Devoir de Philosophie

César Vallejo 1892-1938 La biographie d'un écrivain n'est pas faite, ou tout au moins n'est pas seulement faite, de ses actes externes.

Publié le 05/04/2015

Extrait du document

César Vallejo 1892-1938 La biographie d'un écrivain n'est pas faite, ou tout au moins n'est pas seulement faite, de ses actes externes. On serait même tenté de penser que les écrivains, dont nous connaissons variété d'anecdotes, ne sont généralement pas les plus profonds. En tout cas un poète, s'il est vrai poète, n'est jamais anecdotique. Il faut, certainement, préciser quelques faits. César Vallejo est né au Pérou. La poésie de l'Amérique hispanique était dominée, pendant la première jeunesse de Vallejo, par les poètes du Modernismo. Le Modernismo, qui avait donné quelques grands écrivains (Rubén Darío, Leopoldo Lugonnes, Amado Nervo), signifiait la pénétration du symbolisme français -- aussi, souvent, du parnassianisme -- dans la poésie de langue espagnole. Les fadeurs du romantisme étaient remplacées par les nouveaux rythmes, les nouvelles combinaisons d'images, le chromatisme parfois délirant. Cependant, vers les années de1915 à 1920, le Modernismo était déjà en pleine décadence, devenu une poésie de princesses irréelles, de lacs nordiques déracinés de la vie et des hommes d'Amérique. Lorsque Vallejo publia son premier livre (Los Heraldos negros, 1918), la réaction contre le Modernismo avait déjà commencé -- Juan Ramón Jiménez en Espagne, Enrique Gonzáles Martínez au Mexique cherchaient à la fois une expression poétiqu...

« Aguedita, à Nativa, à Miguel, enfants constructeurs de bateaux réels dans un paysage réel de ruisseaux et de basse-cour.

I1 serait faux de penser que Vallejo fut un poète régionaliste. I1 fut un poète de sa terre et, par là, de la Terre, c'est-à-dire de toutes les terres et, surtout, de tous les hommes.

I1 fut, peut-être surtout, un poète religieux, un de ces poètes qui ont perdu la transcendance mais qui, par-delà la douleur et la mort, cherchent un absolu parmi les hommes. On a parfois comparé la poésie de Vallejo à un grand cri.

La comparaison est exacte pourvu que l'on pense que ce cri n'est pas seulement un cri de désespoir.

I1 est certainement un poète de la violence (une violence qui ne va pas sans nostalgie): Il y a des coups, dans la vie, si violents...

Je ne sais pas ! Des coups comme le courroux de Dieu, comme si devant eux le ressac de toute la souffrance s'engouffrait au plus profond de l'âme... I1 est aussi, certainement, et avec une certitude de style inégalée, un poète de la mort — de “ sa ” mort qui devient “ notre ” mort: Pour mourir seulement, devons- nous mourir à chaque instant Mais dans ce même sentiment de la mort — sa mort, notre mort — il existe déjà un sentiment de communauté et un besoin — non pas une croyance — de survivre.

Dans quels faits, dans quels symboles peut-on dire que Vallejo a cherché et peut-être trouvé cette survivance désirée, voulue de toute la volonté des forces charnelles et spirituelles ? C'est ici que les images religieuses acquièrent leur sens.

La première de ces images, c'est celle du Christ.

C'est “ notre pain quotitidien ” qu'il cherche dans le Christ, image pour lui beaucoup plus de l'amour que d'une justice sociale abstraite.

Et c'est à la présence de l'Espagne (“ Espagne, éloigne de moi ce calice ”), que Vallejo sent s'unir son sentiment amoureux (de cet amour violent et tendre qui fut le sien) et son sens à la fois humanitaire et chrétien.

C'est alors, seulement alors, que ce poète dominé par le cri, l'angoisse et la mort, devient prophétique, dans les prophéties qui sont des échos des anciens prophètes bibliques: ...

Et les aveugles, sur le retour, verront ! Et les sourds, le c œur battant, entendront ! Les ignorants seront savants, les sages seront ignorants ! Ils seront donnés, les baisers que vous n'avez pu donner ! Seule la mort mourra. Vallejo fut un des grands poètes tragiques de notre temps.

De “ notre ” temps, sans doute, car Vallejo, cet homme qui cherchait toujours une porte ouverte vers la permanence, se sentit forcé à renoncer à cette permanence et à l'affirmer dans les actes, dans les fruits des hommes sur cette terre.

Mais s'il fut un poète tragique, il n'en garde pas moins, comme une source permanente de renouvellement, le souvenir de ses racines, un souvenir chez lui toujours présent.

A trois mois de sa mort, dans ce Paris où il se sentait destiné à mourir, Vallejo se souvient de cette permanence que fut sa terre péruvienne.

C'est là que le dernier déracinement vient à son âme quand il voit que tous sont morts.

“ Madame Antonia à la voix rauque ”...

“ L'abbé Santiago qui aimait à s'entendre salué par les garçons et les filles et qui répondait à tous, sans aucune distinction: bonjour José ! bonjour Maria ! ”; “ la jeune et blonde Carlota, laissant un enfant de trois mois ”; “ la tante Albina qui avait coutume de. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles