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SOPHOCLE (495-406) Antigone défiant Créon Créon [.

Publié le 21/10/2016

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SOPHOCLE (495-406) Antigone défiant Créon Créon [...] Tu as osé passer outre à mes lois ? Antigone Oui, car ce n'est pas Zeus qui les a proclamées, et la Justice qui siège auprès des dieux de sous terre n'en a point tracé de telles parmi les hommes. Je ne croyais pas, certes, que tes édits eussent tant de pouvoir qu'ils permissent à un mortel de violer les lois divines : lois non écrites, celles-là, mais infaillibles. Ce n'est pas d'aujourd'hui ni d'hier, c'est de toujours qu'elles sont en vigueur, et personne ne les a vues naître. Leur désobéir, n'était-ce point, par un lâche respect pour l'autorité d'un homme, encourir la rigueur divine ? Je savais bien que je mourrais ; c'était inévitable - et même sans ton édit ! Si je péris avant le temps, je regarde la mort comme un bonheur. Quand on vit au milieu des maux, comment ne gagnerait-on pas à mourir ? Non, le sort qui m'attend n'a rien qui m'afflige. Si j'avais dû laisser sans sépulture un corps que ma mère a mis au monde, alors j'aurais souffert ; mais ce qui m'arrive m'est égal. Tu estimes, n'est-ce pas, que j'ai agi comme une folle ? J'en dirais autant de toi. Le Coryphée Comme on retrouve dans la fille le caractère intraitable du père ! Elle ne sait pas fléchir devant l'adversité. Créon Apprends que c'est le manque de souplesse, le plus souvent, qui nous fait trébucher. Le fer massif, quand on le durcit au feu, on le voit presque toujours éclater et se rompre. Mais je sais aussi qu'un léger frein a raison des chevaux rétifs. Oui, l'orgueil sied mal à qui dépend du bon plaisir d'autrui. Celle-ci n'ignorait pas qu'elle passait la mesure en enfreignant les lois établies. Son crime commis, elle tombe encore dans l'excès, puisqu'elle se vante et sourit à son œuvre. En vérité, de nous deux, c'est elle qui serait l'homme, si je la laissais triompher impunément. Elle est ma nièce, mais me touchât-elle par le sang de plus près que tous les miens, ni elle ni sa sœur n'échapperont au pire. Car j'accuse également Ismène d'avoir comploté avec elle cette inhumation. Qu'on l'appelle : je viens de la rencontrer dans le palais, l'air égaré, perdant la tête : or l'agitation trahit toujours les intrigues qui se trament dans l'ombre... Mais ce que je déteste, c'est qu'un coupable, quand il se voit pris sur le fait, cherche à peindre son crime en beau. Antigone Je suis ta prisonnière ; tu vas me mettre à mort : que te faut-il de plus ? Créon Rien. Ce châtiment me satisfait. Antigone Alors, pourquoi tardes-tu ? Tout ce que tu dis m'est odieux - je m'en voudrais du contraire - et il n'est rien en moi qui ne te blesse. Et pourtant pouvais-je m'acquérir une plus noble gloire qu'en mettant mon frère au tombeau ? Tous ceux qui m'entendent oseraient m'approuver, si la crainte ne leur fermait la bouche. Car la royauté, entre autres privilèges, peut faire et dire ce qu'il lui plaît. Créon Tu es seule, à Thèbes, à penser de la sorte. Antigone désignant le chœur Ils pensent comme moi, mais ils se mordent les lèvres. Créon Ne rougis-tu pas de méconnaître leur sagesse ? Antigone Il n'y a point de honte à honorer ceux de notre sang. 00020000038500000C2537F,Créon Mais l'autre, son ennemi, n'était-il pas ton frère aussi ? Antigone De père et de mère, oui, il était mon frère. Créon Honorer l'un, n'est-ce pas outrager l'autre ? Antigone Étéocle n'en jugera pas ainsi au fond de sa tombe. Créon Cependant ta piété le ravale au rang du criminel. Antigone Polynice est mort son frère et non pas son esclave. Créon L'un ravageait sa patrie ; l'autre en était le rempart. Antigone Hadès n'a pas deux poids et deux mesures. Créon Le méchant n'a pas droit à la part du juste. Antigone Qui sait si nos maximes ne sont pas sacrilèges, là-bas. Créon Un ennemi mort est toujours un ennemi. Antigone Je suis faite pour partager l'amour et non la haine. Créon Descends donc là-bas, s'il te faut aimer, et aime les morts. Moi vivant, ce n'est pas une femme qui fera la loi. Antigone, in Les Tragédies de Sophocle, traduction par M. Bellaguet, Paris, Hachette, 1879.
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« la mesure en enfreignant les lois ?tablies.

Son crime commis, elle tombe encore dans l'exc?s, puisqu'elle se vante et sourit ? son ?uvre.

En v?rit?, de nous deux, c'est elle qui serait l'homme, si je la laissais triompher impun?ment.

Elle est ma ni?ce, mais me touch?t-elle par le sang de plus pr?s que tous les miens, ni elle ni sa s?ur n'?chapperont au pire.

Car j'accuse ?galement Ism?ne d'avoir complot? avec elle cette inhumation.

Qu'on l'appelle?: je viens de la rencontrer dans le palais, l'air ?gar?, perdant la t?te?: or l'agitation trahit toujours les intrigues qui se trament dans l'ombre...

Mais ce que je d?teste, c'est qu'un coupable, quand il se voit pris sur le fait, cherche ? peindre son crime en beau. Antigone Je suis ta prisonni?re?; tu vas me mettre ? mort?: que te faut-il de plus?? Cr?on Rien.

Ce ch?timent me satisfait. Antigone Alors, pourquoi tardes-tu?? Tout ce que tu dis m'est odieux - je m'en voudrais du contraire - et il n'est rien en moi qui ne te blesse.

Et pourtant pouvais-je m'acqu?rir une plus noble gloire qu'en mettant mon fr?re au tombeau?? Tous ceux qui m'entendent oseraient m'approuver, si la crainte ne leur fermait la bouche.

Car la royaut?, entre autres privil?ges, peut faire et dire ce qu'il lui pla?t. Cr?on Tu es seule, ? Th?bes, ? penser de la sorte. Antigone d?signant le ch?ur Ils pensent comme moi, mais ils se mordent les l?vres. Cr?on Ne rougis-tu pas de m?conna?tre leur sagesse?? Antigone Il n'y a point de honte ? honorer ceux de notre sang. 00020000038500000C2537F,Cr?on. »

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