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Définition: AÉRÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.

Publié le 06/10/2015

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Définition: AÉRÉ, -ÉE, participe passé et adjectif. I.- Participe passé de aérer* : Ø 1.... les fonctionnaires sommeillant sur les dossiers poussiéreux dans les locaux par extraordinaire aérés, portes et fenêtres ouvertes pour établir un courant d'air,... BLAISE CENDRARS, Bourlinguer, 1948, page 304. II.- Adjectif . A.- [S'applique à un lieu clos] Où l'air entre, circule et se renouvelle facilement. Par extension. Où la lumière pénètre. Antonyme : confiné (confer aérer I A 1) : Ø 2.... l'heure de visiter le collège était arrivée; M. M., qui voulut bien m'y conduire, m'y laissa, en me rappelant qu'il m'attendait à dîner. Le local réunit tous les avantages qu'exige sa destination : il est vaste, commode et bien aéré; ... VICTOR-JOSEPH ÉTIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la chaussée d'Antin, tome 4, 1813, page 29. Ø 3. Les bergeries, les écuries, les vacheries, les laiteries, les granges se rebâtirent sur le modèle de mes constructions et de celles de M. Gravier, qui sont vastes, bien aérées, par conséquent salubres. HONORÉ DE BALZAC, Le Médecin de campagne, 1833, pages 46-47. Ø 4. Ainsi on dit d'une manière générale qu'il faut ventiler beaucoup; hé bien! des faits prouvent que dans des salles mal aérées des malades amputés guérissent mieux que dans des salles bien aérées. Il peut se faire en effet que dans un air peu renouvelé l'individu s'abaisse peu à peu comme un oiseau sous cloche et qu'il résiste mieux à la cause morbifique qui l'épuise. CLAUDE BERNARD, Principes de médecine expérimentale, 1878, pages 164-165. Ø 5. La rue commerçante à l'intérieur de l'édifice est mal aérée ... (Le Corbusier). Combat . 19-20 janvier 1952, page 8, colonne 1. Remarque  : Association fréquente : bien aéré (exemple 2, 3, 4); antonymes : mal aéré (exemple 4); vaste/aéré (exemple 2, 3). · Par métaphore . [En parlant d'un espace pris au figuré] : Ø 6. Un secret inexpliqué tient souvent en vous une place plus noble et plus aérée que son explication. C'est l'ampoule d'air chez les poissons. Nous nous dirigeons avec sûreté dans la vie en vertu de nos ignorances et non de nos révélations. JEAN GIRAUDOUX, Intermezzo, 1933, III, 4, page 188. Ø 7. Jacques aussi, depuis quatre ans, avait plus ou moins cédé à ses « entraînements »; mais jamais sans remords. À son insu, dans un coin peut-être mal aéré de sa conscience, subsistait quelque chose de cette distinction puérile entre le « pur » et l'« impur », qu'il faisait si souvent, jadis, au cours de ses discussions avec Daniel. ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, page 271. Ø 8. On peut encore opposer un milieu stimulant, qui lutte contre les torpeurs où s'engourdit la sensibilité, à un milieu déprimant, qui détend le ressort vital; un milieu aéré, qui donne à l'initiative et à la liberté l'espace de vie nécessaire et un milieu étouffant qui les comprime, parfois sous les meilleures intentions. EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 111. · Par extension . CHIMIE. [Appliqué généralement à l'eau, s'emploie aussi pour qualifier une substance, ou tout autre liquide] Imprégné d'air (confer aérer I A 3 a) : Ø 9. [Un] procédé [de préparation] de l'oxyde de fer (...) repose sur la décomposition spontanée, au moyen de l'eau aérée, du sulfate de protoxyde de fer. ADOLPHE BRONGNIART, Traité des arts céramiques ou des poteries considérées dans leur histoire, leur pratique et leur théorie, tome 2, 1844, page 518. Ø 10. Si les plantes peuvent s'assimiler les éléments de l'air, ce sont celles qui vivent dans l'air ou dans l'eau. Les placer dans de l'air sec