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Définition: ADORATION, substantif féminin.

Publié le 06/10/2015

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Définition: ADORATION, substantif féminin. I.- RELIGION. Culte rendu à Dieu, à une divinité, à des objets sacrés en relation avec la divinité. Adoration de la Croix (Dictionnaire de l'Académie Française ). A.- Emploi général . 1. Action d'adorer; attitude adoratrice : Ø 1. Il le baisa avec onction et amour, comme on baise la main d'une vierge, et le déposa, non sur la vilaine table; oh non! mais sur un petit coussinet de velours noir, tout brodé d'argent et de perles... Il tira aussi du coffret une petite coupe d'or et un assez grand flacon de même métal. Mais pendant toute cette cérémonie il y avait sur les traits de Brulart autant de recueillement et d' adoration que sur le visage d'un prêtre qui retire le calice du tabernacle... EUGÈNE SUE, Atar-Gull, 1831, page 18. Ø 2. [Cathédrale de Tolède] cinq nefs partagent l'église : celle du milieu est d'une hauteur démesurée, les autres semblent à côté d'elle incliner la tête et s'agenouiller en signe d' adoration et de respect. THÉOPHILE GAUTIER, Tra los montes, Voyage en Espagne, 1843, page 149. Ø 3. La nature personnelle est tout. Tout devient médiocre, vulgaire, plat, mesquin dans une âme mesquine, puisque forcément elle fait tout passer à sa filière. Et qu'est-ce qui élargit l'âme? La soif du divin, qui se traduit en humilité, désintéressement, adoration. HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal intime, 26 février 1866, page 161. Ø 4. Il s'échauffa en parlant, il oublia peu à peu le serrement de coeur qu'il avait éprouvé au refus net de sa maîtresse, il se répandit en paroles douces et caressantes, faisant le tableau de la belle vie calme qu'ils mèneraient, quand ils seraient mariés. Pendant longtemps, il laissa ainsi couler son coeur de ses lèvres, demi-courbé, dans une attitude de prière et d' adoration. ÉMILE ZOLA, Madeleine Férat, 1868, page 103. Ø 5. Ces sonorités, ce sont des nuées qui viennent se former dans notre conscience, ce sont des paysages de l'âme. Des instincts religieux ( respect des morts, croyance aux mânes, adoration et conjuration des puissances mystérieuses, sacrifice, prière, magie, etc...) Au milieu des épaisses ténèbres... Ces belles formules abréviatives, ces rêves, ces visions apaisent, rassérènent. Le plaisir de les comprendre, de s'accorder avec eux et avec leur musique. MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, 2 novembre 1909-16 mars 1910, page 10. Ø 6. Nous ne concevons la prière que sous l'idée d'une demande; mais n'est-elle donc pas aussi (et avant tout) une adoration, et comme une extase d'amour à la vue de la grandeur et des perfections de Dieu? N'est-elle pas une adoration, une louange, une action de grâces, un dévouement, un désir que Dieu soit connu et aimé?... ABBÉ HENRI BREMOND, Histoire littéraire du sentiment religieux en France, tome 4, 1920, page 394. Ø 7. Ils professeront bien la même doctrine, laquelle, chez l'un et chez l'autre, a eu pour point de départ une facilité merveilleuse à la vertu de religion, un désir, un besoin intense d'exalter la grandeur divine; mais le théocentrisme de Bérulle s'oriente spontanément vers l' adoration- cantique, celui de Condren, vers le sacrifice d' adoration. Simple nuance, à la vérité, mais caractéristique, et que je prie le lecteur de ne pas perdre de vue. ABBÉ HENRI BREMOND, Histoire littéraire du sentiment religieux en France, tome 3, 1921, page 346. 2. Office liturgique ou acte privé des fidèles adorant le Saint Sacrement ou la Croix : Ø 8. Ce matin, méditations à six heures, puis la passion par M. le Curé qui a parlé divinement; à neuf heures, l'office, l' adoration de la Croix par deux à trois mille âmes; à midi, les paroles de l'agonie jusqu'à trois heures, alternativement avec la musique, fort analogue cette fois; enfin, les ténèbres et le stabat à sept heures. EUGÉNIE DE GUÉRIN, Lettres, 1841, page 420. Ø 9. En outre, il y a toujours une religieuse à genoux devant le saint-sacrement. Cette station dure une heure. Elles se relèvent comme des soldats en faction. C'est là l' adoration perpétuelle. VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 1, 1862, page 580. Ø 10. Noémi reçut un métayer, aida Cadette à plier la lessive. À six heures, elle alla faire son adoration puis, comme chaque jour, s'arrêta chez ses parents. Mais après le dîner, elle se plaignit de migraine et gagna sa chambre. FRANÇOIS MAURIAC, Le Baiser au lépreux, 1922, page 191. Remarque  : Dans ce sens le mot peut s'employer au pluriel . 