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ACCLAMANT, -ANTE, participe présent et adjectif.

Publié le 29/09/2015

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ACCLAMATEUR, -TRICE, substantif masculin et adjectif.  

A.—  Substantif masculin, rare.  Celui qui prend part à des acclamations (Dictionnaire de l'Académie Française) : 

Ø 1. Né sur le déclin d'une société et à l'aurore d'une autre, il est venu pour en être la transition et comme pour en résumer en lui les espérances et les souvenirs. Il a été l'embaumeur du catholicisme et l'acclamateur de la liberté.

GUSTAVE FLAUBERT, Par les champs et par les grèves, Touraine et Bretagne,  1848, page 403. 

—  Acclamateur(s) à gage (Dictionnaire universel de la langue française (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, Dictionnaire de la langue française (Émile Littré)). 

Remarque : Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842 indique ce terme comme un néologisme avec le sens : « qui fait entendre, qui pousse une acclamation ». DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE  (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, qui signale à tort qu'Dictionnaire de l'Académie Française n'a point mentionné le mot, ajoute : \" on ne lui donne pas de féminin; cependant rien n'empêcherait de dire acclamatrice \". En fait, le mot s'emploie de préférence au masculin pluriel pour désigner des foules où hommes et femmes sont mêlés; le féminin est de ce fait inutile. 

B.—  Néologisme, emploi adjectif : 

Ø 2. Comme on l'avait vue à côté de Mme.  Zola, tout aux pieds du tribunal, aux séances de la cour d'assises, quand l'humanité nouvelle, acclamatrice des ballets russes, se pressa à l'Opéra, ornée d'aigrettes inconnues, toujours on voyait dans une première loge Mme.  Verdurin à côté de la princesse Yourbeletieff.

MARCEL PROUST, À la recherche du temps perdu, La Prisonnière, 1922, page 237. 

Remarque : L'emploi adjectival semble une création d'auteur et reste toujours possible dans l'instant du discours. 

 

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 2. 

ACCLAMANT, -ANTE, participe présent et adjectif.  

I.—  Participe présent de acclamer. 

II.—  Adjectif.  Qui acclame : 

Ø ... ils ne se sentent pas la conscience tranquille : sont-ils visés par cette menace vague? Ils ne se cachent pas, pourrait-on dire, mais ne participent nullement à la fête, restent confinés dans la ville arabe. De sorte que ce grouillement trépidant de foule acclamante est composé en grande partie (et dans certains quartiers presque exclusivement) de Juifs.

ANDRÉ GIDE, Journal,  1943, page 236. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 22. 

 

Forme dérivée du verbe \"acclamer\"

 acclamer

ACCLAMER, verbe transitif.  

I.—  Emploi transitif. 

A.—  [Le complément objet désigne une personnalité ou une personne le devenant par l'acte d'acclamation]  Saluer par des cris collectifs d'enthousiasme et d'approbation : 

Ø 1. S'il leur arrive par hasard d'avoir, non point un amour, pas même un caprice, mais un désir vulgaire, c'est au bénéfice de quelque bourgeois saltimbanque que la foule absurde entoure et acclame dans les bals publics, et que les journaux, courtisans de tous les ridicules, célèbrent par leurs réclames.

HENRI MURGER, Scènes de la vie de bohème,  1851, page 235. 

Ø 2. Pas un nom dans l'assistance qui ne fût notoire à quelque titre, et quant à celui de l'auteur, acclamé et fêté par nous, rappelez-vous-le pour l'applaudir un jour sur la dernière scène fidèle à la poésie : M. Léon Dierx.

STÉPHANE MALLARMÉ, La Dernière mode,  1874, page 820. 

Ø 3. Et, comme des plaintes s'élevaient, le garçon Charles allait d'une fenêtre à l'autre, tirait des stores de grosse toile; ensuite, il passa de l'autre côté, du côté de l'ombre, et ouvrit des vasistas. On l'acclamait, on battait des mains; une gaieté formidable roulait.

ÉMILE ZOLA, L'Assommoir, préface, 1877, page 391. 

Ø 4. Les mêmes, Fondreton, entouré de tout le monde, qui lui parle, le presse, l'acclame.

ÉDOUARD PAILLERON, L'Âge ingrat,  1879, II, 7, page 66. 

Ø 5. Mais voilà qu'on découvre qu'il a fait condamner un officier français, en violation des lois. Tout aussitôt revirement complet. On le considère, on le félicite, on l'acclame. À la Cour d'assises, s'il avait voulu dire, comme Billot, que Dreyfus avait été condamné légalement, je crois qu'on l'eût porté en triomphe.

GEORGES CLEMENCEAU, Vers la réparation,  1899, page 298. 

Ø 6. Aussi, lorsque Christophe remonta au pupitre pour le dernier morceau, le public était houleux. Mais ce morceau n'était pas de lui : c'était la festmarsch de Ochs. Le public, qui se trouvait à son aise dans cette plate musique, eut un moyen tout simple de manifester sa désapprobation pour Christophe, sans aller jusqu'à l'audace de le siffler : il acclama Ochs avec ostentation, redemandant deux ou trois fois l'auteur, qui ne manqua point de paraître. Et ce fut la fin du concert.

ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Révolte, 1907, page 408. 

Ø 7. Il était depuis huit jours sous l'obsession du condamné innocent quand, au sortir de sa gargote, il vit une foule de citoyens s'engouffrer dans un bastringue où se tenait une réunion publique. Il entra; la réunion était contradictoire; on hurlait, on s'invectivait, on s'assommait dans la salle fumeuse. Les pyrots et les antipyrots parlaient, tour à tour acclamés et conspués. Un enthousiasme obscur et confus soulevait les assistants.

ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, L'Île des pingouins,  1908, page 288. 

Ø 8. Il avait vu Peel émanciper les catholiques après avoir ruiné Canning; Disraëli abandonner la protection après avoir renversé Peel; il était en train de voir Gladstone menacer la Russie, après avoir maudit Beaconsfield. Il avait vu la foule acclamer, puis huer Wellington; acclamer, huer, puis adorer de nouveau Gladstone.

ÉMILE HERZOG, DIT ANDRÉ MAUROIS, La Vie de Disraëli,  1927, page 323. 

Ø 9. Lorsque, après une péroraison pathétique, il quitta enfin la tribune, contracté, écumant, tordu par le délire sacré, toute la salle, debout, l'acclama. Les battements de mains, les trépignements, faisaient un vacarme assourdissant, qui, pendant plusieurs minutes, roula d'un mur à l'autre du cirque, comme l'écho du tonnerre dans une gorge de montagne.

ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, page 448. 

—  Par métonymie.  [Le complément désigne un objet concret ou abstrait symbole d'une personnalité] :

Ø 10. S'ils n'avaient pas tremblé devant les bandes des « patriotes » professionnels enrégimentés par le lieutenant-colonel du Paty de Clam et le général Gonse pour acclamer l'uniforme d'Esterhazy et siffler celui de Picquart, ils n'auraient point laissé prostituer la justice et la loi au mensonge de la raison d'État.

GEORGES CLEMENCEAU, L'Iniquité,  1899, page 229. 

Ø 11. « Je crois, lui dis-je, que le citoyen raisonne très bien. Tous ces mouvements de foule sont menés par les ambitieux, grands et petits. Ce qu'ils honorent, eux, ce n'est point le courage, c'est le pouvoir. Ce qu'ils admirent maintenant, ce qu'ils acclament, ce qui les jette hors d'eux-mêmes, c'est le plus haut pouvoir, cela même qu'ils espèrent depuis leurs quinze ans.

ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos,  1929, page 847. 

—  En construction absolue.  [L'objet reste implicite parce que généralisé] : 

Ø 12. —  Ne te moque pas. Je ne puis supporter que sous prétexte de sauver ceux que j'aime, on commence par les rendre bêtes, on compte surtout sur leur sottise. Vous les dressez à applaudir, à acclamer. Bientôt l'acclamation devient habitude et besoin. Cela m'attriste qu'ils jurent par un homme, par Staline, autant que s'ils juraient par Hitler ou par Mussolini.

JEAN GUÉHENNO, Journal d'une révolution, 1938, page 178. 

