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AVEU, substantif masculin.

Publié le 01/11/2015

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AVEU, substantif masculin. A.— Action d'avouer quelque chose. 1. Action de révéler quelque chose. a) Action de dévoiler, d'expliquer quelque chose d'ignoré, de caché : Ø 1. — J'ai besoin d'un secret, reprit M. Ouine, j'ai le plus pressant besoin d'un seul secret, (...)... Un secret, comprenez-moi bien, mon enfant, je veux dire une chose cachée qui vaille la peine d'un aveu — d'un aveu, d'un échange, une chose dont je puisse me décharger sur autrui. GEORGES BERNANOS, Monsieur Ouine, 1943, page 1555. b) Action de reconnaître et de révéler quelque chose, qu'on est l'auteur d'un acte, d'une action, souvent blâmables (faute, tort causé, simple pensée ou omission); action de s'accuser, de se confesser. Faire l'aveu de sa faute, arracher, rétracter des aveux : Ø 2.... la mauvaise conscience aspire à l'aveu et au pardon, la conscience inquiète à la confrontation et au dialogue. Janet dit de la confession qu'elle « semble avoir été inventée par un aliéniste de génie qui voulait traiter des obsédés ». Elle est plus que cela pour le croyant, mais elle est déjà cela pour le psychologue. EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 487. — Au figuré : Ø 3. LES VOLUPTANTES. — Reviens, vagir parmi mes cheveux, mes cheveux Tièdes, je t'y ferai des bracelets d'aveux! Étends partout les encensoirs les plus célestes, L'univers te garde une note unique! Reste... JULES LAFORGUE, Les Complaintes, Complainte des voix, 1885, page 74. Ø 4. Dès que la richesse, les prix et la monnaie sont en cause, le pouvoir éprouve une résistance non saisissable. Le conscrit se rend à la caserne et le braconnier à la prison; cela ne fait pas difficulté. Mais donner l'impulsion aux affaires et aux marchés, faire sortir l'argent, tirer des aveux d'une bourse, cela se décrète aisément et ne se fait point. ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1934, page 1216. Remarque : Belgicisme. Être en aveux, entrer en aveux pour avouer, faire des aveux, faire l'aveu de sa faute d'après DICTIONNAIRE DES DIFFICULTÉS GRAMMATICALES ET LEXICOLOGIQUES (JOSEPH HANSE) 1949. — Spécialement. DROIT. · DROIT CIVIL. Mode de preuve constituée par la reconnaissance par une partie de l'exactitude d'une allégation et de nature à produire des conséquences juridiques à son détriment. Aveu d'une dette. Aveu judiciaire. Celui qui est fait en justice au cours d'une instance. Aveu extrajudiciaire. Celui qui est fait en dehors de la présence du juge ou dans une autre instance : Ø 5. 1354. L'aveu qui est opposé à une partie, est ou extrajudiciaire ou judiciaire. 1355. L'allégation d'un aveu extrajudiciaire purement verbal est inutile toutes les fois qu'il s'agit d'une demande dont la preuve testimoniale ne serait point admissible. 1356. L'aveu judiciaire est la déclaration que fait en justice la partie ou son fondé de pouvoir spécial. Il fait pleine foi contre celui qui l'a fait. Il ne peut être divisé contre lui. Il ne peut être révoqué, à moins qu'on ne prouve qu'il a été la suite d'une erreur de fait. Il ne pourrait être révoqué sous prétexte d'une erreur de droit. Code civil des Français (ou Code Napoléon) 1804, page 246. · DROIT PÉNAL. Reconnaissance par un individu d'avoir commis une infraction et constituant un moyen d'instruction insuffisant à lui seul pour entraîner condamnation. Faire l'aveu d'un crime : Ø 6. Arrêté la nuit, porteur d'une pince-monseigneur, en compagnie de rôdeurs munis de fausses clefs. Dans une lettre au procureur, il a fait des aveux complets; mais il dit à présent que, cette lettre, un repris de justice l'a forcé à l'écrire. Et il nie tout. ANDRÉ GIDE, Souvenirs de la Cour d'assises, 1913, page 643. — Emploi ironiquement : Ø 7. La foule des pingouins ignorait le doute : elle eut foi dans la culpabilité de Pyrot, et cette foi devint aussitôt un des principaux articles de ses croyances nationales et une des vérités essentielles de son symbole patriotique. Pyrot fut jugé secrètement et condamné. Le général Panther alla aussitôt informer le ministre de la guerre de l'issue du procès. — Par bonheur, dit-il, les juges avaient une certitude, car il n'y avait pas de preuves. — Des preuves, murmura Greatauk, des preuves, qu'est-ce que cela prouve? Il n'y a qu'une preuve certaine, irréfragable : les aveux du coupable. Pyrot a-t-il avoué? — Non, mon général. — Il avouera : il le doit. Panther, il faut l'y résoudre; dites-lui que c'est son intérêt. Promettez-lui que, s'il avoue, il obtiendra des faveurs, une réduction de peine, sa grâce; promettez-lui que, s'il avoue, on reconnaîtra son innocence; on le décorera. Faites appel à ses bons sentiments. Qu'il avoue par patriotisme, pour le drapeau, par ordre, par respect de la hiérarchie, sur commandement spécial du ministre de la guerre, militairement... Mais, dites-moi, Panther, est-ce qu'il n'a pas déjà avoué? Il y a des aveux tacites; le silence est un aveu. — Mais, mon général, il ne se tait pas; il crie comme un putois qu'il est innocent. — Panther, les aveux d'un coupable résultent parfois de la véhémence de ses dénégations. Nier désespérément, c'est avouer. Pyrot a avoué; il nous faut des témoins de ses aveux, la justice l'exige. ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, L'Île des pingouins, 1908, page 259. — Argot. Faire des aveux. Se mettre à table : Ø 8. Il faisait du zèle... Il nous traitait en farouche... Il voulait nous épouvanter!... Sans doute pour qu'on se mette à table... qu'on lui fasse tout de suite des aveux!... LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit, 1936, page 637. 2. Action d'admettre quelque chose. a) Action d'admettre quelque chose d'intime, de personnel, de plus ou moins pénible à reconnaître, concernant sa nature, ses imperfections ou ses sentiments, et de les révéler; confidence, confession littéraire : Ø 9. Confidence et confession 31 mars 1898 : En écrivant la première phrase de ses Confessions : « Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple, et dont l'exécution n'aura point d'imitateur », Jean-Jacques Rousseau s'est montré — on peut le dire — historien oublieux et mauvais prophète. Car chacun sait que, dans la primitive église, le pénitent s'accusait à voix haute devant l'assemblée des fidèles, et l'on n'ignore pas non plus que, depuis le fameux livre du philosophe de Genève, une foule d'écrivains n'hésitent pas à livrer au public les plus indiscrets aveux sur leur vie privée et sur leurs sentiments intimes. Hâtons-nous d'ajouter que, de toutes les révolutions déchaînées par le génie de Rousseau dans la politique et dans les moeurs, celle-ci du moins a donné quelques beaux fruits. La littérature en fut renouvelée, et cet appel à la sincérité nous a valu des chefs-d'oeuvre. Aucun écrit n'est plus intéressant, plus passionnant, en effet, et n'a plus de chances de durée que celui où un homme de bonne foi s'efforce de mettre son âme à nu et de se montrer tel qu'il est. FRANÇOIS COPPÉE, La Bonne souffrance, 1898, page 181. — Plus précisément. Déclaration d'amour. Faire un doux aveu : Ø 10. Avec quel délice, je me retrouvai dans le lieu où mon oreille avoit été frappée du son enchanteur de ces paroles : Et moi aussi, Olivier, je vous aime! Aveu plein de charmes et de candeur, qu'avant ce jour aucun amant peut-être n'entendît prononcer... STÉPHANIE FÉLICITÉ DUCREST DE SAINT-AUBIN, COMTESSE DE GENLIS, Les Chevaliers du Cygne, tome 1, 1795, page 132. b) Adhésion personnelle que l'on donne à quelque chose d'abstrait; action de faire sienne une idée, une conviction : Ø 11. En somme la crédulité c'est l'objet qui s'impose à nous, c'est une croyance entièrement subjective et qui cependant n'est pas notre oeuvre. C'est grâce au doute au contraire, qui libère le sujet de la fascination de l'objet, que la croyance devient nôtre : la croyance authentique n'est pas seulement celle qui est en moi mais celle que j'avoue. Et cette notion d'aveu est peut-être ce qui éclaire le plus celle de croyance. Si je n'avoue que ce que j'accepte de moi-même, si l'aveu ainsi porte toujours sur l'être, il faut dire que ma croyance est mon plus profond aveu. La psychologie contemporaine place le doute, qui est en somme le pouvoir de nier, dans la perspective d'une évolution de nos croyances comportant trois étapes essentielles. À une première étape, à l'étape de la crédulité primitive, comme dit Bain, l'adhésion à une croyance est spontanée, irréfléchie : cette adhésion, pré-critique, est plutôt adhérence. Puis vient l'attitude critique, mettant en doute la vérité des jugements auxquels nous avions accordé jusque là notre assentiment. Enfin, à un troisième stade, l'adhésion n'est accordée qu'après une délibération réfléchie qui ne donne aux croyances que la valeur conforme à cette réflexion. JEAN LACROIX, Marxisme, existentialisme, personnalisme, 1949, page 117. c) Rare, littéraire. Action de reconnaître comme vrai ce qu'un autre a dit ou fait, témoignage qu'on rend : Ø 12. Si l'on veut juger du point de confusion où nous sommes parvenus, qu'on lise le Bulletin quotidien de presse étrangère publié par les soins de notre Quai d'Orsay. Ce bulletin peut bien enregistrer, tous les jours, les aveux officiels d'intervention de l'Allemagne et de l'Italie : le Quai d'Orsay n'accepte pas moins de rencontrer les représentants de ces états à Londres, au comité de non-intervention. JEAN GUÉHENNO, Journal d'une révolution, été 1937, page 259. — Usuel. De l'aveu de (elliptiquement pour ainsi que cela résulte de l'aveu de). Selon l'opinion de..., ainsi qu'en convient..., ainsi que le reconnaît... : Ø 13. Pendant un déjeuner, on parla d'un grand cousin dissipé qui considérait sa mère comme une idiote : de l'aveu de mon père elle l'était en effet. Il déclara cependant avec véhémence : « Un enfant qui juge sa mère est un imbécile. » SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 110. SYNTAXE : Aveu de défaite, d'une (de) faute(s), d'impuissance, des lèvres, des sentiments; aveu(x) brutal (aux), complet(s), formel(s), involontaire(s), naïf(s), nécessaire(s), secret(s), sincère(s), tacite(s); tel(s) aveu(x), gens sans aveu, sincérité d'aveux; dernier, nouvel (nouveaux), pareil, premier(s), prétendus, propre(s), triste(s) aveu(x); un (des) aveu(x) (s')échappe (nt); aveu(x) échappé(s); devoir un aveu, échapper un (des) aveu(x), faire un (des) aveu(x), obtenir un (des) aveu(x), recevoir un (des) aveu(x). B.— Action d'avouer quelqu'un. 1. DROIT FÉODAL. a) Acte d'un vassal reconnaissant quelqu'un pour seigneur, duquel il déclarait tenir tel héritage, et généralement suivi du dénombrement, description détaillée des biens composant le fief. Aveu et dénombrement, aveu et déclaration, rendre un aveu : Ø 14. Les fiefs subsistaient, entre lesquels la hiérarchie, de vassal à suzerain, se maintenait par l'aveu et le dénombrement, ainsi que par une redevance à chaque mutation;... GEORGES LEFEBVRE, La Révolution française, 1963, page 51. Remarque : Attesté dans la plupart des dictionnaires généraux du XIXe. siècle ainsi que dans Dictionnaire de l'Académie Française 1932 et DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE (PAUL ROBERT. b) Par opposition à désaveu. Acte par lequel un vassal reconnaissait quelqu'un pour seigneur. Remarque : Attesté dans DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ), Nouveau Larousse illustré, ainsi que dans la plupart des dictionnaires généraux du XXe. siècle. — Au figuré : Ø 15. Les puissances chrétiennes commencent leurs traités d'alliance et de paix par une formule religieuse qui les met sous la protection de l'être trois fois saint, présent aux conventions solennelles des peuples, comme aux pensées intimes des hommes : usage vénérable, aveu de foi et hommage envers la divinité, et le seul acte public de religion que puissent faire les peuples réunis en un corps. LOUIS-GABRIEL A. DE BONALD, Législation primitive considérée dans les derniers temps par les seules ténèbres de la raison, tome 2, 1802, page 103. c) Acte d'un seigneur reconnaissant quelqu'un pour vassal. Remarque : Attesté dans DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ), Nouveau Larousse illustré, Dictionnaire général de la langue française (Adolphe Hatzfeld, Arsène Darmesteter), Dictionnaire de l'Académie Française 1932, Grand Larousse encyclopédique en dix volumes, DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET 1965. — Locution. (Homme) sans aveu. (Celui) qui n'est avoué d'aucun seigneur féodal. · Au figuré, moderne. Individu ne possédant rien; individu sans moralité, dont l'activité et les revenus sont inavouables : Ø 16. C'était la première fois qu'elle entendait une voix sympathique prononcer avec ce religieux respect le mot de « révolutionnaire », qui éveillait, dans son esprit, l'image d'individus à mine louche, capables d'incendier et de piller les quartiers riches pour assouvir de bas appétits : des hommes sans aveu, qui cachent des bombes sous leur veste, et contre lesquels la société n'a d'autre recours que la déportation. ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, page 367. Remarque : Selon DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ) et DICTIONNAIRE GÉNÉRAL DE LA LANGUE FRANÇAISE AU CANADA (LOUIS-ALEXANDRE BÉLISLE) 1957 sans aveu s'applique aussi aux choses et signifie « qui n'est reconnu de personne ». 2. Littéraire. Autorisation, approbation donnée par quelqu'un à quelqu'un, généralement un inférieur, de faire ou d'avoir fait quelque chose : Ø 17. Nous avions déjà l'aveu de sa mère. Nous reçûmes, le 24, son consentement régulier, qui assurait tout. JULES MICHELET, Journal, 1849-60, page 594. 3. Au figuré. Conformité de quelque chose avec quelque chose d'abstrait (confer avouer I A 3 b) : Ø 18. Toujours, quand on ne se livre pas à la volonté divine, on veut que Dieu veuille ce que l'homme veut. Et pourtant croire en Dieu, le désirer, l'appeler, tout cet aveu nécessaire de la conscience n'a de raison, pour nous, qu'autant que nous attendons de lui ce que nous ne sommes pas, ce que nous ne pouvons être ni faire seuls. Si on ne le veut pas où il est, c'est qu'on le voudrait où il ne peut être. MAURICE BLONDEL, L'Action, Essai d'une critique de la vie, 1893, page 397.

