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Cléopâtre, muse des peintres

Publié le 03/10/2013

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La mythique souveraine d'Égypte, représentée le plus souvent à l'instant de sa mort, est un thè¬me de prédilection de la peinture à partir de la Renaissance. Cette icône traversera les siècles et les modes, et on la voit évoluer selon les images que s'en forge la culture occidentale, tour à tour héroïne tragique et prin¬cesse des Mille et Une Nuits.

« le faste et la richesse de ses commanditaires.

Cléopâtre, blonde et la taille prise dans une robe en brocart, est une grande dame de Venise, quel­ ques serviteurs noirs ou vêtus à la turque apportent un brin d'exotisme, une pyramide imaginaire au loin rappelle que la scène se déroule sur les rives du Nil.

D'autres œuvres de Tiepolo sur le même thè­ me accentueront le cadre égyptien en montrant des sphinx et des statues d'Isis et de Sérapis.

C'est seulement à la fin du siècle qu'apparaissent sur les tableaux les premières tenta­ tives d'imitation du mobilier antique.

Les peintres repro­ duisent les vases canopes, les piliers gravés de hiéroglyphes ou les sphinx qu'ils ont eu l'occasion d'observer dans les premières collections égyp­ tiennes d'Europe ou dans des ouvrages savants.

« Miroir des cieux riants.

trésor des âges» S i le XIX• siècle « égyptia­ nise » Cléopâtre, il ne la replace pas pour autant dans sa réalité historique.

La sou­ veraine est prise dans un nou­ veau fantasme, celui de la princesse orientale tout droit échappée de quelque conte des Mille et une Nuits.

Désormais brune, la reine vit dans des temples faramineux, au milieu de piliers et de divi­ nités monstrueuses, comme s'il s'agissait d'une prêtresse.

Toujours à demi-nue sous quel­ ques voiles de mousseline, elle est parée d'or, d'ivoire, de per­ les et de plumes d'autruche, coiffée d'une dépouille de vautour inspirée des modèles pharaoniques, mollement al­ longée sur des peaux de léo­ pard ou de tigre.

Le Suicide de Cléopâtre d' Ar­ thur Reginald (1892) préfigu­ re la version glamour qu'en donnera quelques décennies plus tard Hollywood.

Lorsqu'elle échappe à son Orient de pacotille, Cléopâtre est renvoyée au contexte d'une Égypte pharaonique bien antérieure au monde hellénistique dans lequel elle vécut.

Car elle n'est d'aucune époque et appartient à tou­ tes, comme celles dont le poète Théodore de Banville fait l'éloge, «ces grandes princesses aux lèvres de pourpre et aux prunelles mys­ térieuses, qui ont été à tra­ vers les âges les délices et le désir de tout le genre hu­ main, ayant gardé ce privi­ lège d'être adorées comme déesses et aimées d'amour, alors que les siècles ont dis­ persé les derniers restes de la poussière qui fut celle de leurs corps superbes ».. »

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