Remarque : 1. Syntagmes fréquents Acclamer est souvent caractérisé par des expressions adverbiales marquant l'intensité ou l'exubérance : acclamer avec transport, avec frénésie, avec ferveur, avec ostentation; acclamer vigoureusement, chaudement, follement. 2. Acclamer est fréquemment associé (paradigmatiquement) à des termes qui marquent l'enthousiasme fêter (exemple 2), entourer (exemple 1), applaudir (exemple 12), et ses manifestations concrètes (exemple 3, 9). Il couronne fréquemment des séries indiquant l'intérêt croissant témoigné pour quelqu'un (exemple 4, 5). Il est mis en opposition avec siffler (exemple 10), conspuer (exemple 7), huer (exemple 8). 

—  Spécialement.  LITURGIE.  Prononcer ou chanter la formule rituelle dite acclamation (voir ce mot, sous A) : 

Ø 13. Évangile —  Le Seigneur va nous parler. Nous nous levons pour acclamer sa Parole par le chant de l'Alléluia.

Nouveau Missel des dimanches 1971, Paris, édition liturgique collective, 1970, page 186. 

B.—  DROIT PUBLIC, DROIT CANONIQUE.  

1. [L'objet désigne une personne]  Vieux.  Nommer par acclamation : 

Ø 14. Un certain Tychelaër, moitié barbier et moitié apothicaire, accusa Cornélis d'avoir cherché à le séduire par des offres considérables d'argent pour qu'il consentît à empoisonner Guillaume d'Orange, qui venait d'être acclamé Stathouder.

MAXIME DU CAMP, En Hollande,  1859, page 57. 

Ø 15. « Rien n'était plus ordinaire et ne semblait plus légitime. Un homme se levait au milieu d'une assemblée; il annonçait qu'il allait faire une expédition en tel lieu, contre tel ennemi; ceux qui avaient confiance en lui et qui désiraient du butin, l'acclamaient pour chef et le suivaient... Le lien social était trop faible pour retenir les hommes malgré eux contre les tentations de la vie errante et du gain. »

ÉMILE DURKHEIM, De la division du travail social,  1893. page 121. 

—  Par analogie : 

Ø 16. C'était lui en effet. Le retour était étrange. Pilorié sur cette même place où la veille il avait été salué, acclamé et conclamé pape et prince des fous, en cortège du duc d'Égypte, du roi de Thunes et de l'empereur de Galilée.

VICTOR HUGO, Notre-Dame de Paris,  1832, page 265. 

2. [L'objet désigne une proposition de loi, de décret, etc.]  Rare et vieux : 

Ø 17. Cher Meurice, auditoire unanime. Cet acte est acclamé, et déclaré unanimement nécessaire. Je vous l'envoie. Mettez-le à son rang dans le manuscrit. Lisez, et remettez le tout à notre cher Auguste.

VICTOR HUGO, Correspondance,  1869, page 222. 

Ø 18. L'orateur, en terminant, demandait, pour la cité nouvelle, comme un juste hommage à son fondateur, le nom de « Sarrasina ».

Sa motion était déjà acclamée, lorsqu'il fallut revenir sur le vote, à la requête du docteur Sarrasin lui-même. « Non, dit-il, mon nom n'a rien à faire en ceci. »

JULES VERNE, Les Cinq cents millions de la Bégum,  1879, page 41. 

II.—  Emploi intransitif. Acclamer à, acclamer pour. Vieux. 

1. Domaine du droit  Acclamer à.  [Le complément désigne une personne ou une proposition de loi, etc.]  \" Nommer par des acclamations, approuver. \" (Dictionnaire universel de la langue française (PIERRE-CLAUDE-VICTOIRE BOISTE) 1834). 

Remarque : DICTIONNAIRE GÉNÉRAL ET GRAMMATICAL DES DICTIONNAIRES FRANÇAIS  (NAPOLÉON LANDAIS) 1834 note que l'emploi \" neutre \" ne se trouve que dans DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE  (PIERRE-CLAUDE-VICTOIRE BOISTE) 1834; DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE  (ÉMILE LITTRÉ) connaît encore la construction avec un complément de chose : Ils acclamèrent à cette proposition. 

2. Acclamer pour : 

Ø 19. Dans ses [de l'Angleterre] immenses meetings ou réunions populaires, les assistants acclament pour tel personnage ou telle mesure par des bravos, ou blâment par une sorte de grognement (Altaroche).

Dictionnaire universel de la langue française (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE)  1845. 

Remarque générale : Acclamer, quoique attesté dans Saint-Simon, n'a été admis que tard par Dictionnaire de l'Académie Française Après avoir fait une apparition dans le Dictionnaire de l'Académie Française Supplément 1835 avec la construction indirecte à et au sens général, il n'apparaît dans sa construction directe et dans les deux sens que dans le Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842, avec la mention néologisme. Dictionnaire universel de la langue française (Louis-Nicolas Bescherelle) 1845 le signale comme \" universellement adopté [dans sa construction transitive directe et dans les deux sens] , en dépit de l'exclusion académique \". Dictionnaire de l'Académie Française 1878 le consacre officiellement, mais seulement au sens général avec un objet personnel : La foule acclama le vainqueur. C'est dans ce sens qu'il reste vivant. 

 

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 342. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) néant, b) 222; XXe.  siècle : a) 756, b) 450. 

 

ACCLAMATION, substantif féminin.  

A.—  Cri d'enthousiasme collectif pour saluer ou approuver publiquement une personnalité, le succès d'une oeuvre, etc. : 

Ø 1. Le peuple finit par couper de grosses branches d'arbres, dont il fit un brancard, sur lequel il obligea la princesse de s'asseoir; et elle fut ainsi portée en triomphe jusque dans son palais, au milieu des acclamations et des cris du peuple. Il y a dans l'admiration publique une sorte de contagion dont il est presque impossible de se préserver, du moins pour le moment, alors même qu'elle est usurpée;...

STÉPHANIE FÉLICITÉ DUCREST DE SAINT-AUBIN, COMTESSE DE GENLIS, Les Chevaliers du cygne, tome 2, 1795, page 324. 

Ø 2. À sa voix expirante, Napoléon, interrompant ses mystérieuses destinées, accourt des rives du Nil, il traverse les mers au risque de sa liberté et de sa réputation, il aborde seul aux plages françaises. On tressaille de le revoir, des acclamations, l'allégresse publique, le triomphe le transportent dans la capitale. À sa vue, les factions se courbent, les partis se confondent; il gouverne, et la révolution est enchaînée!

EMMANUEL DIEUDONNÉ, COMTE DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, tome 2, 1823, page 575. 

Ø 3. —  Vous êtes le seul, reprit Gringoire, qui ayez convenablement écouté la pièce. Comment la trouvez-vous?

—  Hé! Hé! répondit le gros magistrat à demi réveillé, assez gaillarde en effet.

Il fallut que Gringoire se contentât de cet éloge, car un tonnerre d'applaudissements, mêlé à une prodigieuse acclamation, vint couper court à leur conversation.

VICTOR HUGO, Notre-Dame de Paris,  1832, page 60. 

Ø 4. L'auteur serait enseveli dans son triomphe, pareil au jeune captal de Buch après l'assaut de Ravenne et que pleurèrent toutes les femmes. C'est un tonnerre, une salve, une apothéose d'acclamations, de cris, de bravi, d'opinions, de oua-ouaou, de bruits de tout genre, même inquiétants, de spasmes, de convictions, de trépidations, d'idées et de gloire éclatant de tous les côtés à la fois...

PHILIPPE AUGUSTE MATHIAS DE VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Contes cruels, La Machine à gloire, 1883, page 90. 

Ø 5. Puis la grande scène de rupture du quatrième acte, sur laquelle nous comptions tous pour l'enlèvement de la pièce, accueillie froidement et sa froideur déteignant sur le cinquième acte. Au fond, une déception pour les amis, qui s'attendaient à voir finir la pièce par une acclamation, un triomphe, un emballement frénétique de la salle, et qui la voient se terminer par le succès ordinaire d'une pièce qui réussit.

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal,  décembre 1885, page 516. 

