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Giovanni Bellini : LE RETABLE DE SAINT JOB - analyse de l'oeuvre)

Publié le 14/09/2014

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Le Retable de saint Job est une huile sur bois de 471 cm de haut sur 258 cm de large, signée par Giovanni Bellini.

Sa date d'exécution a été longue­ment discutée, mais la plupart des critiques s'entendent aujourd'hui pour considérer qu'elle se situe au temps de la maturité du peintre, vers 1480. Peut-être est-ce une commande de 1478, année où sévit à Venise une terrible épidémie. En effet, deux saints invoqués contre la peste y figurent : saint Job et saint Sébastien.

L'oeuvre, conservée aujourd'hui au musée de l'Académie, à Venise, se trouvait jusqu'en 1815 dans l'église San Giobbe (Saint-Job) de la méme ville.

Le Retable de saint Job.

« Vierge à !'Enfant avec des saints et Frédéric de Montefelt re (Retable de Brera), Piero della Francesca, 1472 -1474 (Milan, pinacothèque de Brera).

forme d'ombrelle, accessoire déco ratif alors en vogue dans les églises; trois jeunes garçons - des anges, mais sans ailes - jouant chacun d'un instrument de musique; et six saints de différentes époques.

Ces 4erruers sont répartis en deux groupes de trois.

A droite de Marie - position d'honneur sur un retable - , on reconnaît saint François avec sa robe de bure, Jean-Baptiste tenan t la croix en g~ise de hou­ lette de berger et le vieux Job.

A gauche se tiennent saint Dominique avec l'habit noir et blanc, Sébastien au corps percé de flèches et l'évêque francisca in Louis de Toulouse.

Les deux groupes de saints sont distribués de façon à construire un triangle, et la pyramide plus basse et plus large des anges fait écho à cette figure.

Enfin, !'ensemb le des personnages constitue, avec la Vierge, un triangle à la base plus large : leur dis t ribution, apparemment naturelle, est en fait soigneusement pensée.

«Conversation sacrée» Ce colloque, qui a lieu dans une chapelle fei nte, forme ce qu'on appelle une «Con versation sacrée», la première qui ait jamais été peinte à Venise et l'une des pre­ mières exécutées en Italie.

L'idée est originale et forte; des saints, qui étaient jusqu'à présent livrés individuellement à l'adoration du public, chac u n sur un volet d'une peinture à panneaux multiples (polyptyque), se trouvent rassemblés en un espace unique, celui d'un panneau constituant une œuvre à l'indissociable unité, et celui, fictif, de la chapelle peinte.

L'invention a une portée spirituelle considé­ rable.

Les saints, désormais, ne sont pas entiè­ rement distingués des simples chrétiens : ils sont eux-mêmes des ado rateurs, au lieu de faire simplement l'obj et d'un culte.

L e tableau est voué, par-delà Job, à la Vierge .

C'est elle qui domine l'image, elle à qui sont dédiées les ins­ criptions de l'abside : Ave Gratia Piena («Salu t, pleine de grâce»), sur les médaillons portés par les anges aux ailes pliées (séraphins ), Ave Virginis Pos internera te pudoris («Salut, Fleur intrépide de modestie virginale»), dans le haut de l'abside.

Les saints sont en prière devant elle, comme le spectateur doit l'être lui-même.

Au culte de la Vierge s'ajoute une autre adora­ tion, celle de la Passion du Christ.

Le martyre que subira Jésus est suggéré par son geste, insolite.

Il montre sa poitrine, là où un soldat romain enfoncera la lance, lorsqu'il sera sur la croix.

Or, le geste de !'Enfant est répété, de manière explicite, par François.

Le saint, qui a reçu de Dieu le privilège de porter sur son corps les blessures de Jésus, ouvre son habit pour en montrer les marques (stigmates) .

Un nouvel espace Qu elques années avant que Bellini ne peigne le Retable de saint Job, un artiste omb rien, Piero della Francesca, exécute à Urbino, non loin de Venise, une Conversation sacrée très similaire.

Son Retable de Brera (du nom du musée où il est conservé ) montre !'Enfant Jésus endormi et saint Jean-Baptiste, au premier plan, le dési­ gnant au public.

Saint François, là aussi, désigne ses blessures.

Le sommeil de Jésus anticipe sa mort future; les saints adorent la Mère et !'Enfant et convient les spectateurs à les adorer avec eux, comme dans la peinture bellinienne.

Les deux œuvres ont un autre point commun .

Le retable de Bellini, comme celui de Piero, éta it placé, à l'origine, à l'intérieur d'un cadre de marbre qui constituait sur le mur le pro­ longement réel de l'architecture peinte sur le retable.

L'ensemble donnait l'illusion d'une ouverture du mur sur un espace véritable, chape lle de l'église contenant authentique­ ment les personnages sacrés : le fidè le, surpris par ce «trompe -l'œil», pouvait ainsi «en trer » plus facilement dans la scène sacrée, comme l'y invitaient les gestes des personnages .

Une lumière d'or qui baigne tout Mais l'église que peint Giovanni Bellini est très différente de celle que conçoit Piero della Fra ncesca.

Cette dernière s'inspire du nou­ veau style florentin, mis au point par l'archi­ tecte Alberti .

Des pilastres cannelés, une voûte en forme de coquille rappellent les motifs de l'architecture classique; les couleurs claires prédominen t, marbres aux teintes iri­ sées inscrits dans la pierre blanche .

Dans le Retable de saint Job , au contraire, !'architecture reste fidèle à l'esprit byzantin : elle se réfère aux voûtes mosaïquées de la basilique Saint­ Marc et montre des couleurs chaudes, dorées et complexes.

Ce choix est symbolique .

Saint -Marc est le grand monument de la République véni­ tienne.

S'en inspi rer est pour Bellini une marque de patriotisme.

Mais c'est surtout un cho ix esthétique.

L'église est pénétrée d'une lumière orangée qui joue sur l'or de la mosaïque, donne une couleur de miel aux marbres des parois et caresse les corps de chaudes et douces nuances.

Les formes sem­ blent naître de cette lumière, plutôt que d'un dessin.

En haut, les petits carrés de mosaïque scintillent, taches lumineuses faites d'une pâte relativement épaisse, au contact les uns des autres et sans contours précis.

En bas, le volume des vêtements est rendu par de claires lumières et des ombres profondes, tandis que les corps sont traités par d'infimes gradations de couleur.

L'unité visuelle, l'harmonie belli­ nienne de la couleur et de la lumière mar­ quent l'acte de naissance de la grande pein­ ture vénitienne.

On ne peut leur comparer que les harmonies monochromes de Léonard de Vinci et ses tons infiniment nuancés.

Giovanni Bellini Fils nat urel du peintre Iac opo Be llin i (mort en 1470 ou en 147 1 ), frère d 'un autr e peintre , Gentile Bellini (1429 -1507), et be au-frère d ' un troisième (A n dre a M an tegna ), Giovann i Bellin i, né vers 1430 à Venise , est le véritable fondateur de la peinture vénitienne renaissant e.

Sa carrière se déroul e sur un e très longue pé riode , du milieu du xv• siècle à sa mort , en 1516 .

Influencé d'abord par les grands novate urs du quat trocen to (les an nées 1400 ), les p ein tres Paolo Ucce llo, Filippo Lippi, Andrea del Castagno, Andrea Mantegna, et le sc ulpt eur Dona te llo , il app re nd d' eux le classicisme et la maîtr ise de l 'es pace .

Mai s son style évolue très vite vers des caractéristiques particu­ lières , qu i seront celles de la pein­ ture vénitienne du xv1• siè cle : l 'atta­ chement à la couleur et à la lumière.

Les c ie u x, les arri èr e­ plan s de s ta ble a u x de G iovann i Be llini sont éclairé s pa r d es lumières d'a uro re ou de cré pusc ule qui réc hauffent les nuages , exaltent l es vert s profonds de la cam pag n e; les cha irs de ses personna ges se dorent d e tons chauds, se pét ris-. »

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