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ACCOLÉE, substantif féminin.

Publié le 29/09/2015

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ACCOLÉE, substantif féminin.  

Vieux. Synonymes : accolade (confer ce mot, I) :  

Ø Accolée. Embrassade.

JACQUES-MARIE ROUGÉ, Le Folklore de la Touraine,  1943. 

 

 

Forme dérivée du verbe \"accoler\"

 accoler

ACCOLER, verbe transitif.  

I.—  [L'objet du verbe désigne une personne] 

A.—  Vieux.  Prendre quelqu'un dans ses bras en posant les mains autour du cou ou sur les épaules et en appuyant les joues l'une contre l'autre. Synonyme : donner l'accolade (confer accolade1  A 2) :  

Ø 1. La joyeuse fille sauta au col du Pédant et lui prenant la tête : Il faut, s'écria-t-elle en joignant l'action à la parole, que je t'accole et baise ton vieux masque à pleine bouche avec le même coeur que si tu étais un joli garçon, pour la joie que j'ai de te revoir.

THÉOPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse,  1863, page 189. 

Ø 2. Cette cérémonie devait se compléter, le lendemain matin, à la grand'messe où, après l'antienne de la communion, suivie du Veni creator, l'abbé imposait la coule au novice qui allait ensuite accoler ses frères les novices, et s'installer à la place qu'il devait désormais occuper au choeur.

GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, L'Oblat, tome 2, 1903, page 219. 

Ø 3.... c'était enfin, à « l'agnus dei » l'Abbé donnant à l'autel le baiser de paix au diacre qui descendait les marches et l'imposait à son tour au sous-diacre, lequel, conduit par un cérémoniaire, dans les stalles des moines, embrassait le plus élevé en grade et celui-ci transmettait le baiser aux autres qui s'accolaient et se saluaient ensuite, en joignant les mains.

GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, L'Oblat, tome 2, 1903 page 262. 

Remarque : 1. L'exemple 1 reprend le sens primitif du mot qui signifiait prendre par le cou. Les exemples 2 et 3, dont l'un est à la forme pronominale, attestent le rite du « baiser de paix » (confer accolade 1  A 2). 2. Noter a) Familièrement, accoler la gourde « prendre la gourde par le col, boire à la bouteille » (confer accolade 1  B 2); (exemple 4); b) un emploi argotique où l'étymon col est conservé dans son sens propre (exemple 5) : 

Ø 4.... le garde-chasse Kado... lui tendit sa gourde... Le sergent... se recueillit un instant en accolant la gourde jusqu'à ce qu'il se sentît près d'être suffoqué.

OCTAVE FEUILLET, Bellah,  1850, page 108. 

Ø 5. Accoler. Serrer au cou.

Dictionnaire historique des argots français (GASTON ESNAULT)  1965. 

B.—  Serrer contre. 

1. Dans le vocabulaire amoureux ou érotique. 

a) Prendre dans ses bras, embrasser : 

Ø 6. Mon homme embrasse notre nièce. Elle en vaut la peine. L'orfèvre accola Violle dont la peau lui sembla douce; et dès ce moment il ne souhaita rien tant que de se tenir un moment seul avec elle afin de l'embrasser tout à l'aise.

ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, L'Île des pingouins,  1908, page 394. 

b) (S')accoler. Se serrer l'un contre l'autre. 

·    [En parlant du corps] :

Ø 7. D'un mouvement insensible, elle s'est tournée vers moi davantage, accolée à moi de l'épaule aux genoux.

GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Claudine en ménage,  1902, page 190. 

Ø 8.... je les voyais bondir, s'accoler dans l'écume; les dents aiguës des mâles, —  jamais les mêmes mâles, —  mordaient mon amie à la nuque, et ses yeux, ses yeux bruns dont j'aimais tant la grâce et la caresse, ne me regardaient plus.

PIERRE MILLE, Barnavaux et quelques femmes...,  1908, page 128. 

Ø 9. À voir danser ensemble sa femme et Gilbert familièrement amoureusement accolés, il [Nicolas] apprend tout.

GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Jumelle noire,  1938, page 75. 

·    [En parlant de la bouche]  Baiser : 

Ø 10....

Bouche plus suave que le miel

Au creux des ruches amassé,

Bouche plus vive que les hauts pavots

Parmi la prée,

Accole, ô sa bouche, rebaise la bouche mienne,

Que tout forcené je devienne!

JEAN PAPADIAMANTOPOULOS, DIT JEAN MORÉAS, Poèmes et sylves,  1896, page 94. 

