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Définition: BONTÉ, substantif féminin.

Publié le 04/11/2015

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Définition: BONTÉ, substantif féminin. Qualité de celui (celle), ce qui est bon (ne). A.— Qualité de la personne ou de la chose qui possède toutes les propriétés requises. 1. [Sous le rapport de sa nature] a) Domaine esthétique, intellectuel, vieux. Caractère de ce qui répond à certains critères d'appréciation artistique, logique, etc. ... justesse (...) bonté de nos raisonnements (ANTOINE-LOUIS-CLAUDE DESTUTT DE TRACY. Élémens d'idéologie, 3. Logique. 1805, page 180 ); la beauté (...) de son local (...) la bonté de son orchestre (VICTOR-JOSEPH ÉTIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, tome 2, 1812, page 174 ). b) Domaine moral. Caractère de ce qui est conforme au bon, au bien, aux valeurs morales reconnues favorables à l'épanouissement de l'Homme. La bonté d'une action morale, d'une cause. (Quasi-)synonymes : vérité, vertu; (quasi-) antonymes : mauvaiseté, vice : Ø 1. Messieurs de Larnage et Maillart, persuadés que le bonheur des habitans est en proportion de la bonté de leurs moeurs, ne négligeaient rien pour les adoucir et pour leur donner l'exemple de la conduite la plus morale et la plus vertueuse. GÉNÉRAL LOUIS-NARCISSE BAUDRY DES LOZIÈRES, Voyage à la Louisiane et sur le continent de l'Amérique septentrionale, 1802, page 280. — Spécialement. Bonté de la nature humaine, de la vie, etc. : Ø 2. L'acceptation de la nature, la confiance en la valeur intrinsèque de toutes ses manifestations, l'espérance en son progrès indéfini si nous savons voir ce qu'elle a de bon pour en tirer le meilleur, d'un mot, l'affirmation de la bonté radicale du monde et de la vie, voilà l'optimisme moderne dans son opposition radicale au pessimisme chrétien. ÉTIENNE GILSON, L'Esprit de la philosophie médiévale, tome 1, 1931, page 112. Ø 3. Ce que j'appelle ici théologie humaniste absolue, c'est avant tout celle de Jean-Jacques Rousseau, la théologie de la bonté naturelle. On le sait, l'homme de Rousseau est non seulement indemne du péché originel et des blessures de nature, il possède par essence la pure bonté qui le rend participant de la vie divine et qui se manifestait en lui dans l'état d'innocence. Ainsi la grâce a été résorbée dans la nature. Le vrai sens de la théorie de Rousseau, c'est que l'homme est naturellement saint. Bien plutôt, que vertueux! (...). L'homme est saint, s'il s'établit dans l'union divine à l'esprit de la nature, qui rendra bons et droits tous ses premiers mouvements. Le mal vient des contraintes de l'éducation et de la civilisation, de la réflexion et de l'artifice. Qu'on laisse s'épanouir la nature, la pure bonté paraîtra, ce sera l'épiphanie de l'homme. JACQUES MARITAIN. Humanisme intégral, problèmes temporels et spirituels d'une nouvelle chrétienté, 1936, page 30. c) Domaine des relations sociales ou interindividuelles. Caractère de (ce) qui facilite les bons rapports : Ø 4. L'affectueuse cordialité des deux femmes le pénétrait; il s'exagérait cette bonté facile, cette bonne grâce mondaine, par le désir qu'il avait de la croire profonde. ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, Le Matin, 1904, page 182. — Expressions (généralement dans des formules de politesse) Avoir la bonté de (donner, écrire, envoyer, etc.). Si vous voulez bien avoir la bonté de me suivre (ANDRÉ BILLY, Introïbo, 1939, page 14 ). (À l'impératif, pour atténuer un ordre, avec une nuance ironique parfois). Ayez la bonté de revenir quand je serai visible (HONORÉ DE BALZAC, La Duchesse de Langeais, 1834, page 287 ). (Familier) Si c'est/c'était un effet de votre bonté (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le