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dans les champs verts de Lebennin, au vent de la Mer.

Publié le 29/03/2014

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dans les champs verts de Lebennin,

au vent de la Mer.

« Verts sont ces champs dans les chansons de chez moi, mais ils étaient sombres alors, déserts gris dans les ténèbres devant nous. Et par la vaste plaine, piétinant sans les voir l’herbe et les fleurs, nous pourchassâmes nos ennemis durant un jour et une nuit, jusqu’au moment où nous arrivâmes en fin de compte au Grand Fleuve.

« Je pensai alors dans mon coeur que nous approchions de la Mer, car les eaux étaient larges dans les terres, et d’innombrables oiseaux de mer criaient sur leurs rives. Hélas pour les plaintes des mouettes ! La Dame ne m’avait-elle pas dit de m’en défier ? Et maintenant je ne puis plus les oublier. «

« Pour ma part, je n’y aurais point pris garde, dit Gimli, car nous arrivâmes enfin là à la vraie bataille. À Pelargir se trouvait la flotte principale d’Umbar, cinquante grands vaisseaux et d’innombrables navires plus petits. Un grand nombre de ceux que nous poursuivions avaient atteint les havres avant nous, amenant leur peur avec eux, et certains des navires avaient quitté le côté pour échapper en descendant le Fleuve ou en gagnant l’autre rive, et de nombreuses petites embarcations étaient en flammes. Mais les Haradrim, à présent acculés au bord, se retournèrent et se montrèrent féroces dans leur désespoir, et ils riaient en nous regardant, car ils formaient encore une grande armée.

« Mais Aragorn fit halte et cria d’une voix forte : « Venez à présent ! Je vous appelle au nom de la Pierre Noire ! « Et soudain l’Armée des Ombres, qui était restée à l’arrière-garde, s’avança comme une marée grise, balayant tout devant elle. J’entendis de faibles cris, un son étouffé de cors et une rumeur comme de voix innombrables : on aurait dit l’écho de quelque bataille oubliée aux Années Sombres de jadis. De pâles épées étaient tirées, mais je ne sais si leurs lames mordraient encore, car les Morts n’avaient plus besoin d’autre arme que la peur. Nul ne voulait leur résister.

« Ils allèrent à toutes les embarcations tirées à sec, puis ils passèrent sur l’eau aux navires ancrés, et tous les marins, emplis d’une terreur folle, sautèrent par-dessus bord, sauf les esclaves enchaînés aux rames. Insouciants du danger, nous chevauchions parmi nos ennemis en fuite, les poussant comme des feuilles, jusqu’à ce que nous parvînmes au rivage. Alors, Aragorn dépêcha un des Dunedain à chacun des grands vaisseaux, et ils réconfortèrent les captifs qui se trouvaient à bord, les invitant à écarter toute peur et à prendre leur liberté.

« Avant la fin de cette sombre journée, il ne restait plus un ennemi pour nous résister, tous étaient noyés ou fuyaient vers le sud dans l’espoir de regagner à pied leur propre pays. Je trouvai étrange et merveilleux que les desseins du Mordor fussent réduits à néant par de tels spectres de la peur et des ténèbres. Il était ainsi défait par ses propres armes ! «

« Oui, c’est étrange en vérité, dit Legolas. En cette heure, je regardai Aragorn et je me représentai quel grand et terrible Seigneur il eût pu devenir dans la force de sa volonté, s’il avait pris l’Anneau pour lui-même. Ce n’est pas pour rien que le Mordor le redoute. Mais son esprit est plus noble que l’entendement de Sauron, car n’est-il pas des enfants de Luthien ? Jamais cette lignée ne défaudra, dussent les années s’allonger incommensurablement. «

« Pareilles prédictions dépassent la vision des Nains, dit Gimli. Mais puissant certes fut Aragorn ce jour-là. Toute la flotte noire fut entre ses mains, il choisit le plus grand vaisseau pour lui-même, et il monta à bord. Puis il fit sonner un grand rassemblement de trompettes prises à l’ennemi, et l’Armée des Ombres se retira vers le rivage. Elles restèrent là silencieuses, à peine visibles, sauf pour une lueur rouge dans leurs yeux qui reflétaient la clarté des navires en flammes. Et Aragorn parla d’une voix forte aux Hommes Morts, leur criant :

« Entendez maintenant les paroles de l’Héritier d’Isildur ! Votre serment est accompli. Retournez et ne troublez plus jamais les vallées ! Allez en paix ! «

« Là-dessus, le Roi des Morts s’avança devant les rangs, brisa sa lance et la jeta à terre. Puis il s’inclina profondément et se détourna, et, rapidement, toute l’armée grise se retira et s’évanouit comme une brume repoussée par un vent soudain, et il me sembla m’éveiller d’un rêve.

