AVÉRÉ, -ÉE, participe passé et adjectif. I.— Participe passé de avérer* II.— Emploi adjectival. [En parlant d'une personne, d'un inanimé abstrait, parfois concret] Reconnu comme vrai, authentique, après examen. Fait avéré (Dictionnaire de l'Académie Française) : Ø Il est donc constant et avéré que des êtres organisés comme nous, peuvent prononcer avec assurance qu'il est une chose dont ils sont complètement certains. (...) et cette certitude est celle de notre existence... ANTOINE-LOUIS-CLAUDE DESTUTT DE TRACY. Élémens d'idéologie, 3. Logique, 1805, page 192. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 171. Forme dérivée du verbe "avérer" avérer AVÉRER, verbe transitif. I.— Emploi transitif, rare. A.— [Le sujet désigne une personne] Reconnaître la vérité d'une chose; savoir, comprendre quelque chose avec exactitude : Ø 1. Il [Leroux] s'est mis à endoctriner des femmes et des ouvriers, à avoir des dévotes et des séides. Tous moyens lui sont devenus bons... Dès que j'ai eu bien avéré ce point, il n'a plus été pour moi qu'un charlatan... CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Les Cahiers, 1869, page 46. B.— [Le sujet désigne une personne ou un inanimé] Faire reconnaître la vérité d'une chose par des paroles, un comportement, une action, un écrit. Avérer un fait : Ø 2. D'après cette note sur les paioti que j'ai tirée de l'histoire de l'abbaye de saint Denys de Mme. Félicie d'Aysac, ils n'avaient pas, en effet, de costume; mais voici d'autres documents qui avèrent qu'il n'en a pas toujours été ainsi. GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, L'Oblat, tome 1, 1903, page 192. II.— Emploi pronominal. [Le sujet désigne un animé ou un inanimé] Se montrer dans sa réalité, après vérification. A.— Emploi absolu, rare : Ø 3. L'échec de la manoeuvre, faute d'ampleur, s'avérait,... MARÉCHAL JOSEPH JOFFRE, Mémoires, tome 1, 1931, page 434. — Littéraire : Ø 4. Oui! Mais l'eau ne veut pas que quelqu'un la révèle, (...) Et la voilà, pour que rien d'elle ne s'avère, Qui s'est enfuie au fond de sa maison de verre. GEORGES RODENBACH, Le Règne du silence, 1891, page 43. B.— Autres constructions. 1. [Avec un attribut du sujet (adjectif, substantif, ou expression à valeur adjectif)] : Ø 5.... on commençait à faire parler les écrans et comme Jacques s'avérait phonogénique on lui donnait des tas d'espoirs. RAYMOND QUENEAU, Loin de Rueil, 1944, page 172. Ø 6. Chose surprenante, la nouvelle courante faite, comme on voit, de pièces et de morceaux, s'avéra une réussite, et marqua nettement une tendance dodécaphoniste. PIERRE SCHAEFFER, À la recherche d'une musique concrète, 1952, page 42. Ø 7. Par contre, l'étude des solutions étendues s'est avérée de la plus haute importance. Histoire générale des sciences (sous la direction de René Taton) tome 3, volume 1, 1961, page 287. 2. [Avec un infinitif se rapportant au sujet] : Ø 8.... en 1912, on découvrit aux États-Unis de petits cristaux de ce minéral qui s'avérèrent appartenir au système triclinique, si rare dans la nature;... ANDRÉE ET NICOLAS METTA, Les Pierres précieuses, 1960, page 94. 3. Il s'avère que : Ø 9. Au contrôle, il s'avère que la défaite d'Adoua est de 1896, l'assassinat du roi Umberto 1er. de 1900 et la naissance du prince de Turin de 1904. BLAISE CENDRARS, Bourlinguer, 1948, page 239. Remarque : 1. Étant donné que le verbe avérer comprend le radical « vrai » (latin verus), la plupart des grammairiens déclarent incorrect l'emploi d'expressions comme s'avérer vrai, faux, exact, inexact. DICTIONNAIRE DES DIFFICULTÉS GRAMMATICALES ET LEXICOLOGIQUES (JOSEPH HANSE) 1949 observe : " Je n'hésiterais pas à dire : il s'avère intelligent, ce produit s'avère excellent. [Dans les syntagmes ci-après] il y a en fait catachrèse, c'est-à-dire oubli du sens premier. (...). J'hésiterais à dire : cette nouvelle s'avère vraie, inexacte ou peu probable ". L'usage courant les impose cependant de plus en plus, du moins dans une langue peu châtiée. 2. Certains dictionnaires (Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse), Dictionnaire général de la langue française (Adolphe Hatzfeld, Arsène Darmesteter), Dictionnaire de l'Académie Française 1932, DICTIONNAIRE DES DIFFICULTÉS DE LA LANGUE FRANÇAISE (ADOLPHE VOIR THOMAS) 1956, DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE (PAUL ROBERT)) signalent l'emploi transitif avérer comme vieilli ou ne se rencontrant qu'au participe passé. Selon DICTIONNAIRE DES DIFFICULTÉS DE LA LANGUE FRANÇAISE (ADOLPHE VOIR THOMAS) 1956, la forme s'avérer a été relancée " par les snobs du siècle dernier... ". 3. Synonymes : avérer, constater, vérifier. " Vérifier, c'est employer les moyens de se convaincre ou de convaincre quelqu'un qu'une chose est véritable (...), Avérer, c'est prouver d'une manière convaincante qu'une chose est vraie ou réelle : avérer un crime. (...) Constater, c'est vérifier ou avérer d'une manière authentique et solide " (Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse) ). 4. On rencontre dans la documentation le néologisme avérément, adverbe (GROUSSET, L'Épopée des croisades, 1939, page 112; suffixe -ment2 *). Véritablement, manifestement, réellement. Un patriarche avérément simoniaque (IDEM, ibidem).
