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Définition: BUT, substantif masculin.

Publié le 07/11/2015

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Définition: BUT, substantif masculin. I.— TECHNIQUE MILITAIRE. A.— Point, objet que l'on vise afin de le toucher avec un projectile. Viser le but; frapper, tirer au but. Le modèle en terre de ce cheval, auquel Léonard avait travaillé seize ans, servit de but à des arbalétriers gascons, et fut mis en poudre (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Histoire de la peinture en Italie, tome 1, 1817, page 226 ); les exercices de tir sur des buts mobiles à éclipse prompte constituent un excellent moyen pour habituer les soldats à charger et à ajuster très rapidement (ALFRED LEDIEU, ERNEST CADIAT, Le Nouveau matériel naval, tome 1, 1890, page 358 ). PARADIGMES. et SYNTAXE : a) Cible, point de mire, objectif. b) Toucher le but; donner au but; passer, manquer le but; servir de but; coucher en joue le but; mettre sa flèche en plein but (confer synonymes : mettre dans le mille; faire mouche); braquer son arme vers le but; but à éclipse, but mobile. — Spécialement (au jeu de boules). Synonyme : cochonnet. Pointer une boule vers le but. — Au figuré. [L'objet désigne une personne] La calomnie ne ménage personne, et, plus que tout autre, j'ai servi de but à ses atteintes (FRANÇOIS VIDOCQ, Les Voleurs, physiologie de leurs moeurs et de leur langage, 1836, page 137 ); il se sentait, tout à la fois, le but des balles et des sarcasmes (ALFRED DE VIGNY, Le Journal d'un poète, 1851, page 1282 ). B.— ARTILLERIE. 1. Point de mire utilisé au cours des exercices pratiqués avec des armes à feu. But à battre; tir au but. · But en blanc. La [ligne de visée] ... rencontre d'ordinaire la trajectoire en deux points, dont le plus éloigné se nomme but en blanc (ALFRED LEDIEU, ERNEST CADIAT, Le Nouveau matériel naval, tome 1, 1890, page 22 ). 2. Vieux. Endroit où est placé le canon au moment où il tire. De but en blanc. De cet endroit au blanc de la cible. Tirer de but en blanc. Tirer en ligne droite, sans correction de hausse. Portée de but en blanc. Portée moyenne. — Au figuré, locution adverbiale. De but en blanc. Synonymes : directement, sans préparation ni transition, brusquement. Annoncer de but en blanc une triste nouvelle. Halifax. — ... et, si un étranger... venait de but en blanc vous faire la cour... Jenny. — Je ne me laisserais pas prendre à ses flatteries (ALEXANDRE DUMAS PÈRE. Halifax, 1842, I, 11, page 44 ); je ne peux pas croire que vous, si bonne, si droite, si juste surtout, vous soyez devenue, de but en blanc, sans motif, mauvaise pour moi (SIBYLLE-GABRIELLE-MARIE-ANTOINETTE DE RIQUETTI DE MIRABEAU, COMTESSE DE MARTEL DE JANVILLE, DITE GYP, Un Raté, 1891, page 193 ). II.— Par extension. A.— Point de l'espace que l'on s'efforce d'atteindre. Le but d'une expédition, un but d'excursion; arriver le premier au but; atteindre, toucher, dépasser le but. Je suis à deux cents pas à peine du but de ma course; en quelques minutes, je suis chez moi (ALEXANDRE DUMAS PÈRE. Le Chevalier de Maison-Rouge, 1847, I, 5, page 14 ); Saint-Martial, sanctuaire renommé et but de pèlerinages, comme Saint-Léonard son voisin (PAUL VIDAL DE LA BLACHE, Tableau de la géographie de la France, 1908, page 303 ); cette rue est proche du parc Monceau, lequel devint un de nos buts de sortie (JACQUES-ÉMILE BLANCHE, Mes modèles, 1928, page 30 ). — JEUX D'ADRESSE, SPORTS. 1. Point de l'espace que l'on doit atteindre le premier pour être considéré comme gagnant Le but d'une course cycliste. La ligne d'arrivée. Le but d'une course de chevaux. La borne d'arrivée. 2. [Au jeu de barres, à chat perché] Endroit où le joueur doit se réfugier pour n'être pas pris; par extension, endroit où il doit se placer pour jouer (confer supra I B 2). 