin. Il venait de sortir de l'hospice, le crâne raccommodé, aussi gras, aussi réjoui qu'auparavant, mais bête, plus bête encore, tout à fait idiot. La fente avait dû aller jusqu'à la cervelle. C'était une brute. Il avait une puérilité d'enfant de cinq ans dans un corps de colosse. Il riait, zézayait, ne pouvait plus prononcer les mots, obéissait avec une douceur de mouton. Cadine le reprit tout entier, étonnée d'abord, puis très heureuse de cet animal superbe dont elle faisait ce qu'elle voulait ; elle le couchait dans les paniers de plumes, l'emmenait galopiner, s'en servait à sa guise, le traitait en chien, en poupée, en amoureux. Il était à elle, comme une friandise, un coin engraissé des Halles, une chair blonde dont elle usait avec des raffinements de rouée. Mais, bien que la petite obtînt tout de lui et le traînât à ses talons en géant soumis, elle ne pouvait l'empêcher de retourner chez madame Quenu. Elle l'avait battu de ses poings nerveux, sans qu'il parût même le sentir. Dès qu'elle avait mis à son cou son éventaire, promenant ses violettes rue du Pont-Neuf ou rue de Turbigo, il allait rôder devant la charcuterie. -- Entre donc ! lui criait Lisa. Elle lui donnait des cornichons, le plus souvent. Il les adorait, les mangeait avec son rire d'innocent, devant le comptoir. La vue de la belle charcutière le ravissait, le faisait taper de joie dans ses mains. Puis, il sautait, poussait de petits cris, comme un gamin mis en face d'une bonne chose. Elle, les premiers jours, avait eu peur qu'il ne se souvînt. -- Est-ce que la tête te fait toujours mal ? lui demanda-t-elle. Il répondit non, par un balancement de tout le corps, éclatant d'une gaieté plus vive. Elle reprit doucement : -- Alors, tu étais tombé ? -- Oui, tombé, tombé, tombé, se mit-il à chanter sur un ton de satisfaction parfaite, en se donnant des claques sur le crâne. Puis, sérieusement, en extase, il répétait, en la regardant, les mots « belle, belle, belle », sur un air plus ralenti. Cela ouchait beaucoup Lisa. Elle avait exigé de Gavard qu'il le gardât. C'était lorsqu'il lui avait chanté son air de tendresse umble, qu'elle le caressait sous le menton, en lui disant qu'il était un brave enfant. Sa main s'oubliait là, tiède d'une joie iscrète ; cette caresse était redevenue un plaisir permis, une marque d'amitié que le colosse recevait en tout nfantillage. Il gonflait un peu le cou, fermait les yeux de jouissance, comme une bête que l'on flatte. La belle charcutière, pour s'excuser à ses propres yeux du plaisir honnête qu'elle prenait avec lui, se disait qu'elle compensait ainsi le coup de poing dont elle l'avait assommé, dans la cave aux volailles. Cependant, la charcuterie restait chagrine. Florent s'y hasardait quelquefois encore, serrant la main de son frère, dans le silence glacial de Lisa. Il y venait même dîner de loin en loin, le dimanche. Quenu faisait alors de grands efforts de aieté, sans pouvoir échauffer le repas. Il mangeait mal, finissait par se fâcher. Un soir, en sortant d'une de ces froides éunions de famille, il dit à sa femme, presque en pleurant : -- Mais qu'est-ce que j'ai donc ! Bien vrai, je ne suis pas malade, tu ne me trouves pas changé ?... C'est comme si j'avais un poids quelque part. Et triste avec ça, sans savoir pourquoi, ma parole d'honneur... Tu ne sais pas, toi ? -- Une mauvaise disposition, sans doute, répondit Lisa. -- Non, non, ça dure depuis trop longtemps, ça m'étouffe... Pourtant, nos affaires ne vont pas mal, je n'ai pas de gros chagrin, je vais mon train-train habituel... Et toi aussi, ma bonne, tu n'es pas bien, tu sembles prise de tristesse... Si ça ontinue, je ferai venir le médecin. La belle charcutière le regardait gravement. -- Il n'y a pas besoin de médecin, dit-elle. Ça passera... Vois-tu, c'est un mauvais air qui souffle en ce moment. Tout le onde est malade dans le quartier... Puis, comme cédant à une tristesse maternelle : -- Ne t'inquiète pas, mon gros... Je ne veux pas que tu tombes malade. Ce serait le comble. Elle le renvoyait d'ordinaire à la cuisine, sachant que le bruit des hachoirs, la chanson des graisses, le tapage des armites, l'égayaient. D'ailleurs, elle évitait ainsi les indiscrétions de mademoiselle Saget, qui, maintenant, passait les atinées entières à la charcuterie. La vieille avait pris à tâche d'épouvanter Lisa, de la pousser à quelque résolution xtrême. D'abord, elle obtint ses confidences. -- Ah ! qu'il y a de méchantes gens ! dit-elle, des gens qui feraient bien mieux de s'occuper de leurs propres affaires... i vous saviez, ma chère madame Quenu... Non, jamais je n'oserai vous répéter cela. Comme la charcutière lui affirmait que ça ne pouvait pas la toucher, qu'elle était au-dessus des mauvaises langues, lle lui murmura à l'oreille, par-dessus les viandes du comptoir : -- Eh bien ! on dit que monsieur Florent n'est pas votre cousin... Et, petit à petit, elle montra qu'elle savait tout. Ce n'était qu'une façon de tenir Lisa à sa merci. Lorsque celle-ci onfessa la vérité, par tactique également, pour avoir sous la main une personne qui la tînt au courant des bavardages du uartier, la vieille demoiselle jura qu'elle serait muette comme un poisson, qu'elle nierait la chose le cou sur le billot. lors, elle jouit profondément de ce drame. Elle grossissait chaque jour les nouvelles inquiétantes. -- Vous devriez prendre vos précautions, murmurait-elle. J'ai encore entendu à la triperie deux femmes qui ausaient de ce que vous savez. Je ne puis pas dire aux gens qu'ils en ont menti, vous comprenez. Je semblerais drôle... Ça ourt, ça court. On ne l'arrêtera plus. Il faudra que ça crève. Quelques jours plus tard, elle donna enfin le véritable assaut. Elle arriva tout effarée, attendit avec des gestes 'impatience qu'il n'y eût personne dans la boutique, et la voix sifflante : -- Vous savez ce qu'on raconte... Ces hommes qui se réunissent chez monsieur Lebigre, eh bien ! ils ont tous des usils, et ils attendent pour recommencer comme en 48. Si ce n'est pas malheureux de voir monsieur Gavard, un digne omme, celui-là, riche, bien posé, se mettre avec des gueux !... J'ai voulu vous avertir, à cause de votre beau-frère. -- C'est des bêtises, ce n'est pas sérieux, dit Lisa pour l'aiguillonner. -- Pas sérieux, merci ! Le soir, quand on passe rue Pirouette, on les entend qui poussent des cris affreux. Ils ne se ênent pas, allez. Vous vous rappelez bien qu'ils ont essayé de débaucher votre mari... Et les cartouches que je les vois abriquer de ma fenêtre, est-ce des bêtises ?... Après tout, je vous dis ça dans votre intérêt. -- Bien sûr, je vous remercie. Seulement, on invente tant de choses. -- Ah ! non, ce n'est pas inventé, malheureusement... Tout le quartier en parle, d'ailleurs. On dit que, si la police les écouvre, il y aura beaucoup de personnes compromises. Ainsi, monsieur Gavard... Mais la charcutière haussa les épaules, comme pour dire que monsieur Gavard était un vieux fou, et que ce serait ien fait. -- Je parle de monsieur Gavard comme je parlerais des autres, de votre beau-frère, par exemple, reprit ournoisement la vieille. Il est le chef, votre beau-frère, à ce qu'il paraît... C'est très fâcheux pour vous. Je vous plains eaucoup ; car enfin, si la police descendait ici, elle pourrait très bien prendre aussi monsieur Quenu. Deux frères, c'est omme les deux doigts de la main. La belle Lisa se récria. Mais elle était toute blanche. Mademoiselle Saget venait de la toucher au vif de ses nquiétudes. À partir de ce jour, elle n'apporta plus que des histoires de gens innocents jetés en prison pour avoir hébergé es scélérats. Le soir, en allant prendre son cassis chez le marchand de vin, elle se composait un petit dossier pour le endemain matin. Rose n'était pourtant guère bavarde. La vieille comptait sur ses oreilles et sur ses yeux. Elle avait arfaitement remarqué la tendresse de monsieur Lebigre pour Florent, son soin à le retenir chez lui, ses complaisances si eu payées par la dépense que ce garçon faisait dans la maison. Cela la surprenait d'autant plus, qu'elle n'ignorait pas la situation des deux hommes, en face de la belle Normande. -- On dirait, pensait-elle, qu'il l'élève à la becquée... À qui peut-il vouloir le vendre ? Un soir, comme elle était dans la boutique, elle vit Logre se jeter sur la banquette du cabinet, en parlant de ses courses à travers les faubourgs, en se disant mort de fatigue. Elle lui regarda vivement les pieds. Les souliers de Logre n'avaient pas un grain de poussière. Alors, elle eut un sourire discret, elle emporta son cassis, les lèvres pincées. C'était ensuite à sa fenêtre qu'elle complétait son dossier. Cette fenêtre, très élevée, dominant les maisons voisines, lui procurait des jouissances sans fin. Elle s'y installait, à chaque heure de la journée, comme à un observatoire, d'où elle guettait le quartier entier. D'abord, toute les chambres, en face, à droite, à gauche, lui étaient familières, jusqu'aux meubles les plus minces ; elle aurait raconté, sans passer un détail, les habitudes des locataires, s'ils étaient bien ou mal en ménage, comment ils se débarbouillaient, ce qu'ils mangeaient à leur dîner ; elle connaissait même les personnes qui venaient les voir. Puis, elle avait une échappée sur les Halles, de façon que pas une femme du quartier ne pouvait traverser la rue Rambuteau, sans qu'elle