Définition: CENTUPLE, adjectif et substantif masculin. A.— Emploi adjectival. 1. Cent fois plus grand. Un nombre centuple d'un autre (Dictionnaire de l'Académie Française). Mille est le nombre centuple de dix. 2. Par extension, courant. Environ cent fois plus grand, beaucoup plus grand. Le grain longuement médité germe et pousse et s'atteste épi, promesse d'une centuple moisson (PAUL CLAUDEL, Poèmes de guerre, Derrière eux, 1916, page 528) : Ø 1.... il laissa en échange, des haches et autres instrumens de fer, d'une valeur centuple de la peau d'élan... Voyage de la Pérouse autour du monde (MILET DE MUREAU) tome 3, 1797, page 24. B.— Emploi comme substantif. 1. Quantité, grandeur cent fois plus grande. On lui a donné le centuple (Dictionnaire de l'Académie française. 1835-1932). La viscosité spécifique est le centuple de la viscosité absolue (JEAN-JACQUES CHARTROU, Pétroles naturel et artificiels, 1931, page 19 ). 2. Par extension, courant. Quantité, grandeur environ cent fois plus grande, beaucoup plus grande. Que ne puis-je prendre pour moi le triple et le centuple de ces peines pour t'en épargner la centième partie! (VICTOR HUGO, Lettres à la fiancée, 1822, page 234 ). — Locution adverbiale. [Par allusion à Matthieu XIX, 29] Au centuple. Environ cent fois plus, beaucoup plus. Dieu rendra au centuple tout ce qu'on fera pour lui (Dictionnaire de l'Académie française. 1835-1932) : Ø 2. Le premier tomba, le second resta debout, la lance du troisième n'était pas loin; chacun était fortifié au centuple; des milliers furent tués inaperçus. GÉRARD DE NERVAL, Le second Faust, Hélène, 1840, page 248. Remarque : On rencontre dans la documentation l'adverbe centuplement. Cent fois plus (confer AMÉDÉE POMMIER, De l'Athéisme et du déisme, 1857, page 158). Forme dérivée du verbe "centupler" CENTUPLER, verbe. I.— Emploi transitif. Multiplier par cent : Ø 1. Quant au caractère O, je lui trouve une analogie encore plus marquée avec le soleil. Dans les chiffres arabes, lorsqu'il est seul, ce n'est qu'un zéro; il est sans valeur : mais il décuple celle d'un chiffre lorsqu'il y est joint; il la centuple lorsqu'on l'y ajoute deux fois, ainsi de suite. JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 112. — Par extension. Multiplier par environ cent, augmenter considérablement. À titre d'ultra sous la Monarchie légitime, elle [la famille Pastoret] centupla ses honneurs et ses écus (CÉLINE BUISSON DE LA VIGNE, VICOMTESSE DE CHATEAUBRIAND, Mémoires et lettres, 1847, page 181) : Ø 2. Je trouve qu'elle a tiré de l'indigo, qu'elle fabrique encore fort mal, une somme annuelle de 500 000 piastres; et certainement ce n'est pas exagérer que de dire que l'on peut aisément centupler ce seul article par une meilleure fabrique. GÉNÉRAL LOUIS-NARCISSE BAUDRY DES LOZIÈRES, Voyage à la Louisiane et sur le continent de l'Amérique septentrionale, 1802, page 218. — Emploi pronominal avec valeur passive : Ø 3.... sans se donner la peine de bien comprendre cette rhétorique, il en ressentait la musique au travers de celui qui parlait et de ceux qui écoutaient. Le pouvoir de celui-là se centuplait de ses résonances dans ceux-ci. ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, Le Buisson ardent, 1911, page 1279. Remarque : Dans l'exemple suivant centupler est à la forme non pronominale par effacement habituel du réfléchi en construction infinitive; confer aussi l'emploi intransitif De ce point de vue est singulièrement instructif le cas de Barrès qui, ayant commencé par le grand intellectualisme sceptique, a vu son étoile temporelle centupler de grandeur, du moins dans son pays, le jour qu'il s'est fait l'apôtre des « préjugés nécessaires » (JULIEN BENDA, La Trahison des clercs, 1927, page 203). II.— Emploi intransitif. Être multiplié par cent, augmenter considérablement. La valeur du denier, coté à la Bourse de Lille un million, avait centuplé en un siècle (ÉMILE ZOLA, Germinal, 1885, page 1198 ).
