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Et il raccroche.

Publié le 30/10/2013

Extrait du document

Et il raccroche. Puis il revint vers le comptoir derrière lequel Mado Ptits-pieds semblait rêver. -- Alors, dit Charles, qu'est-ce que t'en penses ? C'est oui ? c'est non ? -- Jvous répète, susurra Mado Ptits-pieds, vous mdites ça comme ça, sans prévnir, c'est hun choc, jprévoyais pas, ça dmande réflexion, msieu Charles. -- Comme si t'avais pas déjà réfléchi. -- Oh ! msieu Charles, comme vous êtes squeleptique. La sonnerie du truc-chose se mit de nouveau à téléphonctionner. -- Non mais qu'est-ce qu'il a, qu'est-ce qu'il a. -- Laisse-le donc tomber, dit Charles. -- Faut pas être si dur que ça, c'est quand même un copain. -- Ouais, mais la gosse en supplément ça n'arrange rien. -- Y pensez pas à la gamine. À stage-là, c'est du flan. Comme ça continuait à ronfler, de nouveau Charles se mit au bout du fil de l'appareil décroché. -- Allô, hurla Gabriel. -- Rrroin, dit Charles. -- Allez, fais pas l'con. Va, fonce chez Marceline et tu commences à m'emmerder à la fin. -- Tu comprends, dit Charles d'un ton supérieur, tu mdéranges. -- Non mais, brâma le téléphone, qu'est-ce qu'i faut pas entendre. T't'déranger toi ? qu'est-ce que tu pourrais branler d'important ? Charles posa énergiquement sa main sur le fonateur de l'appareil et se tournant vers Mado, lui demanda : -- C'est-ti oui ? c'est-ti non ? -- Ti oui, répondit Mado Ptits-pieds en rougissant. -- Bin vrai ? -- (geste). Charles débloqua le fonateur et communiqua la chose suivante à Gabriel toujours présent à l'autre bout du fil : -- Bin voilà, j'ai une nouvelle à t'annoncer. -- M'en fous. Va me chercher... -- Marceline, je sais. Puis il fonce à toute vitesse : -- Mado Ptits-pieds et moi, on vient de se fiancer. -- Bonne idée. Au fond j'ai réfléchi, c'est pas la peine... -- T'as compris ce que je t'ai dit ? Mado Ptits-pieds et moi, c'est le marida. -- Si ça te chante. Oui, Marceline, pas la peine qu'elle se dérange. Dis-y seulement que j'emmène la petite au Mont-de-piété pour voir le spectacle. Y a des voyageurs distingués qui m'accompagnent et quelques copains, toute une bande quoi. Alors mon numéro, ça ce soir, je vais le soigner. Autant que Zazie en profite, c'est une vraie chance pour elle. Tiens, et puis c'est vrai, t'as qu'à venir aussi, avec Mado Ptits-pieds, ça vous fera une célébration pour vos fiançailles, non, pas vrai ? Ça s'arrose ça, c'est moi qui paie, et le spectacle en plus. Et puis Turandot, il peut venir aussi, cette andouille, et Laverdure si on croit que ça l'amusera, et Gridoux, faut pas l'oublier, Gridoux. Sacré Gridoux. Là-dessus, Gabriel raccroche. Charles laisse pendre l'écouteur au bout de son fil et se tournant vers Mado Ptits-pieds, il entreprit d'énoncer quelque chose de mémorable. -- Alors, qu'il dit, ça y est ? L'affaire est dans le sac ? -- Et comment, dit Madeleine. -- On va se marier, nous deux Madeleine, dit Charles à Turandot qui rentrait. -- Bonne idée, dit Turandot. Je vous offre un réconfortant pour arroser ça. Mais ça m'embête de perdre Mado. Elle travaillait bien. -- Oui mais c'est que je resterai, dit Madeleine. Je m'emmerderais à la maison, le temps qu'il fait le taxi. -- C'est vrai, ça, dit Charles. Au fond, y aura rien de changé, sauf que, quand on tirera un coup, ça sera dans la légalité. -- On finit toujours par se faire une raison, dit Turandot. Qu'est-ce que vous prenez ? -- Moi jm'en fous, dit Charles. -- Pour une fois, c'est moi qui vais te servir, dit Turandot galamment à Madeleine en lui tapant sur les fesses ce qu'il n'avait pas coutume de faire en dehors des heures de travail et alors seulement pour réchauffer l'atmosphère. -- Charles, il pourrait prendre un fernet-branca, dit Madeleine. -- C'est pas buvable, dit Charles. -- T'en as bien éclusé un verre à midi, fit remarquer Turandot. -- C'est pourtant vrai. Alors pour moi ce sera un beaujolais. On trinque. -- À vos crampettes légitimes, dit Turandot. -- Merci, répond Charles en s'essuyant la bouche avec sa casquette. Il ajoute que c'est pas tout ça, faut qu'il aille prévenir Marceline. -- Te fatigue pas, mon chou, dit Madeleine, jvais y aller. -- Qu'est-ce que ça peut lui foutre que tu te maries ou pas ? dit Turandot. Elle attendra bien demain pour le savoir. -- Marceline, dit Charles, c'est encore autre chose. Y a Gabriel qu'a gardé la Zazie avec lui et qui nous invite tous et toi aussi à venir s'en jeter un en le regardant faire son numéro. S'en jeter un et j'espère bien plusieurs. -- Bin, dit Turandot, t'es pas dégoûté. Tu vas haller dans une boîte de pédales pour célébrer tes fiançailles ? Bin, je le répète, t'es pas dégoûté. -- Tu causes, tu causes, dit Laverdure, c'est tout ce que tu sais faire. -- Vous disputez pas, dit Madeleine, moi jvais prévenir madame Marceline et m'habiller chouette pour faire honneur à notre Gaby. Elle s'envole. À l'étage second parvenue, sonne à la porte la neuve fiancée. Une porte sonnée d'aussi gracieuse façon ne peut faire autre chose que s'ouvrir. Aussi la porte en question s'ouvre-t-elle. -- Bonjour, Mado Ptits-pieds, dit doucement Marceline. -- Eh bin voilà, dit Madeleine en reprenant sa respiration laissée un peu à l'abandon dans les spires de l'escalier. -- Entrez donc boire un verre de grenadine, dit doucement Marceline en l'interrompant. -- C'est qu'il faut que je m'habille. -- Je ne vous vois point nue, dit doucement Marceline. Madeleine rougit. Marceline dit doucement : -- Et ça n'empêcherait pas le verre de grenadine, n'est-ce pas ? Entre femmes... -- Tout de même. -- Vous avez l'air tout émue. -- Jviens de me fiancer. Alors vous comprenez. -- Vous n'êtes pas enceinte ? -- Pas pour le moment. -- Alors vous ne pouvez pas me refuser un verre de grenadine. -- Ce que vous causez bien. -- Je n'y suis pour rien, dit doucement Marceline en baissant les yeux. Entrez donc. Madeleine susurre encore des politesses confuses et entre. Priée de s'asseoir, elle le fait. La maîtresse de céans va quérir deux verres, une carafe de flotte et un litron de grenadine. Elle verse ce dernier liquide avec précaution, assez largement pour son

« — Bonne idée,ditTurandot.

Jevous offreunréconfortant pourarroser ça.Mais ça m’embête deperdre Mado.Elletravaillait bien. — Oui maisc’estquejeresterai, ditMadeleine.

Jem’emmerderais àla maison, le temps qu’ilfaitletaxi. — C’est vrai,ça,ditCharles.

Aufond, yaura riendechangé, saufque, quand ontirera un coup, çasera dans lalégalité. — On finittoujours parsefaire uneraison, ditTurandot.

Qu’est-cequevous prenez ? — Moi jm’enfous,ditCharles. — Pour unefois, c’est moiquivais teservir, ditTurandot galamment àMadeleine enlui tapant surlesfesses cequ’il n’avait pascoutume defaire endehors desheures de travail etalors seulement pourréchauffer l’atmosphère. — Charles, ilpourrait prendre unfernet-branca, ditMadeleine. — C’est pasbuvable, ditCharles. — T’en asbien éclusé unverre àmidi, fitremarquer Turandot. — C’est pourtant vrai.Alors pourmoicesera unbeaujolais. On trinque. — À voscrampettes légitimes,ditTurandot. — Merci, répondCharles ens’essuyant labouche avecsacasquette. Il ajoute quec’est pastout ça,faut qu’il ailleprévenir Marceline. — Te fatigue pas,mon chou, ditMadeleine, jvaisyaller. — Qu’est-ce queçapeut luifoutre quetute maries oupas ? ditTurandot.

Elleattendra bien demain pourlesavoir. — Marceline, ditCharles, c’estencore autrechose.

YaGabriel qu’agardé laZazie avec luietqui nous invite tousettoi aussi àvenir s’enjeter unenleregardant faireson numéro.

S’enjeterunetj’espère bienplusieurs. — Bin, ditTurandot, t’espas dégoûté.

Tuvas haller dansuneboîte depédales pour célébrer tesfiançailles ? Bin,jelerépète, t’espas dégoûté. — Tu causes, tucauses, ditLaverdure, c’esttoutceque tusais faire. — Vous disputez pas,ditMadeleine, moijvais prévenir madame Marceline etm’habiller chouette pourfairehonneur ànotre Gaby. Elle s’envole.

Àl’étage second parvenue, sonneàla porte laneuve fiancée.

Uneporte sonnée d’aussigracieuse façonnepeut faireautre chose ques’ouvrir.

Aussilaporte en question s’ouvre-t-elle. — Bonjour, MadoPtits-pieds, ditdoucement Marceline. — Eh binvoilà, ditMadeleine enreprenant sarespiration laisséeunpeu àl’abandon dans lesspires del’escalier. — Entrez doncboire unverre degrenadine, ditdoucement Marcelineenl’interrompant. — C’est qu’ilfautque jem’habille. — Je nevous voispoint nue,ditdoucement Marceline. Madeleine rougit.Marceline ditdoucement : — Et çan’empêcherait pasleverre degrenadine, n’est-cepas ?Entrefemmes… — Tout demême. — Vous avezl’airtout émue. — Jviens deme fiancer.

Alorsvouscomprenez. — Vous n’êtespasenceinte ? — Pas pourlemoment. — Alors vousnepouvez pasmerefuser unverre degrenadine. — Ce quevous causez bien. — Je n’ysuis pour rien,ditdoucement Marcelineenbaissant lesyeux.

Entrez donc. Madeleine susurreencoredespolitesses confusesetentre.

Priéedes’asseoir, ellele fait.

Lamaîtresse decéans vaquérir deuxverres, unecarafe deflotte etun litron de grenadine.

Elleverse cedernier liquideavecprécaution, assezlargement pourson. »

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