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ACCOUCHANT, -ANTE, participe présent et substantif.

Publié le 30/09/2015

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ACCOUCHÉ, -ÉE, participe passé et substantif féminin.  

I.—  Participe passé de accoucher* 

II.—  Substantif féminin. 

A.—  Femme qui vient d'accoucher : 

Ø 1. Elle est parée comme une accouchée.

Dictionnaire de l'Académie française.  1798 et 1835. 

Ø 2. Le caquet de l'accouchée, les caquets de l'accouchée.

Dictionnaire de l'Académie française.  1835, 1878 et tome 1 1932. 

Ø 3. Le hasard ou la pitié vous a certes conduit dans quelque galetas hideux de la misère; vous y avez vu sur la paille des accouchées amaigries, des nourrissons criant la faim, ou aussi deux vieillardx paralytiques, époux, l'un qui parle encore ne pouvant marcher, l'autre qui se traîne encore ne pouvant se faire entendre...

CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Volupté, tome 1, 1834, page 133. 

Ø 4.... les pauvres femmes accouchent çà et là, les autres femmes font des layettes aux nouveau-nés et portent des bouillons aux accouchées. Quiconque a, donne; quiconque manque, reçoit. Ils partagent, ces partageux. Quant à la France, elle oublie.

VICTOR HUGO, Correspondance,  1854, page 202. 

Ø 5. Son instinct reproducteur ne l'induisait plus à l'activité, maintenant qu'il avait produit au-dehors presque tout ce qu'il pensait. Il menait la vie végétative d'un convalescent, d'une accouchée, ses beaux yeux restaient immobiles, vaguement éblouis...

MARCEL PROUST, À la recherche du temps perdu, Le Côté de Guermantes 2, 1921, page 328. 

Ø 6. Les murs de la chambre de clinique, le bois des meubles, et jusqu'au métal du lit étaient peints d'un blanc brillant, lavable et cru. De la tulipe de verre dépoli fixée au-dessus du chevet, la lumière électrique, également blanche et dure, tombait sur les draps, sur l'accouchée pâle qui clignait des paupières, sur le berceau, sur les six visiteurs.

MAURICE DRUON, Les Grandes familles, tome 1, prologue, 1948, page II. 

Remarque : Principaux syntagmes. a) Avec un adjectif : nouvelle - (ÉMILE ZOLA, La Fortune des Rougon, 1871, page 136); jeune - (PAUL BOURGET, Nouveaux essais de psychologie contemporaine, 1885, page 42); pâle - (exemple 6). b) Avec un substantif : chambre de l'- (ÉMILE ZOLA, La Terre, 1887, page 265); lit de l'- (PAUL BOURGET, Nouveaux essais de psychologie contemporaine, 1885, page 42); petite lampe d'- (LÉON BLOY, La Femme pauvre, 1897, page 91); cris de l'- (ROGER MARTIN DU GARD, Devenir, 1909, page 195); faiblesse de l'- (ÉMILE ZOLA, La Joie de vivre, 1884, page 1101) sommeil réparateur de l'- (A. DUMAS Père, Le Comte de Monte-Cristo, tome 2, 1846, page 68); pâle comme une - (JULES RENARD, Poil de Carotte, 1894, page 246); chez Julien Gracq 2 comparaisons uniques : écartelée comme une - (Le Rivage des Syrtes, 1951, page 183); se sentir léger et creux comme une - (ibidem, page 125). 

B.—  Au figuré. Faire l'accouchée. [Se dit d'un homme aussi bien que d'une femme]  Se tenir au lit par mollesse et sans nécessité. (Attesté dans Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842 et DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE  (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845). 

 

 

 

ACCOUCHANT, -ANTE, participe présent et substantif.  

I.—  Participe présent de accoucher* 

II.—  Substantif masculin et féminin. 

A.—  Femme qui accouche : 

Ø 1. Et quand, en effet, ils s'arrêtèrent, le grincement des dents, atroce et complaisant à la façon des cris des accouchantes, les remplaça.

ANDRÉ MALRAUX, L'Espoir,  1937, page 509. 

B.—  Au figuré, par métaphore.  Celui qui accouche : 

Ø 2. Le pauvre accouchant souffre autant plus qu'il était habitué à faire faire sa besogne par un autre.

Le dictionnaire universel (ÉMILE LA CHÂTRE)  tome 1 1865. 

Remarque : Sens uniquement noté dans LA CHÂTRE. 

 

 

Forme dérivée du verbe \"accoucher\"

 accoucher

ACCOUCHER, verbe transitif.  

I.—  Au propre. 

A.—  Emploi transitif indirect.  [Le sujet désigne une femme]  Accoucher de. Donner naissance à (un enfant) : 

Ø 1.... toutes les fois que, dans les naissances annuelles, le nombre des filles est notablement plus grand que celui des garçons, la surabondance des femelles est toujours due à des circonstances débilitantes; ce qui pourrait bien nous indiquer aussi l'origine des plaisanteries qu'on a faites de tout temps au mari dont la femme accouche d'une fille.

JEAN-ANTELME BRILLAT-SAVARIN, Physiologie du goût ou Méditations de gastronomie transcendante,  1825, page 73. 

Ø 2. La soeur de Marcel, après une grossesse des plus inquiétantes, nous a tous alarmés l'an passé en accouchant avant terme (et presque sans souffrances) d'un enfant presque sans vie... à présent, la mère et l'enfant vont très bien.

ANDRÉ GIDE, P. VALÉRY, Correspondance, lettre de André Gide à Paul Valéry, juillet 1903, page 399. 

—  Populaire : 

Ø 3. Et fut bien contente, la bounne mère, d'avoir fait n'un beau fiston si dégourdi! Ah, ah, ah!... N'était point coumme ec'te femme ed' Maillé-la-Croix, qui accouchit d'un garçon et fut si dépitée d'à cause qu'ell' pensait mett' bas un' fille, qu'ell' s'a mis à pleurnichailler, criant : —  « N'en veux point, ma mère : Ar'mettez-le vite! ar'mettez-le! » Ah, ah, ah!...

ROGER MARTIN DU GARD, La Gonfle,  1928, III, 1, page 1223. 

—  Emploi absolu : 

Ø 4. Comment se conduisent-elles pendant leur grossesse? Accouchent-elles aisément ou difficilement? Ont-elles besoin de secours pour cette opération? Lient-elles le cordon ombilical? Cette opération se fait-elle avant ou après la sortie du placenta? Emmaillottent-elles leurs enfans...

Voyage de la Pérouse autour du monde (MILET DE MUREAU)  tome 1, 1797, page 183. 

Ø 5. La princesse avait cru, d'abord, son ignorance simulée. Mais, par des adresses de femme, la tâtant de questions délicates, imprévues, elle avait été étonnée de ses réponses naïves. Elle ne croyait pas, comme Agnès, qu'on accouchât par l'oreille, mais par le déchirement d'une partie qui lui semblait propre à cela, le nombril. Le princesse en rit beaucoup.

JULES MICHELET, Journal, Appendices, 1849-1860, page 578. 

Ø 6. On écrit comme on accouche; on ne peut pas s'empêcher de faire l'effort suprême.

SIMONE WEIL, La Pesanteur et la grâce,  1943, page 121. 

Remarque : 1. La langue moderne forme habituellement le passé avec l'auxiliaire avoir : \" Il y a maintenant trois mois que j'ai accouché de mon dernier enfant.. \" (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, L'Inutile beauté, 1890, page 1147).  Au XIXe.  siècle, l'auxiliaire être est plus fréquent; en 1810 l'emploi de avoir était considéré comme fautif par les puristes :

exe7. Accoucher. Mettre un enfant au monde : Cette femme a accouché dites, cette femme est accouchée. Le chirurgien accouche, la femme est accouchée. Dans le premier cas, le verbe est actif; dans le second, il est neutre, c'est-à-dire, sans régime.

E. MOLARD, Le Mauvais langage corrigé, 1810, page 7.

L'auxiliaire être se rencontre au XXe.  siècle, mais est considéré comme littéraire :  « Mon cher Jean, Cécile \" Mon cher Jean, Cécile est accouchée hier d'une fille... » (\" (R. MARTIN DU GARD, Jean Barois, 1913, page 306).  On peut penser en outre qu'entre avoir et être il y a une nuance d'aspect, le premier exprimant plutôt l'événement comme tel, le second ajoutant une nuance d'achèvement et d'état résultant de l'événement achevé. 

Remarque : 2.  Syntagmes fréquents : a) accoucher d'un garçon, d'une fille (exemple 1); - de son premier enfant (ROMAIN ROLLAND, Beethoven, Les Grandes époques créatrices, tome 2, 1903, page 570); - d'un enfant mort (H. QUEFFELEC, Le Recteur de l'île de Sein, 1944, page 38); - de trois jumeaux (G. APOLLINAIRE, Les Mamelles de Tirésias, 1918, II, 7, page 909); b) - difficilement; - facilement; - à terme; - avant terme; - sans douleurs (JORIS-KARL HUYSMANS, En route, tome 1, 1895, page 264); nouvellement accouchée; heureusement accouchée; c) - au forceps. L'expression plaisante accoucher par l'oreille (exemple 5) est une allusion à une réplique d'Arnolphe dans l'École des femmes (MOLIÈRE, [1662] , Paris, Hachette, 1910, I, 1, page 170). 

B.—  Emploi transitif direct.  [Le sujet désigne un médecin ou un vétérinaire; l'objet désigne une femme ou une femelle]  Aider (une femme) à mettre un enfant au monde; aider (un animal) à mettre bas : 

Ø 8. Malgré leurs croyances opposées, ils s'entendaient parfois sur l'infirmité humaine. Tous deux étaient dans les mêmes secrets : si le prêtre recevait la confession de ces dames, le docteur, depuis trente ans, accouchait les mères et soignait les filles.

ÉMILE ZOLA, Pot-Bouille,  1882, page 362. 

Ø 9. Mais ceci n'est qu'une des faces de ce brave homme. Une autre c'est l'amour de ses bêtes. Quand une truie va mettre bas, il sollicite la permission de passer la nuit auprès d'elle, il l'accouche, la soigne comme son enfant, pleure lorsqu'on vend les gorets ou qu'on expédie ses cochons à l'abattoir. Aussi ce que tous ces animaux l'adorent!

GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, En route, tome 2, 1895, page 155. 

Ø 10. Pendant ce temps, le vétérinaire a accouché la Nioule.

ROGER MARTIN DU GARD, La Gonfle,  1928, II, 2, page 1229. 

II.—  Au figuré.  Produire. 

A.—  Emploi transitif indirect. 

1. Emplois métaphoriques plaisants.  [Le sujet désigne une chose] :

Ø 11.... la berline accoucha 1) d'un milord gros, court, enluminé et ventru; 2) de deux miss, longues, pâles et rousses; 3) d'une milady paraissant entre le premier et le second degré de la consomption.

JEAN-ANTELME BRILLAT-SAVARIN, Physiologie du goût ou Méditations de gastronomie transcendante,  1825, page 363. 

Ø 12. Avant d'entrer, ils examinèrent l'habitation. Une grande construction carrée et neuve, très haute, semblait avoir accouché, comme la montagne de la fable, d'une toute petite maison blanche blottie à son pied.

GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, Les Dimanches d'un Bourgeois de Paris, 1880, page 45. 

Ø 13.... plusieurs centaines d'habitants se mettaient à grimper sur les hauteurs pour apercevoir de loin le désert et l'explosion qui devait avoir lieu le 16 à quatre heures du matin. À cinq heures, rien ne s'étant produit, découragés, persuadés que la montagne avait accouché d'une souris, les habitants de Y redescendaient vers la ville. Quelques minutes plus tard, le ciel s'embrasait. Ils avaient manqué le spectacle...

BERTRAND GOLDSCHMIDT, L'Aventure atomique, ses aspects politiques et techniques,  1962, page 45. 

Remarque : Dans les exemples 12, 13, la montagne qui accouche d'une souris est une allusion littéraire à une fable de La Fontaine (La Montagne qui accouche, 1. V, [1668] , Paris, Hachette, 1883, page 397) ou à un vers de Boileau (Art poétique, chant III, [1674] , Paris, Gallimard, 1966, page 175) d'après l'Art poétique d'Horace (Ad Pis., 139). 

2. [Le sujet désigne une personne, l'objet une production de l'esprit considérée par rapport au travail pénible nécessaire à son élaboration]  Créer : 

Ø 14. Penser, rêver, concevoir de belles oeuvres est une occupation délicieuse. (...). Celui qui peut dessiner son plan par la parole passe déjà pour un homme extraordinaire. Cette faculté, tous les artistes et les écrivains la possèdent. Mais produire! Mais accoucher! Mais élever laborieusement l'enfant, le coucher gorgé de lait tous les soirs, l'embrasser tous les matins avec le coeur inépuisé de la mère, le lécher sale, le vêtir cent fois des plus belles jaquettes qu'il déchire incessamment.

HONORÉ DE BALZAC, La Cousine Bette,  1847, page 196. 

Ø 17. Un mot de Mme.  de Beaulaincourt à Mlle.  de Montijo, poussée dans ses derniers retranchements par l'empereur, quelque temps avant de devenir impératrice, et venant la consulter sur ce qu'elle devait faire. La femme sans préjugés, après avoir réfléchi quelque temps, accouchait de cet axiome : « Mieux vaut un remords qu'un regret ».

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal,  janvier 1891, page 15. 

Remarque : Exemple de syntagmes : accoucher d'un livre (ANDRÉ GIDE, Les Caves du Vatican, 1914, page 679); - du modeste petit traité de « vie naturelle » (HENRI DE MONTHERLANT, Pitié pour les femmes, 1936, page 1084). 

B.—  Emploi transitif direct.  [Le sujet désigne une personne ou une collectivité humaine, l'objet désigne l'esprit ou une collectivité humaine] :

Ø 16. C'est ainsi que les bons maîtres, imitant la sage nature, nous conduisent, par degrés, de l'ombre à la lumière, et accoutument insensiblement nos faibles yeux à fixer la vérité. C'est ainsi que Socrate, accouchant les esprits, crut à la préexistence de ce germe intellectuel que la puissance de son art faisait éclore.

MARIE-FRANÇOISE-PIERRE GONCTHIER DE BIRAN, DIT MAINE DE BIRAN, De l'Influence de l'habitude sur la faculté de penser,  1803, page 184. 

Ø 17. Versailles avait le devoir d'accoucher elle aussi les nations dont l'Europe était maintenant enceinte et qui se développaient sans profit en son centre.

JEAN GIRAUDOUX, Bella,  1926, page 8. 

Ø 18. La Russie est, à cette époque, une nation adolescente accouchée au forceps, depuis un siècle à peine, par un tsar encore assez naïf pour couper lui-même les têtes des révoltés.

ALBERT CAMUS, L'Homme révolté,  1951, page 187. 

Remarque : L'expression accoucher les esprits est un souvenir littéraire (c'est la méthode d'enseignement de Socrate, La Maïeutique, confer PLATON, Théètète, 161e. ); elle est répétée de nombreuses fois avec la variante accoucher les âmes (JEAN-PAUL SARTRE, La Nausée, 1938, page 115). 

—  Absolument, familier.  [Le sujet désigne une personne]  Parler (en faisant effort pour vaincre les obstacles qui s'opposaient à l'expression spontanée) : 

Ø 19. Parle, parle, tu as la parole, à la fin tu accoucheras.

FRANÇOIS VIDOCQ, Mémoires de Vidocq, chef de la police de sûreté, jusqu'en 1827, tome 4, 1828-1829, page 249. 

Ø 20. —  Eh! bien, quoi donc? Ça ne te va pas? demanda Sandoz qui le guettait.

—  Si, si, oh! très bien peint... Seulement...

—  Allons, accouche. Qu'est-ce qui te chiffonne?

—  Seulement, c'est ce monsieur, tout habillé, là, au milieu de ces femmes nues... On n'a jamais vu ça.

ÉMILE ZOLA, L'Œuvre,  1886, page 48. 

Ø 21. —  Allons, petite frappe! Accouche. Dis-moi ce qui ne va pas. (...).

Il répéta sans conviction :

—  Tout va bien. —  Je vois, dit-elle. Tu as quelque chose à me dire mais tu veux que je te fasse accoucher.

Il sourit et mit sa tête dans le creux de l'aisselle de Lola. Il respira et dit :

—  Tu sens bon.

Elle haussa les épaules :

—  Alors? Tu causes ou tu ne causes pas?

JEAN-PAUL SARTRE, La Mort dans l'âme,  1949, page 177. 

Remarque : Cet emploi est fréquent notamment à l'impératif pour inciter un interlocuteur à dire ce qu'il voudrait cacher. 

 

 

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 562. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 797, b) 944; XXe.  siècle : a) 1052, b) 569. 

 

ACCOUCHEMENT, SUBSTANTIF MASCULIN.  

A.—  Action d'accoucher. \" L'accouchement est l'ensemble des phénomènes qui aboutissent à l'expulsion, par les voies naturelles, d'un ou de plusieurs foetus, parvenus à maturité ou à l'âge de la viabilité. \" (Pratique médico-chirurgicale, tome 1, 1953, page 48). 

Ø 1. La faiblesse de la femme n'entre pas seulement dans le système de son existence comme élément essentiel de ses relations avec l'homme; mais elle est sur-tout nécessaire, ou du moins très-utile, pour la conception, pour la grossesse, pour l'accouchement, pour la lactation de l'enfant nouveau né, pour les soins qu'exige son éducation pendant les premières années de la vie.

PIERRE CABANIS. Rapports du physique et du moral de l'homme, tome 1, 1808, page 295. 

Ø 2.... il est certain que tous les peuples ont regardé la lune comme un astre qui influait sur la naissance, la génération et la mort de tous les êtres. Elle est la Vénus des insulaires de la mer du Sud, qui la célèbrent dans leurs chansons. Les Grecs et les Latins l'invoquaient, pour les accouchements, sous le nom de Lucine et d'Ilithye, et enfin, pour la mort, sous le nom d'Hécate.

JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature,  1814, page 374. 

Ø 3. —  Je voudrais pourtant comprendre ce qui t'attire —  reprit-il enfin sur un ton d'agressive ironie en s'arrêtant devant moi. —  Est-ce la grossesse? Est-ce l'accouchement?... Je puis t'affirmer que cela n'a rien de particulièrement délicieux. (...). —  Est-ce l'enfant lui-même? Son allaitement? Le plaisir de changer les langes? de jouer à la poupée?

ANDRÉ GIDE, Geneviève, ou la Confidence inachevée,  1936, page 1405. 

Ø 4. Perdre un gosse, c'est toujours triste, —  d'autant plus triste que cela représente tant de peines gâchées. Les soucis et les douleurs de la gestation, de l'accouchement, de l'allaitement, crac! La mort n'en tient pas compte, la mort ne les connaît pas.

HENRI QUEFFÉLEC, Un Recteur de l'île de Sein,  1944, page 119. 

Ø 5. La méthode d'accouchement « sans douleur » est de tenter d'obtenir sinon une suppression, du moins une atténuation de la douleur et une amélioration de la marche physiologique du travail par une action à base essentiellement psychologique...

Rapport, Protection maternelle infantile, fascicule 58-6 bis, page 29. 

Remarque : 1. Principaux syntagmes. a) Avec un adjectif : atroce accouchement (Jules Lemaître, Les Contemporains, 1885, page 265); accouchement clandestin (Henri Beyle, dit Stendhal, Le Rouge et le noir, 1830, page 437); accouchement difficile (confer exemple 6 infra et Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes, 1913, page 315); accouchement heureux et rapide (André Maurois, Ariel ou la Vie de Shelley, 1923, page 263); accouchement laborieux (confer exemple 6 infra et Honoré de Balzac, Les Illusions perdues, 1843, page 584); accouchement long et pénible (André Maurois, Climats, 1928, page 249); accouchements artificiels (André Maurois, Climats, 1928, page 258); accouchements naturels (Voyage de La Pérouse autour du monde, tome 4, 1797, page 54); accouchement prématuré (Roger Martin du Gard, Devenir, 1909, page 197); accouchement \" sans douleur \" (confer exemple 5 supra). b) Avec un complément substantif : clinique d'accouchement (André Gide, Ainsi soit-il, 1951, page 1187); maison d'accouchement (Gustave Flaubert, L'Éducation sentimentale, tome 2, 1869, page 234); heure de l'accouchement (Victor Hugo, Le Rhin, 1842, page 276); moment de l'accouchement (Pierre Cabanis, Rapports du physique et du moral de l'homme, tome 1, 1808, page 299); complications de l'accouchement (Fernand Widal, Lemierre dans Fernand Widal, Pierre-Jean Teissier, Georges-Henri Roger, Nouveau traité de médecine, fascicule 3, 1920-1924, page 253)); douleurs de l'accouchement (confer exemple 4 supra); effort de l'accouchement (Jacques-Émile Blanche, Mes modèles, 1928, page 155). c) Avec un verbe : assister à un accouchement (Code civil, 1804, page 12); présider à un accouchement (Paul Ricoeur, Philosophie de la volonté, 1949, page 74); faire les accouchements (Honoré de Balzac, Le Cousin Pons, 1848, page 102). 2. Associations paradigmatiques a) Synonyme : parturition, terme médical cependant moins employé que parturiente désignant la femme qui accouche; enfantement, terme général qui caractérise à la fois l'acte d'accoucher, et la gestation (confer exemple 7 infra). b) Accouchement est naturellement associé aux termes touchant le mystère de la vie : conception (exemple 1), génération (exemple 2), grossesse (exemple 1, 3) ou gestation (exemple 4), allaitement (exemple 3, 4) ou lactation (exemple 1), avortement ou accident; aux termes relatif au moment de l'accouchement : travail, délivrance (exemple 5). 

B.—  Par extension et au figuré.  [Avec ou sans contexte exprimant la comparaison avec l'accouchement d'une femme]  Élaboration pénible et lente : 

Ø 6. Enfin nous tenons un ministère! Enfin un ministère nous est né! Certes ce n'a pas été sans peine! L'accouchement a été laborieux et difficile. Plusieurs mois ont à peine suffi à cet enfantement; qu'importe, au surplus? Le temps fait-il rien à l'affaire? Ce ministère introuvable, il est enfin trouvé! Enfin le voici mis au monde et venu à terme!

—  Mais est-il né viable? Vivra-t-il?

ALFRED DE MUSSET, dans la Revue des Deux-Mondes,  14 octobre 1832, page 237. 

Ø 7. Je suis, quand j'écris, dans la situation d'un enfantement interminable, d'un travail puerpéral qui se contrarierait obstinément lui-même, et ne garderait que la souffrance de l'accouchement sans s'accorder la délivrance finale. La parturition sans son fruit, l'éternelle angoisse de la fausse présentation est une sensation spéciale qu'il faut avoir éprouvée pour en connaître l'ennui disons mieux, la torture. C'est pourquoi je déteste imprimer, et même composer.

HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal intime,  12 février 1866, page 132. 

Ø 8. Ah! La dure chose de se mettre avec rien du tout d'idées devant une feuille de papier blanche et d'en faire douloureusement cent, deux cents, cinq cents lignes, et combien de cigarettes fumées pour éloigner, pour retarder ce césarien accouchement de la cervelle.

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal,  avril 1881, page 108. 

Ø 9. Un deuxième acte à la manière du deuxième du voleur. On dirait l'accouchement au forceps d'une mère qui s'aide de son mieux, se prête avec complaisance aux désirs gradués des docteurs. Un dernier cri magnifiquement jeté par Réjane et l'aveu vient. C'est de l'art intelligent, ce n'est pas de la vie.

JULES RENARD, Journal,  1908, page 1203. 

Remarque : Au XIXe.  siècle, l'emploi figuré est plus fréquent qu'au XXe.  siècle; avec une recherche d'effet ironique (confer l'expression : l'accouchement de deux vaudevilles dans Étienne-Jean Delécluze, Journal, 1828, page 29). 

 

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 203. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 338, b) 285; XXe.  siècle : a) 289, b) 246. 

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