l'aperçût ; elle disait, sans se tromper, d'où la femme venait, où elle allait, ce qu'elle portait dans son panier, et son histoire, et son mari, et ses toilettes, ses enfants, sa fortune. Ça, c'est madame Loret, elle fait donner une belle éducation à son fils ; ça, c'est madame Hutin, une pauvre petite femme que son mari néglige ; ça, c'est mademoiselle Cécile, la fille au boucher, une enfant impossible à marier parce qu'elle a des humeurs froides. Et elle aurait continué pendant des journées, enfilant les phrases vides, s'amusant extraordinairement à des faits coupés menus, sans aucun intérêt. Mais, dès huit heures, elle n'avait plus d'yeux que pour la fenêtre, aux vitres dépolies, où se dessinaient les ombres noires des consommateurs du cabinet. Elle y constata la scission de Charvet et de Clémence, en ne retrouvant plus sur le transparent laiteux leurs silhouettes sèches. Pas un événement ne se passait là, sans qu'elle finît par le deviner, à certaines révélations brusques de ces bras et de ces têtes qui surgissaient silencieusement. Elle devint très forte, interpréta les nez allongés, les doigts écartés, les bouches fendues, les épaules dédaigneuses, suivit de la sorte la conspiration pas à pas, à ce point qu'elle aurait pu dire chaque jour où en étaient les choses. Un soir le dénouement brutal lui apparut. Elle aperçut l'ombre du pistolet de Gavard, un profil énorme de revolver, tout noir dans la pâleur des vitres, la gueule tendue. Le pistolet allait, venait, se multipliait. C'était les armes dont elle avait parlé à madame Quenu. Puis, un autre soir, elle ne comprit plus, elle s'imagina qu'on fabriquait des cartouches, en voyant s'allonger des bandes d'étoffe interminables. Le lendemain, elle descendit à onze heures, sous le prétexte de demander à Rose si elle n'avait pas une bougie à lui céder ; et, du coin de l'oeil, elle entrevit, sur la table du cabinet, un tas de linges rouges qui lui sembla très effrayant. Son dossier du lendemain eut une gravité décisive. -- Je ne voudrais pas vous effrayer, madame Quenu, dit-elle ; mais ça devient trop terrible... J'ai peur, ma parole ! Pour rien au monde, ne répétez ce que je vais vous confier. Ils me couperaient le cou, s'ils savaient. Alors, quand la charcutière lui eut juré de ne pas la compromettre, elle lui parla des linges rouges. -- Je ne sais pas ce que ça peut être. Il y en avait un gros tas. On aurait dit des chiffons trempés dans du sang... Logre, vous savez, le bossu, s'en était mis un sur les épaules. Il avait l'air du bourreau... Pour sûr, c'est encore quelque manigance. Lisa ne répondait pas, semblait réfléchir, les yeux baissés, jouant avec le manche d'une fourchette, arrangeant les morceaux de petit salé dans leur plat. Mademoiselle Saget reprit doucement : -- Moi, si j'étais vous, je ne resterais pas tranquille, je voudrais savoir... Pourquoi ne montez-vous pas regarder dans la chambre de votre beau-frère ? Alors, Lisa eut un léger tressaillement. Elle lâcha la fourchette, examina la vieille d'un oeil inquiet, croyant qu'elle pénétrait ses intentions. Mais celle-ci continua : -- C'est permis, après tout... Votre beau-frère vous mènerait trop loin, si vous le laissiez faire... Hier, on causait de vous, chez madame Taboureau. Vous avez là une amie bien dévouée. Madame Taboureau disait que vous étiez trop bonne, qu'à votre place elle aurait mis ordre à tout ça depuis longtemps. -- Madame Taboureau a dit cela, murmura la charcutière, songeuse. -- Certainement, et madame Taboureau est une femme que l'on peut écouter... Tâchez donc de savoir ce que c'est que les linges rouges. Vous me le direz ensuite, n'est-ce pas ? Mais Lisa ne l'écoutait plus. Elle regardait vaguement les petits Gervais et les escargots, à travers les guirlandes de saucisses de l'étalage. Elle semblait perdue dans une lutte intérieure, qui creusait de deux minces rides son visage muet. Cependant, la vieille demoiselle avait mis son nez au-dessus des plats du comptoir. Elle murmurait, comme se parlant à elle-même : -- Tiens ! il y a du saucisson coupé... Ça doit sécher, du saucisson coupé à l'avance... Et ce boudin qui est crevé. Il a reçu un coup de fourchette, bien sûr. Il faudrait l'enlever, il salit le plat. Lisa, toute distraite encore, lui donna le boudin et les ronds de saucisson, en disant : -- C'est pour vous, si ça vous fait plaisir. Le tout disparut dans le cabas. Mademoiselle Saget était si bien habituée aux cadeaux qu'elle ne remerciait même plus. Chaque matin, elle emportait toutes les rognures de la charcuterie. Elle s'en alla, avec l'intention de trouver son dessert chez la Sarriette et chez madame Lecoeur, en leur parlant de Gavard.

« pour s’excuser àses propres yeuxduplaisir honnête qu’elleprenait aveclui,sedisait qu’elle compensait ainsilecoup de poing dontellel’avait assommé, danslacave auxvolailles. Cependant, lacharcuterie restaitchagrine.

Florents’yhasardait quelquefois encore,serrantlamain deson frère, dans lesilence glacialdeLisa.

Ilyvenait même dînerdeloin enloin, ledimanche.

Quenufaisaitalorsdegrands effortsde gaieté, sanspouvoir échauffer lerepas.

Ilmangeait mal,finissait parsefâcher.

Unsoir, ensortant d’unedeces froides réunions defamille, ildit àsa femme, presque enpleurant : — Mais qu’est-ce quej’aidonc ! Bienvrai,jene suis pasmalade, tune me trouves paschangé ?… C’estcomme si j’avais unpoids quelque part.Ettriste avecça,sans savoir pourquoi, maparole d’honneur… Tune sais pas, toi ? — Une mauvaise disposition, sansdoute, répondit Lisa. — Non, non,çadure depuis troplongtemps, çam’étouffe… Pourtant,nosaffaires nevont pasmal, jen’ai pasdegros chagrin, jevais mon train-train habituel…Ettoi aussi, mabonne, tun’es pasbien, tusembles prisedetristesse… Siça continue, jeferai venir lemédecin. La belle charcutière leregardait gravement. — Il n’yapas besoin demédecin, dit-elle.Çapassera… Vois-tu,c’estunmauvais airqui souffle encemoment.

Toutle monde estmalade danslequartier… Puis, comme cédantàune tristesse maternelle : — Ne t’inquiète pas,mon gros… Jene veux pasque tutombes malade.

Ceserait lecomble. Elle lerenvoyait d’ordinaire àla cuisine, sachant quelebruit deshachoirs, lachanson desgraisses, letapage des marmites, l’égayaient.

D’ailleurs,elleévitait ainsilesindiscrétions demademoiselle Saget,qui,maintenant, passaitles matinées entièresàla charcuterie.