3. Par métonymie ?uvre d'art représentant des adorateurs : Ø 11. Le second retable renfermait une adoration des mages, un calvaire et une mise au tombeau; une adoration, avec une madone au teint fleuri, une grande dame, râblée, solide, une Flamande moins vulgaire que les autres, d'aspect avenant et de sourire aimable;... GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, L'Oblat, tome 1, 1903, page 300. Remarque : 1. L'étude des contextes montre que l'adoration est souvent un acte cultuel publique, plus rarement un culte privé (exemple 7). Elle est une forme particulière de la prière (exemple 6), implique recueillement (exemple 1), inclinaison de tête et agenouillement (exemple 2); elle suppose également certaines dispositions morales : humilité, désintéressement (exemple 3); elle peut aller jusqu'à l'extase (exemple 6). Adoration entre dans toute une constellation de mots du même champ. 2. Associations fréquentes : adoration perpétuelle (exemple 9), adoration de la Croix (exemple 8), - des mages (exemple 11). 3. Adoration s'est dit aussi en parlant des images et des reliques de saints; il est alors synonyme de vénération. B.- Spécialement. Cérémonie au cours de laquelle les cardinaux vont rendre honneur au pape nouvellement élu. Aller à l'adoration du pape (Dictionnaire de l'Académie Française); un pape est fait par voie d'adoration lorsque " tous les cardinaux sont allés le reconnaître pour pape, sans avoir fait de scrutin auparavant " (Dictionnaire de l'Académie Française) : Ø 12. «... N'ai-je pas vécu en France? (me dit le Cardinal secrétaire d'État). Vous serez content de votre maître aussi. Comment se porte le Roi? Bonjour! Allons à Saint-Pierre. » Il était huit heures du matin; j'avais déjà vu Sa Sainteté et tout Rome courait à la cérémonie de l' adoration . FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 3, 1848, pages 515-516. II.- Par hyperbole. Affection passionnée pour quelqu'un ou quelque chose. A.- [L'objet de l'adoration est une personne] 1. En général : Ø 13. Il s'associe naturellement à toutes les idées morales ou religieuses, comme par une suite de l'influence qu'il eut sur nos destinées : objet d' horreur ou d' adoration, les hommes ont pour lui une haine implacable, ou tombent devant son génie;... FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Le Génie du christianisme, tome 1, 1803, page 113. Ø 14.... l'enfant avait voué au P.C.A. une admiration frénétique, l' adoration brûlante et silencieuse du cierge qui se consume au pied de l'autel... ALPHONSE DAUDET, Tartarin sur les Alpes, 1885, page 128. 2. En particulier, dans le langage de l'amour : Ø 15. Quand on reproche au mysticisme de s'exprimer à la manière de la passion amoureuse, on oublie que c'est l'amour qui avait commencé par plagier la mystique, qui lui avait emprunté sa ferveur, ses élans, ses extases; en utilisant le langage d'une passion qu'elle avait transfigurée, la mystique n'a fait que reprendre son bien. Plus, d'ailleurs, l' amour confine à l' adoration, plus grande est la disproportion entre l'émotion et l'objet, plus profonde par conséquent la déception à laquelle l'amoureux s'expose,... HENRI BERGSON, Les Deux sources de la morale et de la religion, 1932, page 39. a) [L'objet de l'adoration est une femme] : Ø 16.... l'état de négligence et de désordre où elle étoit, blessoit la vénération idolâtre qu'il avoit pour elle; il la portoit avec un respect superstitieux, n'osant ni la presser dans ses bras, ni la regarder; il sembloit qu'il craignît de profaner l'objet de son adoration et de son culte secret. STÉPHANIE FÉLICITÉ DUCREST DE SAINT-AUBIN, COMTESSE DE GENLIS, Les Chevaliers du Cygne, tome 3, 1795, page 200. Ø 17. Notre constante froideur est le secret de la constante passion de quelques-uns d'entre vous; à d'autres, il faut un dévouement perpétuel, une adoration de tous les moments; à ceux-ci, la douceur; à ceux-là, le despotisme. Aucune femme n'a encore pu bien déchiffrer vos coeurs. Il y eut une pause, après laquelle elle changea de ton. - Enfin, mon ami, vous ne pouvez pas empêcher une femme de trembler à cette question : serai-je aimée toujours? HONORÉ DE BALZAC, La Duchesse de Langeais, 1834, page 279. Ø 18.... mais, quoiqu'elle pensât ne rien devoir à sa générosité, elle s'était prise, dès les premiers jours, à sourire à ce doux vieillard, qui ne se lassait pas de la considérer avec un sentiment de respect et d' adoration, comme s'il eût compris déjà que, de toutes les affections qui l'entouraient, celle de cette belle enfant était la seule qui fût vraie, naïve et sincère. JULES SANDEAU, Mademoiselle de la Seiglière, 1848, page 96. Ø 19. La femme dont Léon était épris, cette femme pour laquelle il se mourait d'amour et qui certainement ne l'avait momentanément abandonné que pour se l'attacher