« Cette nuit-là, nous nous reposâmes tandis que d’autres travaillaient. Car il y avait beaucoup de prisonniers libérés et d’esclaves relâchés, gens de Gondor qui avaient été pris dans des raids, et bientôt aussi, il y eut un grand rassemblement d’hommes venus du Lebennin et de l’Ethir, et Angbor de Lamedon vint avec tous les cavaliers qu’il avait pu réunir. Maintenant que la crainte des Morts était écartée, ils venaient nous aider et contempler l’Héritier d’Isildur, car la rumeur de ce nom avait couru comme le feu dans les ténèbres.

« Et c’est à peu près la fin de notre histoire. Car au cours de la soirée et de la nuit de nombreux navires furent apprêtés et garnis d’hommes, et, au matin, la flotte appareilla. Cela paraît loin à présent, mais ce n’était qu’avant-hier matin, sixième jour depuis notre départ de Dunharrow. Mais Aragorn était toujours poussé par la crainte que le temps ne fût trop court.

« Cela fait quarante-deux lieues de Pelargir aux points de débarquement du Harlond, dit-il. Et pourtant il nous faut y arriver demain sous peine d’échec total. «

« Les rames étaient alors maniées par des hommes libres, et ils peinèrent vaillamment, mais nous ne remontâmes le Grand Fleuve que lentement, car il fallait lutter contre le courant et, s’il n’est pas trop rapide là-bas dans le Sud, nous n’avions aucune aide du vent. J’aurais eu le coeur bien lourd, en dépit de toute notre victoire aux havres, si Legolas n’avait ri soudain.

« Haut la barbe, fils de Durïn ! fit-il. Car il est dit : Souvent naît l’espoir quand tout est perdu.« Mais il ne voulut pas dire quel espoir il voyait de loin. Quand vint la nuit, elle ne fit qu’accroître l’obscurité, et nous eûmes chaud au coeur, car au loin dans le Nord, nous vîmes une lueur rouge sous le nuage, et Aragorn dit : « Minas Tirith brûle. «

Mais à minuit l’espoir renaquit en fait. Des hommes de l’Ethir versés dans l’art de la navigation, observant le Sud, annoncèrent un changement avec un vent frais venant de la mer. Bien avant le jour, les navires mâtés hissèrent les voiles, et notre vitesse s’accrut jusqu’à ce que l’aube blanchît l’écume à nos proues. Et c’est ainsi que, vous le savez, nous arrivâmes à la troisième heure du matin par bon vent et un soleil dévoilé, et que nous déployâmes le grand étendard dans la bataille. Ce fut un grand jour et une grande heure, quelle que doive être la suite. «

« Quoi qu’il puisse advenir après, les grands exploits ne perdent rien de leur valeur, dit Legolas. Ce fut un grand exploit que la chevauchée dans les Chemins des Morts, et grand il demeurera, même s’il ne reste personne en Gondor pour le chanter dans les temps à venir. «

« Ce qui pourrait bien arriver, dit Gimli, car les visages d’Aragorn et de Gandalf sont graves. Je me demande vivement quelles décisions ils sont en train de prendre dans ces tentes, là en bas. Pour ma part, je souhaiterais comme Merry qu’avec notre victoire la guerre fût maintenant terminée. Mais quoi qu’il y ait encore à faire, j’espère y avoir part, pour l’honneur des gens du Mont Solitaire. «

« Et moi pour ceux de la Grande Forêt, dit Legolas, et pour l’amour du Seigneur de l’Arbre Blanc. «

Les compagnons redevinrent silencieux, et ils restèrent un moment là, dans le haut lieu, chacun occupé de ses propres pensées, tandis que les Capitaines discutaient.

Après avoir quitté Legolas et Gimli, le Prince Imrahil fit immédiatement demander Eomer, il descendit avec lui de la Cité et ils arrivèrent aux tentes d’Aragorn, établies sur le terrain non loin de l’endroit où était tombé le Roi Théoden. Et là ils tinrent conseil avec Gandalf, Aragorn et les fils d’Elrond.

