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Les Grenouilles (extrait) Aristophane Euripide.

Publié le 05/04/2015

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aristophane
Les Grenouilles (extrait) Aristophane Euripide. -- Pour mon compte, ce que je représente, moi, en poésie, je l'exposerai pour finir. Mais tout d'abord, je vais le démolir, en montrant que c'était un esbroufeur et un charlatan ; je dirai par quels trucs il empaumait les spectateurs, qu'il avait reçus tout benêts, nourris à l'école de Phrynichos. D'abord et pour commencer, il plantait un personnage emmitouflé, tout seul, un Achille ou une Niobé, sans montrer leur nez : des figures de décor tragique, et qui ne disaient pas ouf ! Dionysos. -- Ah ! pour sûr, morbleu ! Euripide. -- Et le choeur d'asséner des enfilades de couplets à la chaîne, par quatre et sans désemparer ; et eux, bouche cousue. Dionysos. -- Moi, j'aimais bien ce silence, et j'y trouvais plus de charme qu'aux bonimenteurs d'à présent. Euripide. -- Alors, c'est que tu étais une buse, tiens-le-toi pour dit. Dionysos. -- Bon, d'accord. Mais pourquoi procédait-il comme Ça, le lascar ?<...
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« ESCHYLE.

— Et toi, profanateur impie, il fallait voir ce que tu mettais sur la scène ! Euripide.

— Pas des hippocoqs, bon sang ! ni des hircocerfs comme tu faisais, de ces monstres qui peuplent les tapisseries persanes ! Non : d'emblée, à peine eus-je pris en main notre art tel que tu me l'as transmis, obèse, tout boursouflé de vocables pondéreux, je lui ai imposé une cure amaigrissante ; je lui ai ôté du poids, en lui faisant courir la campagne, soumis à un régime de versiculine et de rutabagas, avec décoctions de calembourdaine — du filtrat de bibliothèque.

Après quoi, comme remontant, du solo à haute dose, corsé d'un peu de Céphisophon.

Et puis je ne disais pas de balivernes au petit bonheur, je ne fonçais pas comme un ouragan : le premier de mes personnages qui venait en scène disait tout de suite la généalogie de la pièce. Dionysos.

— Oui...

ça valait toujours mieux que de dire la tienne, ma foi ! Euripide.

— Et puis, dès les premiers mots je ne laissais flemmarder personne.

Je faisais parler les femmes, et les esclaves, tout à l'avenant, et les maîtres, et les pucelles, et les vieillardes. Eschyle.

— Et alors, non ? tu n'étais pas bon à pendre, avec un culot pareil ? Euripide.

— Dieu du ciel ! Mais c'était démocratique ce que je faisais là ! Dionysos.

— Laisse tomber, mon vieux.

Tu es bien le dernier à qui une promenade sur ce terrain pourrait être favorable 2 ! Euripide (montrant les spectateurs).

— Et puis je leur ai appris à causer... ESCHYLE.

— Pour sûr ! Ah ! avant de le leur avoir appris, si tu avais pu être empalé, les tripes au soleil ! Euripide.

—...

à mesurer les termes au quart de poil, au fil à plomb ; à opérer des prises de conscience, à considérer, à interpréter, à entortiller, à marivauder, à manigancer, à subodorer le mal, à repenser tous les problèmes... ESCHYLE.

— Pour sûr ! Euripide.

—...

en introduisant des intrigues domestiques, usuelles, familières, par où on aurait pu me coincer.

Oui : ils étaient dans le coup, ils auraient pu me coincer sur mon savoir-faire ! Je n'avais pas des tirades à tout casser pour désorbiter la cervelle, je ne leur en mettais pas plein la vue en forgeant des Cycnos et des Memnons avec leurs coursiers aux caparaçons tintinnabulants.

Tiens, vois quels sont nos disciples à moi et à lui : les siens, Phormisios et Megénète-la-Guigne, des hirsutomatamores à trompettes, des ricanoployeurs de sapins ; les miens, Clitophon et Théramène le muscadin 2,. »

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