d 'abattre », l'expression sabre d'abattis s'emploie à propos d'un couteau à longue lame pour le « débroussage », notamment en français de Nouvelle-Calédonie. ? Le mot a pris régionalement le sens de « terrain dont les arbres ont été abattus, sans dessouchage ». Cet emploi est vivant au Québec. En français de Guyane, un abattis e st une exploitation agricole traditionnelle. ABAT T OIR (attesté en 1806, au début de la modernisation des villes) désigne l'endroit où l'on abat des bêtes pour la boucherie ; le mot a remplacé abat e t abattis. ? Le participe présent a fourni ABAT T ANT que l'on peut abaisser ou relever ». ? n. m. (1680) « partie plane d'un meuble, d'un siège, ABAT T ÉE n. f ., terme de marine (1687), désigne la marche d'un navire dont l'axe s'éloigne du lit du vent. ? ? Le verbe a plusieurs composés, dont le plus courant est ABAT -JOUR n. m. (1670) « système qui abat, c'est-à-dire qui diminue, la clarté », qui prend son sens moderne vers 1800 : noter que l'on n'emploie pas normalement abattre d ans ce sens. ? On peut aussi signaler ABAT -VENT n. m. (1344), ABAT -FOIN n. m. (1803), ABAT -SON n. m. (1833). ? Un préfixé très usuel est RABAT T RE v. t r., d 'abord écrit rabatre (1200-1230) et qui signifie « abattre de nouveau », ou qui sert d'intensif au verbe simple (« renverser »). Cette valeur reste vivante aux XVIIIe -XIXe s. dans des emplois techniques et agricoles, mais la valeur dominante en français moderne est figurée et correspond, depuis le XVe s., à « abaisser (l'orgueil, les prétentions, etc.) » ; rabattre le caquet (1578) est lui aussi courant. Du sens financier d'abattre vient la valeur de rabattre « réduire, déduire (une somme) » (1260) et au figuré e n rabattre (1680) « réduire ses prétentions, son opinion ». ? Le XVIe s. voit apparaître une autre valeur, « pousser le gibier vers les chasseurs ou vers les pièges », et le XVIIe s. l'emploi pronominal se rabattre (1671), « se détourner de son chemin », qui s'est spécialisé au XXe s. en automobile pour « reprendre sa trajectoire initiale après un dépassement ». ? Les deux participes sont adjectivés et substantivés, col rabattu correspondant à rabat (ci-dessous). ? ? Le principal dérivé est RABAT n. m. « d iminution de prix » (1260), sens disparu au bénéfice de rabais, avec d'autres valeurs archaïques « action d'abattre, de renverser, etc. ». C'est dans l'acception de « partie rabattue, pliée et abaissée » que le mot s'est imposé en modes (XVe s.). D'autres sens ont disparu, ainsi que la plupart des dérivés, seulement techniques : RABAT T AGE n. m. (1730) « rabais » ; RABAT T EMENT n. m. (rabatement, 1284) ; RABAT T OIR n. m., n om d'outil (1804). ? Seul RABAT T EUR n. m., terme de chasse (1869), précédé par l'argot ancien rabateux « voleur nocturne » (1628), est usuel, avec des sens figurés. ? Parmi les composés, RABAT -JOIE n. m., « sujet de chagrin » (v. 1430) puis « personne qui attriste » (déb. XVIIe s.), est le seul usuel. ? ABBÉ n. m., attesté dès 1080 (abet), vient de l'accusatif du latin abbas, abbatis, e mprunt au grec ecclésiastique abba « père », pris à l'araméen. L ? Le mot désigne en français le chef d'un monastère d'hommes ou abbaye (ci-dessous). Cette valeur hiérarchique est conservée dans le figuré ancien et laïque (1587) pour « chef d'une organisation de jeunes responsables des fêtes d'un village », sens connu encore des folkloristes. En français de Suisse, abbé d ésigne aussi le président d'une « abbaye », société de tir (voir cidessous) ; ce sens est attesté depuis 1685. On dit surtout (depuis 1924) abbé président. ? Abbé, surtout du XVe au XVIIIe s., donne lieu à de nombreuses locutions, qui reflètent l'image sociale de personnage imposant (un pas d'abbé 1564, Rabelais) et bon vivant, comme moine (une table d'abbé 1556, Rabelais ; une face d'abbé « rubiconde », 1596). Dans la relation abbé-moine, c'est l'opposition hiérarchique qui est évoquée. ? Le sens du mot a évolué quand on a pris l'habitude, au XVIIe s., de donner les revenus d'une abbaye (bénéfice) n on plus à un régulier résident, mais à un séculier, à un prêtre (sens attesté en 1666). L'abbé bénéficiaire n'exerçant pas sa fonction de direction devient alors un ecclésiastique aisé, et on passe à des expressions comme abbé de cour (1701) puis, au XIXe s., au sens général et neutre d'« ecclésiastique », que l'on appelle toujours monsieur l'abbé (l'abbé au XVIIIe e t au déb. du XIXe s.). ? En français d'Afrique, le mot s'applique spécialement à un prêtre catholique africain. ? ABBESSE n. f . (1474), d'abord abeesse (XIIIe s.), issu du dérivé latin tardif (VIe s.) abbatissa, a g ardé son premier sens, « religieuse dirigeant un monastère de femmes », l'évolution de sens de abbé n e pouvant pas intervenir. ? Un sens figuré irrévérencieux, « tenancière de bordel » (1812), a disparu. ABBAYE n. f . e st issu (v. 1090, abbeie ) d'un dérivé du latin abbas, abbatia. Le mot s'applique à un monastère d'hommes ou de femmes, abbaye de commende (1461), en commende (XVIIe s.) désignant celle où un ecclésiastique séculier peut être nommé (voir ci-dessus abbé). Le mot est fécond en locutions, comme abbé, e t a eu des emplois argotiques, dont le plus connu est l'abbaye de monte-à-regret « la potence » (1528), puis « la guillotine » (1790). ? En français de Suisse, le mot désigne (1697) une fête de village, aujourd'hui organisée par une société de tireurs, dite aussi abbaye (attesté chez J.-J. Rousseau, 1765). L'emploi du mot s'est étendu à diverses confréries ou corporations. ? ? ABBAT IAL, ALE, AUX a dj. e st un emprunt (1404) à l'adjectif latin abbatialis, d érivé de abbatia. Le mot signifie « d'une abbaye », spécialement dans église abbatiale, d 'où une abbatiale « église principale d'une abbaye (parfois grande comme une cathédrale) ». ? A B C n. m. (XIIe s.), énumération des trois premières lettres de l'alphabet français, s'est écrit aussi abécé (XIIe s.). ? Le mot signifie « alphabet » et aussi (déb. XVIIe s., d'Aubigné) « premiers éléments d'une science » (Cf. b. a-ba ; n e savoir ni a n i b « ê tre très ignorant »). ? Outre quelques locutions, le mot, avec l'adjonction d'une quatrième lettre, a servi à former ABÉCÉDÉ n. m. « livre d'initiation à l'alphabet » (1660) ; c'est une adaptation de l'adjectif latin abecedarius « selon l'alphabet », qui a donné en français ABÉCÉDAIRE a dj. (1529, lettre abécédaire ), substantivé comme nom masculin et remplaçant plus tard abécédé. ABCÈS n. m. d ate du XVIe s. (1537), comme beaucoup de mots français de médecine, et est emprunté au latin abscessus, d u verbe abscedere, composé de ab- (-> à) e t de cedere, q ui a donné céder*. Abscessus signifiait d'abord « départ, éloignement » : c'est une traduction du grec apostêma pour désigner un amas de pus, parce que l'on était passé du sens locatif, « éloignement », à celui de « désagrégation, pourriture ». Le mot grec a donné d'ailleurs un mot français ancien apostume ou apostème*, d e même sens que