Devoir de Philosophie

Définition: ASSISE2, substantif féminin.

Publié le 27/10/2015

Extrait du document

Définition: ASSISE2, substantif féminin. I.— HISTOIRE (MOYEN ÂGE). le plus souvent au pluriel. Session d'une assemblée le plus souvent judiciaire. — Assemblée de seigneurs convoquée par le roi pour juger des causes importantes. — " Séances extraordinaires que tenaient les officiers des seigneurs de fiefs pour faire rendre l'hommage, les aveux et dénombrements auxquels les vassaux étaient tenus " (Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842). — Séance extraordinaire que des juges supérieurs tenaient dans les provinces, pour voir si les juges des tribunaux subalternes s'acquittaient de leur devoir. — Par métonymie. Règlements, ordonnances, lois, etc., votés par l'assemblée des principaux seigneurs d'un royaume. Assises de Jérusalem : Ø 1. Les ducs de Bretagne envoient à des Chateaubriand copie de leurs assises. FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 1, 1848, page 20. II.— Par extension, usuel. — [Le sujet désigne une personne] Tenir ses assises. Réunir autour de soi un groupe de personnes où l'on brille, où l'on est apprécié pour une raison ou pour une autre : Ø 2. De moins, elle [une aventure] m'émut quand il [le commandant] me la raconta, hors de Paris, d'ailleurs, très loin de l'angle du salon du club où il tenait ses assises entre cinq et septembre PAUL BOURGET, Monique, 1902, page 206. · Par métaphore : Ø 3. La civilisation tiendra ses assises au sommet de l'Europe, et plus tard au centre des continents, dans un grand parlement de l'intelligence. Quelque chose de pareil s'est vu déjà. Les amphictyons avaient deux séances par an, l'une à Delphes, lieu des dieux, l'autre aux Thermopyles, lieu des héros. VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 2, 1862, page 431. Ø 4. La mort toujours, partout la mort sous la terre, sous les ondes, dans les récits marins, derrière le corps blanc de l'amour, elle tenait ses assises poudreuses et crayeuses,... LÉON DAUDET, Le Voyage de Shakespeare, 1896, page 38. — Réunion de personnes ayant des préoccupations ou des goûts communs et se rencontrant régulièrement pour en débattre : Ø 5. C'est au café de la Régence que le théâtre de l'Opéra tenait ses assises; c'est là que se plaidait chaque jour la cause de Rameau contre Lulli; qu'on prononçait en dernier ressort sur le mérite des airs de Mondonville et de Dauvergne,... VICTOR-JOSEPH ÉTIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, tome 3, 1813, page 231. · Particulièrement. Assemblée plénière d'un groupement intellectuel ou politique. Le parti radical a tenu ses assises annuelles à Vichy (DICTIONNAIRE DU FRANÇAIS CONTEMPORAIN (JEAN DUBOIS) ). III.— DROIT PÉNAL. au pluriel. A.— Cour d'assises ou, par ellipse, assises. Tribunal habilité à juger les faits constituant des crimes aux termes de la loi : Ø 6. Chateaubriand en accusation et comparaissant aux assises, c'est le génie sur la sellette du crime. CHARLES-JULIEN LIOULT DE CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1832, page 136. Ø 7. Les sessions de la cour d'assises auront été bien dramatiques durant cette quinzaine. Nous y avons vu d'abord de sérieuses et véritables tragédies, des condamnations capitales pour délits politiques. Un pauvre jeune homme, entre autres, a été condamné à mort par erreur. Messieurs les jurés s'étaient trompés. — Ceci serait monstrueux si ces arrêts devaient et pouvaient s'exécuter. — Ce n'est que triste et déplorable. En revanche, après le drame nous avons eu la comédie. On nous a donné le procès saint-simonien. ALFRED DE MUSSET, dans la Revue des Deux-Mondes, 1833, page 638. SYNTAXE : Traduire quelqu'un devant la cour d'assises, aux assises; envoyer quelqu'un aux assises; passer à la cour d'assises; être acquitté par la cour d'assises; être cité à comparaître devant la cour d'assises; citer quelqu'un devant la cour d'assises; déposer à la cour d'assises. Présider, tenir les assises (Dictionnaire de l'Académie Française 1835-1932). Plaider aux assises, en assises (Dictionnaire de l'Académie Française 1932). Affaire de cours d'assises; procès en cour d'assises; débats d'une cour