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Les Index Noires « Ce que je dis là ne te rend pas jaloux, Harry ?

Publié le 12/04/2014

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Les Index Noires « Ce que je dis là ne te rend pas jaloux, Harry ? demanda Jack Ryan d'un ton un peu plus sérieux. Non, Jack, répondit tranquillement Harry. Cependant, si tu ne fais pas de Nell ta femme, tu n'as pas la prétention qu'elle reste vieille fille ? Je n'ai aucune prétention », répondit Harry. Une oscillation de l'échelle vint alors permettre aux deux amis de se séparer, l'un pour descendre, l'autre pour remonter le puits. Cependant, ils ne se séparèrent pas. « Harry, dit Jack, crois-tu que je t'aie parlé sérieusement tout à l'heure à propos de Nell ? Non, Jack, répondit Harry. Eh bien, je vais le faire alors ! Toi, parler sérieusement ! Mon brave Harry, répondit Jack, je suis capable de donner un bon conseil à un ami. Donne, Jack. Eh bien, voilà ! Tu aimes Nell de tout l'amour dont elle est digne, Harry ! Ton père, le vieux Simon, ta mère, la vieille Madge, l'aiment aussi comme si elle était leur enfant. Or, tu aurais bien peu à faire pour qu'elle devînt tout à fait leur fille ! Pourquoi ne l'épouses-tu pas ? Pour t'avancer ainsi, Jack, répondit Harry, connais-tu donc les sentiments de Nell ? Personne ne les ignore, pas même toi, Harry, et c'est pour cela que tu n'es point jaloux ni de moi, ni des autres. Mais voici l'échelle qui va descendre, et... Attends, Jack, dit Harry, en retenant son camarade, dont le pied avait déjà quitté le palier pour se poser sur l'échelon mobile. Bon, Harry ! s'écria Jack en riant, tu vas me faire écarteler ! Écoute sérieusement, Jack, répondit Harry, car, à mon tour, c'est sérieusement que je parle. J'écoute... jusqu'à la prochaine oscillation, mais pas plus ! Jack, reprit Harry, je n'ai point à cacher que j'aime Nell. Mon plus vif désir est d'en faire ma femme... Bien, cela. Mais, telle qu'elle est encore, j'ai comme un scrupule de conscience à lui demander de prendre une détermination qui doit être irrévocable. Que veux-tu dire, Harry ? XVI. Sur l'échelle oscillante 73 Les Index Noires Je veux dire, Jack, que Nell n'a jamais quitté ces profondeurs de la houillère où elle est née, sans doute. Elle ne sait rien, elle ne connaît rien du dehors. Elle a tout à apprendre par les yeux, et peut-être aussi par le cur. Qui sait ce que seront ses pensées, lorsque de nouvelles impressions naîtront en elle ! Elle n'a encore rien de terrestre, et il me semble que ce serait la tromper, avant qu'elle se soit décidée, en pleine connaissance, à préférer à tout autre le séjour dans la houillère. Me comprends-tu, Jack ? Oui... vaguement... Je comprends surtout que tu vas encore me faire manquer la prochaine oscillation ! Jack, répondit Harry d'une voix grave, quand ces appareils ne devraient plus jamais fonctionner, quand ce palier devrait manquer sous nos pieds, tu écouteras ce que j'ai à te dire ! A la bonne heure ! Harry. Voilà comment j'aime qu'on me parle ! Nous disons donc qu'avant d'épouser Nell, tu vas l'envoyer dans un pensionnat de la vieille-Enfumée ? Non, Jack, répondit Harry, je saurai bien moi-même faire l'éducation de celle qui devra être ma femme ! Et cela n'en vaudra que mieux, Harry ! Mais, auparavant, reprit Harry, je veux, comme je viens de te le dire, que Nell ait une vraie connaissance du monde extérieur. Une comparaison, Jack. Si tu aimais une jeune fille aveugle, et si l'on venait te dire : « Dans un mois elle sera guérie ! » n'attendrais-tu pas pour l'épouser que sa guérison fût faite ? Oui, ma foi, oui ! répondit Jack Ryan. Eh bien, Jack, Nell est encore aveugle, et, avant d'en faire ma femme, je veux qu'elle sache bien que c'est moi, que ce sont les conditions de ma vie qu'elle préfère et accepte. Je veux que ses yeux se soient ouverts enfin à la lumière du jour ! Bien, Harry, bien, très bien ! s'écria Jack Ryan. Je te comprends à cette heure. Et à quelle époque l'opération ?... Dans un mois, Jack, répondit Harry. Les yeux de Nell s'habituent peu à peu à la clarté de nos disques. C'est une préparation. Dans un mois, je l'espère, elle aura vu la terre et ses merveilles, le ciel et ses splendeurs ! Elle saura que la nature a donné au regard humain des horizons plus reculés que ceux d'une sombre houillère ! Elle verra que les limites de l'univers sont infinies ! » Mais, tandis qu'Harry se laissait ainsi entraîner par son imagination, Jack Ryan, quittant le palier, avait sauté sur l'échelon oscillant de l'appareil. « Eh ! Jack, cria Harry, où es-tu donc ? Au-dessous de toi, répondit en riant le joyeux compère. Pendant que tu t'élèves dans l'infini, moi, je descends dans l'abîme ! Adieu, Jack ! répondit Harry, en se cramponnant lui-même à l'échelle remontante. Je te recommande de ne parler à personne de ce que je viens de te dire ! A personne ! cria Jack Ryan, mais à une condition pourtant... Laquelle ? XVI. Sur l'échelle oscillante 74