par le désespoir, le plus indissoluble des liens, n'était-ce pas Turquoise? Turquoise, cette même femme qui avait ensorcelé Fernand Rocher, et jurait la veille, sur ses grands dieux, qu'elle l' aimait à l' adoration, à la folie, à en mourir ? PIERRE-ALEXIS, VICOMTE PONSON DU TERRAIL, Rocambole, les drames de Paris, tome 2, Le Club des valets de coeur, 1859, page 448. Ø 20. Sans en revenir jusqu'au fade Demoustier en adoration et idolâtrie pour les femmes, sans aller jusqu'à s'écrier avec le dithyrambique Diderot que, pour écrire sur elles, il faut tremper sa plume dans les couleurs de l'arc-en-ciel et jeter sur son papier la poussière des ailes du papillon, on peut dire que la satire des femmes de Boileau est bien l'oeuvre d'un célibataire valétudinaire, orphelin en naissant, à qui jamais sa mère n'avait souri et que personne n'avait dédommagé, depuis, de ces tendresses absentes d'une mère. CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 5, 1859, pages 339-340. b) Plus rare . [L'objet de l'adoration est un homme] Cette femme est en adoration devant son mari (Dictionnaire de l'Académie Française) : Ø 21. Il est probable que le vicaire ne s'aperçut de rien, tant nos prêtres vivent à cet égard dans le convenu, dans une sorte de résolution de ne pas voir. Cette chasteté admirable ne faisait qu'exciter l'imagination de la pauvre enfant L' amour chez elle devint culte, adoration pure, exaltation. Elle trouvait ainsi un repos relatif. ERNEST RENAN, Souvenirs d'enfance et de jeunesse, 1883, pages 38-39. Ø 22. La créature d'amour, simplement docile autrefois, aimait à cette heure, et se donnait sans réserve, et gardait du plaisir une reconnaissance brûlante. Elle en était arrivée à une violente passion, à de l' adoration pour cet homme qui lui avait révélé ses sens. C'était ce grand bonheur, de le tenir enfin à elle, librement, de le garder contre sa gorge, lié de ses deux bras, qui venait ainsi de serrer ses dents, à ne pas laisser échapper un soupir. ÉMILE ZOLA, La Bête humaine, 1890, page 169. B.- [L'objet de l'adoration est une chose concrète ou abstraite] : Ø 23. De la simplicité dans l'ordre fut d'abord toute sa morale. Ô amour, passion, adoration de l'« ordre », religion douloureuse de la plus désordonnée des créatures, sa religion. MARCEL JOUHANDEAU, Monsieur Godeau intime, 1926, page 50. Ø 24. Quand un être possède « une joie » exquise, rare, quasi divine, tellement imbue de paix et d'enthousiasme, s'il est dans une chambre, tous ceux qui y sont enfermés avec lui participent à son enchantement, à son adoration intérieure de la vie, tous s'orientent vers lui et ne peuvent rien éprouver en dehors de lui. MARCEL JOUHANDEAU, Monsieur Godeau intime, 1926 pages 164-165. Ø 25. La perfide Albion devient la grande nation amie. En cinq ans, de Fachoda à l'entente cordiale, nous passons à son endroit de la plus noire haine à la plus tendre adoration. JEAN GUÉHENNO, Journal d'un homme de 40 ans, 1934, page 95. Remarque : 1. Comme adorer, adoration fait partie du vocabulaire affectif et plus particulièrement du vocabulaire amoureux. Le vocabulaire de l'adoration amoureuse garde des attaches profondes avec le vocabulaire religieux : l'adoration est une sorte de culte (exemple 16, 21, 23) qui suppose du respect (exemple 18), du dévouement (exemple 17). L'adoration implique parfois un enchantement (exemple 24). Plus forte que l' amour (exemple 15, 23), l'adoration est associée à la passion (exemple 22, 23), va jusqu'à la ferveur et l' exaltation voire à l' extase (exemple 15, 21) ou à l' idolâtrie (exemple 20); elle est proche de l' admiration (exemple 14). L'expression aimer à l'adoration ou jusqu'à l'adoration est fréquent. Dans l'exemple 19, elle est synonyme de à la folie, à en mourir. 2. L'adoration est souvent muette (VICTOR HUGO, Ruy Blas, 1838, page 367), religieuse (Edmond et JULES DE GONCOURT, Journal, août 1892, page 304), publique (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Révolte, 1907, page 476), aveugle (OSCAR VLADISLAS DE LUBICZ-MILOSZ, L'Amoureuse initiation, 1910, page 215). 3. Antonymes : déception (exemple 15), haine (exemple 13), horreur (exemple 13), profanation (exemple 16), satire (exemple 20). 4. Adoration peut désigner l'acte concret par lequel l'affectivité se manifeste; il peut alors s'employer au pluriel ( confer supra I A 2, remarque) : Ø 26. Elle s'y révéla complaisante, savante même, indifférente, et reçut les adorations, à la fois comme une reine, et comme une courtisane. ÉLÉMIR BOURGES, Le Crépuscule des dieux, 1884, page 249. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1087. Fréquence relative littéraire : XIX e. siècle : a) 1 405, b) 1 976; XXe. siècle : a) 1 922, b) 1 208.

« TH?OPHILE GAUTIER, Tra los montes, Voyage en Espagne, 1843, page 149. ? 3.

La nature personnelle est tout.

Tout devient m?diocre, vulgaire, plat, mesquin dans une ?me mesquine, puisque forc?ment elle fait tout passer ? sa fili?re.

Et qu'est-ce qui ?largit l'?me? La soif du divin, qui se traduit en humilit?, d?sint?ressement, adoration. HENRI-FR?D?RIC AMIEL, Journal intime, 26 f?vrier 1866, page 161. ? 4.

Il s'?chauffa en parlant, il oublia peu ? peu le serrement de coeur qu'il avait ?prouv? au refus net de sa ma?tresse, il se r?pandit en paroles douces et caressantes, faisant le tableau de la belle vie calme qu'ils m?neraient, quand ils seraient mari?s.

Pendant longtemps, il laissa ainsi couler son coeur de ses l?vres, demi-courb?, dans une attitude de pri?re et d' adoration. ?MILE ZOLA, Madeleine F?rat, 1868, page 103. ? 5.

Ces sonorit?s, ce sont des nu?es qui viennent se former dans notre conscience, ce sont des paysages de l'?me.

Des instincts religieux ( respect des morts, croyance aux m?nes, adoration et conjuration des puissances myst?rieuses, sacrifice, pri?re, magie, etc...) Au milieu des ?paisses t?n?bres... Ces belles formules abr?viatives, ces r?ves, ces visions apaisent, rass?r?nent.

Le plaisir de les comprendre,. »

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