d'assises; condamnation en cour d'assises; jugement de la cour d'assises. Avocat d'assises (Dictionnaire de l'Académie Française 1932). · Président de cour d'assises, des assises : Ø 8. On ne verra dans les échelles de pénalité qu'un cadre offert au jury pour le dispenser d'une initiative redoutable, et dans la sentence pénale du magistrat, qu'une sanction solennelle donnée à l'appréciation du jury. Cette sanction solennelle devra être du même genre que celle que donne le président des assises, par son ordonnance d'acquittement, au verdict de non-culpabilité. AUGUSTIN COURNOT, Essai sur les fondements de nos connaissances et sur les caractères de la critique philosophique, 1851, page 428. B.— Par métonymie " (...) période pendant laquelle siège cette juridiction " (Vocabulaire juridique (HENRI CAPITANT)). Il sera jugé aux prochaines assises (Dictionnaire de l'Académie française. 1932). Remettre la cause de quelqu'un aux prochaines assises : Ø 9.... le jugement de la chambre des pairs fut renvoyé aux assises suivantes; de sorte qu'elle n'a depuis lors qu'une existence incertaine et des droits équivoques qui devront de nouveau être mis en question à la session prochaine. FÉLICITÉ-ROBERT DE LAMENNAIS, Articles publiés dans le journal L'Avenir, 1831, page 306. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 826. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 926, b) 1 516; XXe. siècle : a) 1 774, b) 846. Forme dérivée du verbe "asseoir" asseoir ASSEOIR, verbe transitif. I.— Emploi transitif. A.— Asseoir quelqu'un. 1. [L'objet désigne un enfant, un malade, etc.] Placer quelqu'un sur un siège, ou sur quelque chose qui fait office de siège, dans la position d'appui sur le derrière. Asseoir quelqu'un (un enfant, un malade) sur un siège, dans un fauteuil; asseoir (un enfant) sur ses genoux. Synonyme : mettre quelqu'un sur son séant : Ø 1. — Hein! Qu'a-t-il, le pauvre cher homme?... Ah! Je vois, le sang lui a tourné dans le corps... Vite, asseyez-le sur une chaise. Mais la Frimat fut d'un avis contraire. Est-ce qu'on asseyait un homme qui ne pouvait se tenir? Le mieux était de l'allonger sur le lit d'une de ses filles. ÉMILE ZOLA, La Terre, 1887, page 109. — Emploi factitif. [Le complément désigne un invité ou un groupe d'invités] Asseoir son monde, ses hôtes, une dame, etc. Faire asseoir son monde, ses hôtes, etc. : Ø 2.... on assied les hôtes au chef de la table, avec le seigneur de l'hôtel, et ils ne s'assient point avant qu'ils aient lavé leurs mains. Après, on assied la dame et les filles, et la famille, chacun selon son état... etc. EDMOND FARAL, La Vie quotidienne au temps de Saint Louis, 1942, page 164. — Littéraire : Ø 3. Chaque soir une table, aux suaves apprêts, Assoira près de nous nos belles adorées; ... ANDRÉ CHÉNIER, Élégies, Amitiés, François de Pange, 1794, page 140. — Par métaphore, littéraire : Ø 4. Je ne sais par quelle suite d'aventures étranges elle était venue asseoir ses derniers beaux jours dans le banc des marguilliers de notre paroisse, où elle avait apporté beaucoup plus des manières du régiment que de celles du cloître. AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Histoire de ma vie, tome 2, 1855, page 351. — ÉQUITATION. Asseoir un cheval; asseoir un cheval sur ses hanches, sur ses jambes. Dresser un cheval à exécuter les airs de manège ou à galoper en s'équilibrant sur l'arrière-main, la croupe étant tenue plus basse que les épaules. 2. Par métaphore ou au figuré. a) Établir quelqu'un dans une dignité, dans une situation propre à lui faire honneur ou, plus rarement, à le mettre en désavantage. Asseoir quelqu'un (au rang)... : Ø 5. Tel peut être le sujet d'un poème immense qui achèverait l'oeuvre du (sic) Dante et de Milton, continuée par Chateaubriand, c'est-à-dire la création des machines poétiques de l'ère chrétienne. Il y a là une belle place vacante pour asseoir un grand poète. Les gnomes, les sylphes, les fées, depuis l'homme jusqu'à l'ange, échelle d'êtres poétiques. ALFRED DE VIGNY, Le Journal d'un poète, 1823, page 876. · Asseoir quelqu'un sur le trône. Lui donner la souveraineté, lui conférer l'autorité suprême. Synonyme : faire monter quelqu'un sur le trône : Ø 6. Si la