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  CALIGULA   Alors, je ne comprends pas : pourquoi es-tu si prompt à dépister les blasphèmes ?

Publié le 15/12/2013

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  CALIGULA   Alors, je ne comprends pas : pourquoi es-tu si prompt à dépister les blasphèmes ?   SCIPION   Je puis nier une chose sans me croire obligé de la salir ou de retirer aux autres le droit d'y croire.   CALIGULA   Mais c'est de la modestie, cela, de la vraie modestie ! Oh ! cher Scipion, que je suis content pour toi. Et envieux, tu sais. Car c'est le seul sentiment que je n'éprouverai peut-être jamais.   SCIPION   Ce n'est pas moi que tu jalouses, ce sont les dieux eux-mêmes.     CALIGULA   Si tu le veux bien, cela restera comme le grand secret de mon règne. Tout ce qu'on peut me reprocher aujourd'hui, c'est d'avoir fait encore un petit progrès sur la voie de la puissance et de la liberté. Pour un omme qui aime le pouvoir, la rivalité des dieux a quelque chose d'agaçant. J'ai supprimé cela. J'ai prouvé ces dieux illusoires qu'un homme, s'il en a la volonté, peut exercer, sans apprentissage, leur métier idicule.   SCIPION   C'est cela le blasphème, Caïus.   CALIGULA   Non, Scipion, c'est de la clairvoyance. J'ai simplement compris qu'il n'y a qu'une façon de s'égaler aux ieux : il suffit d'être aussi cruel qu'eux.   SCIPION   Il suffit de se faire tyran.   CALIGULA   Qu'est-ce qu'un tyran ?   SCIPION   Une âme aveugle.   CALIGULA   Cela n'est pas sûr, Scipion. Mais un tyran est un homme qui sacrifie des peuples à ses idées ou à son mbition. Moi, je n'ai pas d'idées et je n'ai plus rien à briguer en fait d'honneurs et de pouvoir. Si 'exerce ce pouvoir, c'est par compensation.   SCIPION   À quoi ?   CALIGULA   À la bêtise et à la haine des dieux.   SCIPION   La haine ne compense pas la haine. Le pouvoir n'est pas une solution. Et je ne connais qu'une façon de balancer l'hostilité du monde.   CALIGULA   Quelle est-elle ?   SCIPION   La pauvreté.   CALIGULA, soignant ses pieds.   Il faudra que j'essaie de celle-là aussi.   SCIPION   En attendant, beaucoup d'hommes meurent autour de toi.   CALIGULA   Si peu, Scipion, vraiment. Sais-tu combien de guerres j'ai refusées ?   SCIPION   Non.   CALIGULA   Trois. Et sais-tu pourquoi je les ai refusées ?       SCIPION   Parce que tu fais fi de la grandeur de Rome.   CALIGULA   Non, parce que je respecte la vie humaine.   SCIPION   Tu te moques de moi, Caïus.

«     CALIGULA   Si tu leveux bien, celarestera commelegrand secret demon règne.

Toutcequ'on peutmereprocher aujourd'hui, c'estd'avoir faitencore unpetit progrès surlavoie delapuissance etde laliberté.

Pourun homme quiaime lepouvoir, larivalité desdieux aquelque chosed'agaçant.

J'aisupprimé cela.J'aiprouvé à ces dieux illusoires qu'unhomme, s'ilenala volonté, peutexercer, sansapprentissage, leurmétier ridicule.   SCIPION   C'est celaleblasphème, Caïus.   CALIGULA   Non, Scipion, c'estdelaclairvoyance.

J'aisimplement comprisqu'iln'yaqu'une façondes'égaler aux dieux : ilsuffit d'être aussicruel qu'eux.   SCIPION   Il suffit desefaire tyran.. »

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