Devoir de Philosophie

Zénon d'Élée par Jean Beaufret Paris Ce qui est mû ne se meut ni dans le lieu où il est, ni dans le lieu où il n'est pas.

Publié le 05/04/2015

Extrait du document

Zénon d'Élée par Jean Beaufret Paris Ce qui est mû ne se meut ni dans le lieu où il est, ni dans le lieu où il n'est pas. Avec Zénon, la pensée retombe bien au-dessous de la sublimité où elle s'était établie avec Héraclite et Parménide. Zénon, aurait dit Aristote, est l'inventeur de la Dialectique. Un tel propos n'a rien d'un compliment, car, pour Aristote, la Dialectique, comme la Sophistique, n'a de la philosophie que l'apparence. Elle s'attache en effet non pas à l'être en tant qu'être, non pas même aux êtres dans leur vérité primitive et directe, mais seulement à ce qui leur arrive par voie de conséquence. Le vrai philosophe est celui qui regarde et qui donne à voir. Zénon ne s'attarde pas à regarder et ne donne rien à voir. Il n'est attentif qu'à ce qui arrive si... C'est pourquoi il ne cesse de cheminer au fil des preuves, et nous voilà pris au piège sans avoir été éclairés. Inventeur de la Dialectique, Zénon est le premier des raisonneurs. Les raisonneurs fatiguent une vérité préalablement mise au jour en avançant les yeux fermés dans ce jour dévoilé par un autre. Ils s'opposent les uns aux autres dans l'aveuglement de la polémique. " Ils ont, dit Kant, bien combattu ; les ombres qu'ils pourfendent se rassemblent en un clin d'oeil comme les héros du Walhalla, et ils peuvent toujours se donner le plaisir de combats aussi peu sanglants. " Ainsi en va-t-il des polémiqueurs qui ne sont d'accord que pour substituer la marche jusqu'au bout de l'argumentation contraignante à la station pensive de l'étonnement initiateur. Dans le Parménide de Platon, le jeune Socrate reproche précisément au raisonneur Zénon de n'être que l'épigone de Parménide : " Je vois, Parménide, que Zénon ici présent, ce n'est pas seulement à ton amitié qu'il veut être uni, mais aussi à ton oeuvre. C'est même chose que toi, en un sens, qu'il écrit, mais, lui donnant un autre tour, il essaie de faire illusion en nous faisant croire qu'il dit autre chose. " Devant la franchise de l'attaque, Zénon cherche à s'excuser et considère son livre comme un péché de jeunesse. " Une chose t'échappe, Socrate, quand tu crois que ce ne serait pas dans un mouvement d'agressivité juvénile que j'ai écrit cela, mais mû par l'ambition de l'homme mûr. " Mais qu'il en soit ou non comme le dit l'interlocuteur de Socrate, l'essentiel est de voir en quoi Zénon se rattache à Parménide, son aîné, son ami, son maître, et en quoi cependant il reste original. La thèse de Parménide, nombreux sont ceux qui s'attachent à la bafouer en montrant que, s'il y a un, multiples et grotesques seront les conséquences et les contradictions qu'une thèse de ce genre aura à souffrir. L'écrit de Zénon est dès lors une réplique, qui, rendant avec usure aux adversaires de Parménide la monnaie de leur ...

« par Jean Beaufret Paris. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles