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DÉCEVOIR, verbe.

Publié le 06/12/2015

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DÉCEVOIR, verbe.  

A.—  Vieilli.  Tromper, séduire par une apparence qui promet plus qu'elle ne donne. Synonymes : abuser, duper, leurrer. Il est contre les habitants de Paris. Il veut nous décevoir et nous trahir comme frère Richard, qui en ce moment chevauche avec nos ennemis (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Les Contes de Jacques Tournebroche,  1908, page 80 ). 

—  Rare. Décevoir à. Je me suis laissé un peu trop décevoir peut-être à sa pure grâce de causeur et d'écrivain (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 1, 1840, page 257 ). 

Remarque : On rencontre dans la documentation le substantif féminin décevance.  Action de tromper.  Synonyme vieilli de déception* A. D'âpres décevances (JORIS-KARL HUYSMANS, Ste Lydwine, 1901, page 97). 

B.—  Causer à quelqu'un une déconvenue, un désappointement en ne répondant pas à son attente, à ses espoirs, ou à ses illusions. Décevoir l'attente, le désir de quelqu'un; décevoir un rêve. Cette évidence c'est l'absurde. C'est ce divorce entre l'esprit qui désire et le monde qui déçoit (ALBERT CAMUS, Le Mythe de Sisyphe,  1942, page 71) : 

Ø 1. Enfin, tout de même, y a un chapitre où il m'a jamais truqué, jamais déçu, jamais bluffé, jamais trahi (...) pourvu que je l'écoutasse, il était constamment heureux, ravi, comblé, satisfait... 

LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit,  1936, page 424. 

Ø 2. « Moi, Joseph Pasquier, je n'ai confiance en personne. Et, comme ça, je ne suis jamais déçu... »

GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, La Nuit de la Saint-Jean, 1935, page 135. 

—  Emploi pronominal. Ah! Ah! Monsieur Ouine, il y a des jours où, quoi qu'il arrive, on est sûr de ne pas se décevoir soi-même, il y a des jours visités par les dieux! (GEORGES BERNANOS, Monsieur Ouine,  1943, page 1373 ). 

Remarque : On rencontre dans la documentation l'adjectif décevable.  Sujet à n'être pas suivi d'effet. Une prognose dissymétrique et toujours décevable (VLADIMIR JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, page 217).  \" Peu usité \" dans Dictionnaire de l'Académie Française 1835, 1878. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 235. Fréquence absolue littéraire : XIXe.  siècle : a) 44, b) néant; XXe.  siècle : a) 282, b) 791. 

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