abcès. ? Le mot désigne un amas de pus et, d'après la locution crever l'abcès au figuré « extirper un mal » (XVIIe s.), une situation critique qui demande une solution brutale et rapide (mil. XXe s.). Abcès de fixation (XXe s.) s'emploie aussi avec cette même métaphore. ? ABCÉDER v. int r., d 'abord écrit abscéder (1537), est un emprunt au latin abscedere. ABDIQUER v. t r. e st emprunté (1375) au latin abdicare, d e ab- (-> à) e t d icere (-> dire), q ui signifie « ne pas accorder », « refuser d'adjuger », d'après la valeur juridique de d icere, verbe de caractère « solennel et technique » (Ernout et Meillet). ? Le mot a en français une valeur politique, « renoncer à (un pouvoir) », et une valeur étendue, « renoncer à (une possession) [1402], à des droits, etc. ». D'abord transitif (et pronominal), abdiquer e st aujourd'hui le plus souvent intransitif, cet emploi apparaissant au XVIIe s. (1694). ? ABDICAT ION n. f . e st emprunté (1403) au dérivé latin abdicatio, d ans abdication de « renoncement », puis au sens actuel, politique (1671). La valeur figurée, « renoncement à une action, à un projet », est assez récente (1866). ? ABDICAT AIRE a dj., « q ui a abdiqué », n'est relevé en littérature que chez Chateaubriand (1848). ABDOMEN n. m. e st un emprunt médical (1537) au latin abdomen « ventre » et « utérus », mot d'abord familier et d'origine obscure : un rapport avec le verbe abdere « éloigner » et « cacher », de ab- (-> à) e t d are « d onner », est possible mais n'est pas établi. ? Le mot français désigne le ventre en anatomie, et, dans la langue générale, un gros ventre (attesté 1744 en français du Canada). Il s'emploie aussi en entomologie (1810). ? Le dérivé savant ABDOMINAL, ALE, AUX a dj. (1611) est substantivé au pluriel en anatomie et en gymnastique, pour muscles abdominaux. Il a pour composé SOUS-ABDOMINAL, ALE, AUX a dj. q ualifiant (v. 1965) une ceinture qui s'applique à la partie postérieure de l'abdomen. ? ABDUCTEUR a dj. et n. m. e st soit emprunté (1565) au latin savant abductor (1507), soit dérivé savant du latin abductum, d e abducere « e nlever », composé de ab- (-> à) e t de d ucere « conduire » (-> conduire, déduire, réduire). ? Le mot qualifie un muscle qui permet d'écarter un membre du plan médian ; il s'oppose à adducteur ; d ans ce sens, il est aussi substantivé. L'adjectif s'emploie aussi en technique. ? ABDUCT ION n. f . e st emprunté (1541) au dérivé latin abductio « action d'enlever, d'écarter », comme abducteur e n anatomie. ? Le mot sert aussi (1771) à désigner un type de syllogisme. ABEILLE n. f ., d 'abord sous la forme abueille (1273), a remplacé à partir du XVIe s. l'expression mouche à miel, e mployée au moyen âge pour désigner cet insecte ; cette forme est empruntée à l'ancien provençal abelha q ui vient lui-même du latin apicula, d iminutif de apis « abeille » (-> apiculture). Apes avait donné en ancien français, par évolution phonétique normale, les mots e f et é, pluriel e is (v. 1150), e s, mots trop courts et confondus avec des formes analogues, et qui ont disparu pour cela. ? Le mot, dans son emploi le plus fréquent, n'a pas varié de sens. Il a longtemps coexisté, outre avette (ci-dessous), avec des formes dialectales en b e t en v (avelle, aveille) ou beille par aphérèse et s'est employé au pluriel pour « ruche » (abeles, 1352). ? Abeille, d ésignant un insecte à la fois utile, objet d'un élevage et producteur de miel et de cire, et dangereux par ses piqûres, a suscité de