fortune assied par hasard un prince remarquable sur le trône des sultans, il ne peut vivre assez longtemps pour changer les lois et les moeurs, en eût-il d'ailleurs le dessein. FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 3, 1848, page 463. · Asseoir quelqu'un sur la sellette. Le mettre en position d'accusé, examiner sa personnalité, sa conduite, etc. Synonymes : mettre, tenir quelqu'un sur la sellette. Par extension. Asseoir quelque chose sur la sellette. Considérer, étudier quelque chose avec attention : Ø 7. C'est toujours une chose incertaine, incomplète, Trouble, que nous faisons asseoir sur la sellette. VICTOR HUGO, La Pitié suprême, 1879, page 137. · Asseoir quelqu'un sous la coupole de l'Institut. Faire entrer quelqu'un à l'Académie Française (par référence au siège et au fauteuil d'académicien) : Ø 8. Mardi 21 mai. Renan entre à l'Académie, porté par le triomphe du parti démocratique. Taine s'y introduira peut-être par une espèce de revanche du parti conservateur. Il arrivera, alors, que le parti démocratique assoira sous la coupole de l'Institut l'homme au fond le plus rétrograde, le plus prêcheur du gouvernement des aristocraties, un homme dont le rêve est de faire de la savantocratie la théocratie d'autrefois,... EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1878, page 1237. b) Occasionner chez quelqu'un un état émotionnel. · Asseoir quelqu'un ou quelque chose dans + substantif abstrait. Installer, plonger quelqu'un ou quelque chose dans... : Ø 9. N'assois pas un misérable dans sa honte... Épargne celui qui a perdu sa force! GEORGES BERNANOS, Une nuit, 1928, page 34. Ø 10. Tandis que l'hétéronomie de la peur et du plaisir jette le trouble et le changement dans l'âme, le courage asseoit celle-ci dans la tranquillité et l'ataraxie. JULES VUILLEMIN, Essai sur la signification de la mort, 1949, page 228. · [Le sujet est un substantif abstrait] Asseoir quelqu'un.. Abattre, accabler quelqu'un : Ø 11.... certaines natures, la contrariété les fait rebondir; d'autres elle les assied. ANDRÉ GIDE, Journal, 1916, page 536. Remarque : Noter un emploi absolu où le verbe prend la signification : apaiser, tant physiquement que moralement : Ø 12. Les verrières et les chants meublent les cathédrales. Les verrières du transept et du choeur. Ici une harmonie jaune, là toute bleue, là violette et puis un plus sombre univers. En nous se fait l'unité. Cette splendeur diaprée enveloppe, pacifie l'animal, laisse l'âme émerger, devenir toute sensible. Une douce hébétude assied... Nous ne sommes plus que deux ailes. MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 7, 1908, page 102. · Familier (surtout au passif) Asseoir quelqu'un. Déconcerter quelqu'un au point de le rendre momentanément incapable de répondre, de parler. L'émotion l'avait assise par terre (ÉMILE ZOLA, Nouveaux contes à Ninon, 1874, page 38 ). Réduire quelqu'un au silence (confer clouer le bec à quelqu'un, lui rabattre son caquet, lui river son clou) : Ø 13. [Mme. Franquetot à Michel.] — ... Si ta Monique veut faire son déménagement, qu'elle vienne donc elle-même. Nous verrons à régler notre compte ensemble, et je te promets que je te l'assoierai, moi, ta voleuse... PAUL BOURGET, Monique, 1902, page 95. B.— Asseoir quelque chose. 1. [Le complément désigne une chose concrète] a) Poser quelque chose d'aplomb et de manière durable sur une base solide. Asseoir un monument, des fondations (sur). Remarque : S'emploie de façon privilégiée dans le domaine de la construction : Ø 14. L'auteur de René excelle à poser la tristesse de son héros, comme les Grecs savaient asseoir leurs monuments et les mettre en harmonie avec la nature. CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Chateaubriand et son groupe littéraire sous l'Empire, tome 1 1860, page 367. — Par extension : Ø 15.... le paysage de Savoie me satisfait tout particulièrement parce que son vallonnement, son caractère boisé, ses cultures, tout ce qui fait son charme et sa valeur se détache sur un fond de montagnes qui tout ensemble l'assoit et le stylise. Ce qui, dans les environs de Paris, me déçoit si souvent (...), c'est l'absence d'un fond auquel il [le paysage] s'adosse; et nul fond ne m'agrée mieux que la haute montagne, (...), à la distance où elle rehausse sans accabler, où elle constitue ce rappel adressé à l'esprit que Ruskin m'a appris à priser si fort : le rappel à la stabilité. CHARLES DU BOS, Journal, 1926, page 81. b) Emplois spéciaux. AÉRONAUTIQUE. Asseoir l'appareil. Le poser d'aplomb sur le terrain, à l'atterrissage. MILITAIRE. Asseoir un camp. Installer un camp. 2. Par métaphore ou au figuré. [Le complément est un substantif abstrait] Asseoir quelque chose (sur quelque chose). Établir solidement quelque chose (sur quelque chose), donner un fondement sûr à quelque chose, rendre ferme et stable quelque chose : Ø 16. On fait des tentatives de tout genre toutes échouent : on tente d'asseoir les gouvernemens, de fonder les libertés publiques; on tente même des réformes religieuses; rien ne se fait, rien n'aboutit. Si jamais le genre humain a paru voué à une destinée agitée et pourtant stationnaire, à un travail sans relâche et pourtant stérile, c'est du 13e. au 15e. siècle... FRANÇOIS GUIZOT, Histoire générale de la civilisation en Europe depuis la chute de l'Empire romain jusqu'à la Révolution française, 1828, page 9. Ø 17. Toutes les jouissances à quelques-uns, toutes les privations aux autres, c'est-à-dire au peuple; le privilège, l'exception, le monopole, la féodalité, naissent du travail même. Situation fausse et dangereuse qui assoit la puissance publique sur la misère privée, et qui enracine la grandeur de l'état dans les souffrances de l'individu. VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 2, 1862, page 26. Ø 18. La prophétie est à très long terme et a pour elle ce qui assoit la solidité des religions : l'impossibilité de faire la preuve. ALBERT CAMUS, L'Homme révolté, 1951, page 234. SYNTAXE : Asseoir son jugement (SAINTE-BEUVE, Premiers lundis, t. 2, 1869, page 298). — Par analogie, rare. Asseoir un homme. L'établir dans la stabilité et lui donner de l'importance, le poser : Ø 19. — Non, non, répéta M. Kahn, jamais Rougon ne serait assez fou!... Il la dit très intelligente, et il la nomme en riant « Mademoiselle Machiavel ». Elle l'amuse, voilà tout. — N'importe, conclut M. Béjuin, Rougon a tort de ne pas se marier... Ça asseoit un homme. ÉMILE ZOLA, Son Excellence Eugène Rougon, 1876, page 22. — Spécialement. FINANCES. Asseoir l'impôt. Établir, déterminer, fixer la base de l'imposition, l'assiette de l'impôt. II.— Emploi pronominal. A.— [Le sujet désigne une personne] Se mettre sur un siège, ou sur quelque chose qui fait office de siège, dans la position d'appui sur le derrière. Synonyme : se mettre sur son séant : Ø 20.... tout à coup, je ressentis une émotion si terrible, que je dus m'asseoir, ou plutôt, que je tombai sur une chaise! Puis, je me redressai d'un saut pour regarder autour de moi! Puis je me rassis, éperdu d'étonnement et de peur,... GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Le Horla, 1886, page 1104. Ø 21. Il demandait à l'un du feu, offrait à l'autre un cigare, puis au bout de quelques instants disait : « Mais, Argencourt, asseyez-vous donc, prenez une chaise, mon cher, etc. », ayant tenu à prolonger leur station debout, seulement pour leur montrer que c'était de lui que leur venait la permission de s'asseoir. « Mettez-vous dans le siège Louis XIV », me répondit-il d'un air impérieux et plutôt pour me forcer à m'éloigner de lui que pour m'inviter à m'asseoir. Je pris un fauteuil qui n'était pas loin. MARCEL PROUST, Le Côté de Guermantes 2, 1921, page 554. SYNTAXE : S'asseoir sur une chaise, sur/dans un fauteuil, sur un banc, sur un lit, sur les genoux de quelqu'un; s'asseoir près du feu, par terre, devant la fenêtre, auprès de quelqu'un; s'asseoir dans un coin, dans l'herbe; s'asseoir à l'ombre, à son bureau, à l'écart, à côté de quelqu'un, à la place de quelqu'un, au volant; s'asseoir lourdement; inviter quelqu'un à s'asseoir; engager quelqu'un à prendre la peine de s'asseoir; s'asseoir en tailleur, en amazone, à la turque; s'asseoir à cheval, à califourchon sur une chaise. Remarque : Précédé du verbe faire avec valeur factitive, s'asseoir est généralement remplacé par la forme non pronominale : Ø 22. Il passait parmi le vulgaire pour un exalté, pour un fou. Il accueillit le proscrit qui frappait à sa porte, il le fit asseoir à sa table, il l'écouta sous le manteau du foyer domestique, antique sanctuaire de la famille symbole de l'inviolable hospitalité. AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Lélia, 1839, page 421. — S'asseoir aux pieds de quelqu'un (en signe d'adoration, de contemplation ou de supplication) : Ø 23.... elle accourut, elle s'assit un instant par terre, à ses pieds, le suppliant : — Viens-donc voir les bêtes!... Tu n'as pas encore vu les bêtes, dis! Si tu savais comme elles sont belles, maintenant! ÉMILE ZOLA, La Faute de l'Abbé Mouret, 1875, page 1262. — S'asseoir à table. Synonyme : s'attabler. S'asseoir à la table de quelqu'un. S'y installer; y être invité, y être admis : Ø 24. Tandis que mes frères, plongés dans les ténèbres de l'ignorance, gagnaient, à la sueur de leur front, le pain de chaque jour, nourrissaient leurs femmes, leurs enfants, et follement préoccupés de l'avenir qui n'appartient qu'à Dieu, se condamnaient à l'épargne, moi, je m'asseyais à leur table, et je payais largement mon écot en leur distribuant le pain de la vérité. JULES SANDEAU, Sacs et parchemins, 1851, page 52. · Par métaphore : Ø 25. Laissez-moi quelquefois m'asseoir à la table des dieux et dire des systèmes « on sait ce qu'en vaut l'aune ». Dans le meilleur système il y a une part de charlatanisme, une part d'insincérité. Il y a des oeillères. MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 9, 1912, page 297. — S'asseoir à une réunion (festin, banquet, conseil, etc.). Y être invité, admis; y participer : Ø 26.... du temps que j'étais écolier, chaque année, le 28 janvier, jour de la Saint-Charlemagne, un banquet réunissait les élèves qui avaient obtenu la première place en quelque matière. Élève de troisième, j'avais peu d'espoir de m'asseoir jamais à ce banquet des princes. J'étais trop loin de tenir la tête de ma classe. ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, La Vie en fleur, 1922, page 357. · Par métaphore : Ø 27. Tout serait un dans la nature; nous nous assiérions tous, êtres animés et inanimés, au même banquet de vie... JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1928, page 28. — S'asseoir au milieu (d'un groupe de personnes), s'asseoir parmi (des personnes). Prendre place parmi, être admis dans : Ø 28.... c'est avec son corps, tout comme ses soeurs du lupanar et du trottoir, que cette créature gracieuse, et qui coupe avec un mignon couteau d'or les feuillets du livre à la mode, a gagné le droit de s'asseoir légalement dans ce milieu de luxe et de décence. PAUL BOURGET, Nouveaux Essais de psychologie contemporaine, préface. 1885, page 33. — Par analogie. · [Le sujet est un oiseau] Se percher, se poser sur : Ø 29. Les harpies vinrent s'asseoir dans les branches;... ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, L'Île des pingouins, 1908, page 53. · [Le sujet est une chose concrète] Reposer sur : Ø 30. Là, parmi les argiles ferrugineuses, les sables striés de cailloux, les pierres sur lesquelles s'assied la couche arable, ils [les vieux ceps] absorbent âprement une sève puissante. JOSEPH DE PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, page 59. Ø 31.... il faut que (...) le fond de la bouteille soit bien régulier de façon à ce que celle-ci puisse s'asseoir correctement sur la table. RAYMOND BRUNET. Le Matériel vinicole et les soins à donner au vin. 1925, page 464. B.— Emplois métaphoriques ou figurés. 1. [Dans des locutions où le siège (banc, fauteuil, trône, etc.) est le symbole d'une dignité, d'une fonction, d'une charge, d'une situation, etc.] S'asseoir sur le trône. Devenir roi (reine). S'asseoir sur les bancs de la pairie. Devenir pair. S'asseoir sur les bancs de la cour d'assises, s'asseoir au banc des témoins. Comparaître au banc des accusés, être accusé; comparaître au banc des témoins, témoigner : Ø 32. Juge ou non, dans ce monde difficile, il faut juger avant de savoir tout. La science, si fière de savoir attendre, ne serait qu'un immense déni de justice. Mais heureusement il s'est trouvé quelquefois un physicien qui s'est dit : « À quoi bon toute cette préparation et toute cette patience si je ne m'assois pas enfin au siège de l'arbitre? L'esprit serait donc une si belle épée qu'on n'ose jamais s'en servir? » ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1932, page 1064. — JUSTICE. [Le sujet désigne un magistrat] Quitter le parquet, appelé magistrature debout, pour entrer comme juge ou conseiller nommé, place inamovible, dans la magistrature assise (confer assise) : Ø 33. Quand un magistrat [du parquet] a eu la précaution de s'asseoir, pour employer une expression familière et technique, alors il est définitivement acquis à la magistrature. Journal Officiel. 12 mai 1872, page 3169, 3e. colonne (LITTRÉ. ). 2. Par extension. a) [L'accent est mis sur la stabilité] — S'asseoir (sur, dans). S'établir solidement sur, dans quelque chose; s'installer dans : Ø 34. Austère, scrupuleux en morale (...) désireux avant tout de s'asseoir dans une existence indépendante et rurale, M. de Sénancour se laissa dire, et se crut délicatement engagé... CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Portraits contemporains, tome 1, 1846-69, page 155. Ø 35. Pour s'asseoir solidement dans le pays, le nouveau royaume devait en effet se fonder sur une étroite association franco-syriaque. Ce fut le mérite de Baudouin Ier. de l'avoir compris... RENÉ GROUSSET, L'Épopée des Croisades, 1939, page 100. — S'asseoir sur.. S'appuyer sur : Ø 36.... la vérité, c'est qu'il y a une science vitale, qui est le tout de l'homme, et que cette science a besoin de s'asseoir sur toutes les sciences particulières, qui sont belles en elles-mêmes, mais belles surtout dans leur ensemble. ERNEST RENAN, L'Avenir de la science, 1890, page 229. b) [L'accent est mis sur l'arrêt d'un mouvement] — Prendre du repos, souffler : Ø 37. On a voulu, à tort, faire de la bourgeoisie une classe. La bourgeoisie est tout simplement la portion contentée du peuple. Le bourgeois, c'est l'homme qui a maintenant le temps de s'asseoir. Une chaise n'est pas une caste. Mais, pour vouloir s'asseoir trop tôt, on peut arrêter la marche même du genre humain. Cela a été souvent la faute de la bourgeoisie. VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 2, 1862, page 12. — S'arrêter, se fixer : Ø 38.... il faut choisir, et la première condition du goût, après avoir tout compris, est de ne pas voyager sans cesse, mais de s'asseoir une fois et de se fixer. Rien ne blase et n'éteint plus le goût que les voyages sans fin... CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Causeries du lundi, tome 3, 1851-62, page 53. — Dépréciatif. Ne plus rien faire, cesser d'être agissant : Ø 39. En somme je ne fais pas d'autres postulats généraux que ceux des mathématiques, et il faut bien en passer par là, ou s'asseoir. Je me permets, alors, des constructions comme on dit en géométrie. Au fond tout mon truc est là. Je crois énormément à la richesse de ce procédé qui passe par l'arbitraire et arrive à la démonstration. PAUL VALÉRY, Correspondance [avec Gustave Fourment] , 1897, page 142. Ø 40. Le Christ appelle justement les pharisiens « sépulcres blanchis », parce que la vertu qui ne se dépasse pas, s'assoit et se complait en sa liberté, n'est autre chose qu'une mascarade de la mort. JULES VUILLEMIN, Essai sur la signification de la mort, 1949, page 245. 3. Argotique ou populaire. Allez-vous asseoir. Allez-vous-en; taisez-vous. S'asseoir sur quelqu'un, sur quelque chose; s'asseoir dessus. Ne faire aucun cas de quelqu'un ou quelque chose, le mépriser. — Proverbe. S'asseoir entre deux chaises (le cul par terre). Entre deux partis possibles, choisir finalement un moyen terme généralement malheureux et voué à l'échec : Ø 41. Retiens bien ça, Robert : Il n'y a pas de régime intermédiaire possible. Il a voulu s'asseoir entre deux chaises, il est foutu. Tous ceux qui voudront lutter sur les deux fronts sont foutus d'avance, comme lui. On est capitaliste ou communiste, pas de milieu... JEAN-GEORGES SOULÈS, DIT RAYMOND ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1946, page 239. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 9 566. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 10 066, b) 14 741; XXe. siècle : a) 16 164, b) 14 473.

« grand parlement de l'intelligence.

Quelque chose de pareil s'est vu d?j?.

Les amphictyons avaient deux s?ances par an, l'une ? Delphes, lieu des dieux, l'autre aux Thermopyles, lieu des h?ros. VICTOR HUGO, Les Mis?rables, tome 2, 1862, page 431.

? 4.

La mort toujours, partout la mort sous la terre, sous les ondes, dans les r?cits marins, derri?re le corps blanc de l'amour, elle tenait ses assises poudreuses et crayeuses,... L?ON DAUDET, Le Voyage de Shakespeare, 1896, page 38.

? R?union de personnes ayant des pr?occupations ou des go?ts communs et se rencontrant r?guli?rement pour en d?battre?: ? 5.

C'est au caf? de la R?gence que le th??tre de l'Op?ra tenait ses assises; c'est l? que se plaidait chaque jour la cause de Rameau contre Lulli; qu'on pronon?ait en dernier ressort sur le m?rite des airs de Mondonville et de Dauvergne,... VICTOR-JOSEPH ?TIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la Chauss?e d'Antin, tome 3, 1813, page 231.

? Particuli?rement.

Assembl?e pl?ni?re d'un groupement intellectuel ou politique.

Le parti radical a tenu ses assises annuelles ? Vichy (DICTIONNAIRE DU FRAN?AIS CONTEMPORAIN (JEAN DUBOIS) ).

III.? DROIT P?NAL.

au pluriel.

A.? Cour d'assises ou, par ellipse, assises.

Tribunal habilit? ? juger les faits constituant des crimes aux termes de la loi?: ? 6.

Chateaubriand en accusation et comparaissant aux assises, c'est le g?nie sur la sellette du crime. CHARLES-JULIEN LIOULT DE CH?NEDOLL?, Journal, 1832, page 136.

? 7.

Les sessions de la cour d'assises auront ?t? bien dramatiques durant cette quinzaine.

Nous y avons vu d'abord de s?rieuses et v?ritables trag?dies, des condamnations capitales pour d?lits politiques.

Un pauvre jeune homme, entre autres, a ?t? condamn? ? mort par erreur.

Messieurs les jur?s s'?taient tromp?s.

? Ceci serait monstrueux si ces arr?ts devaient et pouvaient s'ex?cuter.

? Ce n'est que triste et d?plorable.

En revanche, apr?s le drame nous avons eu la com?die.

On nous a donn? le proc?s saint-simonien. ALFRED DE MUSSET, dans la Revue des Deux-Mondes, 1833, page 638.

SYNTAXE?: Traduire quelqu'un devant la cour d'assises, aux assises; envoyer quelqu'un aux assises; passer ?. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles