Devoir de Philosophie

DÉCHIRÉ, -ÉE, participe passé, adjectif et substantif.

Publié le 09/12/2015

Extrait du document

DÉCHIRÉ, -ÉE, participe passé, adjectif et substantif.  

I.—  Participe passé de déchirer* 

II.—  Adjectif. 

A.—  1. [En parlant d'un objet ou d'un élément de la nature]  Qui est déchiré, troué, coupé, découpé. Un habit, un livre, un rideau déchiré; un chandail déchiré aux coudes. Les flots déchirés et déchiquetés par le vent (VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 1, 1862, page 120 ). Les nuages déchirés par la foudre (JULES VERNE, L'Île mystérieuse,  1874, page 559 ). 

2. [En parlant du corps ou d'une partie du corps]  Avoir la lèvre déchirée. « Vois-tu ces corps défigurés, déchirés par les aigles et étendus sans honneurs sur la terre? » (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Les Natchez, 1826, page 311 ). 

—  Proverbe et expression. Chien hargneux a toujours l'oreille déchirée. Celui qui cherche querelle s'attire de vilaines histoires. Femme qui n'est pas trop déchirée. Femme qui garde encore de belles apparences. 

B.—  Au figuré.  Qui souffre, qui éprouve un déchirement. 

1. Avoir le coeur déchiré de (par la) douleur, de pitié, de remords. Étrange coeur écartelé à deux mondes, déchiré par tous ces êtres qui ne vivent que de lui (FRANÇOIS MAURIAC, Mes grands hommes,  1949, page 137 ). Le jeune Rimbaud (...) l'adolescent déchiré que nous avons si chèrement aimé (ALBERT CAMUS, L'Homme révolté,  1951, page 117 ). 

—  Au figuré. Tous ces déchirés de l'incertitude (LÉON DAUDET, L'Entre-deux-guerres,  1915, page 190 ). 

2. La patrie déchirée par la guerre civile. La nation était déchirée au dedans, et triomphante au dehors (CHARLES-JULIEN LIOULT DE CHÊNEDOLLÉ, Journal,  1805, page 8 ). 

C.—  Emploi comme substantif, rare. Tout cela [à Tamaria] est d'un pittoresque, d'un déchiré, d'un doux, d'un brusque, (...) que ton imagination peut se représenter avec ses plus heureuses couleurs (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Correspondance, tome 4, 1812-76, page 233 ). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1 782. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 2 890, b) 2 619; XXe.  siècle : a) 2 339, b) 2 301. 

 

Forme dérivée du verbe \"déchirer\"

 déchirer

DÉCHIRER, verbe transitif.  

Mettre en pièces, en morceaux, en lambeaux, sans se servir d'un instrument tranchant Le lion déchire sa proie. 

A.—  1. [Le complément d'objet désigne une chose]  Déchirer sa chemise, sa robe; déchirer une affiche, une lettre, la page d'un livre. Je déchirais l'ananas suivant les règles, en l'inondant de kirsch, de sucre (LÉON DAUDET, Salons et journaux, 1917, page 19 ). 

—  Spécialement. Déchirer un bateau. [Le bachoteur :] J'ai justement un vieux bateau à moitié pourri; je voulais le déchirer (EUGÈNE SUE, Les Mystères de Paris, tome 6, 1842-43, page 55 ). 

—  Expression. Déchirer ses vêtements (en signe de deuil, d'affliction). Déchirer le voile (de l'hypocrisie, du mensonge). Rétablir la vérité. 

—  Argot militaire. Déchirer de la toile. \" Faire un feu de peloton \" (Dictionnaire de la langue verte (HECTOR FRANCE) 1907). L'on entendait des fusillades lointaines. Les groupes disaient : —  Voilà qu'on commence à déchirer de la toile (VICTOR HUGO, Histoire d'un crime,  1877, page 227 ). 

2. Blesser, écorcher, lacérer. L'épervier déchire le moineau; être déchiré par les aigles, les loups, les ronces. Les griffes des panthères déchirent les membres nus (ÉLIE FAURE,  Histoire de l'art,  1921, page 14 ). 

—   [Avec un pronom réfléchi indirect lorsque le complément d'objet désigne une partie du corps]  Se déchirer les mains; [avec ellipse du complément d'objet] se déchirer aux arbustes, aux épines. 

—  Expression. Se déchirer le visage avec les ongles (en signe de désespoir). 

3. Ouvrir. 

—  Emploi pronominal à sens passif. La nuée se déchire. L'eau se déchirait doucement sous la quille (EUGÈNE FROMENTIN, Dominique,  1863, page 166 ). 

—  Expression. Déchirer une enveloppe. L'ouvrir. Le laboureur déchire le sol. Ouvre la terre avec la charrue. 

B.—  Au figuré. 

1. [L'objet désigne une chose, une partie de l'être humain] 

a) Causer une douleur physique plus ou moins vive. Déchirer l'estomac, le tympan. La toux opiniâtre qui lui déchire la poitrine (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Première neige, 1883, page 420 ). 

—  Par extension.  [L'objet désigne une personne; le verbe est généralement au passif]  Être déchiré de doutes, de jalousie; être déchiré par l'angoisse, par le désespoir. 

b) Causer une douleur morale, affective; toucher le coeur, émouvoir profondément. Déchirer le coeur de quelqu'un. J'étais déchiré de regret et de passion insatisfaite (HENRI BOSCO, Le Mas Théotime,  1945, page 152 ). 

—  En particulier.  Troubler par des disputes, des querelles, des divisions. Un pays déchiré par la guerre civile : 

Ø ... l'état de folie, de folie agressive, complète, d'un monde laissé entre les mains des bandits qui déchirent et détruisent les siècles.

TRISTAN TZARA, Manifeste Dada,  1918, page 32. 

2. [L'objet désigne une personne]  Dire du mal de quelqu'un, le mettre en pièces. « J'apprends de source sûre (...) que vous me déchirez, en mon absence, auprès de tous nos amis communs » (LÉON DAUDET, Médée,  1935, page 274 ). 

Remarque : On rencontre dans la documentation déchirage, substantif masculin  Action de défaire un train de bois flotté, de dépecer le bois d'un bateau hors d'usage. On m'a dit que je pourrais être employé sur le port au déchirage des bateaux (FRANÇOIS VIDOCQ, Mémoires, tome 4, 1828-29, page 225). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 2 570. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 4 066, b) 3 659; XXe.  siècle : a) 3 618, b) 3 322. 

Liens utiles