« Mes seigneurs, dit Gandalf, écoutez les paroles de l’Intendant de Gondor avant sa mort : Vous pouvez triompher sur les champs du Pelennor pour une journée, mais contre la Puissance qui s’est maintenant levée, il n’est aucune victoire. Je ne vous invite pas, comme lui, au désespoir, mais à peser la vérité de ces mots.

« Les Pierres de Vision ne mentent pas, et même le Seigneur de Barad-dûr ne saurait les y contraindre. Peut-être a-t-il la possibilité de choisir par sa volonté ce que verront des esprits plus faibles ou de les faire interpréter de travers ce qu’ils voient. Il n’y a néanmoins aucun doute que lorsque Denethor voyait de grandes forces disposées contre lui dans le Mordor et d’autres encore en train de s’assembler, il voyait ce qui est réellement.

« Notre force a à peine suffi à repousser le premier grand assaut. Le suivant sera plus fort. Cette guerre est donc sans espoir final, comme Denethor l’avait perçu. La victoire ne peut-être atteinte par les armes, que vous restiez ici pour soutenir siège sur siège, ou que vous sortiez pour être écrasés au-delà du Fleuve. Vous n’avez de choix que parmi des maux, et la prudence conseillerait de renforcer les places fortes que vous avez et d’y attendre l’assaut, le temps de votre fin sera ainsi un peu retardé. «

« Vous voudriez donc que nous nous retirions à Minas Tirith, à Dol Amroth ou à Dunharrow, pour nous y tenir comme des enfants sur des forts de sable quand la marée monte ? « dit Imrahil.

« Il n’y aurait là rien de nouveau, dit Gandalf. N’est-ce pas ce que vous avez fait, sans guère plus, durant tout le temps de Denethor ? Mais non ! J’ai dit que ce serait prudent. Je ne conseille pas la prudence. J’ai dit que la victoire ne pouvait être obtenue par les armes. Car dans toutes ces lignes de conduite intervient l’Anneau de Puissance, fondement de Barad-dûr et espoir de Sauron. «

« Au sujet de cet objet, mes seigneurs, vous en savez tous assez pour comprendre notre situation, et celle de Sauron. S’il le recouvre, votre valeur est vaine, et sa victoire sera rapide et complète : si complète que nul ne peut en prévoir la fin tant que ce monde durera. Si l’Anneau est détruit, il tombera, et sa chute sera si profonde que nul ne pourra prévoir un quelconque relèvement. Car il perdra la meilleure part de la force qu’il avait à son origine, et tout ce qui a été fait ou commencé avec ce pouvoir s’écroulera, il sera à jamais estropié, devenant un simple esprit de méchanceté qui se ronge dans les ombres, sans pouvoir croître de nouveau ni prendre forme. Et ainsi un grand mal de ce monde sera écarté :

« Il existe d’autres maux qui peuvent venir, car Sauron n’est lui-même qu’un serviteur ou un émissaire. Il ne nous appartient toutefois pas de rassembler toutes les marées du monde, mais de faire ce qui est en nous pour le secours des années dans lesquelles nous sommes placés, déracinant le mal dans les champs que nous connaissons, de sorte que ceux qui vivront après nous puissent avoir une terre propre à cultiver. Ce n’est pas à nous de régler le temps qu’ils auront.

« Or, Sauron sait tout cela, et il sait que cet objet précieux qu’il a perdu a été retrouvé, mais il ignore encore où il se trouve, ou du moins l’espérons-nous. Il est donc à présent dans un grand doute. Car, si nous avons trouvé cette chose, il en est parmi nous d’assez forts pour la manier. Cela aussi, il le sait. Car ne devinai-je pas juste, Aragorn, en pensant que vous vous êtes montré à lui dans la Pierre d’Orthanc ? «

« Je l’ai fait avant de partir de Fort le Cor, répondit Aragorn. Je jugeai que le temps était mûr et que la Pierre m’était venue précisément pour cela. Il y avait alors dix jours que le Porteur de l’Anneau était passé à l’est du Rauros, et l’OEil de Sauron devrait être, pensai-je, attiré hors de son propre pays. Les défis ont été trop rares

depuis qu’il a regagné sa Tour. Encore que, si j’avais su à quel point serait rapide son attaque en réponse, peut-être n’aurais-je pas osé me montrer. C’est tout juste si j’ai eu le temps de venir à votre aide. «

« Mais comment cela se fait-il ? demanda Eomer. Tout est vain s’il a l’Anneau, disiez-vous. Pourquoi ne croirait-il pas vain de nous assaillir, si nous l’avons ? «

« Il n’en est pas encore sûr, dit Gandalf, et ce n’est pas en attendant que ses ennemis se soient mis en sécurité, comme nous l’avons fait, qu’il a édifié sa puissance. Et aussi, nous ne pouvions apprendre à manier le plein pouvoir en un seul jour. En fait, l’Anneau ne peut-être employé que par un seul maître, non par de nombreux, et Sauron guettera un temps de conflit, avant que l’un des grands parmi nous ne s’impose comme maître et domine les autres. En un tel moment, l’Anneau pourrait l’aider, si son action était assez soudaine.

« Il guette. Il voit et entend beaucoup de choses. Ses Nazgûl sont encore au-dehors. Ils ont survolé le terrain avant le lever du soleil, bien que peu de ceux qui étaient fatigués et dormaient aient eu conscience de leur présence. Il étudie les signes : l’Épée qui lui déroba son trésor reforgée, les vents de la fortune tournant en notre faveur, et la défaite imprévue de son premier assaut, la chute de son grand Capitaine.

« Son doute doit être en train de croître, tandis même que nous parlons ici. Son OEil se braque vers nous, presque aveugle à toute autre chose en mouvement. Nous devons donc le tenir fixé sur nous. C’est en cela que réside tout notre espoir. Voici donc mon avis. Nous n’avons pas l’Anneau. Par sagesse ou grande folie, il a été envoyé au loin pour être détruit, afin qu’il ne nous détruise pas nous-mêmes. Sans lui, nous ne pouvons détruire par la force celle de Sauron. Mais nous devons à tout prix tenir son OEil écarté de son véritable péril. Nous ne pouvons atteindre la victoire par les armes, mais par les armes nous pouvons donner au Porteur de l’Anneau sa seule chance, si menue soit-elle.

« Nous devons continuer comme Aragorn a commencé. Il faut pousser Sauron à son va-tout. Il faut attirer sa force cachée, de façon qu’il laisse son pays vide. Nous devons nous porter immédiatement à sa rencontre. Nous devons nous présenter comme un appât, dussent ses mâchoires se refermer sur nous. Il mordra à l’appât, par espoir ou par avidité, pensant voir dans pareille témérité l’orgueil du nouveau Seigneur de l’Anneau, et il dira : « Bon ! il tend le col trop tôt et trop loin. Qu’il avance, et je l’attirerai dans une nasse d’où il ne pourra s’échapper. Là, je l’écraserai, et ce qu’il a pris avec insolence sera de nouveau et à jamais à moi. «

« Nous devons pénétrer les yeux ouverts dans cette nasse, avec courage, mais peu d’espoir pour nous-mêmes. Car, mes seigneurs, il se pourrait bien que nous périssions totalement dans une sombre bataille loin des terres des vivants : de sorte que, même si Barad-dûr est abattue, nous ne vivrons pas pour voir un nouvel âge. Mais j’estime que c’est là notre devoir. Et cela vaut mieux que de périr néanmoins comme cela arrivera à coup sûr si nous restons ici avec l’assurance en mourant de savoir qu’aucun nouvel âge ne viendra. «

Ils restèrent un moment silencieux. Enfin Aragorn parla : « Je continuerai comme j’ai commencé. Nous arrivons à présent au bord même, où l’espoir et le désespoir se touchent. Hésiter, c’est tomber. Que personne à présent ne rejette les avis de Gandalf, dont le long labeur contre Sauron vient enfin à l’épreuve. Sans lui, il y a longtemps que tout serait perdu. Je ne prétends toutefois pas encore commander à quiconque. Que les autres choisissent selon leur volonté. «

Elrohir dit alors : « Nous sommes venus du Nord avec ce dessein, et d’Elrond notre père nous avons apporté cet avis même. Nous ne rebrousserons pas chemin. «

« Pour moi, dit Eomer, j’ai peu de lumières sur ces matières profondes, mais je n’en ai pas besoin. Je sais une chose, et elle me suffit, c’est que mon ami Aragorn m’a secouru, moi et les miens, aussi répondrai-je à son appel. J’irai. «

« Quant à moi, dit Imrahil, je tiens le Seigneur Aragorn pour mon suzerain, qu’il revendique ce titre ou non. Son désir est pour moi un ordre. J’irai aussi. Mais je remplace pour un temps l’Intendant de Gondor, et il m’appartient de penser d’abord à son peuple. Il faut encore accorder quelque attention à la prudence car nous devons nous préparer contre toutes les fortunes, tant bonnes que mauvaises. Or, il se peut que nous triomphions, et, aussi longtemps qu’il y en a un espoir, Gondor doit être protégé. Je ne voudrais pas que nous revenions victorieux à une Cité en ruine et à un pays ravagé derrière nous. Et nous avons appris des Rohirrim qu’il y a encore une armée intacte sur notre flanc nord. «

« Cela est vrai, dit Gandalf. Je ne vous conseille pas de laisser la Cité totalement dégarnie d’hommes. En vérité, il n’est pas nécessaire que la force que nous menons vers l’est soit assez puissante pour une véritable attaque du Mordor, tant qu’elle suffit pour défier au combat. Et elle doit faire mouvement sans tarder. Je demande donc aux Capitaines quelle force pouvez-vous rassembler et emmener dans deux jours au plus tard ? Et elle doit être composée d’hommes courageux, qui partent volontairement, connaissant le danger. «

« Tous sont fatigués, et un grand nombre ont des blessures, légères ou graves, dit Eomer, et nous avons subi de grandes pertes en chevaux, ce qui est dur à supporter. Si nous devons partir bientôt, je ne puis espérer mener même deux mille hommes, tout en en laissant autant pour défendre la Cité. «

« Il ne nous faut pas seulement tenir compte de ceux qui se sont battus ici, dit Aragorn. Une nouvelle force est en route, venant des fiefs du Sud, maintenant que les côtes sont débarrassées. J’ai envoyé quatre mille hommes de Pelargir par le Lossarnach, il y a deux jours, et Angbor l’intrépide chevauche à leur tête. Si nous partons dans deux jours, ils seront tout proches avant notre départ. En outre, de nombreux hommes ont reçu l’ordre de remonter le Fleuve derrière moi dans toutes les embarcations qu’ils pourront rassembler, et avec ce

« « Haut la barbe, fils de Durïn ! fit -il.

Car il est dit : Souvent naît l’espoir quand tout est perdu. » Mais il ne voulut pas dire quel espoir il voya it de loin.

Quand vint la nuit, elle ne fit qu’accroître l’obscurité, et nous eûmes chaud au cœur, car au loin dans le Nord, nous vîmes une lueur rouge sous le nuage, et Aragorn dit : « Minas Tirith brûle. » Mais à minuit l’espoir renaquit en fait.

Des hom mes de l’Ethir versés dans l’art de la navigation, observant le Sud, annoncèrent un changement avec un vent frais venant de la mer.

Bien avant le jour, les navires mâtés hissèrent les voiles, et notre vitesse s’accrut jusqu’à ce que l’aube blanchît l’écume à nos proues.

Et c’est ainsi que, vous le savez, nous arrivâmes à la troisième heure du matin par bon vent et un soleil dévoilé, et que nous déployâmes le grand étendard dans la bataille.

Ce fut un grand jour et une grande heure, quelle que doive être la suite. » « Quoi qu’il puisse advenir après, les grands exploits ne perdent rien de leur valeur, dit Legolas.

Ce fut un grand exploit que la chevauchée dans les Chemins des Morts, et grand il demeurera, même s’il ne reste personne en Gondor pour le chanter dans les temps à venir.

» « Ce qui pourrait bien arriver, dit Gimli, car les visages d’Aragorn et de Gandalf sont graves.

Je me demande vivement quelles décisions ils sont en train de prendre dans ces tentes, là en bas.

Pour ma part, je souhaiterais comme Merry qu’avec notre victoire la guerre fût maintenant terminée.

Mais quoi qu’il y ait encore à faire, j’espère y avoir part, pour l’honneur des gens du Mont Solitaire. » « Et moi pour ceux de la Grande Forêt, dit Legolas, et pour l’amour du Seigneur de l’A rbre Blanc.

» Les compagnons redevinrent silencieux, et ils restèrent un moment là, dans le haut lieu, chacun occupé de ses propres pensées, tandis que les Capitaines discutaient. Après avoir quitté Legolas et Gimli, le Prince Imrahil fit immédiatement dem ander Eomer, il descendit avec lui de la Cité et ils arrivèrent aux tentes d’Aragorn, établies sur le terrain non loin de l’endroit où était tombé le Roi Théoden.

Et là ils tinrent conseil avec Gandalf, Aragorn et les fils d’Elrond. « Mes seigneurs, dit Ga ndalf, écoutez les paroles de l’Intendant de Gondor avant sa mort : Vous pouvez triompher sur les champs du Pelennor pour une journée, mais contre la Puissance qui s’est maintenant levée, il n’est aucune victoire. Je ne vous invite pas, comme lui, au déses poir, mais à peser la vérité de ces mots.

« Les Pierres de Vision ne mentent pas, et même le Seigneur de Barad - dûr ne saurait les y contraindre.

Peut -être a -t- il la possibilité de choisir par sa volonté ce que verront des esprits plus faibles ou de les fai re interpréter de travers ce qu’ils voient.

Il n’y a néanmoins aucun doute que lorsque Denethor voyait de grandes forces disposées contre lui dans le Mordor et d’autres encore en train de s’assembler, il voyait ce qui est réellement. « Notre force a à pein e suffi à repousser le premier grand assaut.

Le suivant sera plus fort.

Cette guerre est donc sans espoir final, comme Denethor l’avait perçu.

La victoire ne peut -être atteinte par les armes, que vous restiez ici pour soutenir siège sur siège, ou que vous sortiez pour être écrasés au - delà du Fleuve.

Vous n’avez de choix que parmi des maux, et la prudence conseillerait de renforcer les places fortes que vous avez et d’y attendre l’assaut, le temps de votre fin sera ainsi un peu retardé. » « Vous voudriez don c que nous nous retirions à Minas Tirith, à Dol Amroth ou à Dunharrow, pour nous y tenir comme des enfants sur des forts de sable quand la marée monte ? » dit Imrahil.

« Il n’y aurait là rien de nouveau, dit Gandalf.

N’est -ce pas ce que vous avez fait, san s guère plus, durant tout le temps de Denethor ? Mais non ! J’ai dit que ce serait prudent.

Je ne conseille pas la prudence.

J’ai dit que la victoire ne pouvait être obtenue par les armes.

Car dans toutes ces lignes de conduite intervient l’Anneau de Puiss ance, fondement de Barad -dûr et espoir de Sauron.

» « Au sujet de cet objet, mes seigneurs, vous en savez tous assez pour comprendre notre situation, et celle de Sauron.

S’il le recouvre, votre valeur est vaine, et sa victoire sera rapide et complète : si complète que nul ne peut en prévoir la fin tant que ce monde durera.

Si l’Anneau est détruit, il tombera, et sa chute sera si profonde que nul ne pourra prévoir un quelconque relèvement.

Car il perdra la meilleure part de la force qu’il avait à son origine , et tout ce qui a été fait ou commencé avec ce pouvoir s’écroulera, il sera à jamais estropié, devenant un simple esprit de méchanceté qui se ronge dans les ombres, sans pouvoir croître de nouveau ni prendre forme.

Et ainsi un grand mal de ce monde sera é carté : « Il existe d’autres maux qui peuvent venir, car Sauron n’est lui - même qu’un serviteur ou un émissaire.

Il ne nous appartient toutefois pas de rassembler toutes les marées du monde, mais de faire ce qui est en nous pour le secours des années dans l esquelles nous sommes placés, déracinant le mal dans les champs que nous connaissons, de sorte que ceux qui vivront après nous puissent avoir une terre propre à cultiver.

Ce n’est pas à nous de régler le temps qu’ils auront. « Or, Sauron sait tout cela, et il sait que cet objet précieux qu’il a perdu a été retrouvé, mais il ignore encore où il se trouve, ou du moins l’espérons -nous.

Il est donc à présent dans un grand doute.

Car, si nous avons trouvé cette chose, il en est parmi nous d’assez forts pour la m anier.

Cela aussi, il le sait.

Car ne devinai - je pas juste, Aragorn, en pensant que vous vous êtes montré à lui dans la Pierre d’Orthanc ? » « Je l’ai fait avant de partir de Fort le Cor, répondit Aragorn.

Je jugeai que le temps était mûr et que la Pierre m’était venue précisément pour cela.

Il y avait alors dix jours que le Porteur de l’Anneau était passé à l’est du Rauros, et l’Œil de Sauron devrait être, pensai -je, attiré hors de son propre pays.

Les défis ont été trop rares. »

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