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DÉCHÉANCE, substantif féminin.

Publié le 09/12/2015

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DÉCHÉANCE, substantif féminin.  

A.—  Action de déchoir; état de celui qui est déchu. L'état de déchéance et de mépris où Jean-François les Bas-Bleus étoit tombé (CHARLES NODIER, Jean-François les bas-bleus,  1832, page 4) : 

Ø 1. C'était le dernier degré de la misère et de l'abjection, une telle déchéance humaine, que Pauline le regardait avec remords, comme si elle se fût sentie coupable de laisser une créature dans un pareil cloaque.

ÉMILE ZOLA, La Joie de vivre,  1884, page 1114. 

—  En particulier.  Décrépitude physique ou morale due à l'âge ou à la maladie. Un mince cadavre de vieille (...) masqué (...) par les mains qui voilaient la déchéance de son visage (PAUL ADAM, L'Enfant d'Austerlitz,  1902, page 519 ). 

—  Au figuré. Synonyme : désuétude. L'art du saintier est en déchéance depuis trois siècles (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, Là-bas, tome 1, 1891, page 207 ). 

SYNTAXE : Déchéance intellectuelle, mentale, physique, progressive, sociale; ma/sa propre déchéance. 

B.—  [Correspond à l'aspect factitif ou à l'emploi transitif de déchoir (confer déchoir remarque 3)]  Action de faire déchoir; état de celui qui est déchu. 

1. Privation d'une fonction officielle, en particulier de celle de chef d'État. Prononcer la déchéance. Synonyme : destitution :  

Ø 2.... le Sénat prononça la déchéance de ce même Napoléon auquel il devait son existence; la déchéance fut motivée sur des principes de liberté : que n'avaient-ils été reconnus avant l'entrée des alliés en France!

GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Considérations sur les principaux événements de la Révolution française, tome 2, 1817, page 186. 

2. Spécialement. 

a) DROIT.  Perte légale d'un droit pour n'avoir pas rempli les obligations y attenant À/sous peine de déchéance. Tous approuvèrent la déchéance de puissance paternelle (ANDRÉ GIDE, Souvenirs de la Cour d'assises,  1913, page 635 ). Prononcer la déchéance de l'entrepreneur jugé malfaisant ou insuffisant (FRANÇOIS PERROUX, L'Économie du XXe.  siècle.  1964, page 626 ). 

b) FINANCES.  Prescription libératoire d'une dette : 

Ø 3. Puis, quand les dettes liquides lui manquèrent, il [Diard] en chercha de flottantes, et déterra, dans les États européens, barbaresques ou américains, des réclamations en déchéance qu'il faisait revivre.

HONORÉ DE BALZAC, Les Marana,  1833, page 116. 

·    Déchéance quadriennale. \" Prescription de 4 ans qui frappe les créanciers de l'État, des départements et des communes, même dans leurs droits justifiés \" (Dictionnaire de droit de A. Perraud-Charmantier (RAYMOND BARRAINE) 1974). 

c) THÉOLOGIE.  Perte de l'état de grâce originelle. Déchéance originelle : 

Ø 4.... l'amour naturel de soi, c'est l'amour qui est devenu naturel pour une humanité déchue; seulement, si l'on prend ainsi la nature dans son état concret, et en quelque sorte historique, il ne suffit pas d'en considérer la déchéance; car sa déchéance ne se mesure que par rapport à une grâce, et, comme ce qu'elle a conservé de cette grâce fait aussi partie de sa nature, on ne peut complètement décrire l'amour naturel de l'homme sans tenir compte à la fois de sa misère et de ses possibilités de redressement.

ÉTIENNE GILSON, L'Esprit de la philosophie médiévale, tome 2, 1932, page 90. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 456. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 194, b) 293; XXe.  siècle : a) 918, b) 1 063. 

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