« \24 Je veux dire, Jack, que Nell n'a jamais quitté ces profondeurs de la houillère où elle est née, sans doute.

Elle ne sait rien, elle ne connaît rien du dehors.

Elle a tout à apprendre par les yeux, et peut-être aussi par le cur. Qui sait ce que seront ses pensées, lorsque de nouvelles impressions naîtront en elle ! Elle n'a encore rien de terrestre, et il me semble que ce serait la tromper, avant qu'elle se soit décidée, en pleine connaissance, à préférer à tout autre le séjour dans la houillère.

\24 Me comprends-tu, Jack ? \24 Oui...

vaguement...

Je comprends surtout que tu vas encore me faire manquer la prochaine oscillation ! \24 Jack, répondit Harry d'une voix grave, quand ces appareils ne devraient plus jamais fonctionner, quand ce palier devrait manquer sous nos pieds, tu écouteras ce que j'ai à te dire ! \24 A la bonne heure ! Harry.

Voilà comment j'aime qu'on me parle ! \24 Nous disons donc qu'avant d'épouser Nell, tu vas l'envoyer dans un pensionnat de la vieille-Enfumée ? \24 Non, Jack, répondit Harry, je saurai bien moi-même faire l'éducation de celle qui devra être ma femme ! \24 Et cela n'en vaudra que mieux, Harry ! \24 Mais, auparavant, reprit Harry, je veux, comme je viens de te le dire, que Nell ait une vraie connaissance du monde extérieur.

Une comparaison, Jack.

Si tu aimais une jeune fille aveugle, et si l'on venait te dire : « Dans un mois elle sera guérie ! » n'attendrais-tu pas pour l'épouser que sa guérison fût faite ? \24 Oui, ma foi, oui ! répondit Jack Ryan. \24 Eh bien, Jack, Nell est encore aveugle, et, avant d'en faire ma femme, je veux qu'elle sache bien que c'est moi, que ce sont les conditions de ma vie qu'elle préfère et accepte.

Je veux que ses yeux se soient ouverts enfin à la lumière du jour ! \24 Bien, Harry, bien, très bien ! s'écria Jack Ryan.

Je te comprends à cette heure.

Et à quelle époque l'opération ?... \24 Dans un mois, Jack, répondit Harry.

Les yeux de Nell s'habituent peu à peu à la clarté de nos disques.

C'est une préparation.

Dans un mois, je l'espère, elle aura vu la terre et ses merveilles, le ciel et ses splendeurs ! Elle saura que la nature a donné au regard humain des horizons plus reculés que ceux d'une sombre houillère ! Elle verra que les limites de l'univers sont infinies ! » Mais, tandis qu'Harry se laissait ainsi entraîner par son imagination, Jack Ryan, quittant le palier, avait sauté sur l'échelon oscillant de l'appareil. « Eh ! Jack, cria Harry, où es-tu donc ? \24 Au-dessous de toi, répondit en riant le joyeux compère.

Pendant que tu t'élèves dans l'infini, moi, je descends dans l'abîme ! \24 Adieu, Jack ! répondit Harry, en se cramponnant lui-même à l'échelle remontante.

Je te recommande de ne parler à personne de ce que je viens de te dire ! \24 A personne ! cria Jack Ryan, mais à une condition pourtant... \24 Laquelle ? Les Index Noires XVI.

Sur l'échelle oscillante 74. »

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