Ø 6. Étourdi par les acclamations de ses partisans et par les huées furieuses des vaincus, porté à bras d'hommes sur ce chemin de la bourdette où on le reconduisait aux flambeaux, ébloui par le feu de joie que tante Sophie allumait dans la cour, grisé de bruit, de champagne, de fatigue nerveuse, Jacques fut vraiment heureux, cette nuit-là.

EUGÈNE MELCHIOR, VICOMTE DE VOGÜÉ, Les Morts qui parlent,  1899, page 105. 

Ø 7. C'est ma juste fierté de m'être, pour ma part de militant, préparé sans trêve à cette grande tâche, aujourd'hui comme hier. J'ai travaillé sous les outrages comme sous les acclamations. Et j'ai l'assurance que le fruit de ce labeur ne sera point perdu pour le prolétariat.

JEAN JAURÈS, Études socialistes, préface, 1901, page LXXIII. 

Ø 8. Luttant avec eux, un autre bruit se fit place, devint enfin distinct : l'ébranlement régulier du sol sous les pas.

—  L'armée, dit Katow. Ce sont les nôtres. Sans doute. Les cris étaient des acclamations. Impossible encore de les distinguer des hurlements de peur; Kyo avait entendu s'approcher ainsi ceux de la foule chassée par l'inondation. Le martèlement des pas se changea en clapotement, puis reprit : les soldats s'étaient arrêtés et repartaient dans une autre direction.

ANDRÉ MALRAUX, La Condition humaine,  1933, page 274. 

Ø 9. Faire oeuvre durable, c'est là mon ambition; et quant au reste : succès, honneurs, acclamations, j'en fais moins cas que de la moindre parcelle de vraie gloire : apporter réconfort et joie aux jeunes hommes de demain.

ANDRÉ GIDE, Journal,  1943, page 223. 

Ø 10. La tension de tous les visages révélait que chacun devinait le but de mon voyage, bien qu'on l'ait tenu secret. Guère de bravos, ni d'acclamations mais tous les couvre-chefs ôtés, les bras levés, les regards appuyés. Ce salut ardent et silencieux me fit l'effet d'un témoignage que m'adressait la multitude à un moment décisif.

CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, L'Unité, 1956, page 294. 

—  Spécialement.  LITURGIE.  Courte formule rituelle par laquelle les fidèles disent ou chantent en commun leur adhésion aux lectures bibliques : 

Ø 11. L'Évangile est précédé d'une acclamation (alléluia, sauf pendant le Carême). (...) L'acclamation qui remplace l'alléluia, durant le Carême, n'est pas fixée : on suggère une formule telle que : « Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus ».

Lectionnaire dominical, par T. Nève, P.-M. Guillaume, L. Deiss, J.-M.-R. Tillard, Paris, éditions du Cerf, 1969, page VI, XI. 

Remarque : 1. Syntagmes fréquents Acclamation est caractérisé a) par des adjectifs indiquant l'unanimité : générale, prodigieuse, unanime, universelle; —  l'intensité : grande, immense, frénétique, tonnante, enthousiaste, vive; —  ou apportant une note stylistique par un jeu d'opposition : muette, silencieuse; b) par des substantifs lui servant de complément : acclamation de triomphe, de joie, de plaisir, de sympathie, d'enthousiasme; ou dont il est complément : une apothéose d'acclamations; par des verbes : les acclamations montent, s'élèvent, retentissent. 2. a) Acclamation est en rapport (paradigmatique) avec des termes de même tonalité et marquant l'enthousiasme : applaudissement (exemple 3), cri (exemple 1), bravos (exemple 4, 10); une atmosphère de fête et d'excitation publique : triomphe (exemple 2, 5), allégresse (exemple 2), emballement (exemple 5); b) il couronne, comme un superlatif, des séries indiquant l'intérêt croissant qu'on témoigne pour quelqu'un (exemple 9, 10); c) il se rencontre avec des antonymes : huées (exemple 6), hurlements (exemple 8), outrages (exemple 7), etc. 3. Dans les trois exemples suivants, tandis que acclamation n'est ordinairement employé que pour marquer la joie, l'enthousiasme ou l'approbation, le mot se trouve aussi associé à l'idée de rage, de fureur, d'hostilité; le mot est alors un superlatif de cris de foule (confer aussi supar exemple 8) : 

Ø 12. Il rugissoit comme un ours, il frappoit les pins avec son casse-tête, il montoit à l'escalade; il se jetoit en arc comme un pont.

Des acclamations, les unes de joie, les autres de rage, ébranlent le bois sacré. Outougamiz s'écrioit : « Voilà l'Iroquois, voilà Chactas, voilà moi, voilà René, voilà Céluta, voilà Mila! »

FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Les Natchez,  1826, page 424. 

Ø 13. Elle ne comprend pas qu'on puisse se démener de la sorte. La grande lamentation de l'orchestre, les longs sanglots douloureux, les sons enflés qui montent comme une furieuse acclamation de voix stridentes, lui font le même effet que la vilaine foule crottée qui s'entasse et se heurte sur les boulevards un jour de pluie.

HYPPOLYTE-ADOLPHE TAINE, Notes sur Paris, Vie et opinions de Monsieur Frédéric-Thomas Graindorge, préface, 1867, page 156. 

Ø 14. Cependant, on apercevait Gaspard, Burette et Moreau, quoiqu'ils n'eussent aucun galon sur les manches. À leur wagon, c'étaient les gradés qui se tenaient derrière. À trois heures juste, le convoi se mit en route. Acclamations mêlées : « hourra! hourra! à Berlin!... À bas Guillaume...

RENÉ BENJAMIN, Gaspard,  1915, page 21. 

B.—  DROIT PUBLIC.   [Au singulier]  Cri unanime par lequel les membres d'une assemblée approuvent de leur place une proposition : 

Ø 15. Le chancelier de France rappela à l'assemblée que ce traité était conforme au désir que la bonne ville de Paris avait déjà montré, et à ce que ses députés avaient réglé à Arras avec le duc de Bourgogne; puis il demanda si l'on voulait persévérer et adhérer au traité communiqué par le roi. « Oui, oui », crièrent-ils avec acclamation et tout d'une voix : « vive le roi, la reine et monseigneur de Bourgogne! »

PROSPER DE BARANTE, Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois, tome 4, 1821-1824, page 291. 

Ø 16. Raguse, microcosme vénitien, espèce d'excroissance maladive de la vieille Albanie poussée sur un rocher de l'Adriatique, aussi bien nid de pirates que cité de gentilshommes, avait pour prince un recteur nommé à la fois de trois façons, par le scrutin, par l'acclamation et par le sort.

VICTOR HUGO, Le Rhin, conclusion, 1842, page 148. 

—  Spécialement.  Voter (une loi, un décret), nommer, élire (une personne) par acclamation : 

Ø 17. L'impôt désastreux dont elle a fourni le décret a été voté par acclamation par le législateur. Malgré ce prétendu voeu national, et la sanction dont il est revêtu, l'administrateur des finances y compte si peu, qu'il a cru devoir l'étayer d'une proclamation royale.

JEAN-PAUL MARA, DIT MARAT, Les Pamphlets, Dénonciation contre Necker, 1790, page 100. 

Ø 18. Pour échapper aux souffrances dont les menaçait la colère du peuple, et à la torture qui, judiciairement, devait précéder leur supplice, ils résolurent, d'un accord unanime, que l'un d'entre eux tuerait les autres, puis se tuerait lui-même de son épée, et ils nommèrent par acclamation celui qui devait faire l'office de bourreau.

AUGUSTIN THIERRY, Récits des temps mérovingiens, tome 2, 1840, page 329. 

Remarque : Le vote par acclamation se fait généralement non pas en poussant des cris, mais en élevant les mains; il n'est en principe pas précédé d'une délibération, parce qu'il suppose l'unanimité (confer supra A, Remarque : 1, syntagmes fréquent) Dans la pratique des assemblées françaises, il est remplacé par le vote à main levée, précédé d'une délibération, et l'on compte les voix.1, syntagmes fréquents) Dans la pratique des assemblées françaises, il est remplacé par le vote à main levée, précédé d'une délibération, et l'on compte les voix. 

 

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 463. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 916, b) 484; XXe.  siècle : a) 728, b) 489. 

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