« ? 4.

D?s que la richesse, les prix et la monnaie sont en cause, le pouvoir ?prouve une r?sistance non saisissable.

Le conscrit se rend ? la caserne et le braconnier ? la prison; cela ne fait pas difficult?.

Mais donner l'impulsion aux affaires et aux march?s, faire sortir l'argent, tirer des aveux d'une bourse, cela se d?cr?te ais?ment et ne se fait point. ?MILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1934, page 1216.

Remarque?: Belgicisme.

?tre en aveux, entrer en aveux pour avouer, faire des aveux, faire l'aveu de sa faute d'apr?s DICTIONNAIRE DES DIFFICULT?S GRAMMATICALES ET LEXICOLOGIQUES (JOSEPH HANSE) 1949. ? Sp?cialement.

DROIT.

? DROIT CIVIL.

Mode de preuve constitu?e par la reconnaissance par une partie de l'exactitude d'une all?gation et de nature ? produire des cons?quences juridiques ? son d?triment.

Aveu d'une dette.

Aveu judiciaire.

Celui qui est fait en justice au cours d'une instance.

Aveu extrajudiciaire.

Celui qui est fait en dehors de la pr?sence du juge ou dans une autre instance?: ? 5.

1354.

L'aveu qui est oppos? ? une partie, est ou extrajudiciaire ou judiciaire.

1355.

L'all?gation d'un aveu extrajudiciaire purement verbal est inutile toutes les fois qu'il s'agit d'une demande dont la preuve testimoniale ne serait point admissible.

1356.

L'aveu judiciaire est la d?claration que fait en justice la partie ou son fond? de pouvoir sp?cial. Il fait pleine foi contre celui qui l'a fait. Il ne peut ?tre divis? contre lui. Il ne peut ?tre r?voqu?, ? moins qu'on ne prouve qu'il a ?t? la suite d'une erreur de fait.

Il ne pourrait ?tre r?voqu? sous pr?texte d'une erreur de droit. Code civil des Fran?ais (ou Code Napol?on) 1804, page 246.

? DROIT P?NAL.

Reconnaissance par un individu d'avoir commis une infraction et constituant un moyen d'instruction insuffisant ? lui seul pour entra?ner condamnation.

Faire l'aveu d'un crime?: ? 6.

Arr?t? la nuit, porteur d'une pince-monseigneur, en compagnie de r?deurs munis de fausses clefs.

Dans une lettre au procureur, il a fait des aveux complets; mais il dit ? pr?sent que, cette lettre, un repris de justice l'a. »

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