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W.C. FIELDS par Gérard Lenne

Publié le 17/03/2014

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W.C. FIELDS

par Gérard Lenne

 

Coiffé d'un gibus solennel, Fields s'avance vers nous, précédé d'un appendice nasal rubicond, un flacon de whisky à la main. Qu'il incarne un charlatan comme ceux du vieil Ouest, ou bien le Monsieur Loyal d'un music-hall ringard, ou cet épicier, cet employé modèle, ce citoyen ordinaire brimé par son épouse, il fait partie à coup sûr de cette sympathique lignée des ivrognes au grand cœur, espèce de capitaine Haddock en plus flegmatique, vieux bébé malicieux et facétieux.

La haine qu'il professe à l'encontre des enfants en bas âge n'est peut-être qu'une parade contre la concurrence déloyale, chez l'inventeur de cette phrase immortelle : « Un homme qui déteste les enfants et les jeunes chiens (et qui adore le whisky) ne peut pas être foncièrement mauvais «. Il y a du règle¬ment de comptes, sans aucun doute, dans cette scène où le « Grand McGonigle « (dans LA PARADE DU RIRE) envoie au tapis, d'un coup de pied vengeur, son vieil ennemi Baby LeRoy. Mais c'est surtout sa manière à lui, décapante s'il en fut, d'attaquer un tabou de l'Amérique, le culte de l'enfant-roi.

Comme c'est le matriarcat dominant qui est en cause chaque fois que notre bonhomme est tourmenté, traqué, persécuté par ses har¬pies domestiques, l'épouse acariâtre et la belle-mère abusive, leur opposant sa mer¬veilleuse force d'inertie. Il est alors capable d'inventer mille ruses pour tromper la vigi-lance de ces gardes-chiourmes en jupons, et on aurait tort de l'accuser de misogynie : quand il rencontre une femme digne de ce nom, comme sa complice Mae West dans MON PETIT POUSSIN CHÉRI, il fond à vue d'oeil. Souvenons-nous aussi de l'affection privilégiée qui l'unit à sa fille dans LES JOIES DE LA FAMILLE, de cette connivence qui le venge en pleine adversité. Comme souvent, sous l'écorce du cynique, bat le coeur d'un tendre.

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