3. [Dans les sports d'équipe utilisant un ballon] Endroit dans lequel un joueur doit envoyer ou placer le ballon pour marquer. · Par métonymie (parfois au pluriel). Cadre composé de deux poteaux verticaux, en football, reliés par une barre transversale. Gardien de but, tirer au but; poteau(x) de but(s); envoyer le ballon dans les buts. Nous allions combattre au-devant des buts en bois de frêne (HENRI DE MONTHERLANT, Les Olympiques, 1924, page 330 ). — [Au rugby, football, etc.] Ligne de but. Limite du champ de jeu figurée par une ligne tracée sur toute la largeur du terrain à hauteur des buts. · En-but (au rugby). Zone située derrière la ligne de but. B.— Par métonymie. Point marqué lorsqu'un point de l'espace est atteint. 1. [Football, rugby, etc.] Action d'envoyer le ballon dans les buts. Point(s) marqué(s) lorsque le ballon est entré dans l'endroit appelé but. Marquer, réussir un but; au rugby : transformer un essai en but. Ils rêvent de conquêtes et de buts au football (PAUL MORAND, Londres, 1933, page 219 ). — Locution (football) Avoir un but au bout du pied. Avoir une bonne occasion de marquer un but. 2. Autres jeux (aux dames), locution. Être, point contre point, à égalité de points. Jouer but à but. Sans avantage, à force égale de part et d'autre. — Par analogie. Troquer but à but. Se marier but à but. Sans avantage (de contrat) particulier pour l'un ou pour l'autre. — Au figuré. S'aimer but à but. Comme des personnes entre lesquelles il n'y a pas de différence gênante : Ø 1.... elle [Mme. S...] me rappelle pour m'engager à aller à Longchamp vendredi avec elle... et cela avec un ton qu'elle n'avait jamais eu avec moi : plus de supériorité, le ton but à but de deux personnes qui commencent à s'aimer... HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Journal, 1809-11, page 73. · Péjoratif. Rester but à but. Rester à égalité, chacun sur ses positions. III.— Au figuré. Fin que l'on se propose, intention animant un acte ou motivant une démarche. Se proposer, atteindre, rechercher un but; avoir pour but de; n'avoir d'autre but que. Antonyme : moyen. Le but de ces Allemands était évidemment d'obtenir des renseignements sur tous et sur tout (Le Figaro. 19-20 janvier 1952, page 2, colonne 7) : Ø 2.... je résolus de sauver cette famille de la misère qui l'attendait. Déterminé à commettre des illégalités judiciaires, si elles étaient nécessaires pour parvenir à mon but, voici quels furent mes préparatifs. HONORÉ DE BALZAC, Gobseck, 1830, page 429. Ø 3. L'art tient dans les sphères intellectuelles une place assez haute pour être un but et non pas un moyen... THÉOPHILE GAUTIER, Guide de l'amateur au Musée du Louvre, 1872, page 320. SYNTAXE : Cacher son but; tendre, aspirer à un but; être loin de son but; aller à son but par des voies détournées; assigner un but à quelque chose ou quelqu'un; confluer, converger vers un but. A.— [L'accent est mis sur l'exécution d'un projet précis] Synonymes : objet, objectif; intention, propos. Le but essentiel de la reliure est de permettre l'usage fréquent des volumes en empêchant leur dégradation (La civilisation écrite (sous la direction de Julien Cain) 1939, page 1203) : Ø 4.... comme le but de Dieu était de nous tracer par son exemple la règle de notre activité, il s'ensuit qu'il nous recommandait deux choses à la fois, le repos et la sanctification du septième jour. PÈRE HENRI-DOMINIQUE LACORDAIRE, Conférence de Notre-Dame, 1848, page 239. Ø 5. Sans doute la leçon de la satiété est peut-être plus probante qu'aucune autre : mis dans l'action, l'univers ne la comble pas; s'approcher du but, c'est s'éloigner du désir;... MAURICE BLONDEL, L'Action, Essai d'une critique de la vie, 1893, page 328. Ø 6.... la voix de ceux qui vous commandent, et pour qui votre ignorance crédule, votre docilité, sont indispensables à la réalisation de leurs buts criminels! ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, page 698. Ø 7. Chacune de ces méthodes correspond à un but particulier qui est la fabrication d'un cuir réalisant certaines caractéristiques bien définies, correspondant elles-mêmes à des emplois bien déterminés. JACQUES BÉRARD, JACQUES GOBILLIARD, Cuirs et peaux, 1947, page 50. SYNTAXE : a) [Un adjectif précise la nature du but] Un but décoratif, descriptif, défensif, éducatif, militaire, pacifique, philanthropique, politique, curatif, thérapeutique; but commercial utilitaire. b) [Un adjectif énonce un jugement sur la valeur du but] But absurde, coupable, criminel, extravagant, funeste, intéressé, louable, sensé; le but avoué de quelqu'un. B.