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AISE1, substantif féminin.

Publié le 18/10/2015

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AISE2, adjectif.  

[En parlant d'une personne, généralement précédé d'un adverbe intensif et toujours construit en attribut]  Très heureux, très satisfait. Bien aise; fort aise; tout aise (Dictionnaire de l'Académie Française). 

A.—  Vieux, rare.  [Sans adverbe intensif] :

Ø 1. C'est votre voyage à Paris et d'autres choses ensuite qui m'ont empêchée de vous parler plus tôt de Marie (...). C'est pour elle que je vous écris, d'abord parce que je l'aime et que son souvenir m'est doux à rappeler, et puis, parce qu'elle me paraît aise que vous entendiez quelquefois ces tours de langage qui vous la rappellent au vif.

EUGÉNIE DE GUÉRIN, Lettres,  1835, page 89. 

Ø 2. Un Jurançon 93

Aux couleurs du maïs,

Et ma mie, et l'air du pays :

Que mon coeur était aise.

Ah, les vignes de Jurançon,

Se sont-elles fanées,

Comme ont fait mes belles années,

Et mon bel échanson?

PAUL-JEAN TOULET, Les Contrerimes, Un Jurançon 93, 1920, page 47. 

B.—  Littéraire.  [Avec un adverbe intensif] 

1. Vieux, rare.  [Avec un complément de cause préposition de]  Mal-aise. Très malheureux, au physique et au moral : 

Ø 3. En partie inédite. Jeudi soir. (Croisset, fin septembre 1847.) J'ai été malade tous ces jours-ci, ma chère amie. Mes nerfs m'ont repris. J'ai eu une attaque, il y a une huitaine et j'en suis resté passablement mal-aise et irrité.  

GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance,  1847, page 46. 

2. Usuel.  [Généralement avec un complément prépositionnel de + substantif ou infinitif, ou une proposition complément conjonctif que]  Bien aise : 

Ø 4. Il a fait hier le plus beau temps du monde, et mon oncle, qui était de bonne humeur à déjeûner, m'a demandé comment je me portais, et si je ne serais pas bien aise de faire une belle promenade? Je l'ai assuré que j'en serais charmée. 

GABRIEL SÉNAC DE MEILHAN, L'Émigré,  1797, pages 1724-1725. 

Ø 5. Lorsqu'un événement quelconque se manifeste, il ne saurait produire que trois effets; c'est-à-dire que, sur trois hommes, il peut y en avoir un qui dise : « J'en suis bien aise »; un autre qui dise : « J'en suis fâché »; et le dernier : « Ça m'est égal. » Il s'agirait de démontrer que ces trois sentiments représentent trois classes d'individus, lesquels composent toute cette espèce que nous nommons humaine. 

ALFRED DE MUSSET.  dans Le Temps \" en 1830 et 1831, 1831, page 25. 

Ø 6. Le boulevard d'Enfer était barré par des ormeaux abattus. Dans ma rue, mes voisins me virent arriver avec plaisir : je leur semblais une protection pour le quartier. Mme.  de Chateaubriand était à la fois bien aise et alarmée de mon retour.

FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 3, 1848, page 597. 

Ø 7. Le vieux soldat ne comprenait pas qu'on se laissât aller, qu'on eût si peu de courage. C'était trop bête à la fin, de se manger les sangs pour un pareil freluquet. Un beau merle que ce Pierre, et qui vraiment avait trop l'air de s'en croire! Avec ça que beaucoup d'autres ne seraient pas bien aises d'épouser une belle fille, vaillante à la besogne, et qui apportait de l'argent. Un de perdu, dix de retrouvés.

ÉMILE MOSELLY, Terres lorraines,  1907, page 113. 

Remarque : Bien aise sans complément est rare et vieux : 

Ø 8. Quand les filles de son âge rient avec des garçons, c'est mauvais signe pour le mariage, vois-tu; mais quand elles s'en sauvent, c'est signe qu'elles veulent qu'ils les recherchent pour tout de bon.

—  Oh! Que non! Répondis-je à ma mère; Denise n'a pas de ces semblants-là.

—  Eh bien, me dit-elle, fais voir semblant toi-même de t'en aller demain pour ton tour de France, et tu verras si elle est bien aise ou si elle est fâchée. 

ALPHONSE DE LAMARTINE, Le Tailleur de pierre de Saint-Point, 1851, pages 474-475. 

·    Fort aise. \" Elle en est fort aise. \" (Dictionnaire de l'Académie Française). Tout aise : 

Ø 9. Le bonhomme était tout aise d'avoir trouvé un compagnon si obligeant, et qui lui disait à l'occasion : « portez votre pain, du fromage et une bouteille, vous viendrez faire quatre heures avec moi. »

HENRI POURRAT, Gaspard des montagnes, À la belle bergère, 1925, page 230. 

Remarque : Dictionnaire de l'Académie Française 1798-1932 signalent en outre : j'en suis très aise; j'en suis aise au dernier point; que je suis aise de cette nouvelle! Dictionnaire de l'Académie Française 1798-1835 : j'en suis extrêmement, infiniment, on ne peut plus aise. 

Remarque générale : 1. L'adjectif aise est mieux représenté dans les textes au XIXe qu'au XXe.  siècle 2. Bien aise s'oppose à fâché, irrité, alarmé; il est un équivalent, en moins fort, de charmé (exemple 4). 

 

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 3 930. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 5 526, b) 7 025; XXe.  siècle : a) 5 689, b) 4 811. 

AISE1, substantif féminin.  

I.—  Emploi comme substantif, littéraire, vieilli. 

A.—  [Avec une idée de commodité ou de confort matériel] 

1. Au singulier, vieux, rare : 

Ø 1. Quand je saurai l'époque de ton départ, je t'enverrai une liste d'objets que tu m'apporteras. Emmène une femme de chambre si tu le juges nécessaire ou même commode. L'argent est bon, mais l'aise meilleure. Et l'aise, en voyage, c'est tout. C'est la santé et la vie bien souvent. J'attribue notre bon état permanent au bon régime que nous avons suivi, à notre sobriété et, pour lâcher le mot, au confortable dont nous nous privions quand il était absent, mais que nous saisissions avec la même philosophie quand il se présentait.

GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance,  1850, page 272. 

2. Au pluriel. Ses (mes) aises. Les éléments du confort rendant la vie agréable et facile. Prendre ses aises; aimer ses aises (Dictionnaire de l'Académie Française) : 

Ø 2. Se mettre dans la dépendance, c'est condescendre à devenir homme, c'est s'abaisser volontairement, c'est faire un sacrifice, c'est s'ennoblir soi-même, car l'héroïsme seul ennoblit et il est héroïque de sacrifier librement son repos, ses aises, sa sécurité, ses goûts à l'idée d'un devoir.

HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal intime,  11 novembre 1866, pages 497-498. 

Ø 3. —  Alors, disait-il, vous êtes toujours là. Vous ne pensez pas à vous retirer. —  Et pourquoi que je me retirerais, monsieur? Voulez-vous me dire où je serais mieux qu'ici, où j'aurais plus mes aises et tout le confortable?

MARCEL PROUST, À la recherche du temps perdu, Le Côté de Guermantes 1, 1920, page 309. 

B.—  [Avec une idée d'absence de gêne]  Grande liberté. 

1. [Absence de gêne physique]  Liberté et souplesse totale des mouvements du corps : 

Ø 4. Je ne mangeais plus qu'à contre-coeur, bien que l'appétit me pressât; car je suivais des pensées qui m'enivraient d'une telle douceur, et le bonheur de mon âme communiquait à mon corps je ne sais quelle aise si sensible, qu'il répugnait à un acte qui le dégradait d'une si noble volupté.

MAURICE DE GUÉRIN, Journal intime,  1834, page 193. 

2. [Absence de contrainte morale]  Liberté et facilité. 

a) Au singulier : 

Ø 5. Tremblant de ses premières fièvres,

Mon coeur n'osait

Voler droit, des doigts qu'il baisait,

Aux lèvres.

Je sentais en moi, tour à tour,

Plaisir et peine,

Un mélange d'aise et de gêne :

L'amour.

ARMAND PRUDHOMME, DIT SULLY PRUDHOMME, Les Vaines tendresses, Enfantillage, 1875, page 147. 

Ø 6. Sans lui parler, sans paraître entendre, Berthe lui répondait cependant par un sourire qui s'adressait à tous, un regard brillant, un air de jeunesse, d'aise et de légèreté. 

JACQUES CHARDONNE, L'Épithalame,  1921, page 433. 

Ø 7. LE PRÉSIDENT. —  Ce n'est pas votre amour. Votre amour est tout différent. Il nous ressemble. Il est un accord, un consentement, une aise. Celui-là, est le contraire. Mais c'est l'amour. Vous aimez Jérôme avec l'amour d'une autre.

JEAN GIRAUDOUX, Le Cantique des cantiques,  1938, 4, page 64. 

—  Vieilli. Paix et aise : 

Ø 8. Il n'a pas un grand bien, mais il vit chez lui paix et aise. Je ne demande que paix et aise. Je ne demande qu'une vie tranquille, sans contrainte et sans soins. Le premier de ces exemples a vieilli.

Dictionnaire de l'Académie française.  1835-1932. 

Remarque : \" Il s'emploie aussi adverbialement. Il vit chez lui paix et aise. \" (Dictionnaire de l'Académie Française 1798-1932). 

b) Au pluriel : 

Ø 9. La boutique [de la crémière] finit par devenir son lieu d'acoquinement [de Germinie] , un lieu où sa pensée, sa parole, ses membres même et son corps se trouvaient des aises merveilleuses.

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Germinie Lacerteux,  1864, page 63. 

Ø 10. L'esprit, d'autant plus délié des exigences profondes de l'ordre qu'elles furent mieux appliquées à le dispenser d'y songer, s'enivre de ses aises relatives, se joue dans ses lumières propres et dans ses pures combinaisons.

PAUL VALÉRY, Variété II,  1929, page 58. 

3. [Avec une idée d'absence de gêne d'argent]  Aisance matérielle, niveau de vie mettant à l'abri de tout souci d'argent : 

Ø 11. Le hasard les avait mis face à face, le vieux soldat de la garde de Charles X et le fournisseur, qui avait grappillé sur une infortune royale et acheté à faux poids la vaisselle d'un roi aux abois; le soldat, libraire; le fournisseur, gros bourgeois épanoui, sonnant d'aise et de prospérité. 

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal,  février 1862, page 1018. 

Ø 12. —  Ah! Nous avons plus besoin que jamais de ce maître, de ce chef, Dillaërts. L'abandon des campagnes a commencé par le maître, par la tête. Soit lassitude, soit recherche d'aise et de plaisir. Il a livré son bien à des mains mercenaires d'abord, et puis il a réalisé. Les maisons ne cessent de changer de propriétaire et de nom, les terres d'orientation et les maisons dépérissent un peu plus chaque fois, les terres se stérilisent...

JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, tome 3, 1932, page 230. 

—   Locutions proverbiales vieillies. N'être malade que de trop d'aise (Jean-François Rolland, Dictionnaire du mauvais langage, 1813, page 6); (Confer Dictionnaire de l'Académie Française 1798-1878, en parlant d'un homme riche qui souffre de petites incommodités). 

C.—  [Sentiment résultant des situations précédentes] 

1. Joie résultant de l'absence de gêne dans ses mouvements ou dans sa manière d'être : 

Ø 13. Notre-Dame de Dijon ne possédait pas l'empreinte mystérieuse et l'attitude imposante des grandes églises sombres. Elle était claire et blanche; elle gardait toujours quelque chose d'un mois de Marie, même pendant la semaine sainte; la disparition de ses anciens vitraux aidait peut-être à se suggérer cette impression qu'elle laissait de fête juvénile et d'aise.

GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, L'Oblat, tome 1, 1903, page 139. 

2. Satisfaction profonde résultant d'un bien-être : 

Ø 14. « Timide et contraint devant mon père, je ne trouvois l'aise et le contentement qu'auprès de ma soeur Amélie. Une douce conformité d'humeur et de goûts m'unissoit étroitement à cette soeur; elle étoit un peu plus âgée que moi. Nous aimions à gravir les côteaux ensemble, à voguer sur le lac, à parcourir les bois à la chûte des feuilles; promenades dont le souvenir remplit encore mon ame de délices.

FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Le Génie du christianisme, tome 1, 1803, page 419. 

Ø 15. Pour la première fois depuis qu'il avait repris le veston de civil, il se sentit heureux. Quinze francs par jour! Il supputait tout ce qu'il allait avoir de bien-être, d'aise, de bonheur, pour ses quinze francs.

ROLAND LECALELÉ, DIT ROLAND DORGELÈS, Les Croix de bois,  1919, pages 311-312. 

Remarque : 1. Syntagmes fréquents se pâmer d'aise (J.-A. BRILLAT-SAVARIN, Physiologie du goût, 1825, page 247); soupirer d'aise (JEAN-PAUL SARTRE, La Nausée, 1938, page 303); rougir d'aise (PIERRE DRIEU LA ROCHELLE, Rêveuse bourgeoisie, 1939, page 39); rire d'aise (MARCEL AYMÉ, La Jument verte, 1933, page 157); remplir d'aise quelqu'un; être transporté d'aise, ne pas se sentir d'aise (Dictionnaire de l'Académie Française 1798-1932). 2. La langue du XIXe.  siècle connaît les substantifs composés bien-aise et mal-aise, qui sont du genre masculin et semblent des substantivations des adjectifs correspondants (confer malaise) : 

Ø 16. Il resta dans cet état léthargique jusque vers minuit, qu'ayant ouvert de nouveau les yeux, je lui fis prendre un bon consommé, qui le rappela à la vie. —  Ce mal-aise, lui dis-je, cette longue crise que vous venez d'éprouver, ne viennent-ils point des fatigues du voyage? —  Oh! Non, me répondit-il, c'est des malheurs de la vie.

MICHEL-GUILLAUME-JEAN, DIT SAINT-JOHN DE CRÈVECOEUR, Voyage dans la Haute Pensylvanie et dans l'État de New-York, tome 2, 1801, page 369. 

Ø 17. Je goûte une étrange volupté à sentir mon âme enlevée comme ce prophète qu'un ange emporta par les cheveux, et traversant d'une effroyable vitesse d'immenses étendues. Mais que me revient-il de ces voyages effrénés? Lassitude, éblouissement, surcroît de vertige, et pourtant, au fond de tout cela, un bien-aise secret de l'amour-propre qui s'applaudit du brûlant voyage et irrite sourdement la passion naissante de mon âme pour ces périlleuses aventures.

MAURICE DE GUÉRIN, Journal intime,  1834, page 218. 

II.—  Emploi adjectival ou adverbe.  [Précédé fréquemment d'un adverbe intensif, surtout très]  À l'aise, à son aise. 

A.—  [Absence de gêne physique]  (Être) à l'aise, à son aise. Avoir son confort. Antonymes : (être) mal à l'aise, mal à son aise : 

Ø 18. Son petit pied aussi était andalou, car il était tout ensemble à l'étroit et à l'aise dans sa gracieuse chaussure. Elle dansait, elle tournait, elle tourbillonnait sur un vieux tapis de Perse, jeté négligemment sous ses pieds;...

VICTOR HUGO, Notre-Dame de Paris,  1832, page 74. 

Ø 19. Pendant toute la visite, Mlle.  Lucinde parla plus que d'habitude et avec une sorte d'intimité, d'abandon; Jules se sentit plus à l'aise, plus libre de ses mouvements, plus spirituel et plus gracieux; en se séparant des deux actrices, il leur fit même un salut qu'il jugea d'une distinction charmante.

GUSTAVE FLAUBERT, La Première éducation sentimentale.  1845, page 109. 

—   [Avec un complément circonstanciel préposition dans + nom de chose] :

Ø 20. Fait de corps et d'âme pour d'autres temps, mal à l'aise dans un habit noir, Rémonville était mal à l'aise dans son temps, dans sa sphère. Sa patrie ni son siècle ne lui convenaient, encore moins son métier.

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Charles Demailly,  1860, page 174. 