Lavieille avaitprisàtâche d’épouvanter Lisa,delapousser àquelque résolution extrême.

D’abord,elleobtint sesconfidences. — Ah ! qu’ilya de méchantes gens !dit-elle, desgens quiferaient bienmieux des’occuper deleurs propres affaires… Si vous saviez, machère madame Quenu…Non,jamais jen’oserai vousrépéter cela. Comme lacharcutière luiaffirmait queçane pouvait paslatoucher, qu’elleétaitau-dessus desmauvaises langues, elle luimurmura àl’oreille, par-dessus lesviandes ducomptoir : — Eh bien ! ondit que monsieur Florentn’estpasvotre cousin… Et, petit àpetit, ellemontra qu’ellesavaittout.Cen’était qu’une façondetenir Lisaàsa merci.

Lorsque celle-ci confessa lavérité, partactique également, pouravoir souslamain unepersonne quilatînt aucourant desbavardages du quartier, lavieille demoiselle juraqu’elle seraitmuette comme unpoisson, qu’ellenieraitlachose lecou surlebillot. Alors, ellejouit profondément decedrame.

Ellegrossissait chaquejourlesnouvelles inquiétantes. — Vous devriezprendre vosprécautions, murmurait-elle.

J’aiencore entendu àla triperie deuxfemmes qui causaient deceque vous savez.

Jene puis pasdire auxgens qu’ils enont menti, vouscomprenez.

Jesemblerais drôle…Ça court, çacourt.

Onnel’arrêtera plus.Ilfaudra queçacrève. Quelques joursplustard, elledonna enfinlevéritable assaut.Ellearriva touteffarée, attendit avecdesgestes d’impatience qu’iln’yeût personne danslaboutique, etlavoix sifflante : — Vous savezcequ’on raconte… Ceshommes quiseréunissent chezmonsieur Lebigre,ehbien ! ilsont tous des fusils, etils attendent pourrecommencer commeen48.

Sice n’est pasmalheureux devoir monsieur Gavard,undigne homme, celui-là,riche,bienposé, semettre avecdesgueux !… J’aivoulu vousavertir, àcause devotre beau-frère. — C’est desbêtises, cen’est passérieux, ditLisa pour l’aiguillonner. — Pas sérieux, merci !Lesoir, quand onpasse ruePirouette, onles entend quipoussent descrisaffreux.

Ilsne se gênent pas,allez.

Vousvousrappelez bienqu’ils ontessayé dedébaucher votremari… Etles cartouches quejeles vois fabriquer dema fenêtre, est-cedesbêtises ?… Aprèstout,jevous disçadans votre intérêt. — Bien sûr,jevous remercie.

Seulement, oninvente tantdechoses. — Ah ! non,cen’est pasinventé, malheureusement… Toutlequartier enparle, d’ailleurs.

Onditque, sila police les découvre, ilyaura beaucoup depersonnes compromises.

Ainsi,monsieur Gavard… Mais lacharcutière haussalesépaules, commepourdirequemonsieur Gavardétaitunvieux fou,etque ceserait bien fait. — Je parle demonsieur Gavardcomme jeparlerais desautres, devotre beau-frère, parexemple, reprit sournoisement lavieille.

Ilest lechef, votre beau-frère, àce qu’il paraît… C’esttrèsfâcheux pourvous.

Jevous plains beaucoup ; carenfin, sila police descendait ici,elle pourrait trèsbien prendre aussimonsieur Quenu.Deuxfrères, c’est comme lesdeux doigts delamain. La belle Lisaserécria.

Maiselleétait toute blanche.

Mademoiselle Sagetvenait delatoucher auvifde ses inquiétudes.

Àpartir decejour, ellen’apporta plusquedeshistoires degens innocents jetésenprison pouravoir hébergé des scélérats.

Lesoir, enallant prendre soncassis chezlemarchand devin, ellesecomposait unpetit dossier pourle lendemain matin.Rosen’était pourtant guèrebavarde.

Lavieille comptait surses oreilles etsur ses yeux.

Elleavait parfaitement remarquélatendresse demonsieur LebigrepourFlorent, sonsoin àle retenir chezlui,ses complaisances si peu payées parladépense quecegarçon faisaitdanslamaison.

Celalasurprenait d’autantplus,qu’elle n’ignorait pasla. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles