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Le General Dourakine Derigny: "Non, mon general, mais il vaut toujours mieux etre plusieurs pour.

Publié le 11/04/2014

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Le General Dourakine Derigny: "Non, mon general, mais il vaut toujours mieux etre plusieurs pour..., pour ce genre de promenade." Le general; "Ne serons-nous pas plusieurs, puisque nous y allons tous?" Derigny: "C'est vrai, mon general, mais... je serai plus tranquille si vous me. permettez de vous suivre." Le general: "Je vois ou vous voulez en venir, mon bon ami! Vous voudriez me faire rester a la maison ou sur la promenade. Eh bien, non; la maison m'ennuie, la promenade des eaux m'ennuie; je veux respirer l'air pur des montagnes, et je les accompagnerai." L'air inquiet de Derigny fit rire le general et l'attendrit en meme temps. "Venez avec nous, mon ami, venez; nous grimperons ensemble; vous allez voir que je suis plus leste que je n'en ai l'air." Le general fit une demi-pirouette, chancela et se retint au bras de Derigny, qui sourit. "Vous triomphez, parce que mon pied a accroche une pierre! Mais... vous me verrez a l'oeuvre. Allons, en avant! a l'assaut!" Les quatre enfants partirent en courant. Natasha aurait bien voulu les suivre; mais elle avait seize ans, il fallait bien donner quelque chose a son titre de jeune personne; elle soupira et elle resta pres de son oncle, qui marchait de toute la vitesse de ses jambes de soixante-quatre ans. Le prince Romane et Derigny marchaient pres de lui. Quand on arriva au sentier etroit et rocailleux que se perdait dans les montagnes, le general poussa Natasha devant lui. "Va, mon enfant, rejoindre tes freres et les petits Derigny qui grimpent comme des ecureuils. Il n'y a personne ici, et tu peux courir tant que tu veux. Moi, je vais escalader tout cela a mon aise, sans me presser. Romane, passe devant, mon fils; Derigny fermera la marche." Le general commenca son ascension, lentement, peniblement: il n'etait pas a moitie de la montagne, qu'il demandait si l'on etait bientot au sommet. Natasha allait et venait, descendait en courant ce qu'elle venait de gravir, pour savoir comment son oncle se tirait d'affaire. Romane precedait le general de quelques pas, lui donnant la main dans les passages les plus difficiles. Derigny suivait de pres, le poussant par moments, sous pretexte de s'accrocher a lui pour ne pas tomber. "C'est ca! appuyez-vous sur moi, Derigny! Tenez ferme, pour ne pas rouler dans les rochers, criait le general, enchante de lui servir d'appui. Vous voyez que je ne suis pas encore si lourd ni si vieux, puisque c'est moi que vous aide a monter." Les enfants etaient deja au sommet, poussant des cris de joie et appelant les retardataires, le pauvre general suait a faire pitie. "Ce n'est pas etonnant, disait-il, je remorque Derigny, qui a encore plus chaud que moi." C'est que Derigny avait fort a faire en se mettant a la remorque du general, qu'il poussait de toute la force de ses bras. C'etait un poids de deux cent cinquante livres qu'il lui fallait monter par une pente raide, herissee de rochers, bordee de trous remplis de ronces et d'epines. Romane l'aidait de son mieux, mais le general y mettait de l'amour-propre; se sentant soutenu par Derigny, qu'il croyait soutenir, il refusait l'aide que lui offraient tantot Romane, tantot Natasha. Enfin, on arriva en haut du plateau; la vue etait magnifique, les enfants battaient des mains et couraient de cote et d'autre. Le general triomphait et regardait fierement Derigny, dont le visage inonde de sueur XXI. L'ASCENSION 85 Le General Dourakine temoignait du travail qu'il avait accompli. Mais le triomphe du general fut calme et silencieux. Il ne pouvait parler, tant sa poitrine etait oppressee par ses longs efforts. Natasha et Romane contemplaient aussi en silence le magnifique aspect de cette vallee, couronnee de bois et de rochers, animee par la ville d'Ems et par le ruisseau serpentant borde de prairies et d'arbustes. "Que cette vue est belle et charmante! dit Natasha. --Et que de pensees terribles du passe et souriantes pour l'avenir elle fait naitre en moi! dit Romane. --Et quel diable de chemin pour y arriver! dit le general. Voyez Derigny! il n'en peut plus. Sans moi, il ne serait jamais arrive! ...Il fait bon ici, ajouta-t-il. Derigny et moi, nous allons nous reposer sur cette herbe si fraiche, pendant que vous continuerez a parcourir le plateau." Le general s'assit par terre et fit signe a Derigny d'en faire autant. "Je regrette de ne pas avoir mes cigares, dit-il, nous en aurions fume chacun un; il n'y a rien qui remonte autant. --Les voici, mon general, dit Derigny en lui presentant son porte-cigares et une boite d'allumettes. --Vous pensez a tout, mon ami, repondit le general, touche de cette attention. Prenez-en un et fumons... Eh bien, vous ne fumez pas?" Derigny:"Mon general, vous etes bien bon..., mais je n'oserais pas..., Je ne me permettrais pas... Le general: "D'obeir, quand je vous l'ordonne? Allons, pas de resistance, mon ami. Je vous ordonne de fumer un cigare, la..., pres de moi." Derigny s'inclina et obeit; ils fumerent avec delices. "Tout de meme, mon general, dit Derigny en finissant son cigare, c'est un fier service que vous m'avez rendu en m'obligeant a fumer. J'avais si chaud, que j'aurais peut-etre attrape du mal si je ne m'etais rechauffe la poitrine en fumant." Le general: "Et moi donc! C'est grace a votre prevoyance, a votre soin continuel de bien faire, que nous serons tous deux sur pied ces jours-ci; j'avais aussi une chaleur a mourir, et j'etais si fatigue, que je ne pouvais plus me soutenir; il est vrai que je vous ai vigoureusement maintenu tout le temps de la montee!" Derigny, souriant: "Je crois bien, mon general! je m'appuyais sur vous de tout mon poids." Un second cigare acheva de remonter nos fumeurs. Le general aurait bien volontiers fait un petit somme, mais l'amour-propre le tint eveille. Il eut fallu avouer que la montee etait trop forte pour lui, et il voulait accompagner les jeunes gens dans d'autres expeditions difficiles. Au moment ou le temps commencait a lui paraitre long, il entendit, puis il vit accourir la bande joyeuse. "Mon oncle, je vous apporte des rafraichissements, dit Natasha en s'asseyant pres de lui et lui presentant une grande feuille remplie de mures. Goutez, mon oncle, goutez comme c'est bon!" Le general gouta, approuva le gout de sa niece, et continua a gouter, jusqu'a ce qu'il eut tout mange. Derigny s'etait leve en voyant arriver Natasha, le prince Romane et les enfants. Jacques et Paul avaient aussi fait leur petite provision; ils l'offrirent a leur pere, qui gouta ces mures et les trouva excellentes; mais il n'en XXI. L'ASCENSION 86

« temoignait du travail qu'il avait accompli.

Mais le triomphe du general fut calme et silencieux.

Il ne pouvait parler, tant sa poitrine etait oppressee par ses longs efforts.

Natasha et Romane contemplaient aussi en silence le magnifique aspect de cette vallee, couronnee de bois et de rochers, animee par la ville d'Ems et par le ruisseau serpentant borde de prairies et d'arbustes. “Que cette vue est belle et charmante! dit Natasha. —Et que de pensees terribles du passe et souriantes pour l'avenir elle fait naitre en moi! dit Romane. —Et quel diable de chemin pour y arriver! dit le general.

Voyez Derigny! il n'en peut plus.

Sans moi, il ne serait jamais arrive! ...Il fait bon ici, ajouta-t-il.

Derigny et moi, nous allons nous reposer sur cette herbe si fraiche, pendant que vous continuerez a parcourir le plateau.” Le general s'assit par terre et fit signe a Derigny d'en faire autant. “Je regrette de ne pas avoir mes cigares, dit-il, nous en aurions fume chacun un; il n'y a rien qui remonte autant. —Les voici, mon general, dit Derigny en lui presentant son porte-cigares et une boite d'allumettes. —Vous pensez a tout, mon ami, repondit le general, touche de cette attention.

Prenez-en un et fumons...

Eh bien, vous ne fumez pas?” Derigny:"Mon general, vous etes bien bon..., mais je n'oserais pas..., Je ne me permettrais pas... Le general: “D'obeir, quand je vous l'ordonne? Allons, pas de resistance, mon ami.

Je vous ordonne de fumer un cigare, la..., pres de moi.” Derigny s'inclina et obeit; ils fumerent avec delices. “Tout de meme, mon general, dit Derigny en finissant son cigare, c'est un fier service que vous m'avez rendu en m'obligeant a fumer. J'avais si chaud, que j'aurais peut-etre attrape du mal si je ne m'etais rechauffe la poitrine en fumant.” Le general: “Et moi donc! C'est grace a votre prevoyance, a votre soin continuel de bien faire, que nous serons tous deux sur pied ces jours-ci; j'avais aussi une chaleur a mourir, et j'etais si fatigue, que je ne pouvais plus me soutenir; il est vrai que je vous ai vigoureusement maintenu tout le temps de la montee!” Derigny, souriant: “Je crois bien, mon general! je m'appuyais sur vous de tout mon poids.” Un second cigare acheva de remonter nos fumeurs.

Le general aurait bien volontiers fait un petit somme, mais l'amour-propre le tint eveille.

Il eut fallu avouer que la montee etait trop forte pour lui, et il voulait accompagner les jeunes gens dans d'autres expeditions difficiles.

Au moment ou le temps commencait a lui paraitre long, il entendit, puis il vit accourir la bande joyeuse. “Mon oncle, je vous apporte des rafraichissements, dit Natasha en s'asseyant pres de lui et lui presentant une grande feuille remplie de mures.

Goutez, mon oncle, goutez comme c'est bon!” Le general gouta, approuva le gout de sa niece, et continua a gouter, jusqu'a ce qu'il eut tout mange. Derigny s'etait leve en voyant arriver Natasha, le prince Romane et les enfants.

Jacques et Paul avaient aussi fait leur petite provision; ils l'offrirent a leur pere, qui gouta ces mures et les trouva excellentes; mais il n'en Le General Dourakine XXI.

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