·    Se mettre à son aise. Faire ce qu'il faut, dans la limite des convenances de lieu, pour n'éprouver aucune gêne (par exemple en prenant place dans un fauteuil, en se dépouillant des vêtements inutiles) : 

Ø 21. Il s'était remis en marche. On voyait maintenant la porte par laquelle la gamine était sortie mais elle était close. Ils passèrent, suivirent un large corridor dans lequel, assez loin, Bellamy poussa une autre porte.

—  Entrez, monsieur. Mettez-vous à votre aise. Inutile de vous dire que, si vous avez chaud, vous pouvez retirer votre veston.

GEORGES SIMENON, Les Vacances de Maigret,  1948, page 50. 

—  Par métaphore : 

Ø 22. 24 juillet. Dans une salle de la bibliothèque de l'arsenal, j'ai vu côte à côte, assis, deux fauteuils : un fauteuil Louis XV et un fauteuil Louis XVI. Il y a un siècle et un monde dans chacun de ces fauteuils. Le rocaille dit la corruption aimable, l'amour à l'aise et confortable; il dit l'accueil fait au plaisir, etc... L'autre, droit, est calviniste, janséniste, économiste, la vertu raide; il est Turgot, il est monsieur Necker.

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal,  juillet 1856, page 261. 

Remarque : Cette dernière expression signifie parfois dans le langage familier \" manquer aux convenances, en user avec trop de liberté, de familiarité \" (Dictionnaire de l'Académie Française 1835-1932). 

B.—  [Absence de gêne morale]  Mêmes expressions :  (Être) à l'aise, à son aise. 

Ø 23. MARGUERITE. —  Je ne voudrais pas vivre avec son pareil! Quand il va pour entrer, il regarde d'un air railleur, et moitié colère! On voit qu'il ne prend intérêt à rien; il porte écrit sur le front qu'il ne peut aimer nulle âme du monde. Il me semble que je suis si bien à ton bras, si libre, si à l'aise!... Eh bien! Sa présence me met toute à la gêne. 

GÉRARD DE NERVAL, Le second Faust,  1840, page 143. 

Ø 24. Je touchai Allan à l'épaule.

« Allan! Vous êtes fou! »

Il se retourna, très à l'aise, pétrifiant de sang-froid.

« Que vous arrive-t-il? »

Puis, haussant les épaules, il me suivit, déjà souriant, spirituel, volubile, tellement à l'aise que je me sentis soudain ridicule. Je l'entraînai dans le jardin nocturne.

JULIEN GRACQ, Un Beau ténébreux,  1945, page 101. 

Ø 25. Tout cela n'aurait pas suffi à me ramener à lui. Ce qui fut beaucoup plus décisif. C'est qu'il restait mal à l'aise dans sa peau, inadapté, incertain; je me sentais moins insolite auprès de lui qu'auprès de tous les gens qui acceptaient la vie; rien ne me semblait plus important que de la refuser; je conclus que nous étions lui et moi de la même espèce, et de nouveau je liai mon destin au sien.

SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée,  1958, page 261. 

—   [Avec un complément circonstanciel préposition avec + nom de personne] :

Ø 26. L'empereur n'a pu s'empêcher d'en rire, et a dit : « (...) Mes soldats étaient fort à leur aise, très libres avec moi. J'en ai vu souvent me tutoyer. »

EMMANUEL DIEUDONNÉ, COMTE DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, tome 2, 1823, page 79. 

—   Locutions diverses. Mettre quelqu'un à l'aise. Lui faciliter les relations directes avec son interlocuteur. À votre aise! (avec ou sans ironie) À votre initiative, quand vous voudrez! 

C.—  Péjoratif.  [Avec une idée de liberté désinvolte, de sans-gêne]  Parler de quelque chose bien à son aise (Confer Jean-François Rolland, Dictionnaire du mauvais langage, 1813, page 6; Gustave Flaubert, L'Éducation sentimentale, tome 2, 1869, page 137). Conseiller une chose difficile sans se sentir personnellement engagé. N'en prendre qu'à son aise. Ne faire que ce qui correspond à son goût. 

 

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