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Fiodor Dostoïevski par Brice Parain Kierkegaard et Dostoïevski ont été les premiers,

Publié le 05/04/2015

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kierkegaard
Fiodor Dostoïevski par Brice Parain Kierkegaard et Dostoïevski ont été les premiers, au XIXe siècle, et les seuls d'une manière aussi éclatante, à annoncer que le nihilisme ne comporte qu'un remède, celui de la foi, et précisément de la foi chrétienne, parce qu'il est uniquement le produit de la méfiance et de la haine. Pas de solutions rationnelles possibles, donc, dans les domaines de la philosophie et de la politique, car la raison n'a pas de prise sur la violence lorsque celle-ci ne se reconnaît pas de règle en-dehors des siennes : au contraire même alors elle n'en est plus que la domestique ridicule et bafouée. Il est vrai que l'un, c'est plutôt sur le mode théologique, l'autre surtout par le moyen du roman. Mais il ne faut sans doute voir là que les aspects un peu monstrueux, presque caricaturaux, de nos deux façons principales de vivre et de penser en Europe, je veux dire celle de la connaissance a priori et celle de la connaissance a posteriori. Elles restent partout mal ajustées l'une à l'autre. Et en plus, notre Occident et notre Orient ne les ont pas développées dans les mêmes proportions. J'ai cité Kierkegaard ici pour qu'on n'oublie pas, cependant, ce magnifique exemple d'un accord fondamental, masqué certes, et peut-être également rompu du même coup, par des différences d'allure dans la recherche et l'expression, mais qui ne doivent pas faire croire à des entreprises irréductibles l'une à l'autre. Là, il s'agit de reconstruire notre unité en Dieu, après le nihilisme. Avant d'abandonner Kierkegaard, qui n'a pas autrement sa place ici, je noterai encore qu'il faut se demander si, dans les deux cas, il ne s'agit pas d'une véritable conversion. Kierkegaard a eu trop peur du désespoir et du silence pour ne pas avoir été tenté par eux plus qu'intellectuellement, et Dostoïevski a d'abord été, sûrement, au cours de son adolescence, en esprit au moins, le rebelle, le progressiste, l'athée probablement aussi, bref le socialiste du type messianique russe, dont il paraît s'être donné pour tâche, pendant ses dix années dernières principalement, de sauver la Russie et l'Europe entière. La solution qu'il cherche, il ne pourra la trouver cependant qu'à travers les générations de l'avenir, et peut-être même ne devra-t-il compter que sur les enfants de celles-ci. Car le chemin qui va du nihilisme à l'espérance est long et dur. Les grandes oeuvres de sa maturité constituent, en somme, deux groupes, auxquels L'Adolescent (1875) et le Journal d'un écrivain (1873-1880) servent de charnière. Crime et Châtiment (1866) et L'Idiot (1868) d'une part, Les Possédés (1871-1872) et Les Karamazov (1879-1880) d'autre part. Dans le premier groupe, le drame reste purement privé, dans le second il devient social. Et de l'un à l'autre, le mal qui est mis en cause s'amplifie jusqu'à prendre les dimensions d'une catastrophe à peu près inévitable, menaçant tout ce que nous appelons la civilisation. Le meurtre commis par Raskolnikov, les passions qui s'...
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