ou dans de l' eau distillée, aérée. Croîtront-elles en ayant le soin de tamiser l'air? CLAUDE BERNARD, , Cahier de notes (1850-1860), 1860, page 94. - [En parlant d'une chose placée dans l'espace] Ouvert et exposé à l'air libre : Ø 11. Je gagnai la zone sud avec l'intention de me renseigner sur la résistance. Mais une fois rendu, et renseigné, j'hésitai. L'entreprise me paraissait un peu folle et, pour tout dire, romantique. Je crois surtout que l'action souterraine ne convenait ni à mon tempérament, ni à mon goût des sommets aérés. ALBERT CAMUS, La Chute, 1956, page 1537. · Par métaphore : Ø 12. Le nom de M lle. de Préfailles fut prononcé comme il devait l'être. - Alors tu vois de qui il s'agit, et c'est bien. Ses confidences ainsi aérées et toute son âme ouverte, ce fut désormais très facile. Un flot large coula, d'un coeur repris par tous les enivrements du passé. JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 2, 1933, page 460. B.- [En parlant de choses concrètes] Où l'on a pratiqué (variante : où se trouvent naturellement) des espaces vides favorisant la circulation de l'air (le cas échéant, la pénétration ou la diffusion de la lumière) : Ø 13. Les prairies semées de coucous et de violettes, à son humble et impérieux avis, sont aussi douces à ceux qui s'étendent l'un sur l'autre qu'à ceux qui s'étendent l'un près de l'autre, soit qu'ils lisent, soit qu'ils soufflent sur la sphère aérée du pissenlit, soit qu'ils pensent au repas du soir ou à la république. JEAN GIRAUDOUX, La Guerre de Troie n'aura pas lieu, 1935, II, 12, page 177. Ø 14. Nous dînons en face d'un jardin à l'italienne assez beau mais insuffisamment aéré; le feuillage trop luxuriant estompe le dessin des allées, la forêt vierge, ici comme dans le vrai sud, tendant toujours à reprendre ses droits et bousculant l'architecture des jardins :... JULIEN GREEN, Journal, 1940, page 7. C.- Emplois figurés (Confer aussi supra A et B, emplois métaphoriques) 1. [En parlant de la vie de l'esprit] Ouvert à ce qui libère de l'oppression, accueillant à ce qui vient du dehors : Ø 15. Sa vie intérieure est (...) trouble, équivoque, jamais aérée, malsaine. S'il prend des libertés avec la doctrine, il affecte un respect scrupuleux du précepte moral. GEORGES BERNANOS, L'Imposture, 1927, page 315. Ø 16. Le nouveau professeur, M. Bougaud, juste sorti de l'École normale, annonçait son dessein d'insister sur ce qu'il appelait la partie idées de l'histoire littéraire, le libéralisme universitaire devant ouvrir à toutes un coeur aéré, des bras pleins d' accueil. JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 1, 1933, page 84. 2. [En parlant d'idées, et plus généralement d'activités ou d'oeuvres de l'esprit] Clarifié et simplifié par l'intelligence, allégé par l'élimination de ce qui est accessoire : Ø 17. Voici, au début d'une pièce de Swelinck (...) une construction qui (...) est plus plaisante, nette, aérée ... JULES COMBARIEU, La Musique, 1910, page 76. Ø 18. Vous avez fait plus de quarante articles pour décrire, prédire ce que nous constatons. Aujourd'hui (on rencontre vos pas sur tous les sentiers de guerre où nous nous engageons), je me figure que vous n'en avez jamais écrit de plus mouvementé, souple, aéré, persuasif que celui que vous me faites l'honneur de me consacrer. MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 10, janvier -avril 1914, page 301. Ø 19. C'est trop dense; tout le système y passe; une malade s'accommoderait mieux de réflexions plus légères, plus aérées. La mère Agnès vient de prendre ses grades, mais enfin il paraît bien qu'elle ne récite pas une leçon. L'assimilation est achevée. Voici plus alerte et plus simple. Elle écrit à Robert d'Andilly,... ABBÉ HENRI BREMOND, Histoire littéraire du sentiment religieux en France, tome 4, 1920, page 201. Ø 20. Il diffère du paragraphe d' Adolphe plus resserré, plus profond encore, mais moins immédiatement poétique dans l' acception aérée du terme. CHARLES DU BOS, Journal, novembre 1926, page 134. 3. Par extension . [En parlant de choses faites, de paroles dites par l'homme] Léger ou libre comme l'air : Ø 21. Il s'agissait cette fois de la réelle bouillabaisse de mer, aérée, légère... LÉON DAUDET, La Mésentente, 1911, page 194. Ø 22. La prière du matin, récitée, ainsi que jadis, entre la cuisine et la chambre à coucher, était hâtive, légère, aérée et comme mousseuse, à goût de chocolat et de départ. JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 1, 1933, page 63. Ø 23. La jeunesse d'Allan a été entourée certainement d'une prodigalité de luxe, de ce luxe aéré, capricieux, un peu irréel, qui doit s'accommoder de continuels déplacements, d'une vie de voyages, de palaces, de stations thermales élégantes, de relations aussi inconsistantes que brillantes avec des acteurs, des écrivains, des virtuoses - une atmosphère de cour de jeune prince romantique dont le manque d'assise réelle ne dut pas être perceptible tout de suite à Allan. JULIEN GRACQ, Un Beau ténébreux, 1945, page 49. Remarque : 1. Dans ces emplois, aéré est fréquemment associé à léger, dont il est un synonyme expressif. 2. Le sens y demeure souvent, de propos délibéré, très vague et ne se détermine tant soit peu que dans le contexte des énoncés ( confer en particulier l'exemple 21).   STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 127. Forme dérivée du verbe "aérer" aérer AÉRER, verbe transitif. I.- Emploi transitif . A.- Faire circuler de l'air dans ou sur un objet. 1. Renouveler l'air d'un espace clos en y faisant entrer l'air du dehors, ventiler. Aérer une pièce, une chambre : Ø 1. Les dispositions de la façade de [la] basilique [de Sainte-Agnès, à Rome] , sont fort simples : un fronton indique l'inclinaison du toit supérieur, qui est aéré par un oculus ouvert au milieu du tympan. ALBERT LENOIR, L'Architecture monastique, tome 1, 1856, page 115. Ø 2. C'était une grande salle dont on n' ouvrait les croisées que rarement, et seulement pour l' aérer. Le jour du dehors courait en filets minces le long des fentes des contrevents. PAUL REIDER, Mademoiselle Vallantin, 1862, page 111. Ø 3.... J'ai passé cette fin de journée à m'aigrir Par le spectacle vain et la psychologie Douloureuse des fleurs pâles qui vont mourir. Triste vase : hôpital, froide alcôve de verre Qu'un peu de vent, par la fenêtre ouverte, aère Mais qui les fait mourir plus vite, en spasmes doux, Les pauvres fleurs, dans l'eau vaine, qui sont phtisiques, Répandant, comme en de brusques accès de toux, Leurs corolles sur les tapis mélancoliques. GEORGES RODENBACH, Le Règne du silence, 1891, page 10. Ø 4. Selon leur âge, il distribue leur besogne aux nourrices qui soignent les larves et les nymphes, aux dames d'honneur qui pourvoient à l'entretien de la reine et ne la perdent pas de vue, aux ventileuses qui du battement de leurs ailes aèrent, rafraîchissent ou réchauffent la ruche, et hâtent l'évaporation du miel trop chargé d'eau, aux architectes, aux maçons, aux cirières,... MAURICE MAETERLINCK, La Vie des abeilles, 1901, page 29. - Par analogie : Ø 5. C'était l'heure de la sieste. La ville dormait, déserte et silencieuse, bercée par le mistral, soufflant en grands coups d'éventails, aérant, vivifiant l'été chaud de Provence,... ALPHONSE DAUDET, Numa Roumestan, 1881, page 67. Ø 6. Démétrios allongea la jambe droite afin d'abaisser son genou qui se fatiguait un peu. Puis il fit lever la jeune femme, se leva lui-même, secoua son vêtement pour aérer les plis, et dit doucement : « Non... adieu. » PIERRE LOUÿS, Aphrodite, 1896, page 199. Ø 7. Au reste celui qui veut faire l'insouciant sait bien hausser les épaules, ce qui, à bien regarder, aère les poumons et calme le coeur, dans tous les sens du mot. ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1923, page 530. - Emploi absolu : Ø 8. Les fenêtres, chose incroyable, s'ouvraient, et l'air de la révolution recevait le droit d' aérer. JEAN GIRAUDOUX, Siegfried et le Limousin, 1922, page 241. Ø 9. Chez lui, où il a construit une sorte d'entrepôt, tout cela s'empile tas par tas ou pend accroché aux poutrelles, attendant l'écoulement, et lorsque, la porte ouverte pour aérer, le soleil pénètre dans la pièce, on voit ces choses mortes ou fanées se ranimer : fourrure qui chatoie ou tissu qui rayonne comme aux flancs de la femme ou de la bête, cristaux de tartre étincelants sous le rayon, comme des pierreries. JOSEPH DE PESQUIDOUX, Chez nous, tome 2, 1923, page 220. 2. Ouvrir, exposer à l'air. Aérer un lit : Ø 10. C'était l'heure attendue, l'heure du pansement, qui seule amenait un peu de calme, aérait les lits, délassait les corps raidis à la longue dans la même position. ÉMILE ZOLA, La Débâcle, 1892, page 501. Ø 11. Ils ne mettent que du gros linge rude. Ça les gratte comme du papier de verre, et la saleté ne peut pas rester noire. Ils couchent quarante ans sur la même « couette » sans en changer, sans même en aérer la plume. JULES RENARD, Journal, 1903, page 855. Ø 12.... commencé en mars pour enfouir et tuer l'herbe, et le mettre en contact avec les agents atmosphériques; refait en juillet, ouvert aux effluves de l'astre pour emmagasiner de la flamme; achevé en septembre-octobre où les fumures sont mêlées à l'arène pulvérisée, au milieu de l'activité inouïe des infiniments petits, ainsi qu'on plie, replie, aère et garnit une couche humaine; il s'y est peu à peu désagrégé, incorporé, il y a préludé aux transformations merveilleuses qui le convertissent de mois en mois en fruit de vie... JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, tome 2, 1928, page 249. - Par analogie . [En parlant d'un être vivant] " Faire prendre l'air, promener. Aérer un convalescent. " (Dictionnaire de l'Académie Française) : Ø 13. Ainsi le paysan, l'été, abrite son cheval de la piqûre irritante des mouches, en lui voilant la face d'un frais et mouvant feuillage. Lorsqu'il revient du travail, s'il est en sueur, son maître, au lieu de l'enfermer aussitôt, doucement le promène pour l' aérer, le bien sécher. JULES MICHELET, Sur les chemins de l'Europe, 1874, pages 250-251. Remarque : paradigmes et syntagmes. a) Comme il s'agit le plus souvent de renouveler l'air vicié d'un endroit clos, aérer est associé au verbe ouvrir (exemple 2, 8), et davantage encore au participe ouvert, qualificatif des substantifs indiquant les moyens de aérer : oculus ouvert (exemple 1), fenêtre ouverte (exemple 3), porte ouverte (exemple 9). b) L'objet, habituellement exprimé, désigne le lieu fermé dont on change l'air : salle (exemple 2), ruche (exemple 4), ou la literie, couramment exposée à l'air : lits (exemple 10), couche (exemple 12), plume [de la « couette »] (exemple 11). Le sujet, généralement un animé, peut aussi être un inanimé qui est alors, le plus souvent, source d'un mouvement d'air : mistral (exemple 5), vent (exemple 3), air de la révolution (exemple 8). Il se rencontre volontiers en association avec des verbes explicitant les sensations bénéfiques de son action : aérer/vivifier (exemple 5), aérer/ délasser (exemple 10), aérer/rafraîchir ou réchauffer (exemple 4), aérer/calmer (exemple 7). 