Petit Pierre, 1918, page 85 ). PARADIGMES. a) (Quasi-)synonymes : affabilité, amabilité, aménité, civilité, gentillesse, obligeance, sollicitude. b) (Quasi-)antonymes hostilité, incivilité, rudesse. — Par métonymie. Une bonté, des bontés. Acte(s), paroles qui expriment la bonté, l'intention d'établir de bons rapports. Un enchaînement continuel de prévenances, d'hospitalité, de bontés (ALPHONSE DE LAMARTINE, Correspondance générale 1833, page 343 ); me comble de bontés, me fait des cadeaux charmants (EUGÉNIE DE GUÉRIN, Lettres, 1838, page 196 ); n'avaient d'attentions, de bontés que pour moi (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1880, page 89 ). (Quasi-)synonymes : égards, services. · En particulier (euphémiquement), domaine des relations amoureuses. [En parlant aussi bien d'un homme que d'une femme] Avoir des bontés pour. Se donner charnellement à. (Quasi-)synonymes : faveurs; (quasi-)antonymes : dédains, rebuffades : Ø 5. Le danger de la doctrine du plaisir c'est que celui des hommes les porte à se vanter sans cesse des bontés que l'on peut avoir pour eux. Le remède est facile et amusant, il faut toujours mettre en désespoir l'homme qui a servi à vos plaisirs. HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Lamiel, 1842, page 95. Ø 6. Les bontés, qui ne sont plus que de la bonté sont un triste accident du désir. HERVÉ BAZIN, La Mort du petit cheval, 1949, page 125. 2. [Sous le rapport de sa fonction] Vieilli. Caractère de ce qui est apte à remplir un rôle déterminé, de ce qui produit l'effet attendu. La bonté d'un vin, du sol, etc. : Ø 7. Le terrain des environs de Monterey, quoique sec, paraît susceptible d'une culture avantageuse, et nous avons des preuves que nos grains d'Europe y viennent bons et en abondance : la viande de boucherie y est de la meilleure qualité. Il est donc certain que vu la bonté du port, si cet établissement devenait un jour florissant, un ou plusieurs vaisseaux ne trouveraient en aucun lieu du monde une meilleure relâche :... Voyage de la Pérouse autour du monde (MILET DE MUREAU) tome 4, 1797, page 105. Ø 8.... cette fraise a avec moi les rapports de me faire trois effets; l'un, que j'appelle me faire plaisir; l'autre, que j'appelle me faire du bien; le troisième, que j'appelle me faire ou me rendre service : j'exprime ces trois rapports en disant qu'elle est belle, qu'elle est bonne, qu'elle est utile; et les causes de ces trois rapports, par les mots beauté, bonté, utilité, qui représentent trois propriétés de la fraise, trois des idées qui composent l'idée de cet être. ANTOINE-LOUIS-CLAUDE DESTUTT DE TRACY. Élémens d'idéologie, 1. Idéologie proprement dite, 1801, page 100. Remarque : Bonté tombe en désuétude dans cette acception quoique certains auteurs du XXe. siècle l'emploient encore : douceur d'être assis; bonté du sommeil dans l'obscurité complète (VALÉRY LARBAUD, A. O. Barnabooth, 1913, page 55); des odeurs d'une bonté simplette, qui ne se haussaient pas jusqu'au gâteau (JOSEPH MALÈGUE, Augustin, tome 1, 1933, page 34). B.— [Avec une valorisation affective] 1. Qualité d'une personne bonne, portée à considérer, traiter les autres d'une façon favorable, en s'abstenant de leur nuire, et surtout en oeuvrant pour leur épanouissement vital, aux dépens même de ses propres intérêts. Grande bonté, bonté d'âme, du coeur : Ø 9. C'est un bonheur, une grande fortune d'être né bon. Une partie de la bonté consiste peut-être à estimer et à aimer les gens plus qu'ils ne le méritent; mais alors une partie de la prudence est de croire que les gens ne valent pas toujours ce qu'on les prise. Sans bonté, la puissance meurtrit le bien, quand elle y touche, et la compassion arrose et fomente le mal. JOSEPH JOUBERT, Pensées, tome 1, 1824, page 191. Ø 10. Et avec cela, une âme dévouée, généreuse, humble, qui fait du bien comme on respire, et dont la bonté couvre la finesse et fait taire la pénétration. C'est un exemplaire de la vraie vie religieuse, de la charité divine, rayonnante, modeste, qui accepte tout et pardonne tout. HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal intime, 1866, page 102. Ø 11.... c'était en réalité sa bonté qui saignait, cette bonté immense qu'il devait à son amour de la vie, qu'il épandait sur les choses et sur les êtres, dans le continuel souci du bonheur de tous. Être bon, n'était-ce pas la vouloir, la faire heureuse, au prix de son bonheur, à lui? Il lui fallait avoir cette bonté-là, et il sentait bien qu'il l'aurait, décisive, héroïque. ÉMILE ZOLA, Le Docteur Pascal, 1893, page 255. Ø 12. Dans l'humanité, la fréquence des vertus identiques pour tous n'est pas plus merveilleuse que la multiplicité des défauts particuliers à chacun. Sans doute, ce n'est pas le bon sens qui est « la chose du monde la plus répandue », c'est la bonté. (...). Même si cette bonté, paralysée par l'intérêt, ne s'exerce pas, elle existe pourtant et, chaque fois qu'aucun mobile égoïste ne l'empêche de le faire, par exemple pendant la lecture d'un roman ou d'un journal, elle s'épanouit, se tourne, même dans le coeur de celui qui, assassin dans la vie, reste tendre comme amateur de feuilletons, vers le faible, vers le juste et le persécuté. MARCEL PROUST, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, page 741. Ø 13. Dans mes regards riait un amour épars, éperdu. Je pensais : la bonté n'est qu'une irradiation du bonheur; et mon coeur se donnait à tous par le simple effet d'être heureux. ANDRÉ GIDE, Les Nouvelles Nourritures, 1935, page 281. Ø 14. Je ne me flatte pas d'être bon. Car pour oser se dire bon, il faudrait sentir en soi cette bonté active qui commande des travaux et des sacrifices pour diminuer le malheur d'autrui ou s'ingénier à son bonheur. Mais tout ce qui ressemble de près ou de loin à la méchanceté, à la cruauté, au mépris de la souffrance d'autrui me répugne. LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, La Douceur de la vie, 1939, page 147. SYNTAXE : Bonté paternelle; extrême, inépuisable, vraie bonté; semaine de bonté (PRÉVERT, Paroles, Inventaire, 1946, page 242; par ironie, MONTHERLANT, Les Jeunes filles, 1936, page 1021); accueillir, recevoir avec bonté. — PARADIGMES. a) (Quasi-)synonymes : altruisme, bienfaisance, clémence, débonnaireté, générosité, humanité, mansuétude, philanthropie. b) (Quasi-)antonymes dureté, férocité, inclémence, inhumanité, malveillance. — Spécialement. [La bonté dans ses manifestations extérieures] Air, expression, sourire de bonté : Ø 15. Elle a conservé, à un âge avancé, la fraîcheur d'impressions et la grâce d'esprit de sa jeunesse. J'ai toujours remarqué que la bonté était un élément de longévité; l'amour, qui crée, conserve aussi; la haine, au contraire, ronge et détruit. ALPHONSE DE LAMARTINE, Nouvelles Confidences, 1851, page 116. Ø 16.... Andarran retrouvait une sérieuse jeune fille de dix-huit ans, au regard limpide et clair comme les eaux printanières de la Gélise; un de ces regards de droiture et de bonté sous lesquels le coeur de l'homme s'ouvre spontanément, tant paraît sûre la promesse de guérison qu'ils apportent aux plus secrètes plaies. EUGÈNE MELCHIOR, VICOMTE DE VOGUË, Les Morts qui parlent, 1899, page 91. Remarque : La bonté est souvent traduite par un rayonnement de l'expression physionomique, notamment du regard; elle aurait aussi pour indice d'assez fortes lèvres (confer DU CAMP, En Hollande, 1859, page 143; HUYSMANS, En route, tome 1, 1895, page 80; etc.). Comme beau est souvent associé à bon, beauté l'est de même à bonté; Hugo parle de « la beauté de la bonté » (confer Les Misérables, tome 1, 1862, page 10); mais Balzac rappelle sagement : La beauté chez les hommes n'est pas toujours le signe de la bonté (Splendeurs et misères des courtisanes, 1847, page 153). — Par extension. [La bonté exprimée dans une oeuvre humaine] Lettre (...) pleine de bonté, de coeur et de gaieté (MAURICE DE GUÉRIN, Correspondance, 1837, page 330 ). — Par analogie. [En parlant d'animaux, de choses] : Ø 17.... la tendresse de l'oie, sa faculté d'attachement, la bonté enfin des cigognes, leur piété pour leurs vieux parents, attestée par tant de témoins, formaient entre ce monde et nous des liens sympathiques que la légèreté humaine n'aurait pas dû briser barbarement. JULES MICHELET, L'Oiseau, 1856, page 63. Ø 18. Cette douceur, cette bonté de la Moselle qui ne demande rien, ne veut rien, qui laisse Tolède, Venise être magnifiques. MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 7, 1909, page 298. — Par métonymie. Une, des bonté(s). · Personne bonne. L'assemblée plénière de tous les courages, de toutes les bontés, de toutes les noblesses d'âme, chantant le même alleluia! (RENÉ BAZIN, Le Blé qui lève, 1907, page 331 ). · Témoignage de bonté. C'que j'dois de r'connaissance à vos bontés, à vos soins généreux (EUGÈNE SCRIBE, FRANÇOIS VARNER, Le Mariage de raison, 1826, I, 13, page 395 ); son dévouement, ses attentions, toutes ses bontés (RENÉ BENJAMIN, Gaspard, 1915, page 100 ). (Quasi-)synonymes : bonnes actions, bonnes oeuvres, bienfaits, libéralités. 2. Attribut de Dieu, considéré comme l'Être suprêmement bon. Bonté céleste, infinie, suprême : Ø 19. Je suis portée à croire que nous calomnions un peu ces gens qu'on appelle des scélérats, et l'idée que j'ai de la bonté de Dieu ne se concilie pas bien avec la possibilité d'une dépravation si horrible. — La bienveillance de ton coeur t'abuse, répondit Madame Alberti. Il est vrai que le mal absolu répugne à la juste idée que nous nous faisons de l'extrême bonté du Créateur et de la perfection de ses ouvrages; mais il l'a cru certainement nécessaire à leur harmonie, puisqu'il l'a placé dans tout ce qui est sorti de ses mains à côté du bon et du beau. CHARLES NODIER, Jean Sbogar, 1818, page 106. Ø 20. De qui l'homme tiendrait-il la bonté, si Dieu n'en était l'océan primordial, et si en formant notre coeur, il n'y avait pas versé avant tout une goutte du sien? Oui, Dieu est bon; oui, la bonté est l'attribut qui recouvre en lui tous les autres, et ce n'est pas sans raison que l'antiquité gravait au fronton de ses temples cette inscription fameuse où la bonté précédait la grandeur. Mais toute perfection suppose un objet où s'appliquer. Il fallait donc à la bonté divine un objet aussi vaste et profond qu'elle-même : Dieu l'a découvert. (...) il a entendu le cri des mondes qui n'étaient pas, le cri d'une misère sans mesure appelant une bonté sans mesure. L'éternité s'est troublée, et elle a dit au temps : commence! Le temps et l'univers ont obéi à la volonté de Dieu, comme la volonté de Dieu avait cédé, mais librement, à l'inspiration de la bonté. (...). Quand donc il a fait l'univers, il l'a fait par un mouvement libre de son coeur, et non par nécessité. Il l'a fait gratuitement, sans l'impulsion de l'intérêt, sans la contrainte du devoir, sans l'entraînement d'un amour qui fût mérité, dans la seule fin de satisfaire sa bonté en communiquant la vie. PÈRE HENRI-DOMINIQUE LACORDAIRE, Conférence de Notre-Dame, 1848, pages 80-81. Remarque : Noter l'expression toute-bonté (forgée sans doute sur le modèle de toute-puissance) employée par plusieurs auteurs à propos de Dieu (confer NODIER, La Fée aux miettes, 1831, page 126; MAURICE DE GUÉRIN, Journal intime, 1833, page 156; VERLAINE, Amour, Prière du matin, 1888, page 7) ou même à propos