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CAPTÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.

Publié le 08/11/2015

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CAPTER, verbe transitif.  

[Le sujet comme l'objet désignent une personne, un animal, parfois un inanimé] 

A.—  1. Prendre, s'emparer par des moyens concrets de différente nature. Les feuilles mortes (...) captaient ces rayons dans leurs voiles de rosée nocturne (JACQUES DE LACRETELLE, Les Hauts ponts, tome 3, 1935, page 183 ). Ils prenaient les lièvres, les biches, (...) captaient les grives à l'appeau (JEAN-BALTHASAR MALLARD, COMTE DE LA VARENDE, Contes fervents, La Prisonnière, 1948, page 55 ). 

—  Par analogie. 

a) ÉLECTRICITÉ.  Capter le courant (électrique). L'intercepter à l'aide d'appareils appropriés, en vue de son utilisation (Confer Alfred Soulier, Les Grandes applications de l'électricité, 1916, page 144). 

b) TECHNIQUES AUDIOVISUELLES (DISQUE, PHOTOGRAPHIE, RADIO, TELEVISION, TELEPHONE).  Recevoir, recueillir, fixer des sons, des images, des ondes à l'aide d'appareils récepteurs spéciaux. Capter certains messages par T.S.F. (MAXENCE VAN DER MEERSCH, Invasion 14,  1935, page 491 ). 

c) TRAVAUX PUBLICS.  Recueillir l'eau d'une source ou d'un cours d'eau et la conduire par des canalisations vers un endroit déterminé, en vue de son utilisation. Le canal d'irrigation (...) capte la Durance pour arroser une partie de la Crau (PIERRE ROUSSEAU, Histoire des transports, 1961, page 201 ). 

—  Par métaphore : 

Ø 1. —  Prends garde. Tu te fies trop à ta force. Torrent des montagnes. (...) Un artiste doit capter son génie; il ne lui permet pas de s'éparpiller, au hasard. Canalise ta force.

ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, Le Buisson ardent, 1911, page 1409. 

—  Par extension.  S'emparer d'autres éléments naturels (vent, lumière, force des marées, etc.) par divers moyens pour les utiliser. Capter la chaleur solaire (ÉMILE ZOLA, Travail, tome 2, 1901, page 230 ). 

2. DROIT.  Obtenir des biens (donation, legs, dot, etc.) par la ruse. Comme elle s'entend (...) à capter les héritages! (GUSTAVE FLAUBERT, La Première éducation sentimentale.  1845, page 154 ). 

B.—  Au figuré. 

1. Dans le domaine des sens.  Percevoir, sentir, saisir avec les sens : 

Ø 2. L'espace est plein de vibrations, de rayons, que nos sens ne peuvent percevoir, mais que captent les antennes des insectes.

ANDRÉ GIDE, Feuillets d'automne,  1949, page 312. 

—   Dans le domaine artistique.  Saisir et représenter le réel dans une oeuvre artistique : 

Ø 3. L'univers, elle l'avait pourtant capté dans ses poèmes où Venise, Sorrente, la Sicile nous semblaient plus chaudes et plus odorantes que dans le réel.

FRANÇOIS MAURIAC, Journal 1,  1934, page 36. 

2. Par extension.  Chercher à gagner, conquérir une personne ou un être divin, une de ses facultés, souvent pour obtenir quelque chose en retour. Capter l'attention, la bienveillance, la confiance de quelqu'un. Attirer à soi l'opinion publique, (...) capter les voix de ce parterre imbécile (HONORÉ DE BALZAC, Le Cabinet des antiques,  1839, page 20 ). Professeur (...) doué pour capter ses auditeurs (LUCIEN FEBVRE, Combats pour l'histoire,  1906-52, page 353 ). 

3. Saisir intellectuellement, intérieurement; s'emparer d'une chose abstraite. Capter le bonheur (FRANÇOIS MAURIAC, Journal 1,  1934 page 8 ). Ma cousine (...) capte les pensées d'autrui comme on attrape des papillons avec un filet (JULIEN GREEN, Journal,  1945, page 201 ). 

Remarque : On rencontre dans la documentation le dérivé captacule, substantif masculin Sorte de tentacule filiforme et extensible, chez les scaphopodes (confer Jean-Marie Pérès, La Vie dans l'océan, 1966, page 106). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 226. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 118, b) 86; XXe.  siècle : a) 254, b) 659. 

CAPTÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.  

I.—  Participe passé de capter* 

II.—  Emploi adjectival. 

A.—  [En parlant d'un inanimé concr]  Dont on s'est emparé à l'aide de moyens physiques. Voici deux sources captées (...) pour faire boire les vaches (GUY DE MAUPASSANT, Sur l'eau,  1888, page 341 ). 

B.—  Au figuré. 

1. [En parlant d'un inanimé abstrait]  Pris, recueilli : 

Ø ... son néfaste pouvoir [de la Mort] de décomposer et de dissoudre se trouvera capté pour la plus sublime des opérations de la Vie.

PIERRE TEILHARD DE CHARDIN, Le Milieu divin,  1955, page 94. 

2. [En parlant d'une personne, d'un attribut de la personne]  Séduit, conquis. J'avais le bonheur de posséder (...) ce doux visage impénétrable et capté (MARCEL PROUST, La Fugitive, 1922, page 432 ). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 89. 

CAPTEUR, -EUSE, adjectif et substantif.  

A.—  1. (Celui, celle, ce) qui s'empare de quelque chose ou de quelqu'un. On met à prix la tête du [forçat] fugitif (...) en promettant aux capteurs une prime (P. SERS, Intérieur des bagnes, essai historique, physiologique et moral, 1845, page 106 ). 

—  Par métaphore : 

Ø Saurai-je jamais ce que je dérobe à ceux qui se sont fiés à moi? (...) J'ai senti naître, croître, le sentiment de ma dette envers les animaux qui m'ont consacré leur brève existence. Tutélaire, moi? Capteuse de sources plutôt.

GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Ces plaisirs,  1932, page 222. 

—  Par analogie. 

a) ÉLECTRONIQUE. (Dispositif) qui recueille un phénomène pour en faire l'analyse, le mesurer, le transformer en un signal correspondant (Confer Louis Couffignal, Les Machines à penser, 1964, page 121). Microphone capteur (JEAN-JACQUES MATRAS, Radiodiffusion et télévision,  1958, page 17 ). 

b) MARINE. (Navire) qui a capturé un autre navire. 

Remarque : Attesté dans la plupart des dictionnaires généraux du XIXe.  siècle et dans DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET 1965 qui n'indique que l'emploi substantif. 

2. Rare.  DROIT.  substantif.  Celui, celle qui s'empare d'un bien, en particulier d'un héritage, par des manoeuvres, des ruses. Synonyme moins usuel de captateur*. Combat entre les capteurs de la succession et les héritiers (HONORÉ DE BALZAC, La Rabouilleuse,  1842, page 452 ). 

Remarque : Ce sens n'est pas attesté dans les dictionnaires généraux des XIXe.  et XXe.  siècle; dans la documentation, ne se rencontre que chez Balzac. 

B.—  Au figuré, adjectif.  [En parlant d'une personne]  Qui conquiert une personne, une de ses facultés, une chose abstraite. Enfants si gentils et si capteurs ( GUY DE MAUPASSANT, Fort comme la mort,  1889, page 27 ). 

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