3. Emplois techniques . a) CHIMIE. Faire absorber de l'air à une substance : Ø 14. Les eaux ferrugineuses peuvent être beaucoup améliorées en les aérant fortement par passage sur des lits de gros graviers. EUGÈNE BOULANGER, Malterie, brasserie, 1934, page 32. b) HORTICULTURE. Changer l'air (des serres), exposer à l'air (la terre ou les plantes), espacer (les plantes) : Ø 15. Aérer. C'est ainsi qu'on désigne toute opération qui a pour résultat de faire arriver l'air extérieur là où on juge sa présence nécessaire. Aérer une serre, des chassis, etc., c'est y établir un courant d'air. ÉLIE-ABEL CARRIÈRE, Encyclopédie horticole, 1862, page 9. Ø 16.... [il] respecta les fleurs, laissa se nouer les fruits, en choisit un sur chaque bras, supprima les autres, et, dès qu'ils eurent la grosseur d'une noix, il glissa sous leur écorce une planchette pour les empêcher de pourrir au contact du crottin. Il les bassinait, les aérait, enlevait avec son mouchoir la brume des cloches, - et, si des nuages paraissaient, il apportait vivement des paillassons. GUSTAVE FLAUBERT, Bouvard et Pécuchet, tome 1, 1880, page 32. Ø 17. On laboure la vigne en rejetant la terre au milieu du sillon, on la déchausse pied par pied. On aère ainsi la souche, on détruit son système radiculaire à fleur de sol, on la force à chercher en dessous, dans la masse remuée par la charrue défonceuse et plus outre, les couches vierges où tout est substance. JOSEPH DE PESQUIDOUX, Chez nous, tome 1, 1921, page 110. c) MARINE. Faire circuler l'air dans les parties intérieures d'un bâtiment : Ø 18. Je redoublai de soins pour conserver la santé des équipages pendant cette crise, produite par un passage trop subit du froid au chaud et à l'humide; je fis distribuer, chaque jour, du café au déjeûner; j'ordonnai de sécher et aérer le dessous des ponts;... Voyage de la Pérouse autour du monde (MILET DE MUREAU) tome 3, 1797, page 173. Ø 19. Les caillebottis et les panneaux avaient été enlevés, afin d' aérer et de sanifier la cale,... EUGÈNE SUE, Atar Gull, 1831, page 6. Ø 20. Sur les navires, on emploie pour aérer les entreponts, des appareils connus sous le nom de manches à vent,... LOUIS SER, Traité de physique industrielle, tome 2, 1890, page 683. Remarque  : " On utilise le mot ventiler, de préférence à aérer, quand l'air frais est envoyé avec force dans les locaux à aérer; on emploie aérer pour les couchages, pour tout ce qu'on monte sur le pont pour être mis à l'air, sans utilisation de moyens mécaniques. " (GLOSSAIRE DES TERMES DE MARINE (JULIEN LE CLÈRE) 1960). B.- Ouvrir, pratiquer des espaces vides dans un lieu ou dans un objet compact pour permettre la circulation de l'air, de la lumière ou des personnes : Ø 21. Et les bois eux-mêmes, aménagés, aérés de larges clairières, semblaient déborder de plus de sève... ÉMILE ZOLA, Fécondité, 1899, page 604. Ø 22. Ces larges artères, en trouant les quartiers tassés du vieux Paris, vont découvrir et aérer [au XIXe. s.] d'antiques monuments, tout surpris d'être ainsi dénudés. LOUIS HOURTICQ, Histoire générale de l'art, La France, 1914, page 385. Ø 23. À trois mois de là, on sonna à ma porte. C'était mademoiselle de Plémeur, dégouttante de pluie, dans mon Neuilly lointain. Au salon, son chapeau enlevé, et secouant la tête avec un geste de petite fille, pour aérer, alléger ses cheveux bretons, inaccessibles à la raie, elle me dit sans préambule : - J'ai tout laissé choir. HENRI DE MONTHERLANT, Les Olympiques, 1924, page 282. Ø 24.... les nervures et les longs fûts de pierre s'élançaient de toutes parts pour soulever, aérer, bercer l'immense vaisseau;... ÉLIE FAURE, L'Esprit des formes, 1927, page 60. Remarque : Aérer est dans ce sens très proche de verbes contenant une idée d'allégement, de dégagement : découvrir/aérer (exemple 22), soulever/aérer (exemple 24), alléger/aérer (exemple 23), idée qui se retrouve dans le complément de larges clairières (exemple 21), ou le sujet larges artères (exemple 22) qui expriment le moyen emploi pour l'aération. - Emploi technique . PEINTURE. Espacer les toiles sur un panneau : Ø 25. Aérer un panneau dans une exposition : mettre un certain espace entre les toiles. HUGUES, Expressions d'atelier. C.- Emplois figurés . 1. Renouveler la vie, l'esprit, le coeur, etc. (en l'ouvrant à d'autres préoccupations) : Ø 26. Je me dis : vis dans les sages. Toujours l'honnête homme ouvrit La fenêtre des vieux âges Pour aérer son esprit. Et je m'en vais sur la cime Dont Platon sait le chemin. VICTOR HUGO, Les Chansons des rues et des bois, 1865, pages 100-101. Ø 27. Mais cette atmosphère n'enveloppe que ceux qui ont eu soin d' aérer assez souvent leur vie en entr'ouvrant parfois les portes de l'autre monde. C'est près de ces portes que l'on voit. C'est près de ces portes que l'on aime. MAURICE MAETERLINCK, Le Trésor des humbles, 1896, page 244. Ø 28. Mais de temps en temps je parvenais, en faisant passer tel ou tel courant d'idées au travers de mon chagrin, à renouveler, à aérer un peu l'atmosphère viciée de mon coeur. MARCEL PROUST, À la recherche du temps perdu, La Fugitive, 1922, page 448. Ø 29. Par contre, rien n'assied un jugement comme de le dresser sur de fortes racines de la terre au zénith, rien n'assure le bon sens, n'abaisse la prétention, n' aère l'intelligence, n'élargit le geste, ne décourage la médiocrité, comme de camper sa vie en plein univers et de toujours maintenir sous « le ciel étoilé au-dessus de nos têtes » les perspectives familières de la vie quotidienne. EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 120. Ø 30. La liberté est ainsi à la fois la respiration de la conscience et l'oxygène vital qui aère et ventile cette conscience, déblayant autour d'elle une latitude permanente d'agir, d'entreprendre, d'espérer. VLADIMIR JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, page 218. - En particulier. Assainir un débat difficile (par un changement de sujet, une plaisanterie, etc.) : Ø 31. - « Tiens », fit-il, s'adressant de nouveau à Jacques, « je veux aussi écrire mes mémoires, pourquoi pas? j'en ai eu, moi, des joies familiales! j'en ai, des souvenirs d'enfance! de quoi en prêter à ceux qui n'en ont pas! » D'autres groupes, attirés par les éclats de voix, se rapprochaient : les galéjades du Tribun avaient le mérite d' aérer, de temps à autre, l'atmosphère de ces discussions en vase clos. ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, page 43. Ø 32. Elle (une initiative) aère l' atmosphère dramatique et la rend plus respirable. GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Jumelle noire, 1938, page 53. Remarque  : Syntagme fréquent : aérer l'atmosphère. 2. Clarifier les idées ou leur présentation (en les distinguant mieux, en ne gardant que l'essentiel, etc.) : Ø 33. Il faut que monsieur le juge, en rentrant, trouve sur son bureau la belle lettre où je m'en vais lui signifier mon départ. Mais avant de l'écrire, je sens un immense besoin d' aérer un peu mes pensées... ANDRÉ GIDE, Les Faux-monnayeurs, 1925, page 934. Ø 34.... notre correspondant veut-il bien me permettre de détendre, d' aérer un peu ce beau raccourci [d'exposé] ? ABBÉ HENRI BREMOND . La Poésie pure, 1926, page 139. Remarque : L'objet est généralement une entité abstraite : esprit (exemple 26), vie (exemple 27), coeur (exemple 28), intelligence (exemple 29), conscience (exemple 30), pensées (exemple 33). II.- Emploi pronominal . A.- Emploi passif . [Ce qui s'aère est un nom de chose] 1. Laisser s'aérer. Laisser l'air libre passer dessus, laisser à l'air libre : Ø 35.... les arbres doivent être abattus le premier vendredi de la lune d'août. La fibre s'en trouve plus serrée, et toute trempée de flamme à l'abri des vers. Les pièces abattues, des bouviers, clients ordinaires payés en nature, sont priés. On choisit un jour de beau temps et on gagne le chantier. On charge des arbres sur des essieux de char découplés, et on démarre. À domicile on les empile. On les laisse s'aérer tout l'automne, achever de se durcir aux premiers grands gels, et, chose curieuse, prendre une certaine température, devenir moins froids afin de pouvoir les travailler. JOSEPH DE PESQUIDOUX, Chez nous, tome 1, 1921, page 215. Ø 36. Il ne reste donc à Mme. Maillecottin que deux lits dont elle ait à s'occuper. Elle y passe beaucoup de temps, laisse la literie s'aérer longuement à la fenêtre,... LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, Le 6 octobre, 1932, page 61. 2. S'ouvrir à l'air libre, devenir plus léger : Ø 37. Le lecteur d'un poème l'illustre forcément. Il boit à la source. Ce soir, sa voix a un autre son, la chevelure qu'il aime s'aère ou s'alourdit. Elle contourne le morne puits d'hier ou s'enfonce dans l'oreiller, comme un chardon. PAUL ÉLUARD, Donner à voir, 1939, page 76. Ø 38. Le moteur ronflait régulièrement, d'un bruit doux, endormi, précautionneux, comme enveloppé d'ouate. Une brume livide roulait par instants sur les haies. Puis de nouveau la nuit touffue, matelassée, des campagnes, s'aérait, battait comme un manteau qu'on délace, et la route le rejetait à l'horizon de mer. Il continuait sa marche, docile à cette vitesse monotone, à ce mouvement feutré. JULIEN GRACQ, Un Beau ténébreux, 1945, page 186. B.- Emploi réfléchi . [Le sujet est un nom de personne] Prendre l'air, aller à la promenade : Ø 39. Bonsoir, je vais m'aérer. Pierre allait enfiler le pont; il revint sur ses pas, à l'appel que lui adressait de son ombrelle une des deux jeunes femmes assises dans l'élégante victoria qui s'arrêtait contre le trottoir. EUGÈNE MELCHIOR, VICOMTE DE VOGÜÉ, Les Morts qui parlent, 1899, pages 300-301. Ø 40. Ah! tenez, j'ai besoin de m'aérer. Penché sur la portière il toucha du bout de sa canne l'épaule du cocher et fit arrêter la voiture. ANDRÉ GIDE, Les Caves du Vatican, 1914, page 864. Ø 41. Aérons-nous. Gagnons le large! « Bernard! Bernard, cette verte jeunesse... » comme dit Bossuet; assied-la sur ce banc, Bernard. Qu'il fait beau ce matin! il y a des jours où le soleil vraiment a l'air de caresser la terre. ANDRÉ GIDE, Les Faux-monnayeurs, 1925, page 977. - Au figuré : Ø 42. Depuis trois jours j'emballe mes livres avec un enthousiasme de vandale. À mesure que se vident les rayons de ma bibliothèque je sens s'aérer mon cerveau. ANDRÉ GIDE, Journal, 1906, page 199. Ø 43. Il monte de cet art entier des odeurs de rut et de carnage. S'il passe en Chine, il s'aère, sans doute, et sa sensualité s'épure. ÉLIE FAURE, L'Esprit des formes, 1927, page 254. Ø 44. Petit à petit, notre famille, le clan Pasquier, sans relâcher son étreinte, s'aérait, se déployait. GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Vue de la Terre promise, 1934, page 104. Ø 45. Ah! (soupir de soulagement). C'est le premier recul, le garrot se desserre, le ciel se détend et s'aère. ALBERT CAMUS, L'État de siège, 1948, page 280. Remarque  : Paradigmes : s'aérer est employé en association avec des verbes qui en cernent le sens : se vider (exemple 42), s'épurer (exemple 43), se déployer (exemple 44), se détendre (exemple 45), et en opposition avec s'alourdir (exemple 37).     STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 90.

« ALBERT CAMUS, La Chute, 1956, page 1537. Par métaphore :  12.

Le nom de M lle.

de Préfailles fut prononcé comme il devait l'être. — Alors tu vois de qui il s'agit, et c'est bien.

Ses confidences ainsi aérées et toute son âme ouverte, ce fut désormais très facile.

Un flot large coula, d'un coeur repris par tous les enivrements du passé. JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 2, 1933, page 460.. »

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