de l'Homme (M. BLONDEL, L'Action, 1893, page 177; MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 96). — En interjection (le plus souvent avec la valeur d'un juron familier) Bonté divine! levant les bras au ciel de désespoir. Bonté divine! (VICTOR HUGO, Ruy Blas, 1838, V, 2, page 448 ) [ou par ellipse] Bonté! Ils lâchent pied partout, bonté! (PAUL CLAUDEL, La Ville, 1re. version, 1893, II, page 359 ); ... qui lui céda ensuite une vache : " trente pistoles, bonté! (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Maison de Claudine, 1922, page 34 ); bonté du ciel! ô bonté du ciel! (JOSEPH-FRANÇOIS MICHAUD, Le Printemps d'un proscrit, 1803, page 77 ); bonté de Dieu! Elle vous échappera, camarade! Bonté de dieu! Elle est rusée comme une couleuvre. (GEORGES BERNANOS, Une nuit, 1928, page 23 ); Dieu de bonté! un soldat de cette même province, qui étoit de garde, l' ayant reconnue, s' écria : -" dieu de bonté! Dieu de miséricorde! C' est ma femme! " (MICHEL-GUILLAUME-JEAN, DIT SAINT-JOHN DE CRÈVECOEUR, Voyage dans la Haute Pensylvanie et dans l'état de New-York, tome 3 1801, page 96 ). — Par métonymie. Une, des bonté(s) : Ø 21. Elle était, quoique enfant, comme ces mères de plusieurs enfants qui paraissent n'avoir un coeur et des yeux que pour le plus faible et le plus infirme. C'est encore une bonté de Dieu qui met souvent un contrepoids de bien là où il a mis un poids de mal. ALPHONSE DE LAMARTINE, Le Tailleur de pierre de Saint-Point, 1851, page 459. — [Avec une valeur allégorique] : Ø 22. Crois, pleure, abîme-toi, dans l'insondable amour! Quiconque est bon voit clair dans l'obscur carrefour; Quiconque est bon habite un coin du ciel. Ô sage, La bonté qui du monde éclaire le visage, La bonté, ce regard du matin ingénu, La bonté, pur rayon qui chauffe l'Inconnu, Instinct qui dans la nuit et dans la souffrance aime, Est le trait d'union ineffable et suprême Qui joint, dans l'ombre, hélas! si lugubre souvent, Le grand ignorant, l'âne, à Dieu le grand savant VICTOR HUGO, La Légende des siècles, Le Crapaud, tome 2, 1859, page 740. Ø 23. Ma vie en vérité commence Le jour que je t'ai rencontrée Toi dont les bras ont su barrer Sa route atroce à ma démence Et qui m'as montré la contrée Que la bonté seule ensemence LOUIS ARAGON, Le Roman inachevé, L'Amour qui n'est pas un mot, 1956, page 173. 3. Par ironie, péjoratif. Sensibilité outrée ou faiblesse de caractère qui conduit à une indulgence, une complaisance excessives : Ø 24. Il y a un genre d'indulgence pour ses ennemis, qui paraît une sottise plutôt que de la bonté ou de la grandeur d'âme. M. de C. me paraît ridicule par la sienne. Il me paraît ressembler à Arlequin, qui dit : « Tu me donnes un soufflet; eh bien! je ne suis point encore fâché. » Il faut avoir l'esprit de haïr ses ennemis. NICOLAS-SÉBASTIEN ROCH, DIT DE CHAMFORT, Maximes et pensées, 1794, page 31. Ø 25. J'ai le malheur d'avoir le coeur, l'âme sensible, et souvent ma bonté, ma compatissance, m'ont rendu la dupe la plus bête, la plus ridicule. Mais je ne rougis pas de ce défaut, j'en tire plutôt vanité. Heureux celui qui n'est dupe que de son coeur! NICOLAS-EDME RESTIF, DIT RESTIF DE LA BRETONNE, Monsieur Nicolas, 1796, page 211. PARADIGMES. a) (Quasi-)synonymes : bêtise, facilité, naïveté, simplicité. b) (Quasi-)antonymes intransigeance, sévérité. Remarque : 1. (Généralement). Dans le concept actuel de bonté, c'est l'acception B (surtout B 1) qui prédomine. Mais les textes des XIXe. et XXe. siècle attestent que presque toutes les nuances d'emploi de bon ont pu se rattacher à bonté. 2. On rencontre dans la documentation le néologisme bontément, adverbe (PAUL VERLAINE, Dans les limbes, 1894, page 106 : vivre — saintement (...) gentiment, bontément — , suffixe -ment2 *). Avec bonté.

« pessimisme chr?tien. ?TIENNE GILSON, L'Esprit de la philosophie m?di?vale, tome 1, 1931, page 112.

? 3.

Ce que j'appelle ici th?ologie humaniste absolue, c'est avant tout celle de Jean-Jacques Rousseau, la th?ologie de la bont? naturelle.

On le sait, l'homme de Rousseau est non seulement indemne du p?ch? originel et des blessures de nature, il poss?de par essence la pure bont? qui le rend participant de la vie divine et qui se manifestait en lui dans l'?tat d'innocence.

Ainsi la gr?ce a ?t? r?sorb?e dans la nature.

Le vrai sens de la th?orie de Rousseau, c'est que l'homme est naturellement saint.

Bien plut?t, que vertueux! (...).

L'homme est saint, s'il s'?tablit dans l'union divine ? l'esprit de la nature, qui rendra bons et droits tous ses premiers mouvements.

Le mal vient des contraintes de l'?ducation et de la civilisation, de la r?flexion et de l'artifice. Qu'on laisse s'?panouir la nature, la pure bont? para?tra, ce sera l'?piphanie de l'homme. JACQUES MARITAIN.

Humanisme int?gral, probl?mes temporels et spirituels d'une nouvelle chr?tient?, 1936, page 30.

c) Domaine des relations sociales ou interindividuelles.

Caract?re de (ce) qui facilite les bons rapports?: ? 4.

L'affectueuse cordialit? des deux femmes le p?n?trait; il s'exag?rait cette bont? facile, cette bonne gr?ce mondaine, par le d?sir qu'il avait de la croire profonde. ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, Le Matin, 1904, page 182.

? Expressions (g?n?ralement dans des formules de politesse) Avoir la bont? de (donner, ?crire, envoyer, etc.). Si vous voulez bien avoir la bont? de me suivre (ANDR? BILLY, Intro?bo, 1939, page 14 ).

(? l'imp?ratif, pour att?nuer un ordre, avec une nuance ironique parfois).

Ayez la bont? de revenir quand je serai visible (HONOR? DE BALZAC, La Duchesse de Langeais, 1834, page 287 ).

(Familier) Si c'est/c'?tait un effet de votre bont? (ANATOLE-FRAN?OIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le Petit Pierre, 1918, page 85 ).

PARADIGMES.

a) (Quasi-)synonymes?: affabilit?, amabilit?, am?nit?, civilit?, gentillesse, obligeance, sollicitude.

b) (Quasi-)antonymes hostilit?, incivilit?, rudesse.

? Par m?tonymie.

Une bont?, des bont?s.

Acte(s), paroles qui expriment la bont?, l'intention d'?tablir de bons rapports.

Un encha?nement continuel de pr?venances, d'hospitalit?, de bont?s (ALPHONSE DE LAMARTINE, Correspondance g?n?rale 1833, page 343 ); me comble de bont?s, me fait des cadeaux charmants (EUG?NIE. »

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