— [Il s'agit d'un projet généralement dont l'échéance n'est pas arrêtée dans le temps; absence de détermination adjectivale] Orientation fondamentale que l'homme donne à sa vie. Synonymes : sens, raison de vivre. Tu vogues à la dérive, sans but, sans boussole (HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal intime, 1866, page 412 ); le retour de l'enfant donnait enfin un but à son existence (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, Le Pénitencier, 1922, page 758 ); pourquoi agir sans but, sans terme, sans comprendre (JEAN COCTEAU, La Machine infernale, 1934, II, page 63) : Ø 8. — Oui! tant de choses m'ont manqué! toujours seul! ah! si j'avais eu un but dans la vie, si j'eusse rencontré une affection, si j'avais trouvé quelqu'un... oh! comme j'aurais dépensé toute l'énergie dont je suis capable, j'aurais surmonté tout, brisé tout! GUSTAVE FLAUBERT, Madame Bovary, tome 1, 1857, page 159. SYNTAXE : [Article indéfini ou absence d'article] Se donner, se fixer, avoir un but dans la vie; une existence sans but; vivre sans but; prendre les choses de la terre pour but. — [Souvent employé dans la langue abstraite et culturelle] — DROIT. Association à but (non) lucratif. — ESTHÉTIQUE, POÉTIQUE, PHILOSOPHIE. Oui, le but de la poésie, c'est le Beau, le Beau seul, le Beau pur, sans alliage d'utile, de Vrai ou de Juste (PAUL VERLAINE, Œuvres posthumes, tome 2, Charles Baudelaire, 1896, page 17 ). — [L'objet désigne une personne] Vous êtes pour moi le but même, l'Idéal (JULES LAFORGUE, Moralités légendaires, 1887, page 201 ). C.— Locutions et expressions. 1. Expressions usuelles. a) Aller [droit] au but : Ø 9. Il parle bref, coupant ses propos de formules à l'emporte-pièce : « soyons carrés en affaires! », « au but! », « pas tant de paroles, des actes! »... ROGER MARTIN DU GARD, Vieille France, 1933, page 1063. b) Toucher, frapper au but. Résoudre une difficulté. Passer, dépasser le but. Toutefois si jadis on resta trop en deçà du romantique, maintenant on a passé le but (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Essai sur la littérature anglaise, tome 1, 1836, page 206 ). c) Avoir pour but de + infinitif; s'assigner pour but + substantif : Ø 10. On fait précéder cet acte d'un certain nombre de formalités qui ont pour but de permettre au public de faire connaître son avis. HENRI CHARDON, Les Travaux publics, 1904, page 102. Ø 11. Le département des recherches et prototypes postaux du CNET s'est assigné pour but la réalisation de la machine à trier électroniquement le courrier,... L'Administration des Postes et Télécommunications. 1964, page 43. 2. Expressions jugées parfois incorrectes. a) Poursuivre, suivre, remplir son but. Au surplus, j'ai rempli le but que je me proposais en publiant cette bluette (ÉTIENNE-JEAN DELÉCLUZE, Journal, 1827, page 471 ); il s'en est allé sans avoir rempli son but (EUGÈNE DELACROIX, Journal, 1856, page 146 ). Remarque : Ces dernières expressions sont considérées comme impropres par DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ) et la traduction lexicographique qui leur opposent poursuivre un dessein, remplir un devoir, une promesse. b) Dans le (un) but de... · Dans un but de + substantif Ils [les arrêtés réglementaires permanents quant aux dispositions qui concernent la chasse] prennent souvent des dispositions contre la divagation des chiens, dans un but de repeuplement des oiseaux (JEAN BARADAT, L'Organisation d'une préfecture, 1907, page 317 ). · Dans le but de + infinitif C'est dans le but d'assurer ce traitement qu'avaient été conçus en 1959 les districts urbains (GÉRARD BELORGEY, Le Gouvernement et l'administration de la France, 1967, page 285 ). Remarque : L'expression dans le but de est condamnée par DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ) et certains puristes pour lesquels but aurait gardé son sens physique (on ne peut être dans un endroit qu'on se propose seulement d'atteindre) et qui lui opposent dans l'intention ou dans le dessein de; en fait, but n'étant plus senti avec sa valeur physique, l'expression est couramment employée par les auteurs confer par exemple CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 3, 1848, page 463 : Dans le but d'imprimer l'effroi des excès populaires. IV.— GRAMMAIRE. Complément circonstanciel de but. Qui indique dans quelle intention, au profit, au détriment de qui, de quoi, s'accomplit une action. Conjonctions de but, proposition de but. Synonyme : proposition finale. Voir afin de, que; de crainte de, que; histoire de, que; pour, pour quel, etc. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 7 586. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 12 244, b) 11 280; XXe. siècle : a) 9 181, b) 10 244. Forme dérivée du verbe "boire" boire BOIRE1, verbe transitif et substantif masculin. I.— Verbe transitif. A.— [Le sujet désigne une personne ou, pour certains emplois, un animal] Avaler un liquide. 1. [Le complément direct est exprimé] Boire de l'eau, un verre; le matin, il prend de la viande et boit du vin (JULES RENARD, Journal, 1900, page 594) : Ø 1. Donc, nous allons boire le coup du départ. C'est émouvant, le coup du départ. On quitte sa famille, ses amis, ses clients. On part pour les mers inconnues d'où l'on est presque sûr de ne pas revenir. Alors on prend son verre d'une main qui ne tremble pas. On boit le dernier coup sur la terre ferme... le coup du départ... C'est émotionnant.. à votre santé... MARCEL PAGNOL, Marius, 1931, IV, 3, page 214. · Boire une somme d'argent. La dépenser en boissons : Ø 2. Un des traits dominants du caractère de l'indigène est son absence de « réserve ». Le peu qu'il a, il le dépense aussitôt, le boit, le mange ou le joue. ANDRÉ GIDE, Le Retour du Tchad, 1928, page 924. — Familier. Boire la tasse, boire un bouillon. Avaler de l'eau en quantité plus ou moins grande au cours d'un bain de mer. Par euphémisme. Boire à la grande tasse. Se noyer dans la mer. — [Avec un sujet désignant une boisson] Emploi pronominal à valeur passive. Se boire. a) Être bu (habituellement). Tisane qui se boit chaude, qui se boit froide; vin qui se boit au dessert (Dictionnaire universel de la langue française (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845). b) Pouvoir être bu. ... cela ne valait pas le vin du Rhin, mais cela se buvait et tout le monde avait soif (PAUL FÉVAL DANS. Dictionnaire des dictionnaires (PAUL GUÉRIN) 1892). 2. emploi absolu. a) [Le complément non exprimé peut désigner toute espèce de boissons] : Ø 3. À l'encontre des hommes qui buvaient par lampées dans des tasses de faïence grossière d'un blanc crayeux, cru, et parfois aussi dans des bols qu'ils voulaient servis à la rasade, quelle qu'en fût la grandeur, la jeune femme aimait boire à petites gorgées, dans une tasse de fantaisie qu'elle n'emplissait jamais jusqu'au bord. GERMAINE GUÈVREMONT, Le Survenant, 1945, page 12. SYNTAXE : Boire chaud, frais; boire à la régalade, à longs traits; boire à sa soif, boire tout son soûl; boire dans un verre, boire à la fontaine; faire boire quelqu'un; mener boire un animal; donner, servir, verser à boire. Interjection. à boire! b) Spécialement. Boire du vin ou des boissons alcoolisées. En particulier avoir coutume d'en boire avec excès, être alcoolique. ... le bonhomme Grandgousier, (...), bon gaillard en son temps, aimant à boire sec et à manger salé (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Tableau historique et critique de la poésie et du théâtre français au XVIe. siècle, 1828, page 269 ). — Emploi passif, populaire. Il est bu. Il est ivre. (Attesté dans THOMAS 1956, Grand Larousse encyclopédique en dix volumes, COLIN 1971) : Ø 4. Ceux que l'on rencontrait maintenant étaient trop « bus », pour que l'on pût penser encore à discuter (...) On tâchait seulement de les asseoir par terre, sans trop les abîmer : un soulard, c'est sacré! ROMAIN ROLLAND, Colas Breugnon, 1919, page 226. c) Locutions. — Chansons, airs à boire. Chansons que l'on chante à la fin d'un repas et dans lesquelles on célèbre le vin. ... un pot-pourri de bribes de chorals, de « lieder » sentimentaux, de marches belliqueuses et de chansons à boire (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, L'Aube, 1904, page 50. — Boire à la santé de quelqu'un, boire à quelqu'un, à quelque chose : Ø 5.... chaque fois les dîneurs, levant leurs verres, buvaient à sa santé. GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, La Bécasse, 1882, page 5. — Vieilli. · Après boire. Après avoir bu. Remarque : Encore attesté au XXe. siècle par Dictionnaire général de la langue française (Adolphe Hatzfeld, Arsène Darmesteter), Dictionnaire de l'Académie Française 1932 et Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française (Paul Robert) · Donner pour boire. Donner une gratification à un travailleur salarié. Je promets pour boire au cocher (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 1, 1848, page 385 ). Remarque : Cette locution encore usitée au XIXe. siècle n'apparaît plus aujourd'hui que sous sa forme substantivée : un pourboire. d) Proverbes et locution proverbiales (généralement péjoratifs) · Le vin est tiré, il faut le boire. Il faut poursuivre une affaire dans laquelle on s'est trop engagé pour pouvoir reculer. On ne saurait faire boire un âne s'il n'a pas soif. On ne peut forcer une personne entêtée à faire ce qu'elle n'a pas envie de faire. Qui a bu boira. On ne se corrige jamais de certains défauts. · C'est la mer à boire (familier). C'est une entreprise qui présente des difficultés insurmontables. Remarque : Plus souvent à la forme négative : Ce n'est pas la mer à boire. · Il y a à boire et à manger (familier). C'est une chose qui présente divers aspects contradictoires, de bons et de mauvais côtés. — MANÈGE. Cheval qui boit dans son blanc. Cheval qui a le nez blanc, le reste du corps étant d'une autre couleur. 3. Par analogie. [Le sujet désigne un corps perméable ou poreux] Absorber un liquide; se laisser pénétrer, imprégner par lui : Ø 6.... j'arrête ici cette lettre, griffonnée, comme vous le pouvez voir, sur je ne sais quel papyrus égyptien plus poreux et plus altéré qu'une éponge. Voici un supplice que j'enregistre parmi ceux que je ne souhaite pas à mes pires ennemis : écrire avec une plume qui crache sur du papier qui boit. VICTOR HUGO, Le Rhin, 1842, page 378. · Boire la lumière : Ø 7. Les pigeons de Jenny voletaient perpétuellement sur la pente des toits de tuiles, et les murs étaient restés enduits d'un vieux crépi rose vif qui buvait la lumière comme un badigeon italien. ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, La Belle saison, 1923, page 952. — COUTURE. Faire boire une étoffe. La coudre de manière lâche. Faire boire un ourlet, un surjet. · Par analogie, vocabulaire de la marine. Faire boire la ralingue, la voile. B.— Au figuré, littéraire dans la plupart de ses emplois. [Le sujet désigne généralement une personne] 1. Recevoir un bien d'ordre physique, moral ou intellectuel et en jouir ou en tirer parti intensément. C'est à la vraie source de sa vie que son âme va boire (HENRI MASSIS, Jugements, 1923, page 240) : Ø 8. L'oeil! Songez à lui! L'oeil! Il boit la vie apparente pour en nourrir la pensée. Il boit le monde, la couleur, le mouvement, les livres, les tableaux, tout ce qui est beau et tout ce qui est laid, et il en fait des idées. GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Un Cas de divorce, 1886, page 1068. SYNTAXE : Boire l'oubli, boire (à) la coupe des plaisirs, boire le bonheur à longs traits; boire à pleine bible (GIDE, Si le grain ne meurt, 1924, page 499); boire le sommeil (ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, La Douceur de la vie, 1939, page 49). · Boire quelqu'un du regard, des yeux. Le regarder intensément : Ø 9. Peut-être eût-il été sage aussi d'amollir cette tension du regard, la fixité dont il buvait ses gestes, et de ne pas croire suffisante la discrétion qu'il mettait à maintenir ses ardents yeux tristes, le plus souvent possible au-dessous des siens. JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 2, 1933, page 197. · Boire les paroles de quelqu'un. Les écouter avec passion ou avec une admiration sans réserve, les savourer, s'en délecter : Ø 10. Je buvais ses paroles; elles ne dérangeaient pas mon univers, elles n'entraînaient aucune contestation de moi-même, et pourtant elles rendaient à mes oreilles un son absolument neuf. SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 180. · Boire du lait (familier). Voir ou entendre quelque chose avec un plaisir extrême. · Péjoratif. Boire la sueur de quelqu'un. Tirer injustement profit de son travail, l'exploiter : Ø 11. C'était l'heure où le vieux coquin accusait les riches de boire la sueur du peuple. Il avait des emportements superbes contre ces messieurs de la ville neuve, qui vivaient dans la paresse et se faisaient entretenir par le pauvre monde. ÉMILE ZOLA, La Fortune des Rougon, 1871, page 143. 2. Surmonter une difficulté. — MANÈGE. Cheval qui boit l'obstacle. Qui le franchit très facilement. 3. Supporter quelque chose de pénible, d'humiliant Boire l'amertume, un affront, la honte : Ø 12.... Avec, pour vivre, un seul moyen Boire son mal, taire sa rage; Les pieds usés, le coeur moisi, Les gens d'ici, Quittant leur gîte et leur pays, S'en vont, ce soir, par les routes, à l'infini. ÉMILE VERHAEREN, Les Campagnes hallucinées, 1893, page 90. — [Par référence à la mort de Socrate] Boire la ciguë. Subir une peine, un malheur généralement causé par la malveillance d'autrui : Ø 13. Mais toi, tout de suite, celui que tu aimes ou qui t'aime, tu le transformes en esclave, et s'il n'assume point les charges de cet esclavage tu le condamnes. Alors l'autre, parce qu'un ami lui faisait cadeau de son amour, a changé ce cadeau en devoirs. Et don de l'amour devenait devoir de boire la ciguë et esclavage. L'ami n'aimait point la ciguë. ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, page 641. — [Par référence à la passion du Christ] Boire le calice jusqu'à la lie. Endurer une souffrance jusqu'au bout : Ø 14.... accumulez outrage sur outrage, ne vous gênez pas, Monsieur, je vous connais, rien ne m'étonnera, je suis résignée à tout, j'accomplirai mon devoir jusqu'au bout, je boirai le calice jusqu'à la lie, jusqu'à la mort. GUSTAVE FLAUBERT, La Première éducation sentimentale. 1845, page 129. — Littéraire. (Avoir) toute honte bue. Être inaccessible à la honte pour en avoir connu toutes les formes. — Familier. Boire un bouillon. Échouer dans une entreprise; subir une perte. Remarque : On rencontre dans la documentation le composé boit-sans-soif, substantif masculin (D. POULOT, Le Sublime ou le Travailleur comme il est en 1870 et ce qu'il peut être, 1872, page 92). Mot attesté également dans DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE (PAUL ROBERT ) Supplément 1970. II.— Emploi comme substantif masculin (au singulier seulement, et précédé de l'article défini). Action de boire; ce que l'on boit. ... le buveur ne regarde guère que le boire (PAUL VALÉRY, Eupalinos ou l'Architecte, 1923, page 108) : Ø 15. Nous aimons ces changements, ces triomphes de l'animalité au retour de la chasse, ces coups de fouet de fatigue, cette griserie des fonctions physiques, où le boire, le manger, le dormir deviennent comme des félicités divines de bêtes. EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1867, page 391. — Locution figurée. En oublier, en perdre le boire et le manger. Être accaparé tout entier par une préoccupation, un souci, une passion. Je sens que je vais en rêver, de ce Courbet. Je sens (...) que je vais en perdre le boire et le manger (GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, La Nuit de la Saint-Jean, 1935, page 26 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 10 787. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 11 595, b) 18 377; XXe. siècle : a) 18 475, b) 15 025.

« 2.

Vieux.

Endroit o? est plac? le canon au moment o? il tire.

De but en blanc.

De cet endroit au blanc de la cible.

Tirer de but en blanc.

Tirer en ligne droite, sans correction de hausse.

Port?e de but en blanc.

Port?e moyenne.

? Au figur?, locution adverbiale.

De but en blanc.

Synonymes?: directement, sans pr?paration ni transition, brusquement.

Annoncer de but en blanc une triste nouvelle.

Halifax.

? ...

et, si un ?tranger...

venait de but en blanc vous faire la cour...

Jenny.

? Je ne me laisserais pas prendre ? ses flatteries (ALEXANDRE DUMAS P?RE.

Halifax, 1842, I, 11, page 44 ); je ne peux pas croire que vous, si bonne, si droite, si juste surtout, vous soyez devenue, de but en blanc, sans motif, mauvaise pour moi (SIBYLLE-GABRIELLE-MARIE-ANTOINETTE DE RIQUETTI DE MIRABEAU, COMTESSE DE MARTEL DE JANVILLE, DITE GYP, Un Rat?, 1891, page 193 ).

II.? Par extension.

A.? Point de l'espace que l'on s'efforce d'atteindre.

Le but d'une exp?dition, un but d'excursion; arriver le premier au but; atteindre, toucher, d?passer le but.

Je suis ? deux cents pas ? peine du but de ma course; en quelques minutes, je suis chez moi (ALEXANDRE DUMAS P?RE.

Le Chevalier de Maison-Rouge, 1847, I, 5, page 14 ); Saint-Martial, sanctuaire renomm? et but de p?lerinages, comme Saint-L?onard son voisin (PAUL VIDAL DE LA BLACHE, Tableau de la g?ographie de la France, 1908, page 303 ); cette rue est proche du parc Monceau, lequel devint un de nos buts de sortie (JACQUES-?MILE BLANCHE, Mes mod?les, 1928, page 30 ). ? JEUX D'ADRESSE, SPORTS.

1.

Point de l'espace que l'on doit atteindre le premier pour ?tre consid?r? comme gagnant Le but d'une course cycliste.

La ligne d'arriv?e.

Le but d'une course de chevaux.

La borne d'arriv?e.

2.

[Au jeu de barres, ? chat perch?] Endroit o? le joueur doit se r?fugier pour n'?tre pas pris; par extension, endroit o? il doit se placer pour jouer (confer supra I B 2).

3.

[Dans les sports d'?quipe utilisant un ballon] Endroit dans lequel un joueur doit envoyer ou placer le ballon pour marquer.

? Par m?tonymie (parfois au pluriel).

Cadre compos? de deux poteaux verticaux, en football, reli?s par une barre transversale.

Gardien de but, tirer au but; poteau(x) de but(s); envoyer le ballon dans les buts.

Nous. »

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