[26] et livrés tout entiers aux humiliations du divin.
Publié le 04/11/2013
Extrait du document
«
Elle
explique, elledonne uneforme àl'espoir.
Lecréateur nepeut pluss'en séparer.
Ellen'est paslejeu
tragique qu'elledevaitêtre.Elledonne unsens àla vie del'auteur.
Il est singulier entout cas,quedes œuvres d'inspiration parentecommecellesdeKafka, Kierkegaard
ou Chestov, cellespourparler bref,desromanciers etphilosophes existentiels, toutentières tournées
vers l'absurde etses conséquences, aboutissentenfin decompte àcet immense crid'espoir.
Ils embrassent leDieu quilesdévore.
C'estparl'humilité quel'espoir s'introduit.
Carl'absurde de
cette existence lesassure unpeu plus delaréalité surnaturelle.
Silechemin decette vieaboutit àDieu, il
y adonc uneissue.
Etlapersévérance, l'entêtementaveclesquels Kierkegaard, Chestovetles héros de
Kafka répètent leursitinéraires sontungarant singulier dupouvoir exaltant decette certitude
[29] .
Kafka refuse àson dieu lagrandeur morale,l'évidence, labonté, lacohérence, maisc'est pourmieux se
jeter danssesbras.
L'absurde estreconnu, accepté, l'hommes'yrésigne etdès cetinstant, noussavons
qu'il n'est plusl'absurde.
Dansleslimites delacondition humaine,quelplusgrand espoir quecelui qui
permet d'échapper àcette condition ? Jelevois unefois deplus, lapensée existentielle, contrel'opinion
courante, estpétrie d'uneespérance démesurée, celle-làmêmequi,avec lechristianisme primitifet
l'annonce delabonne nouvelle, asoulevé lemonde ancien.
Maisdanscesaut quicaractérise toutepensée
existentielle, danscetentêtement, danscetarpentage d'unedivinité sanssurface, comment nepas voir la
marque d'unelucidité quiserenonce ? Onveut seulement quecesoit unorgueil quiabdique poursesauver.
Ce renoncement seraitfécond.
Maiscecinechange pascela.
Onnediminue pasàmes yeux lavaleur
morale delalucidité enladisant stérile comme toutorgueil.
Carunevérité aussi,parsadéfinition même,
est stérile.
Touteslesévidences lesont.
Dansunmonde oùtout estdonné etrien n'est expliqué, la
fécondité d'unevaleur oud'une métaphysique estune notion videdesens.
On voit icientout casdans quelle tradition depensée s'inscrit l'œuvredeKafka.
Ilserait inintelligent
en effet deconsidérer commerigoureuse ladémarche quimène du Procès auChâteau .
Joseph K...et
l'arpenteur K...sont seulement lesdeux pôles quiattirent Kafka
[30] .
Je parlerai commeluietjedirai quesonœuvre n'estprobablement pasabsurde.
Maisquecela ne
nous prive pasdevoir sagrandeur etson universalité.
Ellesviennent decequ'il asu figurer avectant
d'ampleur cepassage quotidien del'espoir àla détresse etde lasagesse désespérée àl'aveuglement
volontaire.
Sonœuvre estuniverselle (uneœuvre vraiment absurden'estpasuniverselle), danslamesure
où s'y figure levisage émouvant del'homme fuyantl'humanité, puisantdanssescontradictions desraisons
de croire, desraisons d'espérer danssesdésespoirs fécondsetappelant vieson terrifiant apprentissage
de lamort.
Elleestuniverselle parcequed'inspiration religieuse.Commedanstoutes lesreligions,
l'homme yest délivré dupoids desapropre vie.Mais sije sais cela, sije peux aussi l'admirer, jesais aussi
que jene cherche pascequi est universel, maiscequi est vrai.
Lesdeux peuvent nepas coïncider.
On entendra mieuxcettefaçon devoir sije dis que lapensée vraiment désespérante sedéfinit
précisément parlescritères opposésetque l'œuvre tragique pourraitêtrecelle, toutespoir futurétant
exilé, quidécrit lavie d'un homme heureux.
Pluslavie est exaltante etplus absurde estl'idée dela
perdre.
C'estpeut-être icilesecret decette aridité superbe qu'onrespire dansl'œuvre deNietzsche.
Dans cetordre d'idées, Nietzsche paraîtêtreleseul artiste àavoir tirélesconséquences extrêmesd'une
esthétique del'Absurde, puisquesonultime message résidedansunelucidité stérileetconquérante et
une négation obstinée detoute consolation surnaturelle.
Ce qui précède aurasuffi cependant àdéceler l'importance capitaledel'œuvre deKafka danslecadre
de cet essai.
C'estauxconfins delapensée humaine quenous sommes icitransportés.
Endonnant aumot
son sens plein, onpeut direquetout dans cette œuvre estessentiel.
Ellepose entout casleproblème.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- « Le bien certes est désirable quand il intéresse un individu pris à part; mais son caractère est plus beau et plus divin, quand il s'applique à un peuple et à des États entiers. » Aristote, Éthique à Nicomaque, ive s. av. J.-C. Commentez cette citation.
- De la monarchie absolue de droit divin à la république
- SOMMAIRE MATHS CM2 Numération CM2 Lire et écrire les nombres entiers jusqu'à
- commentaire: les trois humiliations de Freud
- Somme des entiers jusqu'à l'infini