·    [En parlant du visage] :

Ø 11. Lia, de là-haut, nous voyons surtout le désert, qui tient les trois quarts du monde, et il reste le désert si c'est un homme seul ou une femme seule qui s'y risque. Mais le couple qui y chemine le change en oasis et en campagne. Et le couple peut être égaré à vingt lieues du douar, chaque grain de sable par sa présence devient peuplé, chaque rocher moussu, chaque mirage réel. La solitude pullule, s'il est là, de mains entre-croisées, de fronts éclatants, de visages accolés.

JEAN GIRAUDOUX, Sodome et Gomorrhe,  1943, II, 7, page 136. 

2. Par extension.  (Être) accolés. (Être) serrés l'un contre l'autre : 

Ø 12.... cependant qu'un chameau monté s'en va gravement et lentement sous les palmiers et que deux indigènes, visages bruns sous des burnous blancs, passent étroitement accolés sur la croupe d'un petit âne qui trotte.

MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 6, 1907-1908, page 181. 

—  Au figuré : 

Ø 13. Plusieurs personnes ont fait les délices de leur vie d'un Homère, d'un Virgile, d'un Horace, parce que ces poètes avaient fait celles de leur adolescence. Nous aimons à nous accoler à un auteur favori : c'est une colonne qui nous soutient contre les tempêtes du monde.

JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE. Harmonies de la nature,  1814, page 126. 

Remarque : Il semble que ces emplois soient influencés par le verbe (se) coller à, « s'attacher étroitement à une personne ou une chose ». Confer le sens amoureux de collage « liaison ». 

II.—  [L'objet du verbe désigne des choses]  Mettre l'un à côté de l'autre, par juxtaposition, contiguïté. 

A.—  Les mettre l'une à côté de (ou sous) l'autre, par juxtaposition, contiguïté, etc. Accoler deux choses, accoler une chose à une autre, deux choses accolées : 

Ø 14. Aujourd'hui, comme je lui parlais de son portrait sur un de ses livres, portrait auquel il était de toute justice d'accoler celui de son frère, et que je lui disais que je voulais avoir leurs deux têtes sur Marc Fane,...

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal,  mai 1892, page 258. 

Ø 15. Parmi les plus fécondes de ses recherches, il faut noter celles qui ont trait à la dissymétrie latérale du visage. Pour la mettre en évidence, il suffit d'accoler les photos de deux moitiés droites ou de deux moitiés gauches de la face; la fiche dissymétrique ainsi obtenue attire l'attention sur les traits significatifs en doublant l'effet.

EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère,  1946, page 219. 

—  En particulier.  dans le domaine de l'habitat et de l'architecture.   Un monument accolé au palais, une chapelle accolée au mur de la prison, une tour accolée à une autre, des bâtiments accolés au logis central, des piliers accolés au portail, un portail accolé à une église, une porte accolée à la loge du concierge, une construction accolée à la falaise,... : 

Ø 16. Ces fenêtres sont, du reste, de la plus grande simplicité : ce sont deux ogives accolées, surmontées d'un cercle et enfermées dans une grande ogive, disposition qui rappelle exactement celle des fenêtres à plein-cintre des cathédrales de Pise et de Sienne, de l'Or-San-Michelle et du palais Strozzi, à Florence, et de la plupart des bons édifices du moyen âge en Italie.

CHARLES, COMTE DE MONTALEMBERT. Histoire de Sainte Elisabeth de Hongrie, duchesse de Thuringe (1207-1231),  1836, page 348. 

Ø 17. Trois choses m'ont intéressé à Meaux : un délicieux petit portail de la Renaissance accolé à une vieille église démantelée, à droite en entrant dans la ville; puis la cathédrale;...

VICTOR HUGO, Le Rhin,  1842, page 18. 

Ø 18. La maison de Daudet, ou plutôt de M. Allard, son beau-père, une grande maison blanche sans caractère, à laquelle sont accolés un tas de petits communs, de resserres, d'appentis, de bâtiments de guingois, mis de niveau par deux ou trois marches, d'escaliers montants ou descendants et reliés par des portes sous lesquelles les gens un peu grands doivent se baisser,...

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal,  juillet 1885, page 473. 

—   Dans le domaine de la marine : 

Ø 19. [Ces Indiens] sont obligés, à chaque instant, de se jeter à la mer, pour soulever sur leurs épaules ces pirogues submergées, et en vider l'eau. Ils les accolent quelquefois deux à deux, au moyen d'une traverse en bois,...

Voyage de la Pérouse autour du monde (MILET DE MUREAU)  tome 3, 1797, page 233. 

Ø 20. J'ai vu une fois le plongeur rapporter une tête de Lion avec un anneau dans la gueule, l'attache des barques qui s'accolaient au navire.

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, novembre 1905, page 866. 

—   Dans le domaine du langage. 

a) Accoler deux mots, deux éléments d'un composé. Les juxtaposer : 

Ø 21. Merci pour le programme de l'opéra-comique. Malgré l'épithète ridicule accolée à son nom je crois que Février a du talent. Le reste je m'en moque.

HENRI, ALBAN FOURNIER, DIT ALAIN-FOURNIER, JACQUES RIVIÈRE, Correspondance, lettre de Jacques Rivière à Alain-Fournier, novembre 1905, page 205. 

Ø 22. Tout allait bien, tout se faisait avec rondeur et confiance. Brusquement, le sourire s'éteint, la figure s'allonge, le ton se glace; la porte se referme, l'affaire est manquée, le procès est perdu, les accordailles sont défaites. Qu'y a-t-il? Que s'est-il passé? Que quelqu'un, à votre nom, a accolé le mot janséniste. On ne sait pas si vraiment vous êtes janséniste, et d'ailleurs on ne sait pas très bien ce que c'est que l'être. Mais il suffit, le mot a été dit : vous voici parmi les galeux;...

HENRI DE MONTHERLANT, Port-Royal,  1954, page 972. 

b) Accoler un mot à une idée : 

Ø 23. En passant, faisons remarquer la puissance d'un adjectif, dès qu'on l'accole à la vie. La vie maussade, l'être maussade signe un univers. C'est plus qu'une coloration qui s'étend sur les choses, ce sont les choses elles-mêmes qui se cristallisent en tristesses, en regrets, en nostalgies.

GASTON BACHELARD, La Poétique de l'espace,  1957, page 136. 

—   Dans le domaine de l'anatomie, de la biologie : 

Ø 24. Le cerveau situé dans la tête au-dessus de l'oesophage est formé de deux lobes qui ont la forme de poires; ils sont accolés par leur base, et se prolongent par leur sommet en un nerf optique qui va se rendre dans l'oeil de l'un et de l'autre côté.

GEORGES CUVIER, Leçons d'anatomie comparée, tome 2, 1805, page 343. 

Ø 25.... [le canal cholédoque] est un large canal auquel vient bientôt se joindre le pancréatique, qui reste accolé et confondu avec lui jusque près de l'intestin.

GEORGES CUVIER, Leçons d'anatomie comparée, tome 4, 1805, page 25. 

Ø 26. Une moitié d'oeuf peut donner un individu entier. Mais on peut réaliser l'expérience inverse, et, en accolant deux oeufs, les amener à produire un seul individu. En ce cas, chaque oeuf, au lieu de produire l'individu qu'il eût produit dans les conditions normales, ne forme qu'une moitié d'être. Par la fusion de deux cellules, on a limité le destin de chacune d'elles.

JEAN ROSTAND, La Vie et ses problèmes,  1939, page 38. 

·    Rare. Accoler une chose sur une autre : 

Ø 27. Mais Abigail restait muette en sa douleur; la balle l'avait frappée dans les chairs de la jambe. Le noir, écartant sa robe, et accolant ses lèvres sur la plaie, pompait le sang épanché.

PETRUS BOREL, Champavert, les contes immoraux, Three fingered Jack, l'Obi, 1833, page 95. 

B.—  Spécialement. 

—  AGRICULTURE : 

Ø 28. Accoler. Opération qui consiste à fixer les parties nouvellement développées. Accoler des greffons, c'est les attacher soit à un tuteur, soit au sujet qui les porte, afin de les garantir contre les accidents et d'empêcher qu'ils ne se décollent.

ÉLIE-ABEL CARRIÈRE, Encyclopédie horticole,  1862, page 4. 

Ø 29. Trop de vieux derrière moi se sont courbés, se sont baissés toute la vie pour accoler la vigne. Avec cet osier rouge tendre brun que l'on vend au marché, cueilli, coupé des bords de la Loire,...

CHARLES PÉGUY, Victor-Marie, Comte Hugo,  1910, page 673. 

—  HÉRALDIQUE : 

Ø 30. C'était le jour de la Saint-Barthélemy, —  singulièrement lié au souvenir des Médicis, dont les armes accolées à celles de la maison d'Este décoraient ces vieilles murailles...

GÉRARD DE NERVAL, Les Filles du feu, Sylvie, 1854, page 609. 

Ø 31. (Blason) —  Se dit de deux écus joints ensemble par les côtés dextre et sénestre.

JULES ADELINE. Lexique des termes d'art,  1884. 

—  LINGUISTIQUE.  Accoler deux éléments. Les employer l'un à côté de l'autre et en particulier, dans l'écriture, les écrire sans intervalle : 

Ø 32.... ou enfin la représentation pure et simple du mot vide qu'on a créé en accolant le préfixe négatif à un mot qui signifiait quelque chose.

HENRI BERGSON, L'Évolution créatrice,  1907, page 236. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 140. 

 

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