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Définition: ADVENU, -UE, AVENU, -UE, participe passé, adjectif et substantif.

Publié le 06/10/2015

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Définition: ADVENU, -UE, AVENU, -UE, participe passé, adjectif et substantif. I.- Participe passé de a(d)venir* II.- Emploi adjectival . advenu ou avenu. A.- Avenu (ou rarement advenu) [Dans des expressions négatives] 1. Non avenu (exceptionnellement : advenu). [En parlant d'une personne ou d'une chose existant ou ayant réellement existé, mais considérée, après examen, comme n'ayant plus de valeur juridique ou historique] Synonymes : aboli, annulé, disparu, fini, ignoré, inconnu, inexistant, nul; antonymes : arrivé, continué, devenu, fait, recommencé, reconnu, réel, venu. a) [En parlant d'une personne] : Ø 1. Quant à Pindare, il est pour moi non avenu Comme s'il me parlait un patois inconnu. AMÉDÉE POMMIER, Crâneries et dettes de coeur, 1842, page 60. Ø 2. Louis XVIII aussi datait son bienfait de l'an dix-neuvième de son règne, regardant Bonaparte comme non avenu, de même que Charles II avait sauté à pieds joints par-dessus Cromwell : c'était une espèce d'insulte aux souverains qui avaient tous reconnu Napoléon, et qui dans ce moment même se trouvaient dans Paris. Ce langage suranné et ces prétentions des anciennes monarchies n'ajoutaient rien à la légitimité du droit et n'étaient que de puérils anachronismes. FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 2, 1848, page 534. b) [En parlant d'une chose antérieurement arrivée ou décidée] : Ø 3. La conscience est comme un témoin qui nous avertit de tout ce qui se fait dans l'intérieur de notre âme. Elle n'est le principe d'aucune de nos facultés, mais elle est leur lumière à toutes. Ce n'est pas parce que nous avons conscience de ce qui se passe en nous qu'il se passe en nous quelque chose; mais ce qui s'y passe serait comme non avenu s'il ne nous était attesté par la conscience... VICTOR COUSIN . Histoire de la philosophie du XVIII e . siècle tome 1, 1829, page 99. Ø 4. Je viens d'apprendre que Monsieur Victor Hugo se portait candidat pour succéder à feu Monsieur Michaud. J'ai l'honneur de vous prier dès lors de regarder la lettre par laquelle je vous annonçai ma candidature comme non avenue je renonce à me présenter en concurrence avec lui. HONORÉ DE BALZAC, Correspondance, 1839, page 775. Ø 5. Il y a du Montaigne en chacun de nous. Tout goût, toute humeur et passion, toute diversion, amusement et fantaisie, où le christianisme n'a aucune part et où il est comme non avenu, où il est, non pas nié, non pas insulté, mais ignoré par une sorte d' oubli facile et qui veut se croire innocent, tout état pareil en nous, qu'est-ce autre chose que du Montaigne? CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 2, 1842, page 410. Ø 6. La rupture qu'on avait crainte entre la Russie et la Porte n' arriva pas : la modération d'Alexandre retarda l' événement. (...) j'écrivis maintes dépêches qui sont allées moisir dans nos archives avec le rendu compte d' événements non advenus. FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 3, 1848, page 96. Ø 7. Ce primitif s'appelle Lucas Van den Leyden et il rend à mon sens inutiles et non avenus les quatre ou cinq cents ans de peinture qui sont venus après lui. ANTONIN ARTAUD, Le Théâtre et son double, 1939, page 40. - En particulier . dans la langue du droit  : Ø 8. Si l'assignation est nulle par défaut de forme, si le demandeur se désiste de sa demande, s'il laisse périmer l'instance, ou si sa demande est rejetée, l'interruption est regardée comme non avenue. Code civil des Français (ou Code Napoléon) 1804, page 410. 2. Nul et non avenu (exceptionnellement advenu). Même sens . a) Dans un contexte juridique. Expressément déclaré ou considéré comme non avenu : Ø 9. Je déclare que je suis inviolablement pourvu du grade dont vous-même m'avez proclamé revêtu et que prétend révoquer la décision dont vous me faites l'honneur de me prévenir. Cette décision est, de fait comme de droit, nulle et non avenue. Je proteste contre cette décision. Et je vous prie de vouloir bien en provoquer la prompte révocation du général en chef. VICTOR HUGO, Correspondance, 1830, page 481. Ø 10. Hâtons-nous d'ajouter, continua le notaire, que le testateur n'ayant le droit d'aliéner qu'une partie de sa fortune, et ayant aliéné le tout, le testament ne résistera point à l'attaque, mais sera déclaré nul et non avenu. ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Le Comte de Monte-Cristo, tome 2, 1846, page 217. Ø 11. Personne ne s'occupait de l'accord Darlan-Clark, tenu pour nul et non avenu par le Comité de la libération nationale et dont j'avais hautement déclaré à la tribune de l'Assemblée consultative qu' aux yeux de la France il n'existait pas. CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, L'Unité, 1956, page 213. Remarque  : Sur cette expression pléonastique, confer R. LINDON, Le Style et l'éloquence judiciaires, Paris, Albin Michel, 1968, page 39 : " Ces excès sont ridicules. Même sans mériter cette épithète, d'autres clichés sont de purs pléonasmes. Pourquoi « nul et non avenu », (...) « en même et semblable état », « pour servir et valoir ce que de droit »? Je sais bien qu'ils viennent naturellement sous la plume, mais il me semble qu'il y aurait profit à les éliminer. " b) Par extension, dans la langue commune : Ø 12. Peut-être chaque soir acceptons-nous le risque de vivre, en dormant, des souffrances que nous considérons comme nulles et non avenues parce qu'elles seront ressenties au cours d'un sommeil que nous croyons sans conscience. MARCEL PROUST, À la recherche du temps perdu, Sodome et Gomorrhe, 1922, page 980. Ø 13. Le fils repenti rentre à la maison (que le fils vertueux n'a jamais quittée) (...) il n'y a pas équivalence entre celui qui est resté et celui qui est parti, puis revenu, qui a péché, regretté et, sinon aboli le fait d'avoir- fait, du moins réparé la chose faite... On peut, recommençant da capo, tenir le temps pour nul et non advenu ; mais on ne peut faire que le devenir ne soit pas devenu! On peut faire comme si rien n'était arrivé, on ne peut faire que rien ne soit arrivé! Malheur à ceux qui négligent le temps! VLADIMIR JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, page 154. B.- Advenu . 1. [En parlant d'un événement] Qui est arrivé, qui s'est produit. Synonymes : arrivé, devenu, fait, réel; antonymes : inexistant, nul : Ø 14. Quand nous décrivions tout à l'heure le recouvrement du temps par lui-même, nous ne réussissions à traiter le futur comme un passé qu'en ajoutant : un passé à venir, et le passé comme un avenir qu'en ajoutant : un avenir déjà advenu... MAURICE MERLEAU-PONTY, Phénoménologie de la perception, 1945, page 484. 2. MYSTIQUE ANCIENNE. [En parlant de l'âme] Qui est entré dans le monde en s'unissant à un corps. Synonymes : allé, arrivé, venu : Ø 15. LES CAINITES. - L'évangile de Judas! BASILIDE. - Le traité de l'âme advenue! MANÈS. - La prophétie de Barcouf! Antoine se débat, leur échappe;... GUSTAVE FLAUBERT, La Tentation de Saint Antoine, 1874, page 71. Remarque : Dans cet emploi, advenu se rapproche de l'emploi substantival ancien : " étranger nouvellement venu " (confer Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842) (confer aussi infra III A). Il s'agit pour l'âme de se joindre à un être corporel au moment de la naissance : "... l'âme, si le système de Basilide est conséquent avec lui-même, ne peut procéder du démiurge que (...) par voie d'émanation. Elle est, en effet, représentée comme quelque chose de divin, d'étranger à ce monde, d'antérieur à son union avec le corps. " (Dictionnaire de théologie catholique (A. VACANT, E. MANGENOT) tome 2, I 1910, au mot Basilide). III.- Emploi comme substantif masculin ou féminin . advenu. A.- Masculin ou féminin . domaine mystique, rare. Personne survenue en un certain lieu, à un certain moment non absolument prévisibles (confer supra) : Ø 16. Une juvénile forme féminine, en mante sombre, en était descendue, seule. La vision, après s'être orientée sur la plage crépusculaire, s'était hâtée, en courant vers les torches (...) l'homme au masque mystérieux était étendu dans son manteau. - Ô malheureux! s'écria dans un sanglot et en se cachant la face, la jeune apparition lorsqu'elle arriva, tête nue, à côté de lui. - Adieu! Adieu! répondit-il. (...) Tu es libre!.... ajouta-t-il, en laissant retomber sa tête sur la pierre. - Tu es délivré! répondit la blanche advenue en élevant une petite croix d'or vers les cieux... PHILIPPE AUGUSTE MATHIAS DE VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Contes cruels, Duke of Portland, 1883, pages 107-108. Ø 17. Combien (...) la grande page de Rubens nous apparaît consolante dans sa majesté et sa tendresse! Une page entre ses deux marges : d'un côté, la Vierge radieuse et triomphante qui vient rendre visite à sa cousine Élisabeth, et, de l'autre, c'est l' Attente constituée de l'ancienne Loi en la personne de Siméon qui reçoit le nouvel Advenu. PAUL CLAUDEL, Un Poète regarde la Croix, 1938, page 213. Remarque  : Il s'agit dans l'exemple 16 d'une apparition, dans l'exemple 17 (qui joue sur le latin patristique adventus « nativité ») de Jésus au moment de sa venue dans le monde. B.- STYLISTIQUE, PHILOSOPHIE. 1. Masculin. Ce qui est réellement venu à l'existence à un certain moment : Ø 18. Simplement, pour nous devant qui la biographie des morts s'étend différente de ce que la vie a été pour les vivants, - non pas l'inconnu qui, peu à peu, par fragments successifs, devenait connaissable, mais un tout dont à chaque moment nous possédons la suite et la fin et dont les possibles ont été supprimés par l' advenu, - l'analyse, dans Raoul Spifame, a l'accent d'une involontaire prescience et le diagnostic est pronostic. MARIE-JEANNE DURRY, Gérard de Nerval et le mythe, 1956, pages 46-47. 2. Féminin, néologisme d'auteur. Venue effective : Ø 19. Le sujet nu ne « serait » même pas sans l'acte minimal de venir, qui le fait exister temporellement, c'est-à-dire changer; et vice-versa l' acte à peine senti et plutôt entrevu de venir, de venir et survenir, n'est rien d'autre que l' esse lui-même comme avènement, cet avènement étant souvenir, devenir ou advenir selon que l'on considère le surgissement du passé comme présent, la mutation de l'être actuel en un autre ou l' advenue de la nouveauté à venir. VLADIMIR JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, page 22. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 165. Forme dérivée du verbe "advenir" advenir ADVENIR, AVENIR 1 , verbe intransitif. Parvenir, arriver (à, vers), survenir. A.- Vieilli, rare . Avenir, advenir. [À la forme personne le plus souvent, en parlant d'une personne, ou d'une chose concrète ou abstraite] 1. Parvenir en un lieu déterminé ou à la personne intéressée. - Dans la langue juridique.  : Ø 1. La société de tous biens présens est celle par laquelle les parties mettent en commun tous les biens meubles et immeubles qu'elles possèdent actuellement, et les profits qu'elles pourront en tirer. Elles peuvent aussi y comprendre toute autre espèce de gains; mais les biens qui pourraient leur avenir par succession, donation ou legs, n' entrent dans cette société que pour la jouissance... Code civil des Français (ou Code Napoléon) 1804, page 332. - Par archaïsme littéraire : Ø 2. - (...) nous battons la campagne. Or, voilà long-temps que nous cheminons, n' adviendrons -nous pas bientôt? Par saint-Polycarpe! où diantre me conduisez-vous? - À votre tour ne vous impatientez point, Chastelart, nous approchons fort, la Juiverie doit être peu éloignée maintenant PETRUS BOREL, Champavert, les contes immoraux, Dina, la belle juive, 1833, page 117. Ø 3. Il avouait ses tentations, cette envie de tout garder, de tout dévorer, quand il lui advenait un colis de bonnes choses. MAXENCE VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, page 290. 2. Archaïsme littéraire . Advenir à + infinitif. Venir à bout de, réussir à : Ø 4. Tellement qu'en plaine teneur de mes esprits animaux me remettray-je à la forge, dans ma librairie, jusques au lever du soleil, comme ung alquimiste, me pollicitant la palme du langaige françoys si ie adviens à couler la vraie nature des choses dans un moule ciceronian. (...) Cette page est pour ton époux, amateur de telles folastreries et idiomes antiques. GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1876, page 337. 3. Régionalisme . Avenir à quelqu'un (3 e. personne du singulier, personne ou impersonne). Convenir, aller (bien), appartenir à : Ø 5. Avenir. Le verbe nominalisé remplace le verbe seoir dans ce sens : - Cet habit vous avient bien. - Ce ruban avient à votre teint. - Cela n' avient qu' à vous, c'est-à-dire vous seul pouvez dire ou faire cela. - Il vous avient bien de me faire des reproches. HENRI COULABIN, Dictionnaire des locutions populaires du bon pays de Rennes en Bretagne, 1891. B.- Langue courante . Advenir. [Le plus souvent à la 3e. personne du singulier ou à l'infinitif, en parlant d'un événement] Se produire, comme une chose possible, mais de manière non absolument prévisible, quoique attendue. 1. En construction personnelle : Ø 6. Mais il emporte au désert le passé, s'il y a un passé. Lui-même, au fond, n'en sait rien. Les faits qu'il voit peints par le doigt de Dieu et comme réfléchis au puits profond de son coeur, sont -ils advenus, ou adviendront -ils? Il les voit, moins comme faits que comme droit, comme Dieu les verrait, tous les temps étant finis, au jour du Jugement. Nul temps : tout fait comme présent, rien de successif. JULES MICHELET, Journal, avril 1842, page 390. Ø 7. Ces possibilités, rentrant dans le cercle de celles auxquelles il avait songé, ne lui auraient pas paru bien étranges si elles se fussent effectuées; en effet, ce sont là de ces choses que l'on voit, qu'il avait vues, auxquelles il s'était vaguement attendu les jours où, pensant à Henry et s'imaginant tout ce qui pourrait lui advenir de bien et de mal, il avait bâti ces hypothèses et ces aventures que nous édifions dans l'absence des personnes qui nous sont chères. GUSTAVE FLAUBERT, La Première éducation sentimentale . 1845, pages 184-185. Ø 8. Madame de Vaubert le suivit longtemps des yeux, puis retomba dans sa rêverie. Elle en sortit souriante et radieuse. Que s'était-il passé ? Qu' était- il advenu? Moins que rien, une idée. Mais une idée suffit à changer la face du monde. JULES SANDEAU, Mademoiselle de la Seiglière, 1848, page 42. Ø 9. Mais je sens que la mort est proche! Vienne l'automne, advienne l' instant de profond silence,... PAUL CLAUDEL, La Ville, 2e. version, 1901, III, page 490. Ø 10. Il ne fait qu'anatomiser l' événement et l'expliquer, analyser sa façon de se produire. Il traite l' événement comme si celui-ci ne contenait rien de plus que les causes matérielles qui permettaient de le prévoir. Or, tout événement doit parler au coeur en même temps qu'à la pensée. En même temps que nos sens le reçoivent, il doit tenir en nous toute la place du songe. La moindre chose qui nous advient est, évidemment, une image de ce que nous sommes et non une image de ce que nous pensons. Notre destinée s'y lit au grand jour. JOE BOUSQUET, Traduit du silence, 1935-1936, page 91. Ø 11.... je n'arrive pas à suprimer toute référence de ma vie à un monde, à chaque instant quelque intention jaillit à nouveau de moi, ne serait-ce que vers les objets qui m'entourent et tombent sous mes yeux ou vers les instants qui adviennent et repoussent au passé ce que je viens de vivre. MAURICE MERLEAU-PONTY, Phénoménologie de la perception, 1945, pages 192-193. Ø 12.... le temps n'est-il pas la dimension selon laquelle quelque chose advient en général? Le devenir n'est-il pas la façon qu'a le non-être d' advenir, et par suite de venir à l'être ? Dans un monde d'alternative où l'être en acte s'annihile dialectiquement dans le rien, où venir à l'être est le seul être réel, c'est la continuation d' avènement qui est l'effectivité elle-même... VLADIMIR JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, page 93. Ø 13. Le sophisme de Diodore Kronos, c'est d'appliquer au futur soi-disant nécessaire le principe d'identité et du tiers-exclu : les choses, quoi qu'il arrive, ne pouvaient être qu'ainsi, c'est-à-dire telles qu'elles ont été; quoi qu'il arrive, c'est ce qui devait advenir qui sera advenu; quoi qu'il arrive c'est, par définition même, le motif le plus fort qui aura prévalu. Certes tout prouve le destin... VLADIMIR JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957 page 202. Remarque  : Ainsi que le montrent les exemples, le sujet représente fréquemment un mot très général ou très abstrait (ce qui, chose qui, quelque chose, rien, fait, instant). 2. En construction impersonnelle . a) Construction impersonnelle simple ou complexe : Ø 14. Nourri dans la foi en une Providence qui agit sur nous par des volontés particulières, rien ne lui arrive qu'il n'y voie le signe de desseins adorables et terrifiants. Et il lui advint, en effet, une aventure faite pour impressionner de plus braves. Sans doute avait-il changé de vie depuis deux années déjà... FRANÇOIS MAURIAC, La Vie de Jean Racine, 1928, page 127. Ø 15.... le temps est l'effectivité toute pure, réduite au seul fait de devenir; en rapport avec la chronologie, l'inexprimable « il y a », dont nul ne peut rien dire, doit être interprété ainsi : « il devient », et par conséquent « il advient » ou « survient » - c'est-à-dire, en général, « il vient ». On montrera que l' événement ou avènement est le devenir sous l'aspect instantané, comme le devenir est le « il y a » sous la forme continuée. Qu'il s'agisse de devenir ou qu'il s'agisse d' advenir et de survenir, le temps dans les deux cas est une sorte d'évidence, mais une évidence fondante... VLADIMIR JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, page 69. b) Il advient que + indicatif ou subjonctif . Ø 16. Mais, dans Possession du monde, l'idéologue applique avec sérieux les principes de la « mind cure ». (...) « Quand tu parles de vertu, de bonheur, de courage, dit-il, à force d'exprimer ces idées, il advient qu' elles agissent sur toi en retour; un moment arrive où tu es moralement contraint à devenir l'oeuvre de tes opinions. (...) ». HENRI MASSIS, Jugements, tome 2, 1924, page 179. Ø 17. Calé dans le coin droit, côté face, du compartiment, je fume une cigarette en lisant, Dieu me pardonne! en lisant Le Populaire. Le coin droit, côté face, parce que c'est la place réservée à Folcoche, lorsqu' il advient d'aventure que nous prenions le tortillard d'Angers. HERVÉ BAZIN, Vipère au poing, 1948, page 201. Remarque  : Avec l'indicatif, advenir signifie « se produire effectivement »; avec le subjonctif, il signifie « se produire éventuellement » (exemple 17 : il advient d'aventure que... ). 3. (En) advenir de quelqu'un, plus rarement de quelque chose . [En parlant du destin incertain de la personne ou de la chose désignée par le complément prépositionnel] Se produire, arriver dans la suite des événements à venir : Ø 18. Qui sait ce qui peut advenir de la fragilité des femmes? Qui sait jusqu'où peut aller l'inconstance de ce sable mouvant,... ALFRED DE MUSSET, Comédies et proverbes, André del Sarto, 1834, II, 1, page 80. Ø 19. Convenez des mouvements, à telle date, en France et en Allemagne, de vos troupes alliées. Mais si vous vous en remettez au hasard, que voulez- vous qu'il en advienne? Le hasard d'un côté, d'énormes forces organisées de l'autre, - le résultat est certain : vous serez écrasés. ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, Dans la maison, 1909, page 1065. Ø 20. Nous roulons dans les probabilités. Qu' adviendra -t-il de nos fils? Que penseront-ils dans vingt ans ? Enquêteurs et enquêtés l'ignorent. Cela dépend des âmes, qui vont continuer de s'échauffer et qui sont toutes inégales, et d'une certaine fermentation de la raison publique, sur laquelle d'ailleurs il est très possible d'agir. MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, avril -août 1913, page 150. Ø 21. Icare était, dès avant de naître et reste après sa mort, l'image de l'inquiétude humaine, de la recherche, de l'essor de la poésie, que durant sa courte vie il incarne. Il a joué son jeu, comme il se devait; mais il ne s' arrête pas à lui-même. Ainsi en advient -il des héros. Leur geste dure et, repris par la poésie, par les arts, devient un continu symbole. ANDRÉ GIDE, Thésée, 1946, page 1436. Remarque : 1. La construction est personnelle dans l'exemple 18, impersonnelle dans les 3 autres exemples Dans les 2 cas, un mot (sujet ce qui dans l'exemple 18, que interrogatif dans les exemples 19, 20, ainsi dans l'exemple 21) indique l'événement ou le destin attendu ou effectif. 2. En explétif ne se rencontre que dans la tournure affirmative (exemple 21); il est pronominal ( de + nom) dans l'exemple 19. 3. La tournure s'emploie fréquemment en construction interrogative (exemple 18, 19, 20), parfois dans une réponse à une question réelle ou supposée (exemple 21); il est en effet de la nature de cette tournure fortement affective de supposer une inquiétude sur l'avenir. 4. Locutions figées . a) Quoi qu'il advienne, variante quoi qu'il en advienne : Ø 22. Je passe mon temps à ranimer le passé. Quant à l' avenir, ce sont des ténèbres épouvantables. Quoi qu'il advienne, tout ce que nous avons aimé est fini! Nous pouvons devenir vertueux, mais nous serons bien bêtes! Dans quel monde de pignoufs on va entrer! GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1870, page 166. Ø 23.... il faut rattacher cette déficience (car évidemment c'en est une) à ce que je disais plus haut : celle du sentiment du temps. Quoi que ce soit qu'il m' advienne, ou qu'il advienne à autrui, je le mets aussitôt au passé. De quoi fausser gravement le jugement sur les événements appelés à devenir historiques. J'enterre les gens et les choses, et moi-même, avec une facilité déconcertante... ANDRÉ GIDE, Ainsi soit-il, ou Les Jeux sont faits, 1951, page 1227. Remarque  : Selon DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, il s'agit de la devise d'une famille du Dauphiné, dont le nom était Bocsoz-el-Montgontier. b) Advienne que pourra : Ø 24. J'ai pris de la vie tout ce que j'ai pu prendre, entendez-vous, à grandes lampées, la gorge pleine! Je l'ai bue à la régalade : advienne que pourra! Il faut en prendre son parti, l'Abbé. Qui jouit craint la mort. GEORGES BERNANOS, Sous le soleil de Satan, 1926, page 292. Ø 25. Dès le XIIe. siècle s'élèvent des voix singulières, et des adeptes de l'« ancienne philosophie », entichés de paganisme, s'en vont disant : « Qu'importe la mort? Prenons le bien qui nous vient à chaque jour. Après, advienne que pourra! La mort mettra fin à la bataille et, elle venue, il ne restera plus rien ni du corps ni de l'âme. » EDMOND FARAL, La Vie quotidienne au temps de Saint Louis, 1942, page 231. c) Proverbe . Fais ce que dois, advienne que pourra. Il faut faire son devoir quoi qu'il puisse en résulter : Ø 26. Le catholicisme, qui jadis eut ma foi, doit toujours conserver ma vénération. Pourtant, je ne pus jamais m'empêcher de lui préférer secrètement la chevalerie, dont j'entends encore retentir, au XVIe . siècle, le noble résumé : Fais ce que dois, advienne que pourra. AUGUSTE COMTE, Catéchisme positiviste, ou Sommaire exposition de la religion universelle, 1852, page 357. Ø 27. Mais qu'importe, du reste. J'ai retourné la fière devise : Fais ce que dois, advienne que pourra, et de fière, je l'ai faite soumise : Fais ce qu'elle veut, advienne que pourra! - C'est écrit pour lui plaire; que me faut-il de plus?... JULES BARBEY D'AUREVILLY, Troisième Mémorandum, 1856, pages 52-53. Ø 28. Mauvaise fin de semaine et mauvais commencement d'année. - Mais foin de l'amour-propre! Fais ce que dois, advienne que pourra! Fais ton devoir et moque- toi du reste,... HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal intime, 6 janvier 1866, page 46. Remarque : 1. " (Montaigne) C'est la devise des Maréchaux de France. " (L.-M.-E. Grandjean, Dictionnaire de locutions proverbiales, Toulon, Imprimerie, régistres, tome 1, 1899, page 365, au mot devoir). 2. Ces 3 locutions sont fortement affectives, en raison du verbe et de son mode employés en proposition principale : les 2 premières expriment un fatalisme généralement hédoniste ou épicurien, la troisième est l'expression traditionnelle de l'attitude stoïque en face du destin.     STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 713. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 578, b) 1 000; XXe. siècle : a) 932, b) 1 442.

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Hâtons-nous d'ajouter, continua le notaire, que le testateur n'ayant le droit d'aliéner qu'une partie de sa fortune, et ayant aliéné le tout, le testament ne résistera point à l'attaque, mais sera déclaré nul et non avenu. ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Le Comte de Monte-Cristo, tome 2, 1846, page 217.  11.

Personne ne s'occupait de l'accord Darlan-Clark, tenu pour nul et non avenu par le Comité de la libération nationale et dont j'avais hautement déclaré à la tribune de l'Assemblée consultative qu' aux yeux de la France il n'existait pas.. »

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