Devoir de Philosophie

  CALIGULA   Je l'ai eue tout à fait même.

Publié le 15/12/2013

Extrait du document

  CALIGULA   Je l'ai eue tout à fait même. Deux ou trois fois seulement, il est vrai. Mais tout de même, je l'ai eue.   HÉLICON   Voilà bien longtemps que j'essaie de te parler.   CALIGULA   C'était l'été dernier. Depuis le temps que je la regardais et que je la caressais sur les colonnes du jardin, elle avait fini par comprendre.   HÉLICON   Cessons ce jeu, Caïus. Si tu ne veux pas m'écouter, mon rôle est de parler quand même. Tant pis si tu n'entends pas.       CALIGULA, toujours occupé à rougir ses ongles du pied.   Ce vernis ne vaut rien. Mais pour en revenir à la lune, c'était pendant une belle nuit d'août. (Hélicon se détourne avec dépit et se tait, immobile.) Elle a fait quelques façons. J'étais déjà couché. Elle était d'abord toute sanglante, au-dessus de l'horizon. Puis elle a commencé à monter, de plus en plus légère, vec une rapidité croissante. Plus elle montait, plus elle devenait claire. Elle est devenue comme un lac 'eau laiteuse au milieu de cette nuit pleine de froissements d'étoiles. Elle est arrivée alors dans la haleur, douce, légère et nue. Elle a franchi le seuil de la chambre et avec sa lenteur sûre, est arrivée usqu'à mon lit, s'y est coulée et m'a inondé de ses sourires et de son éclat. - Décidément, ce vernis ne aut rien. Mais tu vois, Hélicon, je puis dire sans me vanter que je l'ai eue.   HÉLICON   Veux-tu m'écouter et connaître ce qui te menace ?   CALIGULA, s'arrête et le regarde fixement.   Je veux seulement la lune, Hélicon. Je sais d'avance ce qui me tuera. Je n'ai pas encore épuisé tout ce ui peut me faire vivre. C'est pourquoi je veux la lune. Et tu ne reparaîtras pas ici avant de me l'avoir rocurée.   HÉLICON   Alors, je ferai mon devoir et je dirai ce que j'ai à dire. Un complot s'est formé contre toi. Cherea en st le chef. J'ai surpris cette tablette qui peut t'apprendre l'essentiel. Je la dépose ici.   Hélicon dépose la tablette sur un des sièges et se retire.   CALIGULA   Où vas-tu, Hélicon ?   HÉLICON, sur le seuil.   Te chercher la lune.     SCÈNE IV   On gratte à la porte opposée. Caligula se retourne brusquement et aperçoit le vieux patricien.   LE VIEUX PATRICIEN, hésitant.   Tu permets, Caïus ?   CALIGULA, impatient.   Eh bien ! entre. (Le regardant.) Alors, ma jolie, on vient revoir Vénus !   LE VIEUX PATRICIEN   Non, ce n'est pas cela. Chut ! Oh ! pardon, Caïus ... je veux dire... Tu sais que je t'aime beau. coup ... et uis je ne demande qu'à finir mes vieux jours dans la tranquillité...   CALIGULA   Pressons ! Pressons !       LE VIEUX PATRICIEN   Oui, bon. Enfin... (Très vite.) C'est très grave, voilà tout.   CALIGULA   Non, ci-, n'est pas grave.   LE VIEUX PATRICIEN   Mais quoi donc, Caïus ?   CALIGULA   Mais de quoi parlons-nous, mon amour ?   LE VIEUX PATRICIEN, il regarde autour de lui.   C'est-à-dire... (Il se tortille et finit par exploser.) Un complot contre toi...   CALIGULA   Tu vois bien, c'est ce que je disais, ce n'est pas grave du tout.   LE VIEUX PATRICIEN   Caïus, ils veulent te tuer.   CALIGULA, va vers lui et le prend aux épaules.   Sais-tu pourquoi je ne puis pas te croire ?   LE VIEUX PATRICIEN, faisant le geste de jurer.   Par tous les dieux, Caïus...   CALIGULA, doucement et  le poussant peu à peu vers la porte.   Ne jure pas, surtout, ne jure pas. Écoute plutôt. Si ce que tu dis était vrai, il me faudrait supposer que tu trahis tes amis, n'est-ce pas ?   LE VIEUX PATRICIEN, un peu perdit.   C'est-à-dire, Caïus, que mon amour pour toi...   CALIGULA, du même ton.   Et je ne puis pas supposer cela. J'ai tant détesté la lâcheté que je ne pourrais jamais me retenir de faire mourir un traître. je sais bien ce que tu vaux, moi. Et, assurément, tu ne voudras ni trahir ni mourir.   LE VIEUX PATRICIEN   Assurément, Caïus, assurément !   CALIGULA   Tu vois donc que j'avais raison de ne pas te croire. Tu n'es pas un lâche, n'est-ce pas ?   LE VIEUX PATRICIEN   Oh ! non...   CALIGULA Ni un traître ?   LE VIEUX PATRICIEN

«   Je veux seulement lalune, Hélicon.

Jesais d'avance cequi me tuera.

Jen'ai pasencore épuisétoutce qui peut mefaire vivre.

C'estpourquoi jeveux lalune.

Ettune reparaîtras pasiciavant deme l'avoir procurée.   HÉLICON   Alors, jeferai mondevoir etjedirai ceque j'aiàdire.

Uncomplot s'estformé contre toi.Cherea en est lechef.

J'aisurpris cettetablette quipeut t'apprendre l'essentiel.Jeladépose ici.   Hélicondéposelatablette surundes sièges etse retire.   CALIGULA   Où vas-tu, Hélicon ?   HÉLICON,sur leseuil .   Te chercher lalune.     SCÈNEIV   On gratte àla porte opposée.

Caligulaseretourne brusquement etaperçoit levieux patricien.   LE VIEUX PATRICIEN, hésitant .   Tu permets, Caïus ?   CALIGULA, impatient .   Eh bien ! entre.

( Le regardant .) Alors, majolie, onvient revoir Vénus !   LEVIEUX PATRICIEN   Non, cen'est pascela.

Chut ! Oh !pardon, Caïus...je veux dire...

Tusais quejet'aime beau.coup...et puis jene demande qu'àfinir mesvieux joursdanslatranquillité...  . »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles