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ABOIEMENT, substantif masculin.

Publié le 27/09/2015

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ABOIEMENT, substantif masculin.  

A.—  Sens propre.  Cri naturel du chien ou d'autres animaux d'espèce voisines : 

Ø 1. Il y avait dans ce courant d'air harmonieux toutes les pensées des temps héroïques de la noblesse, fondues en notes attendrissantes pour le coeur : la joie des hauts chasseurs, les aboiements des lévriers, les hennissements des chevaux, les sanglots du cerf, la voix des nobles damoiselles intercédant pour lui.

LÉON GOZLAN, Le Notaire de Chantilly,  1836, page 79. 

Ø 2.... le chien se mit à hurler de toutes ses forces. Je n'y gagnais pas beaucoup : aboiements ou hurlements, cris de fureur, ou cris d'angoisse allaient toujours au même but, c'est-à-dire aux oreilles d'Hadgi-Stavros.

EDMOND ABOUT, Le Roi des montagnes,  1857, page 218. 

Remarque : 1. Le vocabulaire de la vénerie préfère aboi*. 2. Autres associations attestées : aboiements de sirènes, aboiements de chacals. 3. Un emploi exceptionnel : 

Ø 3. Que c'est solennel le milieu de ces longs jours d'été, quand parmi l'aboiement des cigales ininterrompu dans la lumière qui fait tout disparaître, on entend comme le bruit d'un dieu qui aiguise son épée!

PAUL CLAUDEL, Protée, 1re.  version, 1914, II, 3, page 344. 

—  Par extension (confer aboyer) : 

Ø 4. La voix suprême de notre temps, celle qui fait taire tout amour, tout génie, toute conscience, c'est l'horrible aboiement du canon.

JULIEN GREEN, Journal,  1931, page 42. 

B.—  Au figuré.  [En parlant de l'homme, comparé à un chien] .

1. Voix désarticulée, cri : 

Ø 5. La musique nous recompose peut-être encore mieux. Plus profondément; car le cri est au-dessous du mot; c'est l'animalité pure; et c'est à ce niveau que la musique nous reprend, voulant nous faire entendre qu'avant de bien penser, avant même de régler la parole, il faut régler le gémissement et l'aboiement, qui sont nos premières erreurs et peut-être nos seules erreurs. Si tu veux penser, commence par ne pas crier. Un cri c'est une chose qui tombe, c'est une chose qui vieillit. Le son au contraire est un miracle de constance; le son est un cri qui ressemble à lui-même; le son prend comme loi d'être ce qu'il est, de demeurer ce qu'il est.

ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos,  1927, page 716. 

Ø 6. De l'un des lits du centre partaient sans arrêt ces gémissements où la douleur devient plus forte que toute expression humaine, où la voix n'est plus que l'universel aboiement de la souffrance, le même chez les hommes et les animaux : des jappements qui suivent le rythme de la respiration, et dont celui qui écoute sent qu'ils vont s'arrêter avec le souffle.

ANDRÉ MALRAUX, L'Espoir,  1937, page 509. 

Ø 7. Au loin, Siry entendait l'aboiement incompréhensible d'un haut-parleur espagnol où parlait le père Barca,...

ANDRÉ MALRAUX, L'Espoir,  1937, page 807. 

Remarque : A la différence du suivant, cet emploi n'est pas toujours péjoratif. 

2. Péjoratif. Domaines de la politique, du journalisme, etcommercial  Parole, discours parlé ou écrit : 

Ø 8.... faire préconiser ses exploits par toutes les trompettes de la renommée, et revenir triomphant, précédé des aboiemens de l'intrigue qui vous proclame le libérateur de la France et le héros de tous les mondes possibles; voilà l'une des chances innombrables que peut présenter un tel système de guerre;...

MAXIMILIEN DE ROBESPIERRE, Discours,  1792, page 142. 

Ø 9. Du reste, insurrection, émeute, en quoi la première diffère de la seconde, le bourgeois, proprement dit, connaît peu ces nuances. Pour lui tout est sédition, rébellion pure et simple, révolte du dogue contre le maître, essai de morsure qu'il faut punir de la chaîne et de la niche, aboiement, jappement; jusqu'au jour où la tête du chien, grossie tout à coup, s'ébauche vaguement dans l'ombre en face de lion.

VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 2, 1862, page 276. 

Ø 10. Lui-même, de temps en temps, publiait, ou faisait publier, quelque remarque caustique, quelque petit aboiement aux talons de confrères dont le succès (ou insuccès) l'agaçaient.

VALÉRY LARBAUD, Journal,  novembre 1934, page 335. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 341. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 323, b) 1 024; XXe.  siècle : a) 4 014, b) 370. 

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